Quand les ombres conspirent

Présentation de personnages, d'alliances, dialogues et intrigues se passent ici.
Sam Mar 30, 2013 4:02 pm

  • Érigia, 3h27 du matin heure locale, bureau du Régent :

    Le calme régnait. Le Régent, comme à son habitude, était occupé à parcourir les rapports parvenus durant la journée et à rédiger les diverses directives qu’il jugeait nécessaire de mettre en œuvre. La seule source de lumière, en dehors de l’écran, consistait en une petite lampe près de l’entrée, dont la pâle lueur suffisait à peine à éclairer les murs. Tandis qu’il parcourait des yeux, pour son plus grand soulagement, le dernier rapport, il n’entendit pas les pas de l’homme qui venait d’entrer dans la pièce alors que celui-ci se rapprochait lentement.


    L’inconnu n’eut cependant pas le temps de faire ce qu’il souhaitait : le Régent se levait de son fauteuil, après avoir fini sa lecture et éteint l’ordinateur. L’homme, gardant son sang-froid, se cacha rapidement, mais silencieusement, derrière une armoire à documents. De sa cachette improvisée, il observa le Régent se diriger vers la seconde partie de la pièce, dans laquelle travaillait le Vice-Régent, son assistant. Lorsqu’il vit le visage de ce dernier étendu contre le bureau, l’homme d’état pensa tout d’abord qu’il s’était endormi. Il n’avait jamais bien supporté la fatigue, de toute façon. Tandis qu’il s’approchait de son subalterne pour le réveiller, l’inconnu se glissa hors de sa cachette et se mut en direction du Régent. Ce dernier était arrivé auprès de son auxiliaire et commençait à le secouer pour le réveiller quand il s’arrêta subitement, sentant un liquide sur sa paume. Il n’eut pas le temps de s’interroger sur cette découverte. L’homme se jeta sur lui, et, avant que le Régent ne puisse réagir, il lui planta un couteau dans la gorge tout en lui couvrant la bouche. Sa victime s’affaissa alors que son sang se rependait sur le sol.


    Sa tâche remplie, l’assassin devait à présent prendre la fuite. Et il savait que ce ne serait pas chose aisée. Son entrée, assez récente, dans la pièce n’avait été possible que grâce à une relève de la Garde Suprême, la garde rapprochée du Régent, ou, maintenant, de feu le Régent. Il n’avait cependant aucune idée de l’heure de la prochaine relève, et il ne pouvait se permettre de stationner dans la pièce trop longtemps, il finirait forcément par être découvert. Décidant de tenter le tout pour le tout, il entrouvrit la porte de la pièce et jeta un rapide coup d’œil dans le sombre couloir souterrain qui était apparemment vide. S’élançant dans l’obscurité, il priait pour ne pas être découvert.




    Érigia, deux semaines plus tard, dans la salle de réunion du Conseil :

    La pièce venait d’accueillir les derniers arrivants. Le Conseil des Ministres occupait l’estrade surplombant le Conseil Citoyen et les Gouverneurs. Parmi les Ministres, celui de la Défense, Kulok Fikret, était debout, prêt à prendre la parole :
    « Mesdames… Messieurs… Comme vous l’avez certainement appris, malgré nos tentatives pour garder l’information confidentielle le temps de trouver une solution, le Régent, ainsi que le Vice-Régent ont été assassinés, il y a déjà deux semaines. »
    Un murmure parcourut l’assemblée, constituée d’un peu plus d’une centaine de personnes. L’orateur patienta quelques instants, le temps que le silence se fasse, avant de reprendre :


    « Il nous faut donc régler une question cruciale : Qui s’occupera des affaires de l’État ? Après une première délibération du Conseil des Ministres seul, nous sommes arrivés à la conclusion que la personne la plus appropriée serait la Ministre de l'Intérieur, Madame Sihrana. Il nous faudra donc voter afin de savoir si ce choix convient également aux Gouverneurs et au Conseil Citoyen. »
    Un murmure se propagea à nouveau dans la salle. Un membre du Conseil Citoyen se leva, puis, une fois le calme revenu, il posa la question que tout le monde se posait :
    « Et… Sait-on qui a assassiné le Régent ? »
    Le Ministre de la Défense se retint de sourire. Il attendait cette question depuis le début de la réunion. Tout allait se jouer maintenant.
    « Et bien… La Garde Suprême, bien qu’ayant failli dans sa tâche de protection du Régent, a réussi à capturer l’assassin. Le… Le Conseil des Ministres a jugé bon de déroger à la quatrième Règle : l’interdiction de torturer les prisonniers et… Disons que nous avons appris que tueur était à la solde de la Pentarchie de Zedra. »
    Son annonce fut suivie de quelques secondes de silence, le temps que chacun encaisse la nouvelle. Puis monta de l’assemblée une clameur d’indignation. Kulok Fikret jubilait : tous semblaient mordre à l’hameçon, et encore plus facilement que prévu. Après quelques appels au calme, le public s’apaisa, pour laisser reprendre le Ministre de la Défense :
    « De plus, les Services Hypérion ont, disons… usé de leurs ressources afin d’obtenir un maximum d’informations à propos de cette attaque et… Ce qu’ils ont découvert est assez choquant. D’après leurs informateurs, de nombreuses autres entités sont liées à cet assassinat. »


    Il appuya sur une touche et l’écran derrière lui s’activa, affichant une liste de noms parmi lesquels on retrouvait de nombreux membres de la faction Melrehn. Une fois de plus, l’assemblée outrée exprimait sa stupéfaction, et un nouvel appel à l’ordre fut nécessaire.
    « Maintenant que vous savez tout, je me permets de vous rappeler que notre priorité doit être de désigner un successeur temporaire au Régent avant les prochaines élections qui auront lieu d’ici six mois. Je propose de suspendre la réunion, afin que tout le monde puisse réfléchir posément à la situation. Nous reprendrons demain à 8h, et j’aimerais que vous puissiez proposer d’autres candidats si notre choix ne vous convient pas. Je suis conscient que les délais sont courts, mais nous devons tout faire au plus vite. À demain, donc. »

    Les participants, encore médusés par ce qu’ils venaient d’apprendre, quittèrent la salle. Une fois la pièce vide, la Ministre de l’Intérieur s’approcha de son homologue de la Défense.
    « Vous pensez que ça va marcher ?
    - J’en suis convaincu. Demain, vous serez officiellement Régente pour six mois. Ils sont trop secoués par la nouvelle pour refuser notre proposition.
    - Et ensuite ?
    - Nous parlerons de la suite plus tard. Les Serkats se réunissent ce soir, pour évaluer la situation. Cette fois-ci, vous participerez à la réunion. Tenez. »

    Il lui donna un bout de papier sur lequel il venait de griffonner quelques mots. Il ajouta :
    « Tout est ici. L’heure, le lieu, et le mot de passe. Une fois que vous aurez tout retenu, brûlez-le. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai à faire. Et vous aussi, si vous voulez êtes prête pour demain. Nous nous retrouverons ce soir.
    - Bien. À ce soir, donc. »
    Dernière édition par Maraudeur le Dim Mai 18, 2014 12:07 am, édité 1 fois.
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Sam Avr 06, 2013 10:07 pm

  • Érigia, aux alentours de 21h :

    La Ministre de l’Intérieur tentait de trouver son chemin à travers un sombre dédale d’anciennes galeries abandonnées. Ces dernières dataient de plusieurs décennies et avaient été soudainement abandonnées lorsque la vie à la surface fut de nouveau rendue possible. L’air y était très lourd, faute de puits d’aération fonctionnel, et seule la lampe que la Ministre portait la séparait de l’obscurité la plus totale. Au fur et à mesure qu’elle avançait, l’écho de ses pas se répercutait sur les murs. Arrivant à une intersection, elle marqua une courte pause tandis qu’elle tentait de se remémorer le plan qu’elle avait étudié durant l’après-midi. Se décidant pour la voie de droite, elle reprit son chemin et finit par trouver ce qu’elle cherchait : une porte métallique d’apparence très solide sur laquelle était peint le numéro quarante-deux. Elle respira un grand coup et frappa trois fois sur la porte. Elle patienta quelques instants avant d’articuler péniblement une phrase en ancien obscurci qu’elle avait passé l’après-midi à mémoriser. La porte s’ouvrit alors, avec un grincement lugubre, dévoilant une pièce étrangement bien entretenue, à l’air respirable, dans laquelle se trouvaient une vingtaine de personnes dont les visages étaient dissimulés à l’aide de masques. Seul le ministre Fikret n’en possédait pas. Ce dernier fit signe à l’arrivante d’avancer et annonça :



    « Bien. Maintenant que tout le monde est là, commençons. Il se tourna vers la nouvelle venue et ajouta : Si vous avez des questions, je vous conseille de les poser maintenant, nous n’aurons peut-être pas le temps d’y répondre plus tard. »
    Légèrement déstabilisée par tous ces masques qui l’observaient, elle parvint à poser la question qui lui occupait l’esprit depuis la Réunion des Conseils :
    « Et bien… Pour commencer, j’aimerais savoir ce que vous attendez de moi quand… ou plutôt si je suis nommée Régente, en attendant les prochaines élections. »
    L’un des personnages masqués prit alors la parole :
    « Dans un premier temps, en vous appuyant sur les récents évènements, il vous faudra militer pour une politique d’isolationnisme. Il vous faudra également commencer à réparer les dommages causés à notre économie par toutes ces guerres.
    - Dans un second temps, continua la personne à sa droite, qui, au ton de sa voix, était sans doute une femme, il serait judicieux de tenter d’accroître l’influence de l’Amirauté Solarienne. Nous savons de source sûre que la Confédération Stellaire Batulléenne avait ce projet en tête depuis un petit moment déjà. Ils ont même certains candidats en tête. Dommage que notre ancien Régent se soit montré si réticent à cette idée.
    - Je ne suis pas sûre de comprendre. Vous voulez mener une politique d’isolationnisme mais, dans le même temps, développer nos relations diplomatiques ?
    - Seulement avec certaines entités. Et vous savez comme nous que nos relations avec la C.S.B. ont toujours été pour notre bénéfice mutuel. Il serait plus qu’intéressant de développer ce genre de relations avec d’autres.
    - D’autant plus que la politique que nous demandons de mettre en place ne s’appliquera qu’à l’extérieur de l’Amirauté. Vous savez sans doute que les relations à l’intérieur de la Faction sont… houleuses, dirons-nous.
    - La politique belliqueuse menée par l’AMI, bien qu’elle soit nécessaire, est désapprouvée par une grande partie des Melrehns, notamment par les forces de PAXifications. Cela engendre des tensions, et il nous faudra à tout prix éviter d’être pris entre deux feux.
    - Vous pensez à une division de la faction en deux groupes ? Vous pensez que ça pourrait arriver ?
    - C’est plus ou moins déjà le cas. Et, comme nous vous l’avons expliqué précédemment, il nous faut éviter de nous retrouver au milieu.
    - Un problème me préoccupe : Je ne pourrai jamais arriver à de tels résultats en l’espace de six mois. Les délais sont bien trop courts.
    - Précisément. Ce qui nous amène à la seconde partie du plan : Il faudra que nous arrivions à vous faire élire.
    - Vous parlez des prochaines élections ? Vous voulez me faire élire Régente ?
    - Pas tout à fait. Vice-Régente. Pour être honnêtes, nous pensons que vos états de service ne sont pas assez bons pour garantir une victoire si vous vous présentez aux élections. Nous avons déjà un plan d’action. Nos informateurs savent que l’Amiral Akhan se présentera aux prochaines élections. D’autant plus que ses états de service dans les différentes guerres vont certainement lui permettre de remporter les élections. Sa grande expérience stratégique, une bonne maîtrise de la gestion, et un grand respect de la part des militaires… Tout ceci joue en sa faveur. De plus, avec l’assassinat de notre Régent, le peuple sera sans doute rassuré de placer un militaire à la tête de la Nation. Maintenant, imaginez que le Vice-Régent de son choix périsse dans… un évènement malencontreux. Il vous suffirait de vous proposer comme Vice-Régente. Vous aurez l’avantage d’être déjà rompue aux affaires de l’état, et, pressé par le temps, il ne prendra probablement pas de risque qui puisse lui faire perdre les élections : il vous choisira.
    - Mais… Vous savez déjà avec qui il va se présenter ?
    - Effectivement. Le Commandant de Flotte Kehrek. Il dirige une flotte de patrouilleurs en Aelron, à proximité de Khilkorann. Il suffirait que la Pentarchie de Zedra apprenne que ces vaisseaux sont aux mains d’informateurs Léanths pour que son cas soit… réglé.
    - Un plan risqué.
    - Mais malheureusement nécessaire. Si nous voulons garder le contrôle sur le gouvernement et éviter que les erreurs du passé ne se répètent, il nous faudra passer par là. Mais laissons ça de côté pour le moment. Nous avons besoin de vous expliquer ce qu’il vous faudra faire demain, lors de votre nomination.
    - Si je suis nommée.
    - Vous le serez, n’en doutez pas.
    - Et… Puis-je poser une dernière question ?
    - Faites.
    - L’assassinat. C’est bien vous qui l’avez commandité ? »


    Il y eut près de vingt secondes de silence, alors que les Serkats s’observaient, comme s’ils cherchaient à communiquer entre eux afin de savoir s’ils devaient répondre ou non à la question. Finalement, Kulok Fikret brisa le silence :
    « Oui… Et non. Disons que la demande vient bien de nous. Mais c’est un de nos contacts, infiltré à la Pentarchie de Zedra qui a envoyé la demande. De l’extérieur, nous ne sommes absolument pas liés. Et, en cas d’enquête, il s’est arrangé pour laisser suffisamment d’indices pour prouver que c’est bien la Pentarchie qui est à l’origine de tout ça.
    Maintenant, assez de questions, passons à la suite, il faut que tout soit prêt pour demain. »




    Le lendemain soir, dans le quotidien numérique Obscurci La Voix Souterraine, paraissait une édition spéciale :

    La Voix Souterraine a écrit:
    Nomination d'une Régente de transition :


    Ce matin, lors d'une réunion exceptionnelle des trois Conseils a été décidée la nomination de la désormais ex-Ministre de l'Intérieur Kihrel Sihrana au poste de Régente de transition suite au décès de l'Ancien Régent et de son Vice-Régent assassinés deux semaines plus tôt. (tous les détails sur l'assassinat en page 2). Lors de sa nomination, elle a annoncé vouloir consacrer ses efforts à renforcer la Nation, par le biais d'un renouveau de la croissance économique mais également à instaurer une politique extérieure moins ouverte. De nouvelles élections sont actuellement en cours d'organisation, et, d'après les services concernées, elles devraient avoir lieu d'ici six à huit mois. [...]
    Dernière édition par Maraudeur le Dim Mai 18, 2014 12:06 am, édité 2 fois.
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Jeu Juil 18, 2013 4:20 pm

  • « Sortie d'hyperespace réussie, Commandant. »
    Un intercepteur Obscurci, classe Gohror Shankari, venait en effet d'apparaître dans le système, déchirant l'espace-temps de sa fenêtre hyperspatiale.
    « Tous les systèmes sont au vert. Les senseurs seront opérationnels d'ici une dizaine de minutes.
    - Le radar courte portée confirme la présence du reste de la flotte, Commandant. »
    Le Commandant de Flotte Kherek, assis devant un demi-cercle de consoles surplombait la passerelle de son vaisseau depuis un petit surélèvement placé à l'arrière de cette dernière. À l'annonce du responsable des radars, il acquiesça d'un signe de tête discret avant de presser quelques touches sur sa console dédiée aux communications.
    « Commandant à la flotte : quelle est votre situation ?
    - Ici le Capitaine Khretr, à bord du Rahkior, tous les indicateurs sont au vert.
    - Idem à bord du Dehrel. »


    Un à un, les dix-neuf capitaines des vaisseaux composant la flotte de patrouille prirent la parole pour confirmer à leur supérieur hiérarchique que leurs bâtiments respectifs étaient prêts. Une fois la revue terminée, le Commandant communiqua ses ordres au contingent de vaisseaux :
    « Mettez le cap sur la position habituelle. Maintenez la formation et volez à vitesse réduite. Vous connaissez la manœuvre, depuis le temps. »


    Les vaisseaux de patrouille allumèrent alors leurs propulseurs et mirent le cap vers la 4e planète du système, répertoriée comme occupant la cinquième orbite du système en question. Il s'agissait d'une planète tellurique somme toute assez commune : d'une taille légèrement inférieure à la moyenne, elle possédait un relief très irrégulier et accidenté conséquence de l'absence d'érosion due à la très faible épaisseur de son atmosphère. Cette dernière ne contenait pas ailleurs pas le moindre gaz valant la peine de monter une expédition, et son sous-sol ne recelait pas le plus petit filon de métal digne d’intérêt. Le système au sein duquel elle orbitait n'était guère mieux loti. Son étoile, une naine rouge tout à fait banale, n'était d'aucune utilité pour la production de photopiles. De plus, aucune colonie ou secteur minier d'une entité quelconque ne relevait l'intérêt du système. Pour couronner le tout, les rares vaisseaux à traverser occasionnellement le système, en dehors, bien sûr, des patrouilles Obscurcies, appartenaient à des contrebandiers, ou à des pirates auxquels les patrouilleurs donnaient parfois la chasse. Son seul avantage, en dehors de son calme presque désespérant, était sa position. Proche des frontières du territoire de la Faction Melrehn, il était idéal pour surveiller d'éventuels mouvements de flottes hostiles.


    La flotte, atteignant l'orbite de la planète, coupa toute propulsion, devenant ainsi extrêmement difficile à repérer par le biais de capteurs thermiques. Le commandant de la flotte prit de nouveau la parole :

    « Commandant à la flotte : faites décoller vos chasseurs et envoyez les aux points de patrouille habituels. Cette fois-ci, les escadrons Alpha 5 et Bravo 5 resteront avec la flotte. Et, gardez un œil sur vos écrans, il paraît que des contrebandiers traînent dans les parages. »

    Quelques minutes après qu'il ait donné ses ordres décollaient plusieurs centaines de chasseurs, répartis en une dizaine de groupes. Ils filèrent rapidement vers d'autres positions à l'intérieur du système, tandis que leurs vaisseaux porteurs, à l'aide de batteries de senseurs, radars et autres capteurs en tout genre guettaient le moindre mouvement. Deux heures s'écoulèrent avant qu'un événement digne d'intérêt ne se produise : un des escadrons de chasseurs, l'escadron Bravo 16, venait de repérer un objet étrange qui flottait au milieu de la ceinture d’astéroïdes. Se rapprochant, prudemment, de l'objet en question, l'escadron finit par l'entourer et ses chasseurs allumèrent leurs projecteurs, illuminant l'engin inconnu. Une fois éclairé, les pilotes reconnurent l'épave d'un vaisseau de transport civil. Son flanc bâbord totalement fondu indiquait l'usage d'armes au plasma, ou d'armes à énergie. Les trous dans la coque laissaient apercevoir sa soute entièrement vide, ce qui laissait présager une attaque de pirates. Le chef de l'escadron transmit l'information à la flotte, avant d'ordonner à ses pilotes de reprendre leur patrouille. Pendant ce temps, à bord du Rahkior, le responsable des capteurs notait plusieurs signaux étranges qui venaient d'apparaître sur ses écrans. Il en informa immédiatement son supérieur :
    « Capitaine, les capteurs indiquent la formation d'une fenêtre d'hyperespace dans le système. Position : 2,5 millions de kilomètres au cap 5-3-1.
    - Étrange, répondit l'officier, intrigué. Je vais transmettre l'information, essayez de voir si vous pouvez obtenir d'avantage d'informations.
    - À vos ordres, Capitaine. »


    À bord du Koliel, le Commandant reçut la transmission indiquant la probable arrivée inopinée d'invités. S'adressant à l'équipage présent sur la passerelle, il annonça :
    « Attention, il semblerait qu'on ait de la visite. Surveillez ce qui va arriver et tenez vous prêts au combat. Il activa la communication avec le reste de la flotte et poursuivit : maintenez le silence radio une fois les vaisseaux arrivés. Si ce sont des Léanths, même peu nombreux, on plie bagage et on met le cap sur la position Delta pour récupérer nos chasseurs. S'adressant maintenant aux chasseurs, il reprit : À tous les escadrons en vol, rendez vous à la position Delta, on a des invités, et il faut qu'on soit prêts à passer en hyperespace le plus vite possible. Vous allez là-bas, vous appontez, et on saute. Et silence radio, je ne tiens pas à ce qu'on soit découverts trop tôt. Terminé. »

    Il venait à peine de donner ses instructions lorsqu'un de ses subordonnés le prévint, alors qu'il relevait de nouveaux échos sur ses écrans :
    « Ils arrivent, Commandant. Un premier croiseur vient de quitter l'hyperespace. Il y en a un deuxième... Et un troisième... J'essaye d'identifier leur classe. Les radars relèvent également la présence de vaisseaux de plus faible tonnage, probablement des intercepteurs. Il marqua une courte pause, tandis que les résultats des analyses s'affichaient, puis reprit : Apparemment, les croiseurs sont de classe Ora Eredhor. Et les intercepteurs sont des Gohror Shankari.
    - Compris, répondit son supérieur. Combien sont-ils ?
    - Trois croiseurs et vingt intercepteurs, Commandant. La faille semble s'être refermée.
    - Très bien... Le Commandant se tourna vers le responsable des communications et ajouta : ouvrez un canal à leur intention.
    - À vos ordres, Commandant. Il pressa quelques touches, attendit quelques secondes et reprit : Canal ouvert. »

    Son officier hésita quelques instants. Il était rare de croiser ne serait-ce que des éclaireurs Melrehns dans le secteur. Et, avec les récents événements, il doutait que ces vaisseaux soient là par hasard. Il entama tout de même un contact avec eux :
    « Ici le Commandant de Flotte Kehrek, de la Nation Obscurcie, à bord du Koliel à vaisseaux Melrehns non identifiés : Veuillez décliner vos identités et la raison de votre présence dans ce système. »


    Il attendit qu'une réponse arrive, mais rien ne vint. À la place, le préposé aux radars déclara :
    « La flotte non identifiée se dirige vers nous. ETA : deux minutes avant qu'on ne soit à portée de tir, si, toutefois leurs intentions sont hostiles.
    - Qu'est-ce que c'est que ce foutoir, s'exclama le Commandant, avant de se tourner à nouveau vers le responsable des communications. Vous êtes sûr d'avoir ouvert un canal ?
    - Certain, Commandant. Le canal est ouvert, et ils ont forcément détecté notre signal, sans quoi ils n'auraient pas pu nous repérer aussi vite. »
    Le Commandant resta silencieux quelques instants, tentant de réfléchir à la meilleure stratégie à adopter. Finalement, il donna ses instructions à la flotte :
    « Vaisseaux Melrehns non identifiés en approche. Ils ne répondent pas à nos messages, donc présumés hostiles. On va essayer de maintenir une distance d'un million de kilomètres entre eux et nous pendant qu'on fait route vers la position Delta. »
    Presque instantanément, les propulseurs de manœuvre de la flotte s'allumèrent, mettant les vaisseaux face à la bonne direction. S'ensuivit la mise en marche des propulseurs principaux, faisant accélérer la flotte jusqu'à sa vitesse de croisière. Néanmoins, l'ignition des moteurs principaux eut un autre effet non désiré : celui de rendre les vaisseaux bien plus facilement repérables aux senseurs thermiques.
    « Commandant, six douzaines d'échos viennent d'apparaître sur nos écrans, nota le responsable des radars. L'ennemi lance ses missiles. On note également plus de trois cents échos plus petits. Probablement des missiles leurres. »
    Déjà, sur la passerelle, les artilleurs s'activaient sur leurs consoles, certains redirigeaient l'énergie de l'armement principal dans les tourelles de défense de point placées à l'arrière du vaisseau, tandis que d'autres configuraient les missiles d'interception. L'artilleur en chef avertit le Commandant :
    « Missiles anti-missiles lancés. On ne devrait pas avoir de problème pour détruire cette première salve, mais... »
    L'écran de sa console venait de virer au rouge. Pendant qu'il s'affairait à comprendre la raison de ce changement brutal de couleur, son supérieur le pressait afin d'être mis au courant du problème.
    « Les missiles qu'on pensait être des leurres viennent de sauter. Ils sont bourrés de débris métalliques, ça risque de poser pas mal de problèmes à nos propres missiles. »


    En effet, au milieu du vide spatial, en plus des soixante-douze missiles de croisière en route vers la flotte Obscurcie, on dénombrait des milliers de débris métalliques de petite taille. Face à eux, deux milliers de missiles tentaient d'atteindre leurs cibles, tandis qu'une seconde salve de missiles de défense était tirée. Le premier impact eu lieu, rapidement suivi par d’innombrables autres, créant un spectacle digne des meilleurs feux d'artifices. Les explosions avaient fini par cesser, les missiles d'interception ayant touché leurs cibles ou ayant épuisé leur carburant. Un des artilleurs informa son supérieur des résultats de cette première vague :
    « Chef, on est mal... La première vague d'interception affiche un taux de succès de 1.1%. Les grilles défensives ennemies semblent avoir abattu un grand nombre de nos missiles à longue distance. Même si nos deux prochaines salves arrivent au même résultat, on ne pourra pas abattre tous les missiles ennemis. Selon les prévisions, il devrait rester environ six missiles. Et blindés, qui plus est. On aura du mal à s'en sortir indemne.
    - Merde... Je vois qu'une solution. » L'artilleur en chef se tourna vers le Commandant et lui fit partager son point de vue :
    « Commandant, nous ne pourrons jamais abattre tous les missiles ennemis avec seulement nos missiles et les pointes de défense. Il faut envoyer nos chasseurs pour essayer d'en abattre un maximum, sinon nous courons au désastre !
    - Hum... Je suppose que nous n'avons pas trop le choix, répondit son supérieur, hésitant. S'adressant aux pilotes de chasseurs, il poursuivit : Escadrons Alpha 5 et Bravo 5, rompez la formation et interceptez les missiles ennemis.
    - Ici Leader Alpha 5, rompons la formation, terminé.
    - Leader Bravo 5, on s'occupe de ces saletés. »


    Jusqu'alors en formation d'escorte autour des intercepteurs Obscurcis, les deux escadrons d'une trentaine de chasseurs chacun firent demi-tour afin de faire face à la menace qui approchait dangereusement de leurs vaisseaux porteurs. Le chef de l'escadron Alpha 5, dont les appareils, des Shyg'or, étaient plus rapides et donc mieux adaptés à ce genre d'action, prit la parole sur le canal réservé à son escadron :
    « Rompez la formation. On essaye de se répartir sur toute la zone, histoire de couvrir le plus de terrain possible. Évitez de vous retrouver en face d'eux avant de les faire sauter, sinon, je pense que vous allez pas aimer. Et visez en priorité ceux qui approchent de la flotte. Restez vigilants, et tout se passera bien. Leader, terminé. »

    Tandis que les deux escadrons engageaient le combat, le Commandant Kehrek s'impatientait :
    « Et où sont nos autres chasseurs ? Il va falloir qu'ils se bougent. Si l'ennemi tire une autre salve, on va vraiment être dans la merde. »
    Retournant à ses calculs stratégiques, il ne prêta pas la moindre attention aux instructions que l'artilleur en chef donnait à ses subordonnés en prévision de l'imminente arrivée des projectiles ennemis à portée des tourelles défensives. Il fut néanmoins tiré de ses plans par une communication entrante :
    « Ici Leader Bravo 16. On n'arrivera jamais à vous rejoindre avant l'ennemi. Je demande l'autorisation d'attaquer les croiseurs ennemis. Avec un peu de chance, ça vous permettra de vous en sortir. »
    Sa respiration accélérée, rendue facilement audible par son casque, trahissait son manque d'espoir quant au succès d'une telle manœuvre. La réponse du Commandant le soulagea quelque peu :
    « Négatif pour le moment. Regroupez-vous avec les autres escadrons proches de votre position et n'attaquez qu'une fois suffisamment nombreux pour arriver à quelque chose. C'est pas en fonçant dans le tas sans réfléchir que vous allez nous aider.
    - Bien reçu, Commandant. On va se regrouper dans la queue de l'ennemi. Leader Bravo 16, terminé. »


    Plusieurs escadrons qui traversaient le système dans l'espoir de rejoindre la flotte changèrent alors de trajectoire, rejoignant la position de l'escadron Bravo 16. Pendant que les chasseurs manœuvraient, les missiles lancés par les croiseurs ennemis étaient sur le point d'atteindre leurs cibles. Dans une tentative désespérée, un des pilotes de l'escadron Alpha 5 fonça sur le missile qui avait pris pour cible le Rahkior. Lors de l'impact du missile sur la coque du chasseur, une grande onde de choc secoua l'intercepteur, jetant son équipage au sol. Le chasseur, quant à lui, avait été purement et simplement désintégré par l'explosion. Le Capitaine Khretr, se relevant péniblement, regarda autour de lui. Quelques écrans avaient cessé de fonctionner, et des objets divers jonchaient le sol de la passerelle. Quant à son équipage, il se remettait à son poste aussi rapidement que possible.
    « Les dommages n'ont pas l'air trop graves. » pensa le Capitaine. Le responsable du contrôle des dommages lui confirma que le vaisseau, malgré quelques fissures dans la coque, n'avait pas trop souffert. Le blindage avait absorbé en majeure partie l'explosion du projectile, cependant, il ne restait plus assez de protection pour espérer survivre à une autre attaque de ce genre.


    La seconde cible des missiles, le Tahrak, n'avait pas eu autant de chance. Le missile qui l'avait percuté avait largement entamé l'intégrité de la coque, fragilisant la superstructure du vaisseau. L'explosion de ses moteurs, heurtés de plein fouet, avait littéralement vaporisé près de la moitié du vaisseau, tuant instantanément tout l'équipage qui y était présent, principalement des techniciens et ingénieurs qui s'occupaient habituellement de la maintenance. La moitié restante du vaisseau, abritant la passerelle, souffrait de multiples brèches et failles. La structure de ce qui restait du vaisseau menaçait de s'effondrer sur elle-même d'un instant à l'autre, et la pression de l'oxygène diminuait dangereusement. Le Capitaine, sachant que plus rien n'était possible pour sauver le vaisseau, alluma le système de communication interne, heureusement toujours fonctionnel grâce aux circuits de secours, afin de s'adresser à tout ce qui restait de son équipage :
    « Ici le Capitaine. Le vaisseau est salement endommagé et... Et il ne tiendra pas bien plus longtemps. Que tout l'équipage se rende aux capsules de survie, nous abandonnons le vaisseau. Je répète, nous abandonnons le vaisseau. »

    À ces mots, tout ceux encore présents sur ce qui deviendrait bientôt leur tombeau s'ils n'évacuaient pas rapidement se dirigèrent vers les lanceurs de capsules de survie. Certains membres du personnel, blessés ou inconscients, étaient portés par leurs camarades, rendus inquiets par les grincements métalliques incessants produits par le vaisseau. Les capsules s'éjectèrent rapidement de leurs lanceurs, offrant une chance de survie à tous ceux qui avaient pu les rejoindre.


    Pendant l'évacuation du Tahrak, plusieurs escadrons avaient rejoint Bravo 16 derrière les croiseurs ennemis. Les escadrons Alpha 3, 8, 9, 10, 15 et 20 ainsi que les escadrons Bravo 3, 4, 8, 9, 11 et 18 avaient pris place aux côtés des appareils de Bravo 16. Tous ces chasseurs, malgré leur nombre et leur relative proximité par rapport aux croiseurs, semblaient n'avoir pas encore été repéré par l'ennemi, probablement grâce aux systèmes de furtivité très avancés dont ils étaient équipés. Le chef d'escadron Vikhar informa le Commandant de l'assaut imminent qu'il allait lancer :
    « Ici Leader Bravo 16 à Commandant, j'ai une quinzaine d'escadrons avec moi, on va lancer l'assaut contre les croiseurs ennemis. J'espère que ça vous laissera le temps de vous en tirer.
    - Bien compris. Bonne chance à vous. Commandant, terminé. »
    Une fois le Commandant averti, le chef d'escadron expliqua son plan d'action aux autres escadrons présents :
    « Ici Leader Bravo 16 à tous les escadrons sur ma position, nous allons engager l'ennemi. Pour l'instant, on va se concentrer sur les croiseurs ennemis, plus proches de nous, et probablement plus dangereux. Je vous ai envoyé les marquages des cibles, notées CH-01, CH-02 et CH-03. On commence par attaquer CH-01 sur son flanc bâbord. Je mènerai l'assaut et tous les escadrons Bravo suivront. Les escadrons Alpha resteront en couverture, il y a de fortes chances pour que l'ennemi ait des chasseurs. Mettez vous en formation, on part dans trente secondes. Bonne chance à tous, on risque d'en avoir besoin. Leader Bravo 16, terminé. »

    Les chasseurs en place se mirent en formation, les Shahks de l'escadron Bravo 16 en première ligne, suivis par les chasseurs des autres escadrons Bravo. Les escadrons Alpha, quant à eux, s'étaient placés sur les côtés, prêts à parer à toute éventualité. Une fois le délai des trente secondes écoulé, la formation se mit en mouvement en direction des trois Ora Eredhor ennemis, séparés de leur vingt intercepteurs d'escorte qui filaient ceux de la patrouille Obscurcie.
    « Ici Leader Bravo 16 à l'aile Bravo, cibles à deux cent mille kilomètres. Déployez vos crocs et préparez-vous à ouvrir le feu. »
    Quasi-instantanément, tous les appareils de l'aile Bravo se déployèrent, révélant les six canons lasers qui constituaient leur armement. Ils poursuivirent leur course quelques instants avant que le meneur de l'escadrille ne reprenne :
    « Cible à cent mille kilomètres. Placez-vous en formation d'attaque et préparez-vous à ouvrir le feu. Cible à quatre-vingt-dix mille kilomètres... Quatre-vingt-mille... Soixante-dix mille... Soixante mille... Cinquante mille... À tous les escadrons Bravo : ouvrez le feu ! »


    Les canons des Shahks s'échauffèrent brutalement, excitant le gaz qu'ils contenaient, délivrant un faisceau d'énergie dirigé droit vers leur cible. Ils n'eurent le temps de tirer que quelques salves avant que leurs vaisseaux ne dépassent les croiseurs ennemis. Ces derniers firent alors demi-tour, plaçant de nouveau leurs armes face à leur cible et allumant leurs propulseurs pour éviter d'être emporté au loin par leur inertie. Le croiseur ne mit pas longtemps à réagir. Ses tourelles de défense, bien que relativement peu nombreuses, représentaient un réel danger pour les chasseurs engagés dans le combat. Leurs faisceaux, même s'ils étaient finalement assez peu puissants, restaient très précis, ce qui rendait nécessaires de nombreuses manœuvres d'esquives pour éviter un maximum de tirs. Aucun pilote n'y était resté lors des deux premiers passages, mais ce serait sans doute plus compliqué pour les prochaines salves.


    Pendant que les escadrons de chasseurs tentaient d'occuper les croiseurs ennemis, la tension était palpable à bord du Koliel. Le Commandant surveillait attentivement toute évolution de la situation, que ce soit pour le combat au niveau des croiseurs ennemis ou bien pour les intercepteurs qui leur filaient le train. Un détail l'inquiétait, bien que cela l'arrange dans sa situation, il s'agissait de l'absence de nouvelle salve de missiles de la part des croiseurs. Pendant qu'il réfléchissait à ce qui pouvait causer cette absence de nouveaux missiles, il fut interrompu par le responsable des radars :
    « Commandant, les intercepteurs ennemis continuent de gagner du terrain. Si on ne trouve pas de solution pour les ralentir d'ici cinq minutes, ils seront à notre niveau.
    - Est-ce que nos capteurs ont pu identifier leurs systèmes d'armement ?
    - Affirmatif, Commandant. Leur armement semble être principalement réparti sur les flancs. Ils possèdent également une grille de défense très développée, ce qui n'est pas vraiment gênant pour nous, dans la mesure où nous n'avons pas de missile, mais qui pourrait d'avérer fatale pour nos chasseurs.
    - Est-ce qu'ils ont un armement avant ? Un armement arrière ?
    - Rien de très avancé, Commandant. Les relevés laissent d'ailleurs supposer que si nous arrivons à frapper l'arrière du vaisseau, il est possible de causer des dommages colossaux.
    - Parfait, jubila l'officier, nous allons attendre quelques instants, gagner un peu plus de distance sur les croiseurs, puis nous retourner, face à l'ennemi, et profiter de notre armement avant. Nous devrions être capables d'endommager certains de leurs vaisseaux, ce qui pourrait nous donner l'avantage dans le combat qui suivra.
    - Très bien, Commandant. Si les capteurs trouvent d'autres points importants sur leurs vaisseaux, je vous tiendrai... »
    Il se tut brutalement, alors que plusieurs centaines d'échos venaient d'apparaître sur ses écrans. Son supérieur, qui commençait à perdre le peu d'espoir qu'il venait de gagner, s'enquit de la situation :
    « Que se passe-t-il ?
    - Les capteurs relèvent six cents nouveaux échos au niveau des croiseurs ennemis...
    - Des missiles ?
    - Négatif, Commandant. Ça a plutôt l'air de chasseurs. À cette distance, ce sera difficile de les identifier mais...
    - Continuez à les scanner, répondit rapidement l'officier, je préviens nos chasseurs.
    - Bien, Commandant. »


    Tandis que son subordonné effectuait la tâche qui venait de lui être confiée, le Commandant Kehrek prévint le chef d'escadron Bravo 16 de l'imminente présence de chasseurs ennemis dans leur zone de combat :
    « Commandant à Leader Bravo 16, vous me recevez ? »
    La réponse tarda un peu, et ce fut un chef d'escadron Vikhar fébrile qui prit la parole :
    « Je vous reçois, Commandant.
    - Nos senseurs ont détecté des chasseurs ennemis sur votre position, faites...
    - Affirmatif, ils ont fait décoller leurs chasseurs et... Bravo 16-3, vous avez un hostile à 6h ! Commandant, la situation ne sera pas tenable longtemps. On a déjà subi des pertes et ces croiseurs n'ont pas l'air endommagé par nos tirs... Alpha 8, une aile de Dants vous a pris en chasse !
    - Poursuivez le combat pour le moment. On a peut-être une chance de causer de gros dommages aux intercepteurs ennemis, mais on va avoir besoin que vous reteniez leurs croiseurs un peu plus longtemps.
    - Bien compris, Commandant. On fera ce qu'on pourra. Leader Bravo 16, terminé. »


    Le Commandant se tourna de nouveau vers le responsable radar et lui intima :
    « Laissez tomber les scans sur les chasseurs ennemis. Ce ne sont que des Dants. Concentrez-vous plutôt sur les intercepteurs, je veux savoir exactement où on doit frapper pour causer le maximum de dommages.
    - À vos ordres, Commandant. Comme je vous le disais, les relevés montrent que les moteurs ennemis sont des réacteurs à fusion. Le problème est qu'ils sont très bien protégés des attaques sur les flancs. Il nous faudra donc frapper... Ici. »
    Le responsable des capteurs venait de déployer une représentation holographique d'un des Gohror Shankari qui les poursuivaient. Un point rouge indiquait le point faible présumé du vaisseau. Il reprit :
    « De plus, la passerelle ennemie a l'air d'être située assez proche de l'extérieur du vaisseau. Si notre armement cinétique arrive à traverser le blindage, nous pourrions mettre hors d'état de nuire leurs vaisseaux de cette façon. »
    Une seconde zone rouge, située un peu plus à l'intérieur du vaisseau que la précédente, venait d'apparaître sur l'hologramme.
    « Par contre, il nous faudra à tout prix éviter de nous retrouver face à leurs canons de bord. Cinq canons laser triples de chaque côté, tandis que leur armement avant se limite à deux batteries de canons.
    - Bien, lui répondit son supérieur qui semblait plongé dans une profonde réflexion. Envoyez vos informations à nos autres vaisseaux, je m'occupe de prévoir un plan d'attaque.
    - À vos ordres, Commandant. »


    Pendant que la flotte d'intercepteurs Obscurcis filait dans l'espace et que son Commandant tentait de mettre au point un plan d'action efficace, le combat faisait rage au niveau des trois Ora Eredhor ennemis. Les escadrons Bravo 3 et Alpha 9 avaient été entièrement détruits, majoritairement à cause des tourelles défensives des croiseurs, et la plupart des autres escadrons avaient vu leurs effectifs très diminués. Des presque quatre cents chasseurs engagés dans le combat, il n'en restait plus qu'une centaine, ce qui ne les empêchait pas de se battre avec toute leur énergie. Alors qu'il venait de détruire une des tourelles de CH-01, le chef d'escadron Vikhar reçut une communication venant d'un de ses pilotes :
    « Chef, ici Bravo 16-2, les senseurs relèvent de... de nouveaux signaux. Je pense que l'ennemi tire de nouveaux missiles.
    - Bien reçu, Bravo 16-2, je les vois aussi... Effectivement, ça a l'air d'être ça... De nouveaux missiles. À tous les chasseurs Alpha, l'ennemi lance de nouveaux missiles, interceptez-les, terminé. »


    La nouvelle salve de missiles en approche avait bien évidemment été repérée très rapidement par la flotte Obscurcie qui, peu avant que les missiles ne soient tirés, avait été renforcée par de nouveaux escadrons de chasseurs qui étaient parvenus à la rejoindre. Pour tenter de contrer cette nouvelle menace, une salve de missiles défensifs fut tirée, espérant que la plus grande distance entre les missiles et leurs cibles offrirait plus de temps pour s'en débarrasser. Le Commandant, sentant que la situation deviendrait très vite intenable, se décida à lancer l'assaut contre les intercepteurs ennemis.
    « Commandant à la Flotte, préparez-vous à faire face à l'ennemi. Chargez vos canons avants et faites demi-tour à mon ordre. Vous couperez les moteurs une fois la manœuvre effectuée pour profiter au maximum de notre inertie. Capitaine Khretr, vous et votre équipage avez ordre de quitter la zone de combat et de tenter de contacter Khilkorann le plus rapidement possible afin de les informer de la situation. Éloignez-vous des combats et sautez dans l'hyperespace. Commandant, terminé. »


    Quelques instants plus tard, le Commandant donnait l'ordre à la flotte de se retourner. Tous les vaisseaux, Rahkior excepté, pointèrent leurs proues vers les intercepteurs qui les suivaient. Les équipages Obscurcis, anxieux, étaient tous à leurs postes, prêts à en découdre. Les chasseurs, quant à eux, étaient restés en formation avec la flotte, prêts à lancer l'assaut dès que l'ordre leur serait donné. D'un seul coup, tous les armements avant des vaisseaux présents firent feu, principalement des batteries de canons lasers, mais également, pour chaque vaisseau, un canon électromagnétique lourd projetant d'énormes projectiles métalliques à des vitesses se chiffrant en centaines de kilomètres par seconde. Tous visaient la même cible, désignée IH-02. Les intercepteurs ennemis n'avaient pas encore ouvert le feu, les systèmes de furtivité et de brouillage des vaisseaux Obscurcis étant suffisamment efficaces pour empêcher tout verrouillage. De plus, le Commandant pariait sur le fait que la désactivation des moteurs de la flotte pourrait déstabiliser les missiles ennemis, qui auraient alors bien plus de mal à repérer leurs cibles thermiquement.


    Les projectiles métalliques mirent quelques secondes pour atteindre leur cible. Celle-ci, heurtée de plein fouet par près de deux dizaines de tirs, fut mise hors combat presque instantanément. Néanmoins, les autres vaisseaux présents, ayant neutralisé les brouilleurs de la flotte Obscurcie, ouvrirent le feu sur cette dernière. Les vaisseaux des deux camps, rompant leurs formations respectives, s'engagèrent dans un véritable ballet spatial. La grande manœuvrabilité de ces modèles permettait en effet les mouvements les plus audacieux imaginables, transformant le combat en une danse mortellement dangereuse. De son côté, le Rahkior était parvenu à s'éloigner suffisamment des deux flottes pour entamer une séquence de saut hyperspatial en toute sécurité. Il était en effet impératif de se trouver hors de portée de l'ennemi pour ce genre d'opérations, car, malgré leur grande rapidité, les moteurs de sauts Obscurcis souffraient d'un inconvénient majeur : les fenêtres qu'ils ouvraient étaient plutôt instables. En cas de mouvement trop brusque, ou de pics d'énergie, elles avaient de grandes chances de se refermer, résultant en la scission pure et simple du vaisseau engagé à l'intérieur. Quand elles n'explosaient pas dans de grandes gerbes de particules ultra-énergisées, évidemment.


    Le Capitaine Khretr, se tournant vers son manœuvrier, donna l'ordre d'effectuer le saut :
    « Lieutenant, préparez un saut hyperspatial. Destination : secteur K-2 : Proxima 4.
    - À vos ordres, Capitaine. Les calculs des coordonnées du saut sont lancés. »
    Son officier, après avoir acquiescé silencieusement, se tourna vers le responsable des radars et s'enquit de la situation du reste de la flotte :
    « Il sont dans une position difficile, Capitaine. D'après les relevés, deux autres de nos vaisseaux ont été mis hors combat. Mais, l'ennemi a lui aussi subi des pertes. Deux intercepteurs hors combat et deux autres salement touchés. Par contre, les missiles se rapprochent de notre flotte, ça pourrait bien leur être fatal. »

    Le Capitaine ne répondit rien, se contentant de réfléchir à une façon qui permettrait de revenir avec suffisamment de renforts, et, surtout, assez rapidement, pour remporter cette bataille, mais il ne trouvait aucune solution. Il leur faudrait déjà plus d'une heure pour atteindre le secteur voulu, et au moins une journée pour que des renforts ne les y rejoignent. Le combat serait probablement perdu depuis longtemps. Son manœuvrier finit par annoncer :
    « Capitaine, nous avons les coordonnées du saut. Dois-je lancer la séquence de saut ?
    - Affirmatif. Procédez au saut.
    - À vos ordres, Capitaine. »


    Quelques secondes s'écoulèrent, durant lesquelles le vaisseau était parfaitement immobile, quand, soudain, une fracture de l'espace-temps se produisit. La déchirure ainsi formée se mit à aspirer le Rahkior, processus qui prit quelques dizaines de secondes, avant de se refermer, emportant avec elle le vaisseau dans l'hyperespace, tandis que le combat continuait dans l'espace conventionnel. Il semblait cependant sur le point de se finir. Les cinq missiles ennemis restants étaient dangereusement proches de leurs cibles et ces dernières étaient déjà mal en point. Il ne restait que quatorze intercepteurs obscurcis, dont seulement dix en état de continuer le combat. Ce nombre chuta à cinq lorsque les missiles explosèrent. Le Koliel, pourtant toujours en état de marche, avait désactivé tout son armement, rapidement imité par le reste des vaisseaux de la flotte.
    « Communications, ouvrez un canal à l'attention de l'ennemi.
    - Canal ouvert, Commandant.
    - Commandant de Flotte Kherek, à bord du Koliel, nous nous rendons, je répète, nous nous rendons. Nous avons coupé l'armement de nos vaisseaux et nous sommes prêts à vous laisser nous aborder. Cessez le feu, nous nous ren... »

    Il fut interrompu par l'officier des radars :
    « Commandant, je pense qu'ils n'ont pas l'intention de nous épargner. Ils viennent droit sur nous, trajectoire d'attaque. Ils vont ouvrir le feu. »
    Des ondes de choc secouèrent tout le vaisseau, donnant raison au responsable des radars. Le responsable du contrôle des dommages s'écria :
    « Commandant, multiples brèches sur le pont 3. Dépressurisation du vaisseau, dois-je sceller les sections endommagées ?
    - Affirmatif. Il se tourna vers son manœuvrier, et ajouta : Donnez-nous une vitesse d'éperonnage et mettez le cap sur l'intercepteur le plus proche.
    - Bien, Commandant. »


    Le vaisseau n'eut cependant pas le temps de bouger. Un tir bien placé venait de toucher les moteurs principaux qui, ayant déjà été malmenés durant le combat, explosèrent. Le générateur à fusion du vaisseau, par réaction en chaîne, explosa à son tour, vaporisant le vaisseau et son équipage. Une fois les autres vaisseaux de la flotte Obscurcie détruits, l'ennemi sauta, laissant les épaves, vestiges du combat, dériver dans le système.

    Le lendemain, la désormais Régente de transition, Kihrel Sihrana, recevait un rapport révélant la destruction d'une flotte de patrouille Aelronite. Seul un vaisseau avait échappé au massacre, et, fort heureusement pour elle, ce n'était pas celui qui abritait le Commandant Kherek. Ce fut à ce moment qu'elle eut confirmation qu'il était trop tard pour faire machine arrière.
    Dernière édition par Maraudeur le Dim Mai 18, 2014 12:14 am, édité 1 fois.
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Lun Oct 28, 2013 7:15 pm

  • Comme à l'accoutumée, la Régente de transition, titre qui en disait long sur l'actuelle instabilité politique de la Nation Obscurcie, était assise devant son bureau couvert de dossiers à traiter. Le peu d'espace qui n'était pas recouvert de papiers occupait un ensemble d'écrans qui permettait à la Chef d'État de surveiller le moindre incident important. Cela ferait bientôt cinq mois qu'elle occupait sa nouvelle fonction, mais elle savait pertinemment bien que ça ne durerait plus. Les nouvelles élections devraient se dérouler d'ici six semaines et l'objectif qu'on lui avait fixé était loin d'être rempli. La "disparition" du probable futur Vice-Régent, l'ancien Commandant de Flotte Kehrek, était loin d'avoir marché comme prévu. Certes, l'Amiral Akhan, bien parti pour remporter les élections imminentes, avait maintenant pour obligation de trouver un nouveau Vice-Régent ; et, du nombre important de visites qu'il avait donné à Kihrel Sihnara, elle avait de bonnes raisons de penser qu'elle figurait en bonne place sur sa liste de choix possibles.

    Tout aurait été parfait si l'annonce de la mort du Commandant de Flotte n'avait pas été accompagnée de violentes émeutes. Le peuple était furieux, chose qui n'était pas arrivée depuis de nombreux siècles. À vrai dire, ce n'était pas arrivé depuis l'incident de Gherkal, où une semi-intelligence artificielle avait asphyxié plusieurs millions de personnes dans la capitale souterraine d'Érigia et aurait pu causer davantage de dégâts si elle n'avait pas été rapidement détruite. La population commençait à ne plus supporter les échecs militaires cuisants que subissait la Nation depuis quelques années. Les conséquences étaient assez désastreuses : chute de la productivité, sérieuses baisses de l'effectif des forces armées... Les services Hypérion commençaient même à soupçonner qu'un groupe terroriste anti-gouvernement se formait.


    Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas l'arrivée d'un message informatique dont l'intitulé contenait le terme "Canon Trium". Elle posa en revanche les yeux sur l'écran lors de l'arrivée d'un second message, quelques secondes plus tard. Celui ci avait été envoyé par l'Amiral Akhan. Il s'agissait, à en croire le titre, d'une demande de rendez-vous.
    « Comme quoi... , marmonna-t-elle, Quand on pense à quelqu'un... »
    Elle parcourut rapidement le message des yeux, vérifia qu'elle était libre à la date mentionnée, c'est à dire, le lendemain - Les gens ne se bousculaient pas vraiment pour obtenir une entrevue avec elle - et répondit positivement à sa demande.

    « Cette fois-ci, il faudra que ce soit la bonne, pensa-t-elle. Il faut qu'il me désigne, sinon... » Elle commençait à imaginer ce qui pourrait lui arriver si elle faillait. Elle doutait fort que les Serkats lui pardonnent. Et elle doutait également qu'elle puisse leur échapper. Après tout, ils avaient fait assassiner l'ancien Régent... Malgré ces craintes, elle réussit à se remettre au travail. Il allait falloir qu'elle réfléchisse à une approche à employer ainsi qu'aux arguments à user pour convaincre l'Amiral. Il lui restait toute la journée pour y songer.

    Le lendemain, peu avant midi, la Régente était assise devant un bureau présentable qui n'était plus jonché de papiers. Elle avait travaillé tard la veille, d'une part pour finir de traiter toutes les informations qui lui étaient parvenues et ainsi éviter d'avoir un bureau continuellement recouvert de paperasse, et d'autre part pour arriver à convaincre l'Amiral qu'il fallait qu'il se décide à la choisir comme Vice-Régente. L'interphone sonna, il s'agissait de son secrétaire qui l'informait de l'arrivée de son interlocuteur.
    « Faites-le entrer. » répondit-elle.

    La porte s'ouvrit, laissant entrer l'officier.
    « Bonjour, Régente.
    - Amiral. Je vous en prie, asseyez-vous.
    - Merci, répondit-il en prenant un siège, je vous remercie d'avoir accepté cette entrevue. Le temps commence à manquer et il me faut vraiment trouver une solution. » La façon dont il se tenait montrait qu'il était plus nerveux que d'habitude.
    « Et, quel est votre problème, exactement, Amiral ? Vous n'avez pas été très explicite dans votre message.
    - Je sais bien, et je m'en excuse. Il se trouve que c'est un problème un peu délicat... Il inspira un grand coup avant de finir sa phrase : Seriez-vous prête à me seconder lors des prochaines élections ? »
    Il fallut quelques secondes à Mme Sihnara avant de répondre. Quelques secondes où elle pensa que la vie était finalement bien faite, que l'Univers ne la haïssait pas, en fin de compte. Une partie d'elle mourait d'envie de lui dire oui, tout simplement. La seconde partie, conservant un semblant de lucidité, pensait qu'il valait mieux ne pas se montrer trop enthousiaste. Cela pourrait paraître suspect.
    « Et... Qu'est-ce qui vous a amené à me choisir plutôt qu'un autre ?
    - Je dois admettre que ça n'a pas été facile de me décider. Le fait est que je vous connais assez peu, finalement. Mais je pense que vous êtes la personne la plus à même de m'aider. D'une part, vous êtes déjà en poste, ce qui implique que vous êtes au courant des problèmes, et vous avez sans doute des idées sur la façon dont les régler. Et sans parler de ça, mes contacts ne sont pas vraiment taillés pour la gestion, contrairement à vous, semble-t-il. Maintenant que je vous ai tout dit, j'admets que j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
    - C'est d'accord, Amiral. J'accepte votre proposition. Après tout, je n'ai jamais caché mon soutien pour votre candidature. Je pense que vous êtes le seul à avoir ce qu'il faut pour ramener l'ordre dans la Nation, et pour ça, vous pouvez compter sur mon soutien.
    - Merci, répondit l'officier, visiblement soulagé. J'espère qu'à nous deux, nous parviendrons à tout remettre sur le droit chemin. Il le faut. Autre chose...
    - Je vous écoute.
    - Je me demandais simplement si vous aviez prévu quelque chose pour le repas. Dans le cas contraire, étant donné que nous allons travailler ensemble, je pense qu'il serait approprié de faire plus ample connaissance.
    - Ce sera avec plaisir, Amiral, répondit-elle en souriant. Si vous voulez bien me laisser quelques instants, je dois écrire un message urgent. Ce ne sera pas long.
    - Bien entendu. Je vous attends dehors, dit-il en se levant de son siège.
    - Merci. Je ne serai pas longue. »

    En effet, il lui fallut moins d'une minute pour expliquer textuellement qu'elle avait réussi. L'Amiral l'avait choisie comme Vice-Régente, et il y avait de bonnes chances pour que tout se passe comme prévu, finalement. Elle envoya le message et se leva à son tour, prit rapidement ses affaires et rejoignit l'officier qui l'attendait.
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Jeu Nov 21, 2013 12:39 am

  • La Voix Souterraine a écrit:
    Début des élections


    C'est en ce 24 Volahn de l'an 16.029 TSU que débutent les élections à la Régence de la Nation Obscurcie. Les urnes sont désormais ouvertes pour un mois à toute personne de nationalité Obscurcie ayant achevé son entraînement militaire. Les sondages montrent que les grands favoris de cette élection seraient l'Amiral Akhan et son adjointe, Mme Sihnara, actuellement Régente de la Nation. (Résultats des sondages) Son principal concurrent est la Gouverneur Hoktar accompagnée par le Capitaine Farhet, décoré de la médaille du mérite lors de l'établissement de la colonie Kerhann. (Colonisation de Kerhann) L'Amiral Akhan a déclaré vouloir rendre son importance politique à la Nation Obscurcie en lançant une campagne de modernisation des chantiers spatiaux et de la flotte Obscurcie dès son élection. La Gouverneur Hoktar, quant à elle, souhaite privilégier le développement des secteurs économiques et de l'industrie civile. Elle a affirmé vouloir "sortir de la crise actuelle grâce à une économie forte". [...]


    C'était ainsi que le principal quotidien numérique Obscurci décrivait le début de l'événement le plus marquant de la carrière de Mme Sihnara. Cette dernière, assez étrangement, s'inquiétait moins du résultat de ces élections que de ce qui lui serait demandé une fois qu'elles seraient remportées par l'Amiral. Bien sûr, il n'était pas certain que ce cas de figure se produise, mais les sondages semblaient indiquer qu'une grande partie de la population tenait l'Amiral en haute estime. L'administratrice en venait même à espérer que les Serkats se trompaient ; que l'Amiral et elle ne remporteraient jamais les élections. Bien qu'elle eusse grandement désiré le pouvoir durant sa carrière politique, cette soif avait peu à peu disparu tandis qu'elle exerçait les fonctions de Régente. Il s'agissait d'un mode de vie dur, aucun repos n'était permis et tout le monde comptait sur ses décisions pour redresser telle ou telle situation. Même son ancien poste de Ministre ne l'avait pas préparée à ça. Ceux-ci avaient finalement la belle vie, ne s'occupant que de quelques problèmes bien spécifiques, déléguant les autres, ou, au contraire, sollicitant l'avis du Régent. Tout cela lui semblait maintenant bien loin.


    Perdue dans ses pensées, elle laissait son regard se perdre sur l'horizon, profitant de la vue que lui offrait son appartement. C'était la première fois de l'année qu'elle y mettait les pieds, étant trop occupée en temps normal pour quitter son logement de fonction. Ce dernier ressemblait d'ailleurs plus à une sorte de bunker souterrain plutôt austère qu'à un logement à proprement parler. De son point d'observation, elle pouvait observer toute la partie "émergée" de la capitale Érigienne. De grands immeubles se dressaient tout autour d'elle, bravant les cieux. Entre ces grandes tours, on pouvait apercevoir des pans entiers de la ville. En portant son regard un peu plus loin, elle pouvait distinguer la frontière entre l'espace urbain et "l'extérieur", comme on l'appelait. Les radiations de Niokh, l'étoile autour de laquelle orbitait Érigia, étaient bien trop intenses pour permettre à un humain normalement constitué de survivre sans protection. C'est pourquoi les villes étaient toutes protégées par de grands dômes boucliers qui assuraient une irradiation faible.


    La nuit était déjà bien avancée, mais contrairement à l'accoutumée, elle n'éprouvait pas encore le besoin de dormir. Et même si ça avait été le cas, elle savait qu'elle ne serait jamais arrivée à se vider suffisamment la tête pour trouver le sommeil. Même en pleine nuit, la capitale fourmillait de vie. Des transports décollaient à intervalles réguliers du spatioport pour rejoindre l'orbite de la planète, éblouissant les environs des lumières de leurs propulseurs. Partout on pouvait apercevoir des véhicules à suspension magnétique circuler.

    Tant de gens, pensa-t-elle, Et dire que c'est moi qui ai tenu leur avenir entre mes mains pendant tout ce temps.
    C'était un concept avec lequel elle avait paradoxalement encore un peu de mal. Elle avait toujours considéré la population comme un ensemble de nombres, attachés à diverses statistiques. Des nombres qu'il fallait contenter. Et même s'il était probable que le gros de la tâche incomberait bientôt à quelqu'un d'autre, elle allait tout de même se retrouver bien placée pour être confronté à tout un tas de problèmes. Le plus effrayant dans l'histoire était que cette situation ne connaîtrait sans doute pas d'évolution avant un bon moment, le poste de Régent (et donc de Vice-Régent) étant obtenu à vie. À moins, bien sûr, de commettre une faute grave. Et elle préférait ne pas y penser. Sentant que la fatigue la gagnait enfin, elle finit par s'allonger sur son canapé, encore habillée. Sa dernière pensée consciente fut la nécessité de prendre une douche lorsqu'elle se réveillerait.
    Dernière édition par Maraudeur le Dim Mai 18, 2014 12:05 am, édité 1 fois.
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Mer Déc 04, 2013 1:45 am

  • La voix souterraine a écrit:
    Victoire de l'Amiral Akhan lors des élections !


    C'est en ce 38 Erehahn de l'an 16.029 TSU que les élections à la Régence s'achèvent par la victoire de l'Amiral Tesh Akhan élu avec 64% des voix lors du cinquième tour. (résultats obtenus aux différents tours) L'investiture aura lieu le 40 Erehahn et se déroulera en présence de représentants de l'Amirauté Solarienne. Le nouveau Régent a exprimé son désir de prendre ses fonctions au plus vite et se mettra donc au travail dès la fin de la cérémonie. Rappelons que son adjointe, Mme Sihnara, s'occupait avant lui de diriger l'État ; il y a donc fort à parier que le Régent Akhan est déjà très au courant de la situation actuelle de la Nation et qu'il pourra donc rapidement prendre des mesures pour mettre en place sa politique de modernisation des infrastructures militaires et de la flotte. [...]


    La nuit était tombée sur Érigia ; du moins, sur la partie où se situait la capitale Érigienne. L'Amiral - ou maintenant, le Régent - Akhan fêtait sa victoire toute récente aux élections. Kihrel Sihrana avait volontiers accepté de prêter son appartement à son supérieur étant donné que celui-ci n'en possédait pas d'autre que celui offert par sa fonction qui, il fallait bien l'admettre, était bien trop petit pour organiser une réception. Une vingtaine de personnes se trouvaient là, parmi lesquelles le nouveau Régent, la propriétaire des lieux, et plusieurs anciens camarades de l'Académie de l'Amiral Akhan. L'ambiance était détendue et les convives discutaient tranquillement en profitant des toasts au Serafik, un poisson Érigien fort apprécié pour sa chair. Voyant que sa subalterne s'était absentée depuis un petit moment déjà, il prit congé auprès de ses hôtes et alla la rejoindre dans la chambre, seul endroit qui n'avait pas été envahi par les invités. C'était effectivement là qu'elle s'était réfugiée, perdue dans ses pensées.


    « Ça va, vous vous sentez bien ? » s'enquit l'Amiral.
    « Oui, je suis juste un peu fatiguée. Rien de grave. » Elle n'avait même pas tourné la tête pour lui répondre.
    « J'imagine, oui, répondit-il en s'asseyant à ses côtés. J'ai aussi eu du mal à trouver le sommeil, cette nuit. Il soupira longuement avant de reprendre : Vous savez, si vous voulez dormir, je peux aussi demander à nos invités de partir. La soirée dure depuis un bon moment, et je suis sûr qu'ils comprendront.
    - Ça ira, merci. Je ne pense pas arriver à dormir cette nuit non plus, de toute façon.
    - Vous ne devriez pas vous inquiéter autant. Il n'y a pas de raison pour que les choses se passent mal :le peuple nous fait confiance et je suis sûr que nous arriverons à de bons résultats. Voyant qu'elle ne répondait pas, il ajouta, en souriant : En plus, ce n'est pas comme si vous étiez en terrain inconnu. Vous avez déjà occupé des postes importants, non ?
    - C'est vrai, mais...
    - Mais ?
    - Ce serait un peu compliqué à expliquer, là, tout de suite.
    - Vous savez... Si vous avez des soucis, ce serait une bonne chose de profiter de votre dernière journée avant la prise de poste pour les régler. Vous aurez d'autres soucis après ça.
    - Je sais. Elle se tût quelques secondes, pensive, avant de reprendre : Mais je ne suis pas sûre que ce soit le genre de problème que je puisse régler facilement. »
    Le futur Régent posa sa main sur les épaules de sa subalterne d'un geste qui se voulait paternel. Il resta ainsi quelques minutes avec pour seul bruit les paroles étouffées des invités qui discutaient dans le reste de l'appartement. Il finit néanmoins pas reprendre la parole :
    « Écoutez, j'espère que vous changerez d'avis, à propos de votre problème. Vous ne devriez pas garder ça pour vous. Croyez-moi.
    - Je verrai. Peut-être que je vous en parlerai, un jour. Je ne sais pas. » Sa tête s'abaissa encore de quelques centimètres, comme si elle était gagnée par le découragement.


    Tesh Akhan se releva, ôtant sa main des épaules de Kihrel. Il la regarda quelques instants alors qu'elle semblait se morfondre dans de sombre pensées avant d'ajouter :
    « Je vais retrouver nos invités. » Il fit quelques pas en direction de la porte de la chambre avant de se retourner et de rajouter :
    « Ah. Et si vous changez d'avis pour les invités, prévenez-moi. Je les mettrai gentiment dehors.» À ces mots, il se prit à rire doucement et quitta la pièce, laissant seule celle avec qui il partagerait le pouvoir alors qu'elle se désespérait de devoir le trahir.
    Dernière édition par Maraudeur le Dim Mai 18, 2014 12:04 am, édité 1 fois.
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Dim Avr 20, 2014 3:39 pm

  • Le départ du Régent pour le baptême de la petite Melian n'avait pas fait que des heureux, à commencer par la Vice-Régente Sihrana. Cette dernière s'était estimée plutôt chanceuse de ne pas être du voyage, mais elle avait vite changé d'avis en voyant la montagne de travail supplémentaire qu'elle devait effectuer à la place de son supérieur. Elle enchaînait maintenant réunion sur réunion et les rares moments où elle était seule étaient passés à lire et remplir les dossiers qui arrivaient en flot incessant sur son ordinateur. Elle ne leva même pas la tête lors de l'irruption de ce qu'elle croyait être un messager lui apportant un n-ième rapport écrit à lire de "toute urgence".
    « Posez ça sur mon bureau, je vous prie. J'y jetterai un œil aussi vite que possible.
    - Mes excuses Madame, répondit la femme qui s'avérait ne pas être le messager attendu, mais qu'est-ce que vous voulez que je pose, exactement ? »
    Levant les yeux de son écran, la Vice-Régente mit un peu de temps à réaliser que la personne qui se tenait en face d'elle n'apportait aucun document. Il s'agissait en effet du Dr. Merkah, qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois. Elle s'excusa rapidement du malentendu :
    « Excusez-moi. Je pensais que vous étiez venue m'apporter de la paperasse. Je n'arrête pas d'en recevoir depuis quelques jours. Elle se cala plus confortablement dans son fauteuil et reprit : Nous avions rendez-vous ?
    - Non, mais la situation étant urgente, j'ai préféré faire au plus vite. J'ai de mauvaises nouvelles. De très mauvaises nouvelles, même. Et il est dans notre intérêt d'agir vite. Très vite.
    - Du calme, tempéra Mme Sihrana, quel genre de mauvaise nouvelle ?
    - Si vous permettez, répondit son interlocutrice, je vais vous expliquer très rapidement le problème.
    - Faites donc.
    - Je suppose que vous êtes au courant de la fondation d'une colonie sur Kalionkann qui a eu lieu l'an dernier. La femme d'État opina. Il y a une dizaine de jours, plusieurs personnes parmi les premiers pionniers sont tombées malades. D'abord un peu de fièvre et quelques légères difficultés à effectuer des efforts physiques intenses. Mais depuis deux jours, les symptômes se sont considérablement aggravés : insuffisance respiratoire, rythme cardiaque très bas. Ils sont actuellement sous assistance médicale mais les médecins ne savent pas très bien à quoi s'attendre.
    - Vous craignez une épidémie ? s’inquiéta la Vice-Régente.
    - C'est pire que ça. J'ai étudié les rapports des chercheurs sur place, et ils ont découvert qu'un micro-organisme était responsable de cette maladie. Un genre de champignon.
    - Un champignon ?
    - Oui. Ils ne sont pas certains de la façon dont il se développe, mais il semble présent dans la flore locale, en des quantités très faibles. Le problème est qu'il semble se multiplier rapidement une fois à l'intérieur du corps humain.
    - Personne n'avait remarqué son existence avant cela ?
    - Non, en effet. Sa faible concentration aurait rendu sa découverte difficile. L'autre problème étant que même s'il se développe assez vite dans un porteur humain, il a fallu près d'une année avant que les premiers symptômes graves ne se déclenchent.
    - Combien de personnes seraient-elles potentiellement infectées ?
    - C'est... C'est là le problème, hésita le Dr. Merkah, d'après eux, toute la population présente sur la planète est contaminée. »

    Son annonce marqua un silence tandis que son interlocutrice encaissait la nouvelle. Celle-ci finit par reprendre :
    « Est-ce que vous avez une piste de solution ?
    - Pas encore, malheureusement, répondit la docteure. Mais nous pouvons limiter les dégâts si nous agissons rapidement. Je vous demande d'organiser une réunion exceptionnelle dès demain. Il faut à tout prix empêcher l'infection de se propager à travers la Nation.
    - Je suis d'accord. Je vais organiser ça le plus vite possible. Préparez tout ce que vous pouvez : résultats d'analyse, des idées pour une solution, tout. Je veux que tout ça soit près pour la réunion.
    - Ce sera fait, Madame.
    - Très bien. Je m'occupe de prévenir les personnes concernées. Ah, et surtout, n'ébruitez pas ça. Ce n'est pas le moment de déclencher une crise de panique avec une annonce de possible épidémie.
    - Bien sûr, ne vous inquiétez pas. Si vous le permettez, je vais me retirer. Il me reste quelques rapports à étudier. »

    Les deux femmes échangèrent encore quelques paroles avant que la Docteure ne quitte la pièce, laissant la Vice-Régente seule pour écrire un message à l'adresse de plusieurs personnes soigneusement choisies. Elle maudissait intérieurement cette mauvaise fortune qui semblait toujours attendre que ce soit elle aux commandes pour préparer des catastrophes.
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Mer Mai 14, 2014 10:55 pm

  • La salle de réunion, de taille somme toute assez modeste mais cependant assez confortable, comptait déjà trois personnes lorsque la Vice-Régente Sihrana entra. Déjà installées, elles échangeaient les dernières nouvelles avant de se lever pour accueillir la femme d'État. Le plus proche de la porte, un homme dont l'uniforme très décoré ne laissait aucun doute quant à son importance dans le domaine militaire, s'avérait être l'Amiral Khol. Il salua rapidement la nouvelle arrivante avant de se rasseoir, imité peu après par les autres personnes présentes. Mme Sihrana rejoignit alors sa place, en bout de table, à l'opposée de la porte qu'elle venait de franchir. À sa droite se trouvait le Dr. Merkah dont les notes manuscrites trônaient sur la table et à sa gauche siégeait le Ministre de la Santé, Therkat Pohlek, qui semblait faire preuve de plus de calme que les autres participants. Il ne restait d'ailleurs à ces derniers plus qu'à attendre le dernier convié.


    Ekter Kaskar faisait partie de ces gens qui pensaient que le fait d'arriver précisément à l'heure indiquée, pas une minute plus tôt ni une minute plus tard, donnait un côté théâtral. C'est donc sans surprise qu'il entra dans la pièce à neuf heures précises, arborant un large sourire et accompagnant son arrivée d'un :

    « Ouf. Pile à l'heure. »
    Sans cette phrase, personne ne lui aurait tenu rigueur de rien. Mais ces simples mots suffirent à exaspérer suffisamment l'assistance pour qu'elle ne daigne pas se lever pour l'accueillir. Ne semblant pas y prêter la moindre attention, il s'assit en face de l'Amiral. À peine se calait-il sur sa chaise que la Vice-Régente quittait la sienne et prenait la parole :
    « Bien. Maintenant que tout le monde est là, et elle appuya sa phrase d'un regard lourd en direction du nouvel arrivant, le Ministre des territoires extérieurs, je pense que nous pouvons commencer. Permettez moi tout d'abord de m'excuser de vous avoir imposé cette réunion sans vous en avoir expliqué précisément les raisons, mais vous vous doutez bien que je nous l'aurais pas demandé si ce n'avait pas été nécessaire.
    - Venons-en au fait, l'interrompit l'Amiral Khol. Si la situation est si délicate que ça, ne perdons pas de temps.
    - Tout à fait d'accord, continua la docteure qui se tourna son regard vers la femme d'État avant de reprendre : si vous permettez que je commence ? »
    La dirigeante opina d'un signe de tête. Le Dr. Merkah se leva alors et les écrans disposés devant chaque participant s'allumèrent. Elle commença la présentation :
    « Et bien... Je suppose que vous êtes tous au courant de l'établissement d'une colonie dans une région plus éloignée qu'à l'accoutumée.
    - Vous parlez bien de Kalionkann ? Demanda le Ministre Kaskar. La colonie sur laquelle je dois me rendre la semaine prochaine pour la cérémonie de la Première Année ?
    - Sans vouloir vous blesser, ça m'a tout l'air d'être reporté, répondit la Vice-Régente avec un léger sourire.
    - J'aurais plutôt dit annulé. Je me trompe ? »


    Tous les regards se tournèrent vers le Ministre de la Santé. Celui-ci, devant les regards quelque peu interloqués de ses collègues, reprit calmement :
    « Je vous en prie. Amiral, Ekter, vous n'allez pas me faire croire que vous n'avez pas compris ? C'est pourtant assez évident, ne serait-ce que par ma présence ici. Et je ne vous parle pas de celle du Dr. Merkah, dont le domaine d'expertise est l'épidémiologie. Quelle autre explication qu'une épidémie ? Sinon, je ne pense pas qu'elle et moi soyons d'un grand concours ici.
    - Une épidémie ? C'est bien ça ? Interrogea l'Amiral qui semblait maintenant inquiet.
    - Malheureusement, oui, répondit la docteure. Et pas une simple épidémie : selon les premières observations, toute la population serait touchée.
    - Voilà qui est pour le moins fâcheux. Le Ministre de la Santé parlait d'une voix très détachée, comme si tout cela ne l'affectait pas le moins du monde. Et quel genre de micro-organisme ? Virus, Bactérie ? Un parasite local, peut-être ?
    - Un champignon. Présent dans la flore locale, il forme une sorte de symbiose avec certaines plantes. Il se fixe aux racines et leur permet d'absorber plus facilement les nutriments contenus...
    - Tout ceci doit certainement être passionnant, la coupa l'Amiral, mais je préférerais que nous passions aux choses intéressantes. À savoir : les risques d'une propagation interplanétaire et les mesures à prendre pour l'empêcher.
    - J'approuve, soutint le Ministre des territoires extérieurs. Surtout que, excusez-moi, mais vos discussions remplies de termes scientifiques, ça me passionne pas des masses. Il reporta son regard sur l'Amiral. Mais rassurez-vous, Amiral... Concernant les risques de propagation, ils sont quasi-nuls. Pour la première année, et même généralement les deux ou trois premières, les voyages se font à sens unique. Les vaisseaux de transport de colons et de ressources sont modulaires et servent de bâtiments de première nécessité une fois sur la planète. Habitations, écoles, hôpitaux, ce genre de choses. Il me semble même qu'aucun spatioport n'a encore été assemblé sur Kalionkann, ce qui diminue nettement les chances pour qu'un vaisseau ait pu décoller de la planète.
    - Donc peu de chances pour que l'épidémie se propage à une autre planète. Le Ministre de la Santé se voulait rassurant. Notre problème va donc se limiter à la population déjà présente sur la planète. Combien de personnes, d'ailleurs ?
    - D'après les rapports que j'ai lus hier, 750 millions d'habitants. Tout en formulant sa réponse, la Vice-Régente pianotait sur l'écran devant elle. Répartie sur sept centres urbains principaux. L'économie minière commence à se développer, et l'autosuffisance alimentaire est presque atteinte.
    - Ce n'en sera que plus facile pour assurer le ravitaillement. L'Amiral s'était lui aussi mis à parcourir divers dossiers depuis son écran. Le plus simple serait d'envoyer tout de suite de grosses cargaisons de denrées alimentaires. Parce que croyez-moi, il vaut mieux les envoyer tout de suite que quand les émeutes éclateront.
    - Puisque vous en parlez, continua la Vice-Régente, est-ce que vous avez d'autres suggestions à faire au niveau du ravitaillement ? Ou des suggestions sur d'autres sujets, d'ailleurs.
    - Déjà, comprenez bien qu'une fois que les gens vont se mettre à tomber malade en masse, ça risque d'être la véritable panique. Le Dr. Merkah approuva cette déclaration d'un signe de tête. Maintenant, imaginez que les gens dégotent un vaisseau, ou n'importe quel autre moyen de transport capable de quitter la planète... Je n'ai pas besoin de vous expliquer le problème plus en profondeur.
    - Vous croyez qu'ils pourraient trouver des vaisseaux ? Ils n'ont même pas de spatioport ! Le Ministre Kaskar balaya ces idées d'un revers de la main tout en arborant un sourire hautain.
    - Peut-être. Mais vous seriez surpris du nombre de mercenaires et de passeurs en tout genre qui seraient prêts à prendre le risque de transporter des malades pour toucher une compensation financière. Il va falloir renforcer les patrouilles dans le secteur.
    - Pardonnez-moi, le coupa le Ministre de la Santé, mais je pense que ce risque est secondaire devant le véritable problème. Je sais que vous allez me demander de quoi je parle, alors laissez-moi vous épargner la peine de poser la question : le personnel médical. Si toute la population planétaire est effectivement touchée, le personnel médical l'est aussi et il va présenter les premiers symptômes sensiblement au même moment que le reste de la population. Inutile de vous expliquer que sans personnel médical la situation va très vite tourner au cauchemar. »


    Le silence se fit durant quelques instants pendant lesquels chacun réfléchissait à une idée pour, à défaut de régler le problème, éviter qu'il n'empire.
    « Malheureusement, les options ne sont pas très nombreuses. La Vice-Régente venait de reprendre la parole. Premièrement : ne pas envoyer de personnel supplémentaire. Nous savons tous ce que ça va donner, mais au moins, nous ne risquerions pas de vies supplémentaires. Deuxième option : envoyer du personnel supplémentaire. Cela permettrait de dispenser des soins aux malades. Reste à savoir si de tels soins seront efficaces.
    - Bah... Le Ministre des territoires extérieurs ne semblait pas convaincu. Pourquoi vous croyez qu'on a inventé les combinaisons NBC ? On n'a qu'à équiper nos gars, et les envoyer sur la planète. Avec de bons moyens de confinement et une quarantaine stricte, ça doit être possible de leur éviter la contamination, non ?
    - Le problème, lui répondit l'épidémiologue, c'est que nous ne sommes pas sûrs des moyens de détruire ce champignon. Il semble, par exemple, particulièrement résistant au vide et aux rayonnements en tous genres. Une option pourrait consister en une stérilisation à très haute température, mais nos combinaisons actuelles ne permettraient pas à quiconque de survivre. Bien sûr, on pourrait aussi les asperger d'éthylmercurithiosalicylate de sodium, ou de n'importe quel autre composé organo-mercuriel, mais en grande quantité, ils sont très toxiques pour l'homme. Néanmoins, la combinaison devrait offrir une protection satisfaisante.
    - Rassurez-moi... Vous l'avez lu sur votre papier ? » Le Ministre Kaskar ouvrait de grands yeux, l'air abasourdi. La Docteure ne se donna même pas la peine de lui répondre et se contenta de hausser les épaules.
    « Ce n'est pas si urgent. Le Ministre de la Santé conservait son air calme, comme s'il ne disposait pas de la possibilité de paniquer. Du moins, pas pour l'instant, car ça va le devenir. Le personnel sur place devrait suffire pour le moment. N'oublions pas que les premiers malades sont les tous premiers pionniers. Et probablement les plus sensibles au champignon. D'après moi, nous avons au moins deux voire trois mois avant que la situation ne requière plus de personnel. D'ici là, nous aurons bien trouvé une façon de contenir cet organisme.
    - Et si jamais nous ne trouvions pas de moyen de quarantaine efficace ? L'Amiral leva momentanément les yeux de son écran. On ne peut pas se permettre d'envoyer des gens au cœur d'un foyer d'infection potentiellement mortelle sans avoir plus d'informations.
    - Ne vous inquiétez pas, le rassura la Docteure. Si nous avons raison, nous aurons bien assez d'informations avant que la situation ne devienne critique. En plus... »


    Quelques coups frappés à la porte de la salle l'interrompirent. La salle de réunion étant habituellement formellement interdite d'accès dans ce genre de cas, tous les participants se regardèrent, l'air interloqué. Tous, sauf le Ministre des territoires extérieurs qui prononça d'une voix plus forte qu'à l'accoutumée un :
    « Entrez ! La porte n'est pas verrouillée.»
    Un homme portant un plateau entra dans la pièce. Sur le plateau étaient disposés de petits en-cas, principalement constitués de pâte feuilletée enroulant des pâtes de fruits. Le Ministre Kaskar invita l'homme à déposer le plateau devant lui, ce qu'il fit prestement avant de quitter la salle sans un bruit tout en refermant la porte derrière lui. Les réactions des autres participants ne tardèrent pas, en commençant par celle de l'Amiral qu'il proféra d'une voix tonitruante :
    « Vous n'êtes pas sérieux ? On est en pleine réunion de crise et vous faites apporter de la bouffe ! Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans "confidentiel" ? Abruti ! »
    La Vice-Régente tenait son visage entre ses mains. Elle avait pris le parti de ne rien dire, persuadée que les autres s'en chargeraient très bien à sa place, comme l'Amiral ou le Ministre de la Santé qui prit la suite, d'un ton toujours aussi calme, quoiqu'un peu las :
    « Ekter... Je savais que vous n'étiez pas le plus sérieux, mais là, c'est peut-être exagéré.
    - Surtout, n'hésitez pas, poursuivit l'épidémiologue. Si on vous gène, on peut sortir aussi.
    - Calmez vous, ch'il vous plaît, répondit l'intéressé, la bouche pleine. Je ne vaux rien le ventre vide, de toute façon. »
    L'Amiral n'hésita pas une seule seconde et profita de la perche ainsi tendue :
    « Parce que vous valez quelque chose le ventre plein ? Première nouvelle ! »
    Le Ministre ne répondit pas tout de suite mais jeta un regard noir à l'Amiral tout en finissant d'avaler ce qu'il avait dans la bouche. Une fois cela fait, il répondit d'une voix sèche qui contrastait grandement avec le peu de sérieux qu'il inspirait :
    « Amiral. Trouvez une seule personne mieux calée que moi pour mon poste et je le lui laisse. Si je suis ici, c'est que je suis le meilleur dans mon domaine. Est-ce que vous avez entendu parler d'un seul problème logistique sur les colonies ? Du plus petit problème d'approvisionnement en nourriture ou en quoique ce soit d'autre ? Son ton se fit soudain bien plus dur et sa voix plus forte. Même quand votre flotte n'a pas réussi à assurer la protection de Koslann, les habitants ont eu de quoi manger, contre toute attente ! Alors allez-y ! Trouvez quelqu'un d'autre ! Expliquez leur le merdier dans lequel vous êtes ! Expliquez leur ce à quoi je dois faire face tous les jours, et on verra combien accepteront d'échanger leur place avec moi ! »
    Il s'était presque mis à crier sur la fin de sa tirade. Réalisant cela, ainsi que le fait qu'il s'était levé de son siège, il se rassit, le visage rouge, et reprit, plus calmement :
    « Alors, excusez-moi, mais j'ai faim ; je mange. »


    « Bien... Maintenant que la question est réglée, pouvons-nous en revenir à notre problème ? La Vice-Régente tentait de calmer l'Amiral qui, bien que surpris par la contre-attaque inattendue du Ministre, se tenait prêt à répliquer. La réunion risque de durer bien assez longtemps sans avoir besoin de nous chamailler pour des broutilles. »
    Elle n'avait pas tort. La réunion, qui durait depuis déjà une bonne demi-heure, se termina près de deux heures plus tard. Parmi ce qui avait été retenu, la décision d'envoyer quelques chercheurs sur la planète. Parmi eux, la Docteure Merkah qui s'était portée volontaire. Une autre décision importante fut l'envoi d'une flotte défensive autour de la planète, autant pour empêcher tout vaisseau non autorisé d'approcher que pour les empêcher de quitter la colonie. Enfin, l'envoi de personnel supplémentaire n'avait pas été retenu pour le moment. Cela avait été remis à plus tard, à un moment où ce personnel serait plus nécessaire et surtout où il pourrait être assuré de ne pas être contaminé.
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Mar Juin 24, 2014 1:10 pm

  • La lumière bleutée de Niokh commençait à éclairer Karelkohn capitale d'Érigia, elle-même planète capitale de la Nation Obscurcie. Bien sûr, éclairer était un mot à prendre avec des pincettes, dans la mesure où la quasi-totalité de la ville était enterrée, imperméable à la lumière et aux radiations mortellement dangereuses du soleil local. Sur beaucoup de planètes, les gens vivaient au rythme des levers et des couchers de leur étoile, mais pas sur Érigia. Les rues fourmillaient d'activité, et celle-ci semblait ne devoir tarir à aucun instant. Les véhicules transports ne se vidaient à chaque station qu'ils desservaient que pour mieux se remplir à la suivante, acheminant les travailleurs à leurs postes, ou, au contraire, les ramenant chez eux après une dure période de labeur. Cependant, même si les usines paraissaient incapables de manquer d'ouvriers, d'autres postes plus spécifiques, eux, ne pouvaient se permettre d'avoir plusieurs occupants. Quant à ceux qui occupaient de tels postes, ils n'étaient pas exempts du besoin de sommeil. C'était le cas, par exemple, de la Vice-Régente.


    Son réveil sonna alors qu'à 3 km au-dessus d'elle, la surface commençait à s'éveiller. Elle ne put réprimer un soupir, comme tous les matins, lorsqu'elle fut tirée d'un sommeil bien trop court. À peine un quart d'heure plus tard, elle était déjà lavée et habillée et terminait son petit-déjeuner frugal tout en parcourant rapidement des yeux son Interface Mobile, tentant de mettre à profit la moindre seconde disponible pour se mettre au courant de ce qui s'était passé durant la nuit. Rapports de production, de patrouilles, tout cela ne l'intéressait guère. Elle cherchait les événements sortant de l'ordinaire, ceux qui requéraient ses instructions. Avalant la dernière bouchée de son repas, elle se leva d'un bond, rangea ses couverts au plus vite, attrapa son I.M. en passant et quitta son logement en coup de vent.


    Une dizaine de minutes plus tard, elle marchait dans les rues de Karelkohn, accompagnée de deux gardes du corps. Sa tenue, d'un léger tissu bleu clair, contrastait avec celle de son escorte, drapée de teintes plus sombres. Elle profitait de la vingtaine de minutes qui la séparait de son bureau pour se vider l'esprit et tenter de ne penser à rien, et surtout pas aux responsabilités qui l'attendaient. Ses gardes, silencieux, ne la quittaient pas d'une semelle et même s'ils ne gardaient pas la main constamment sur leurs armes, ils ne baissèrent pas leur garde un seul instant et surtout pas lorsqu'un invité imprévu s'approcha.

    « Madame Sihrana... Cela faisait longtemps. »


    L’intéressée, qui ne s'était pas immédiatement rendue compte de son arrivée, mit quelques secondes à le reconnaître. L'homme qui se tenait en face d'elle se trouvait être l'ex-Ministre de la Défense, M. Fikret. Tout en la regardant, il arborait ce petit sourire détestable de l'homme qui sait qu'il ne sera pas le bienvenu, mais dont on ne peut refuser la visite. Un peu comme ces huissiers qu'on pouvait trouver sur les mondes Corporatistes.
    « Kulok... Oui, ça faisait longtemps. Elle hésita quelques instants puis ajouta, comme si cela n'avait finalement pas d'importance : Longtemps... Mais pas assez. »
    Son interlocuteur éclata de rire et reprit, devant la Vice-Régente dépitée et ses gardes impassibles :
    « Allons, Kihrel... Tu ne vas pas commencer à éviter tes vieux amis, j'espère.
    - Non, bien sûr que non, répondit-elle tout en arborant une mine déconfite qui décrédibilisait totalement sa réponse. C'est juste que le moment est peut-être mal choisi.
    - Kihrel, laisse-moi te dire que si tu crois que je peux me tromper en choisissant un moment, c'est que tu me connais décidément bien mal. Quant à nos vieux amis, je pense qu'il serait temps que tu les retrouves, tu ne crois pas ?
    - Maintenant ? C'est que...
    - Maintenant, oui, l'interrompit l'ancien Ministre. Maintenant, ça semble être le bon moment. Après tout, nous savons tous deux dans quel pétrin vous êtes, toi et les autres. Cela pourrait te... soulager d'en parler. »


    La Vice-Régente baissa la tête quelques instants, réfléchissant à une solution qui ne vint pas. Relevant les yeux, elle donna l'ordre à ses deux gardes de s'éloigner :
    « Messieurs, partez jusqu'à mon bureau, et ne m'attendez pas. J'arriverai plus tard dans la journée.
    - Vous êtes sûre, Madame ? Répondit le plus grand d'entre eux. Je n'aime pas l'idée de vous laisser seule avec quelqu'un d'autre en dehors d'un rendez-vous prévu à l'avance. Ce serait sans doute préférable qu'on vous accompagne.
    - Allons, allons, Messieurs. Vous devez certainement m'avoir déjà vu quelque part, je suis loin d'être un parfait inconnu. Je me porte garant de la sécurité de Madame Sihrana, soyez assurés qu'il ne lui arrivera rien. Et si un malheur devait arriver... »


    Tandis qu'il terminait sa réplique, il sortit une carte d'une de ses poches et la tendit au garde qui avait émis ses réserves. Celui-ci la parcourut rapidement des yeux avant de reprendre :
    « Hum, hésita-t-il. Ça ira. Mais s'il arrive quoi que ce soit, nous vous retrouverons, croyez-moi.
    - Faites-moi confiance, lui répondit l'ancien ministre avec son détestable sourire, vous n'aurez pas besoin de vous donner cette peine. Il se tourna vers la Vice-Régente et ajouta : Maintenant, excusez-nous, mais nous allons prendre congé. »
    L'intéressée opina à contrecœur et le suivit alors qu'il s'engageait dans le dédale de tunnels qui quadrillait la ville. Au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient des zones plus fréquentées, les couloirs se faisaient plus sombres et visiblement moins bien entretenus jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dans une zone désaffectée, à près de deux kilomètres de leur point de départ. Ce genre d'endroit était assez rare, particulièrement au cœur de la capitale Érigienne, mais tout pouvait arriver à plusieurs kilomètres de profondeur : fuite de produits dangereux, invasion de parasites quelconques ou, comme c'était le cas ici, une rupture d'étanchéité d'un réservoir d'eau souterrain. La zone sinistrée serait certainement de nouveau habitable quelques mois plus tard, une fois les travaux de réhabilitation effectués, mais pour l'instant, il n'y avait pas âme qui vive et les murs suintaient d'eau sale. Quant aux nombreux objets divers qui jonchaient le sol, ils indiquaient que la zone avait été évacuée dans l'urgence.


    Kulok Fikret connaissait visiblement très bien le secteur. L'obscurité semblait ne pas le déranger le moins du monde et il évitait adroitement les flaques vaseuses qui parsemaient le couloir. Mais finalement, quand le noir se fit presque complet, il sortit une lampe torche de sa poche et commença à éclairer la zone alentour de la lumière blanche et froide. Derrière lui la Vice-Régente le suivait tant bien que mal. Le bas de sa robe était trempé et ses chaussures étaient gorgées d'eau. Pour couronner le tout, le froid qui régnait dans le couloir l'assaillait de toutes parts, et elle éternuait à intervalles réguliers. La situation ne s'arrangea pas après que la lampe fut allumée, malgré le soin que son possesseur apportait à éclairer le chemin de la femme d'État. Ils parcoururent ainsi une bonne centaine de mètres dans une obscurité oppressante seulement limitée par un fin faisceau de lumière. Pas un seul mot n’avait été échangé depuis qu’ils avaient quitté le centre-ville, et la conversation ne semblait pas près de s’engager maintenant que le noir était presque complet. Ralentissant le pas, l’ex-ministre disparut derrière un tas de gravats. En le contournant, la Vice-Régente découvrit une porte entrouverte devant laquelle l'attendait M. Fikret.


    « Nous y sommes, annonça-t-il triomphalement. Si tu veux bien te donner la peine d'entrer. »
    Suivant ses instructions, elle pénétra dans la pièce. L'odeur de moisissure qui y régnait était plus forte encore que dans les couloirs qu'ils avaient traversés - même si cela semblait difficile - et malgré le noir quasi complet, la femme parvint à distinguer deux silhouettes l'attendant. Derrière elle, son guide referma la porte et braqua sa lampe torche successivement sur chacune des deux personnes déjà présentes, révélant les masques qui leur couvraient le visage. Vinrent ensuite quelques secondes durant lesquelles il tenta tant bien que mal de caler sa lampe torche de façon à ce qu'elle illumine le plafond et, par réflexion, le reste de la pièce. Quand il fut satisfait de l'éclairage, il déclara :
    « Tu nous excuseras pour ces conditions quelque peu précaires, mais vois-tu, le système d'éclairage semble un peu boudeur. Probablement les infiltrations d'eau dans les circuits électriques. Mais trêve de bavardage, commençons.
    - Il serait temps, en effet, continua la plus petite des deux personnes masquées. Madame Sihrana, nous allons faire court : Nous sommes au courant pour cette histoire d'épidémie. Nous avons une certaine connaissance de ses symptômes et de ses particularités, notamment sa période d’incubation. Nous savons également que vous avez l'intention d'envoyer une équipe sur place, pour étudier et, si nous avons bien compris, tenter d'éradiquer cette... chose.
    - Et c'est là que nous intervenons, poursuivit la seconde personne, dont la voix trahissait la féminité. Il ne faut pas éradiquer cette maladie. Du moins, pas sans réussir à récupérer des échantillons de sang des personnes contaminées.
    - Je ne suis pas sûre de comprendre, répondit la Vice-Régente, qu'est-ce que vous comptez faire de ces échantillons une fois que nous aurons trouvé un remède ?
    - Kihrel... Tu me déçois beaucoup. C'est pourtant assez évident ! Nous avons là une maladie très facilement transmissible par l'air, et capable de survivre à l'extérieur d'un hôte pendant une période de temps non négligeable. Le vecteur parfait pour une arme bactériologique à grande échelle ! »


    La femme d'État reporta son regard sur l'ex-ministre, visiblement mal à l'aise, presque apeurée. Elle articula lentement à son intention :
    « Vous êtes vraiment des grands malades... »
    La réaction de l'intéressé ne tarda pas :
    « Bon sang ! Mais fais un effort ! On tient l'arme ultime ! Une arme bactériologique difficilement détectable, avec une grande période d'incubation, donc avec beaucoup de temps pour se répandre avant d'être repérée ! Pour peu qu'on la rende encore plus létale et qu'on l'envoie au bon endroit, on pourrait provoquer des ravages !
    - Mais vous, réfléchissez ! La Vice-Régente était hors d'elle, et son visage rougissait sous l'effet de la colère. Vous croyez vraiment que vous allez arriver à contenir cette saloperie sans qu'elle ne se répande hors du laboratoire ? Combien de personnes vont mourir à cause de ça ? Des millions, des milliards, peut-être ! Et ça bien avant qu'on ait la moindre chance de l'envoyer à qui que ce soit ! Alors n'espérez pas qu...
    - Ça suffit ! La femme masquée avait quasiment hurlé pour interrompre son "invitée". Croyez bien que nous avons réfléchi au problème. Et si vous nous aviez laissé quelques secondes, nous vous aurions expliqué.
    - En effet, reprit l'autre silhouette au visage dissimulé. Vous vous doutez que nous ne sommes pas assez inconscients pour introduire ce genre de chose sur Érigia, ou sur n'importe quel autre monde habité. Et les choses sont bien faites : nous avons une lune. Lune inhabitable et satomisée par nos soins, si vous vous souvenez bien.
    - Oui, je me souviens, répondit sèchement la femme d’État alors qu’elle essayait de retrouver son calme. Pour stabiliser l’orbite de la planète, si ma mémoire est bonne. Et pour en revenir à ce que vous disiez, je suppose que vous avez l’intention d’y envoyer les échantillons ? Vous avez une base sur place ?
    - Il se trouve que oui, lui indiqua la femme au masque. Bien sûr, officiellement, aucune recherche sur des armes bactériologiques n’a été menée, mais étant donné que nous savons qui est au courant et qui ne l’est pas… Enfin, pour être plus claire : si l’information venait à sortir d’ici, vous seriez certainement retrouvée la semaine suivante avec une corde à piano autour du cou. Mais sinon, oui, nous avons bien une base sur place. Et du matériel médical de pointe. C’est censé être une station de recherche pour des vaccins et des médicaments en tous genres, mais nous y avons notre propre laboratoire. Et toutes les mesures de confinement ont été prises. Donc pas de souci de ce côté-là. Le seul réel souci… »


    Elle s’interrompit et son homologue poursuivit calmement :
    « Le seul réel souci, c’est la récupération des échantillons. Et c’est pour ça que vous êtes ici. Si nos informations sont exactes, un blocus de la colonie va être mis en place assez prochainement, c’est bien cela ? »
    Son interlocutrice opina d’un signe de tête.
    « Eh bien, reprit-il, cela risque de poser quelques problèmes. Il va donc falloir que vous vous arrangiez pour que la flotte assignée à la mise en quarantaine de la planète soit composée de ces vaisseaux. » Il s’avança jusqu’à elle, fouilla quelques instants dans l’une de ses poches d’où il extirpa un bout de papier quelque peu froissé, qu’il lui tendit de sa main gantée. Une fois que la femme l’eût attrapé, il ajouta :
    « Peu importe la façon dont vous y parviendrez, mais il nous faut ces vaisseaux sur place. Tous. Et à l’avenir, évitez de vous énerver de la sorte en notre présence, surtout sans savoir de quoi il retourne. Il conclut d’une voix glaciale : Notre patience n’est pas sans limite. Souvenez-vous-en. »


    Sur ces mots, il quitta la pièce, suivi de près par son acolyte masquée. Une fois qu’ils furent tous deux dehors, Kulok intima à la Vice-Régente, avec ce petit sourire insupportable qu’il aimait tant afficher :
    « Je vais te raccompagner au bureau, je suis certain que tu as des tas de choses à faire. Et puis, je ne voudrais pas que tes gardes se posent trop de questions. J’espère que tu sauras quoi leur dire. »
    Quand les Melrehns explosent des portes Cetyns, ils n'ont peut-être pas de médaille, mais au moins, ils ont un RP !
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