[HRP]Ce post a été écrit à quatre mains, avec Manticore[/HRP]
***
BCS So Much For Subtlety, espace intersidéral conventionnel.
- Calculs terminés. Chances de succès acceptables.
- Très bien. Envoyez notre confirmation à l'Alliance, et vérifiez notre synchronisation avec eux.
- Tout de suite.
- Faites chauffer l'hyper, qu'on puisse sauter à l'instant précis où ça pétera.
- Bien, Monsieur.
Contrairement à leurs homologues de l'Alliance, les cuirassés batuléens embarquaient un nombre de missiles tout à fait inhabituels à l'heure des armes à énergie, pouvant monter jusqu'à dix millions d'unités lourdes anti-navire. Et dans le cas particulier de la classe Ankylon, dont était issu de le So Much For Subtlety, une majorité de ceux-ci étaient équipés de têtes à l'antimatière. Ce qui expliquait en grande partie le prix monumental desdits vaisseaux.
- Notre stock sera à combien après ça ?
- Complet à 95 %.
- Tout à fait raisonnable.
- Capitaine ! Les systèmes informatiques de l'Alliance tentent d'accéder à nos contrôles de tir !
- Oui, et bien, c'est ce qui était prévu.
- Certes, mais le pare-feu bloque leur connexion.
- Forcément.
Le Capitaine soupira en se penchant sur sa console avant de taper un code complexe, ayant comme finalité d'autoriser le contrôle de tir distant par les manticoriens. Plusieurs voyants passèrent au vert ce faisant.
- Voilà. Passez moi l'Absolution.
- Fait.
- Backen, ici Persov. Vous avez la main sur les systèmes de tir de nos missiles, et nous parés à passer en hyper. C'est quand vous voulez.
- Bien reçu.
Quelques instants plus tard l'ordre de tir fut lancé. Dans la cuve holo du Central Opérations s'affichèrent en plus des flottes en présence divers courbes symbolisant les trajets des – très – nombreuses torpilles qui venaient de décoller. Leur trajectoire était plus ou moins hyperbolique et s'arquait pour revenir à une distance bien déraisonnable des flottes melrehns.
- Explosion dans quarante-six secondes.
Quelqu'un avec une bonne paire de jumelles aurait probablement pu distinguer les panaches des réacteurs des engins depuis le pont d'observation du cuirassé.
- Explosion dans vingt-trois secondes.
Les formations de missiles batuléenne et manticorienne avait dorénavant fusionnées, ne formant plus qu'un mur de charges explosives en avance rapide.
- Dix secondes.
- Préparez-vous à l'impact !
Tous les membres d'équipage se sanglèrent à leur siège, en prévision du choc qui allait arriver sous peu.
Et la lumière fut.
Pendant quelques instants, en plein espace intersidéral, une nouvelle étoile brilla. Les perturbations engendrées dans le tissu local de l'espace-temps par cette titanesque explosion de plusieurs milliards de kilotonnes rencontrant celles crées par le Kargo, se renforçant ou s'annulant selon les fronts d'ondes. Et la flotte se trouvait au sein d'un « creux ».
Dans cet enfer de radiations et de particules surchauffées, tous les vaisseaux présents lancèrent leur hypernavigateur, et bien vite les déchirures bleutées habituelles apparurent. Elles étaient toutefois bien plus floues qu'à l'accoutumée, bien plus instables ; la faute aux conditions infernales des environs. L'un après l'autre, chaque bâtiment parvint toutefois à effectuer le saut.
Dans le Central Opérations du So Much For Subtlety résonnaient diverses alarmes, tandis que l'éclairage de secours avait pris le relais, baignant la salle dans une lumière rouge.
- Rapport d'avarie !
- La plupart des systèmes ont résisté à l'IEM, mais plusieurs surtensions ont eu raison de l'éclairage.
- Bon, si ça n'est que ça...
- On signale également une brèche dans le flan bâbord, le hangar trente-sept est entièrement dépressurisé.
- Envoyez une équipe sceller ça dès que possible.
- Tout de suite.
- Quant aux autres vaisseaux ?
- Tous ont sauté. Aucun dommage majeur.
- Excellent.
- Message entrant ! C'est l'Alliance : « Joli travail, quelle est la situation chez vous ? »
- Répondez leur que tout va bien.
- Affirmatif.
- Maintenant, rejoignons le Triumph. Cap vers le système Lagidien !
- Tout de suite !
***
Et justement, à proximité hyperspatiale directe de Lagidia...
- Émergence dans cinq minutes !
- Le détachement de l'Alliance nous transmet une formation de combat.
- Voyez pour l'adopter. Que tout le monde se tienne à son poste de combat ! Je veux que nous soyons prêt à tirer sur n'importe quoi dès notre sortie !
- À vos ordres !
Cinq minutes plus tard, comme prévu, à plusieurs centaines de milliers de kilomètres au-dessus de la surface de Lagidia, une brusque déchirure bleuté fendit quelques acres d'espace, le temps pour la flottille melrehn de retrouver une dimension conventionnelle. La formation ayant été adoptée fit sortir l'Implacable en premier ; suivi par un mur formé des trente-trois croiseurs lourds, arrangé selon de fort esthétiques motifs, visant à maximiser la couverture qu'ils offraient ; eux-mêmes suivis par le Triumph or Agony ; tandis que les nombreux destroyers lance-missiles batuléens naviguaient pseudo-aléatoirement au sein même de la formation.
- Sortie effectuée, tous les voyants sont au vert ! Nous sommes bien hors de portée de leurs défenses !
- Trajectoire nominale.
- Vaisseaux ennemis ?
- Aucun à moins d'une demie-heure de vol.
- Parfait. Débutez les scans, et poursuivez selon le plan de vol prévu.
- A vos ordres.
Un des écrans du CO changea son affichage pour montrer, écrit en larges chiffres, un compte à rebours, initialisé à vingt-sept minutes. C'est le temps qu'allait passer la flotte autour de Lagidia avant de retourner en hyperespace, soit juste assez pour scanner le système stellaire dans son entièreté, et ainsi obtenir des informations fiables sur la position du Canon Trium.
Bien entendu, il eût été plus simple de sortir à la lisière du système pour s'assurer une véritable sécurité, mais le temps requis pour le couvrir en entier eût été bien trop important, d'autant plus qu'il abritait un des Points de Contrôle léanth.
- ALERTE ! Fenêtre hyperspatiale en formation !
- Chienlit ! Où ça ?
- En orbite lagidienne. Cinquante vaisseaux, tonnage frégate, marquages léanths... Rotaliens, pour être plus précis.
- Humpf, tant qu'ils restent là à ne rien faire...
***
MSS Implacable.
N’ayant pas de dangers immédiats à combattre, le niveau d’alerte était retombé sur l’Implacable et les autres vaisseaux de la flotte. Les équipages restaient malgré tout en alerte, prêt à ouvrir le feu avec leurs batteries si jamais une cible ennemie passait subitement dans leur enveloppe de tir. Lentement, les vaisseaux Melrehns s’enfonçaient vers l’intérieur du système, sans se douter de la surprise qui les attendait sur la face cachée de la lune. Après quelques minutes, l’alarme caractéristique des arrivées hyperspatiale se déclencha une nouvelle fois.
« -Capitaine, nouveaux contacts Léanths ! Echos confirmés hostiles par cinquante, classe moyenne, distance de sécurité niveau trois, orbite planétaire.
-Donc on a de la marge. Marquez les cibles, et prévenez-moi si elles bougent. Appartenance ?
-On recherche leurs indicatifs... Appartenance à l’Empire Rotalien certifiée. Aucun signal de leur part.
-Quoi, encore un invité surprise ? A ce rythme-là, la moitié de la région sera ici dans l’heure ! Lieutenant, rehaussez le niveau d’alerte d’un cran. Je ne serais pas surpris de voir d’autres vaisseaux débarquer d’ici peu.
-A vos ordres, capitaine. Qu’en est-il de l’armement ?
-Optimisez la couverture des tirs, je veux le moins d’angles morts possibles, quitte à disperser un peu la puissance de feu ; on réajustera au besoin. Et procédez à des manœuvres sur les croiseurs de combat, pour qu’ils ne coupent qu’au minimum notre enveloppe.
-A vos ordres, capitaine. »
Les tourelles pivotantes de l’Implacable se mirent bientôt à tourner sur leurs lourdes articulations, tandis que les schémas de tirs des missiles étaient recalculés. Sur l’écran de veille stratégique de l’Implacable, les sphères indiquant l’enveloppe de tir de chacune des batteries et les zones de dispersion des missiles se décalèrent petit à petit les unes des autres. Après les quelques manœuvres auxiliaires des croiseurs de combat environnants, seuls les canons lourds de l’Implacable, bien fixes dans leur logement, n’avaient pas bougés. L’arrière du vaisseau était protégé par les Nerbera Mora modifiés, tandis que le lourd vaisseau, au centre de la formation offrait une puissance feu suffisante pour décourager d’éventuels agresseurs. Sans compter la présence juste à côté du cuirassé batuléen et de son escorte. La totalité des armes de l’Implacable étaient prêtes à ouvrir le feu, et désormais, la chose à faire, c’était attendre que le scan du système soit fini, avant de repartir.
***
- Aucune trace du Canon en orbite Lagidienne.
- Poursuivez.
Bien que s'étirant sur près de trente kilomètres, la formation melrehn était bien entendu invisible depuis la planète, du moins pour quiconque ne possédant pas d'instruments optiques.
- Alerte ! Pics énergétiques en provenance d'un des cuirassés en orbite planétaire !
- Merde, il veut nous tirer dessus ? À cette distance ?
- Impossible à déterminer.
- Dans le doute, préparez-vous à un impact !
- Bon sang ! Il a disparu !
- Disparu ?
- Enfin, détruit pour être plus exact.
- Détruit ?!
- Affirmatif. Les causes sont inconnues, mais ce Kaomata vient juste d'exploser.
- Je... suppose que c'est une bonne chose.
- Pas pour son équipage.
- Point de détail.
***
Implacable, même moment.
« -Alors ?
-Toujours rien à signaler, capitaine. On a scanné trois fois le système pour être sûr, mais on confirme que le Canon n’est pas sur zone.
-Sérieusement ? Et il est où maintenant ?
-Aucune idée, capitaine. On des traces énergétiques résiduelles d’une fenêtre hyperspatiale, surement celle du canon, mais impossible d’en dire plus.
-Fais suer. Toujours aucune réaction de la part des Léanths ?
-Négatif. Même pas un message nous demandant gentiment de dégager d’ici.
-Bizarre. Sur certaines planètes, on se serait fait tirer dessus avant même d’avoir reçu le message.
-Vous pensez qu’il y a quelque chose d’autre, capitaine ?
-Ouai, mais je ne sais pas quoi. Restez sur vos gardes. Maintenez tous les vaisseaux ennemis identifiés sur les scans, et surveillez les alentours.
-Vous voulez qu’on lance une analyse élargie ?
-A la rigueur. Vérifiez s’il n’y a pas de comètes ou autres en bordure du système, j’en connais qui serait capable de planquer des vaisseaux amiraux de flotte de faction derrière.
-A vos ordres. »
Alors que les équipes aux senseurs s’affairaient sur leurs instrument, une violente décharge énergétique fut soudain détectée, en provenance d’un équivalent cuirassé Léanth, en orbite de la planète. Les systèmes de défense automatisés passèrent immédiatement en mode actif, avant de se remettre en état de veille aussitôt.
« -Lieutenant, c’est quoi ça ?
-Les systèmes de défenses sont tombés, on force leur remise en route !
-Vous vous foutez de moi ?
-Négatif et… Attendez, ils sont repassés en veille car il n’y avait pas de danger… D’ailleurs, aucun tir confirmé. Et l’origine de la source a disparu, mais on a un champ de débris sur les senseurs optiques. Au vu de sa taille, c’est sûrement celui du cuirassé qui s’y tenait.
-Il a explosé ?
-Affirmatif, mais on ne sait pas pourquoi.
-De mieux en mieux ! Et…
-Capitaine, on approche de la lune. Zone d’ombre imminente, aucune donnée sur l’environnement proche.
-Je n’aime pas ça… Lieutenant, laissez tombez la bordure extérieure du système, et passez-moi ce foutu satellite au crible !
-Reçu ! »
Les techniciens changèrent rapidement le paramétrage de leurs instruments, et concentrèrent le flux sur les abords de la flotte. A priori, il n’y a avait toujours rien à proximité, et pour le moment, la surface lunaire n’était pas vraiment la priorité.
***
- Nous allons bientôt passer dans le cône d'ombre de la lune, Commandant.
- Bien noté.
Ce passage derrière le satellite naturel de Lagidia permettait à la flotte de non seulement être totalement protégée des défenses terrestres, mais également de s'abriter du rayonnement solaire, et donc de pouvoir refroidir les systèmes critiques avec plus d'efficacité.
***
Sur, ou plutôt, sous la lune, se trouvait le bunker de commandement des Forces de Défense Lunaires. A l'abri sous des kilomètres de roches renforcées de plaques de blindage, il avait été conçu pour résister à toutes les attaques si ce n'est les plus dévastatrices, tout en restant totalement furtif. La coupure de toute communication avec Lagidia dès l'entrée des flottes Melrehns dans le périmètre expliquait en grande partie la non-détection de ces forces par les assaillants.
Au centre de la Salle de Combat se trouvait un large afficheur holographique présentant la trajectoire escomptée des vaisseaux, ainsi que la position des postes lance-missiles de surface.
- Les vaisseaux ennemis seront à portée dans une minute vingt-huit secondes, Colonel.
- Parfait. Rappelez-vous, faites feu le plus tôt possible.
- Bien, Colonel.
***
L'ambiance au sein des vaisseaux melrehns était plus que tendue. Aux risques déjà présents s'était ajouté le mystère du Kaomata explosif, sans oublier que chaque ping des senseurs était l'équivalent d'un « Coucou on est là » pour n'importe quel vaisseau disposant de capacités de détection.
Une alerte bippa sur la console du Commandant Maeltir, indiquant un message urgent de la part d'un des vaisseaux de son escadre. Il appuya sur un bouton, et l'image d'un homme en uniforme se forma sur un des écrans du CO, accompagnée d'un cartouche précisant son grade, son nom et son vaisseau ; en l'occurrence, Lieutenant de Vaisseau Heilneim, BCS Venator, destroyer lance-missiles de classe Oméga. Le Commandant tapa une rapide commande, qui lui permit d'afficher la position de ce vaisseau au sein de la formation. Il s'agissait de l'un des plus avancés, au-devant de l'Implacable.
- Que se passe-t-il ?
- Nous avons des relevés bizarres en infrarouge... Mais par intermittence.
- De quelle magnitude ?
- Au moins six.
Le Commandant blêmit à ces mots. En effet, les seules installations capables d'émettre autant de rayonnements étaient les centrales à fusion, chose peu probable sur une lune inhabitée, et les implantations militaires de l'ordre des défenses sol-espace.
- Et par intermittence vous dites ?
- Affirmatif. Comme si elles étaient furtives d'une quelque façon que ce soit.
- Je vois. Poursuivez les sondages dans cette direction. Maeltir, terminé.
À peine eut-il coupé la communication qu'une autre alerte résonna, bien plus pressante.
- Allons, quoi encore ?
- Appel de l'Implacable, priorité Ultra.
- Passez-le moi.
Le même écran afficha de nouveau un homme en uniforme, mais résolument différent du premier. Le bleu et la bande brune des tenues batuléennes avait fait place au noir des uniformes de l’Alliance, relevé par une double zébrure rouge sur l’épaule droite. Le cartouche indiquait désormais Capitaine de vaisseau Nosran, MSS Implacable.
- Commandant Maeltir, nous avons détecté plusieurs batteries de défense sol-espace, de type plasma, EM et missile.
- Damn, vraiment ? Nous n'avons rien de...
- Commandant !, l'interrompit son timonier, le Venator nous confirme la détection des positions !
- ...et merde. Vous avez des précisions ?
- Négatifs, les modèles ne sont pas standards. Nous conseillons de dégager la trajectoire immédiatement, sinon on risque d’avoir à faire face à une grosse puissance de feu.
- Impossible ! Nous avons besoin de ces données ! Le saut est prévu dans douze minutes trente-quatre ! Nous pouvons tenir !
- Compris. On optimise la puissance de feu pour un bombardement orbital. Implacable, terminé.
Le Commandant fit pivoter son fauteuil de sorte à être face à la cuve holo, et soupira, avant d'appuyer sur une commande de son accoudoir. La voix artificielle d'EVA – Electronic Video Agent, l'intelligence artificielle de bord – empli les coursives.
- Passage en alerte écarlate. À tout le personnel, branle-bas de combat. Je répète, passage en alerte écarlate. Ceci n'est pas un exercice.
***
Dès l'instant où la flottille entra à portée des défenses lagidiennes, ces dernières firent feu.
Des centaines de projectiles de plasmas, accompagnés par des milliers de missiles, s'élevèrent de leurs lanceurs ; tandis que les générateurs d'impulsions électromagnétiques faisaient leur œuvre.
***
BCS Epicus Furor, croiseur lourd de classe Altystheis, numéro de coque HCA-60267.
- VAMPIRE ! VAMPIRE ! Vingt-six mille sept cent cinquante missiles contacts en approche rapide sur une trajectoire d'interception. Les scans laissent penser à des missiles standards léanths.
- Dirigés directement sur nous ?
- Impossible à dire à cette distance. L'ordinateur estime que zéro point cinq pourcent des missiles nous sont effectivement et personnellement destinés.
- Que ça ?
- Soit cent trente-cinq unités.
- Hum, certes. De toutes façons, la grille de défense est pleinement opérationnelle.
- Affirmatif.
***
Implacable.
« -Lieutenants, toutes les armes latérales de la flotte sur la lune. Armez toutes les batteries électromagnétiques. Repositionnez l’Implacable, présentez les canons lourds. Je veux pouvoir vaporiser les batteries avant même qu’elles ne tirent. A tout le personnel, combat imminent, chaque homme à son poste.
-Reçu. Manœuvre pour frappe orbitale ! »
Les propulseurs de l’Implacable le firent légèrement pivoter, afin que les canons principaux situés sur son flanc explosé soient en mesure d’ouvrir le feu. En parallèle, les canons cinétiques furent pointés vers la surface, et une multitude de cibles étaient verrouillées par les systèmes de combat. Sur la passerelle, Nosran regardait avec appréhension le nombre grandissant de cibles à traiter. Une seule salve n’allait pas être suffisante, même en déployant tout l’armement disponible ; ce qui signifiait que les artilleurs pourraient riposter, infligeant potentiellement des dégâts importants à la flotte.
« -Merde. Sur ce coup, on aurait bien besoin de bombardiers plasmas.
-Capitaine, groupe de combat repositionné !
-Ouvrez le feu ! »
Au même instant, en tête de la flotte, l’Implacable entrait dans l’enveloppe de tir des défenses lunaires. Les deux camps firent tonner leurs armes en même temps. Les sveltes –comparés au bombardier d’Ombre- croiseurs de combat lâchèrent une salve complète de projectiles cinétiques, missiles à tête nucléaire et tirs plasmiques. Les missiles cinétiques, accélérés par la force répulsion électrique des canons électromagnétiques, fendirent l’espace, précédant même le feu infernal des canons plasmas. Les denses projectiles d’alliages métalliques fendirent l’atmosphère en ligne droite sans ralentir, pour s’écraser sur les cibles désignées. Pas de charges explosives, mais les projectiles n’en avait nullement besoin. Leur seule énergie cinétique était largement suffisante pour annihiler tout ce qui se trouvait autour du point d’impact, laissant derrière un joli cratère. Puis les projectiles plasma s’écrasèrent sur d’autres installations, avant que les ogives nucléaires n’en ravagent encore une partie. Sur la passerelle de l’Implacable, Nosran vit avec satisfaction une multitude de symboles rouges disparaitre, mais déchanta assez vite en voyant que presque tout l’hémisphère de la lune était recouvert. Parallèlement, la défense archontique avait ouvert le feu de toutes ses forces, ciblant les vaisseaux manticoriens, ainsi que les derniers vaisseaux batuléens formant l’arrière-garde, entrant à leur tour dans la fatidique enveloppe de tir. Les missiles affluaient de toutes parts, sans compter les boules de plasma. Déjà, les vaisseaux ciblés ripostaient, avec toute l’artillerie à leur disposition, et les vaisseaux qui s’apprêtaient à entrer dans l’enveloppe de tir des défenses lunaires larguaient déjà leurs lourds missiles, qui foncèrent vers la surface. Le combat risquait fort de tourner au carnage.
***
- À toutes les unités, ouvrez le feu ! Détruisez ces positions ! Je répète, feu à volonté !
L'ordre émanait directement du Commandant Maeltir. Tous les capitaines de vaisseaux en accusèrent réception, avant de se tourner dans un mouvement plus ou moins identique dans chaque bâtiment vers leur chef-canonnier, avant d'ordonner un tir de missiles lourd ; à l’exception de l'Ira Tenax. En effet, ce dernier, ayant épuisé son stock de missiles lors de sa rencontre avec d'autres vaisseaux archontiques plus tôt, adopta une stratégie différente.
- Allumage des propulseurs de manœuvre. Rotation avant de quatre vingt-dix degrés selon l'axe transversal. Chargez le Reisig. Feu à mon commandement.
Le croiseur pivota prestement, de façon à présenter son avant à la surface de la lune. À l'intérieur, grâce aux inhibiteurs inertiels et à la gravité artificielle, on n'avait rien senti du changement, et la situation était strictement identique à celle précédente.
- Nous sommes verticaux.
La notion de verticalité n'avait pas beaucoup de sens dans le milieu spatial, mais était néanmoins usuelle, principalement parce que c'était bien plus simple que de dire « notre axe longitudinal est normal à la surface de la planète ».
- Parfait, feu !
Cet ordre fut suivi par un appui sur un bouton, interprété par l'ordinateur de bord. Ce dernier, en réponse à cette sollicitation, ferma un circuit électrique à l'arrière du vaisseau, près d'un kilomètre plus loin. Dès lors, les milliards d'ampères que générait la matrice photopilique purent parcourir librement les câbles supraconducteurs la reliant aux deux rails métalliques. Ce derniers, devenant le siège d'un courant électrique monumental, produisirent à leur tour un champ magnétique d'une ampleur tout autant monumentale. Quelques mètres plus loin se trouvait un obus recouvert de cuivre, assurant le contact entre les deux rails, permettant au courant de poursuivre sa route, et devenant de fait une autre source de champs magnétique. La force de Laplace faisant son œuvre, ledit obus commença à se mouvoir, de plus en plus vite à mesure qu'il progressait le long de son accélérateur, tandis que le cuivre l'entourant se sublimait sous la chaleur monstrueuse créée par effet Joule. Lorsqu'il atteint la bouche, sa vitesse était de plusieurs centaines de kilomètres par secondes. Pour tous ceux ne bénéficiant pas d'une vision des choses à l'ordre de la milliseconde, le seul fait observable fut le jaillissement du projectile une fraction de seconde après l'ordre de tir.
Ce dernier filait vers la lune, à peine ralenti par sa rentrée dans l'atmosphère peu dense de cette dernière. Sa rencontre avec le sol à des vitesses quasi-relativistes provoqua une explosion titanesque désintégrant tout sur des kilomètres, tandis que le souffle brûlant continua à ravager les alentours de ce qui était désormais un cratère de plus d'un kilomètre de diamètre, détruisant avec aisance un nombre certain de positions d'artillerie lagidiennes ; mais hélas pas ce qu'elles avaient déjà eu le temps de tirer...
***
Tout autant dangereux que la masse de missiles qui montait depuis la surface, se trouvaient également plusieurs projectiles plasmiques. Dénudés de capacités de correction de trajectoire certes, mais bien plus rapides.
Cependant, ils n'avaient pas besoin d'être précis, dans la mesure où une orbite est extrêmement prévisible, et que la flotte melrehn devait maintenir la sienne le plus stable possible, afin de simplifier les opérations de scan, ne laissant qu'une faible marge pour les manœuvres d'évitement.
De fait, le BCS Ketheriel, croiseur lourd de classe Altystheis, à l'instar de ses congénères, avançait-il tous moteurs éteints, uniquement mût par son inertie. Après tout, dans le vide spatial, rien ne pouvait vous faire perdre de la vitesse. De plus, cela permettait de réduire considérablement la signature énergétique des bâtiments, compliquant la tâche des dispositifs de ciblages archontiques.
- Il semblerait que notre trajectoire croise celle de l'un des projectiles plasmique.
- Quelle puissance ?
- Niveau sept : 10 M kelvins, douze mille kilomètres seconde. Vingt-huit pour notre référentiel.
- Hum, quand même. Combien de temps ?
- Quarante-six secondes.
- Point d'impact estimé ?
- Affirmatif. Tribord avant haut. Flanc du hangar inférieur.
- Je vois.
Le Capitaine pressa un bouton de son accoudoir, et sa voix résonna dans tout le vaisseau.
- Évacuez les hangars. A tout le personnel, préparez-vous à l'impact. Je répète, préparez-vous à l'impact.
Il lâcha le bouton et se tourna vers le barreur.
- Manœuvre de roulis. Sens direct, quarante-cinq degrés.
- À vos ordres.
- Impact dans onze secondes.
- Merde, ça sera jamais suffisant !
Activant brièvement ses réacteurs de manœuvre, le croiseur commença à pivoter autour de son axe longitudinal. Les Altystheis reprenaient la forme assez particulière des Nerbera Mora traditionnels, aussi le Capitaine tentait-il de faire adopter à son vaisseau un profil plus étroit, de sorte à éviter le projectile.
Hélas, il ne restait pas assez de temps. Au moment de l'impact, le Ketheriel avait certes pivoté, mais trop peu. Le condensa de matière surchauffé entra en contact avec la coque, à une différentielle de vitesse de vingt-huit mille kilomètres par seconde.
Les cinq mètres de blindage composite-lamellé à base de carbure de tungstène, de titane, d'acier, de céramiques, et d'une foultitude d'autres matériaux plus ou moins exotiques, ne résistèrent que quelques secondes avant de voler en éclats à moitiés fondus, laissant un trou béant dans la paroi du hangar, par lequel l'atmosphère pressurisée du vaisseau commença à s'échapper en sifflant.
La boule de plasma ne s'arrêta pas là, et poursuivi sur sa trajectoire, bien qu'affaiblie par l'obstacle qu'elle venait de réduire à néant, traversant le hangar en détruisant deux des chasseurs parqués là. Toutefois, sa rencontre avec le mur d'en face, bloquant sa sortie, fut bien moins explosive que la précédente. Cette fois, les cinq mètres d'épaisseur servirent à quelque chose, et elle ne ressorti pas. Néanmoins, l'importante quantité de chaleur apportée, tant bien par le plasma lui-même que par la transformation de son énergie cinétique, le fit fondre sur plusieurs mètres de profondeur et de diamètre, laissant un large cratère noirci.
Étant donné les vitesses mises en jeu, cette rencontre ne dura pas plus de sept nanosecondes ; aussi tout ce qui virent les protagonistes fut une explosion d'une certaine importante sur le flan tribord avant haut du Ketheriel, ainsi qu'une gerbe de débris propulsée par l'atmosphère en fuite.
Le choc avait ébranlé le vaisseau. Le Central Opérations était un vrai chaos : si les membres d'équipage avaient eu le temps de se sangler, une myriade d'objet non fixés avaient volés en tous sens, et jonchaient désormais le sol et les consoles dans le plus grand désordre.
- Rapport de dégâts !
- Brèche dans le flanc tribord du hangar supérieur, on perd de l'atmosphère !
- Personnel présent ?
- Aucun.
- Scellez le compartiment. Ensuite ?
- Pods beth et ghimel du Qalxan rendus inutilisables. Positions d'artillerie alpha, beta, gamma détruites. Perte des réserves de munitions associées.
Au fur et à mesure que le timonier égrenait les informations, l'hologramme du vaisseau occupant le centre du C.O. affichait en rouge les emplacement cités, ainsi qu'une estimation visuelle de ce à quoi devait ressembler l'extérieur du bâtiment, faisant apparaître certaines conséquences non-cités : le nom du vaisseau, alors peint en large lettres était désormais totalement déchiqueté et illisible ; et de larges volutes de fumée noire s'échappaient du trou dans la coque, preuve des incendies de surchauffe qu'avait causé le projectile. Ces derniers ne dureraient toutefois pas, le temps que tout l'oxygène du hangar s'évente dans l'espace.
- Le canon spinal est toujours opérationnel ?
- Affirmatif.
- C'est déjà ça. Pertes humaines ?
- Douze décès : neuf n'ont pas pu évacuer le hangar à temps, et trois suite au choc d'impact. Trente-sept blessés, dont deux graves. En transfert vers l'infirmerie de bord.
- Douze...
***
MSS Implacable.
« -Bordel, joli coup ! »
Nosran observait les effets du tir de l’imposant canon cinétique de l’Ira Tenax. Une manœuvre risqué, puisque le temps que le croiseur se mette en position, il était presque à la merci des défenses lunaires. Nosran reconcentra rapidement son attention sur l’écran tactique. Les missiles affluaient toujours, ainsi que les boules de plasma. Déjà, le croiseur de combat Muraille partait à la dérive. Le vaisseau avait beau avoir viré de bord le plus vite possible, il se trouvait entre les batteries au sol et l’Implacable. Les systèmes de défenses furent rapidement submergés par le nombre de missiles, ceux qui lui étaient destinés mais aussi une bonne partie de ceux de l’Implacable, avant d’être transpercé par de multiples impacts de plasma de forte puissance.
« -Confirmons destruction du Muraille.
-Des capsules de sauvetage ?
-Négatif, aucune capsule détectée.
-Et merde… »
L’ironie du sort voulut que le Muraille explosa en servant de rempart à l’Implacable. En se sacrifiant, il avait intercepté une bonne partie des projectiles initialement destinés au bombardier d’Ombre, si bien que les puissants systèmes de défense de ce dernier avaient sans mal éliminés les projectiles restants. Derrière eux, une nouvelle salve de projectiles entrait en scène. Sur la passerelle du bombardier, plusieurs alarmes s’agitaient frénétiquement, et des dizaines de triangles roses pointaient sur le vaisseau. Les batteries lasers ouvrirent le feu les premières, balayant la trajectoire des missiles de traits rougeâtres. Une infime partie des missiles furent coupés en deux, les autres explosant quand les tirs atteignaient leurs réacteurs ou tout simplement la charge explosive. Fixées sur leurs tourelles, les batteries balayaient l’espace environnant, se payant parfois le luxe d’intercepter un missile destiné à un autre. Mais les missiles étaient nombreux, et beaucoup passèrent à travers le tir nourri des batteries.
« -Système de défense Égide activé. Mais on ne pourra pas tous les stopper, capitaine.
-Compris. A tout le personnel, préparez-vous à l’impact ! »
Égide était le dernier rempart de l’Implacable contre les projectiles ennemis, et répondait au nombre par le nombre. Le système était composé de multiples tourelles rotatives, situées à plusieurs points stratégiques sur le vaisseau. Chacune de ces tourelles était constituée de plusieurs canons lasers à haute fréquence de tir, de puissance inférieure aux canons standards, mais conçus pour tirer à une vitesse phénoménale. C’était en quelque sorte l’adaptation spatiale des conducteurs de masse qu’on l’on pouvait trouver sur les défenses au sol. A l’approche des missiles ennemies, chacune des tourelles se mettait à tirer sans discontinuer, les systèmes de combat automatisés traitant chacune des cibles en fonction de sans dangerosité. A courte distance, Egide était plus efficace qu’une batterie laser classique, car bien plus mobile, et surtout permettant un nombre de tirs largement supérieur aux batteries standards ; ce qui signifiait une forte probabilité d’atteindre sa cible. Des milliers de petits traits lasers furent tirés, saturant l’espace autour du vaisseau, et nombre de missiles ennemis se fracassèrent contre ce mur d’énergie. Mais malgré la force de frappe déployée, plusieurs missiles passèrent, s’écrasant contre le blindage du bombardier. Autour, les croiseurs de combat de la vingt-cinquième, les plus exposés, furent ravagés par les explosions et les boules de plasma. Massue et Tonnerre n’eurent même pas le temps de réagir, et à l’instar du Muraille, furent ciblés par une salve combinée de projectiles et de tirs plasma. Les systèmes défenses éliminèrent les premiers missiles, mais les suivants passèrent aux travers du système de défense rapprochée. Il ne restait alors plus que le croiseur de combat Prospecteur, qui esquiva on ne sait comment deux premiers tirs de plasma de forte puissance, avant qu’un troisième ne frappe ses propulseurs. L’explosion qui en résulta fit exploser les propulseurs avoisinant, et la décharge d’énergie se répercuta jusqu’aux générateurs, au plus profond du vaisseau. Quand ceux-ci explosèrent à leur tour, le croiseur de combat fut déchiré en deux, comme une vulgaire feuille de papier. Les deux moitiés du vaisseau partirent à la dérive, avant d’être ravagées par des missiles, qui s’abattirent sur l’épave sans qu’elle ne puisse riposter. Dès le début du combat, l’Alliance avait perdu la moitié de ses croiseurs. La suite ne s’annonçait pas très bonne.
***
Bien que d'un profil plus important que celui des croiseurs lourds, le Triumph or Agony n'avait été impacté que par deux boules de plasma, tandis que tous les missiles avaient été stoppés par la grille de défense ; aussi semblait-il extérieurement intact. À condition bien sûr de faire abstraction du trou béant dont s'échappait une épaisse fumée, ainsi que des marques de brûlure qui l'entouraient, perforant le bâtiment selon son axe transversal au niveau de la poupe.
Tous les afficheurs du C.O., écrans autant que cuves holos étaient emplis d'icônes rouges, de notifications d'alertes et de moult autres joyeusetés. Heureusement, le scanner hyperspatial avait été épargné et continuait sa tâche.
Une nouvelle collision fit trembler la superstructure, entraînant l'apparition de toujours plus d'alertes, chacune plus prioritaire que la précédente.
- C'était où ?!
- Secteur trente-neuf, hôpital de bord.
- Dégâts ?
- Maximaux. Toute la zone a été vaporisée. Faiblesses structurelles sur les montants principaux verticaux cent dix-huit à deux cent dix-huit. Intégrité structurelle à cinquante-sept pourcents.
- Karimnas steis. Pertes ?
- Tout le personnel hospitalier. Vingt-huit personnes.
- Il sera temps de les pleurer quand on sortira d'ici. Combien de temps ?
- Saut prévu dans sept minutes trente-trois.
- État de la flotte ?
- Les croiseurs lourds Ketheriel, Ira Tenax, Ultima Ratio, Capax Infiniti, Venatus Ruptor et Casus Belli ont été touchés, mais sont toujours plus ou moins opérationnels. Les destroyers Astrolabe, Glorious, Espérance, Archange, Terrific, Coursier, Dramatic, Majestic, Olympic, Oceanic et Erratic ont été détruits. Deux cent vingt-deux autres ont été endommagés, mais restent opérationnels.
- Et du côté de l'Alliance ?
- Ils rapportent la perte de quatre de leurs huit croiseurs de combat.
- Nous pouvons tenir.
- Possiblement.
- A-t-on détruit des positions ennemies ?
- Quelques-unes. L'absence de bombardiers plasma nous handicape gravement.
- Certes. Maintenez un tir nourri.
***
Implacable.
Les alarmes continuaient de rugir, alors que la vingt-cinquième division de croiseurs de combat venait de disparaître des écrans radar. Il ne restait plus de la petite flottille manticorienne que l’Implacable et quatre croiseurs de combat de la vingt-quatrième. Les Batuléens avaient eux-aussi subis de lourdes pertes, et la flotte était au beau milieu de l’enveloppe de tir des défenses lunaires. Il fallait donc avancer, pour la traverser au plus vite, faire demi-tour étant exclu, sous peine de d’être réduit en miettes.
« -Armement cinétique paré pour une pleine salve.
-Feu. »
Une nouvelle fois, l’Implacable lâcha une pleine bordée de projectiles cinétiques en direction de la lune. De nombreuses batteries furent détruites, mais leur nombre rendait presque l’effort futile. Autour du bombardier, les missiles, traits lasers et tirs de plasmas fusaient dans les deux sens, et l’espace entre les deux protagonistes était saturé de projectiles. Certains missiles rencontrèrent immanquablement un projectile de plasma ou un tir laser, et plusieurs explosions atomiques illuminèrent l’espace. La lune fut une nouvelle fois pilonnée, laissant apparaître de nouvelles plaies béantes.
« -Capitaine, deux tirs plasma sur notre trajectoire ! On ne va pas pouvoir esquiver !
-Dans ce cas… Accrochez-vous ! »
A quelques secondes d’intervalle, les deux décharges d’énergie s’écrasèrent sur l’Implacable. La première transperça une tourelle laser de part en part, avant de s’écraser sur le lourd panneau déflecteur posté juste derrière, et placé là justement pour éviter d’endommager plus le vaisseau. La deuxième frappa un point moins renforcé, et transperça la coque extérieure, pour se frayer un chemin à travers deux compartiments.
« -Capitaine, l’impact a transpercé… Le réfectoire et les cuisines du bâtiment.
-Bon, eh bien ça sera diète jusqu’au retour. Aucun système critique touché ?
-Négatif, mais on a quand même une brèche sur l’alimentation énergétique du secteur.
-Isolez-le, pas la peine de s’attarder plus dessus, ce n’est pas vraiment la priorité du moment.
-Reçu. »
Privé d’une tourelle laser et de ses cuisines, l’Implacable continua sa périlleuse traversée sous le feu ennemi. Ses canons cinétiques ouvrirent une nouvelle fois le feu, propulsant les obus métalliques à une vitesse inimaginable droit sur les innombrables défenses encore debout.
***
Une chose était sûre, si la lune avait été plus ou moins habitable, elle ne le serait plus après le passage de la flotte melrehns. Puisque l'astre était techniquement inhabité, personne n'avait eu de retenue dans ses attaques, et les impacts étaient foison. L'atmosphère s'emplissait de cendres et de débris, tandis que la température globale était montée de plusieurs degrés. Des dizaines de cratères rougeoyaient encore, et les radiations des armes nucléaires utilisées détruiraient sous peu les quelques formes de vie aux alentours n'ayant pas encore succombé.
Mais cela n'avait hélas – du moins, pour les assaillants – pas suffit à faire taire les batteries lagidiennes. Réparties sur tout l'hémisphère, seule une minorité d'entre elles avait été détruites, et même si à chaque instant d'autres étaient réduites au silence, la menace restait bien réelle.
***
Dans le C.O. du Ketheriel, tout s'éteint brusquement. Lumière, écran, alarme, et bien plus inquiétant, le sempiternel ronronnement des systèmes de vie ne s'entendait plus. De même, la gravité artificielle avait cessé de fonctionner, aussi divers objets se mirent-ils à flotter sans dessus-dessous, et seul leur harnais empêchait l'équipage de les rejoindre.
- Et allez, c'est quoi cette connerie encore ?
- Nous n'avons plus d'énergie.
- Et les générateurs secondaires ?
- Non plus.
- Les batteries d'urgence ?
- Même pas. Nous avons été victimes d'une IEM extrêmement puissante. Tout a été court-circuité.
- C'est réparable ?
- On ne serait pas sous le feu ennemi, éventuellement, mais là...
- On ne peut rien faire ?
- En effet.
- Pas de comm', pas de propulsion, pas d'armement, pas de capteurs, rien ?
- Rien. D'ailleurs, cela signifie aussi que notre air ne se renouvelle pas.
- Ouais, mais vu la taille du vaisseau d'ici à ce qu'on épuise tout on aura largement eu le temps de se faire dézinguer deux ou trois fois.
- Fort probable.
Et effectivement, privé de ses moyens de détection, la grille de défense – qui de toute façon était hors-ligne – ne put repérer les trois missiles qui fonçaient vers le croiseur. Ces derniers impactèrent quelques secondes plus tard, coupant de façon relativement propre le bâtiment en deux morceaux, qui partirent à la dérive. Les communications internes étant elles aussi coupés, il était impossible pour le Capitaine de savoir ce qu'il était arrivé, les seuls renseignements à sa disposition étant le brusque soubresaut ainsi que la sensation de tournoiement pleinement ressentie de par l'absence des inhibiteurs inertiels. Désormais séparées, la poupe et la proue, démunies de tout moyens de correction de trajectoire, étaient devenus des cercueils volants qui orbiteraient jusqu'à la fin des temps autour de Lagidia, identiques à des milliers de caillasses.
***
MSS Implacable.
« -Capitaine, perte de contact avec le Croisé ! Aucune capsule de sauvetage ! Seul le Fanatique est encore debout ! Cinquante pourcent des batteries Egides opérationnelles, propulsion subluminique à soixante-quinze pourcent des capacités maximales, capacités hyperluminiques conservées !
-Bordel… Les Batuléens ?
-Subissent aussi de lourdes pertes !
-Compris. Fanatique, décrochez immédiatement !
-Fanatique, reçu. Décrochons. »
Les deux ultimes vaisseaux manticoriens poussèrent leurs propulseurs au maximum, quitte à prendre un peu sur l’énergie initialement prévue pour les canons plasmas ou les batteries laser, afin de sortir au plus vite de la zone critique. Juste à côté du Fanatique, un vaisseau batuléen, le Ketheriel, cessa brusquement de fonctionner, comme figé dans le temps. Le croiseur manticorien, quelque peu abrité par le Ketheriel, fut quand même touché par l’onde électromagnétique, et plusieurs de ses systèmes grillèrent.
« -Capitaine, Fanatique rend compte d’une IEM, ses scans sont inopérants, propulsion diminuée à cinquante pourcent. Plusieurs batteries lasers désactivés et Egide hors-service !
-C’est pas vrai ! Faîtes qu’il tienne le coup… »
Bien que la majorité des missiles fût passée, il en restait quelques-uns se dirigeant vers le croiseur de combat. L’une des tourelles laser encore opérationnelle réussit à en battre deux, mais les deux derniers s’écrasèrent sur la proue et dans un hangar. Les navettes présentes dans ce dernier furent réduites en cendres, et les débris aspirés dans l’espace lors de la dépressurisation. Le champ de débris flotta quelque peu autour du croiseur, avant de se disperser dans l’espace. L’avant du croiseur fut déchiqueté, détruisant deux tourelles Egide et une batterie laser, déjà inopérantes. Par chance, le croiseur sortit de l’enveloppe de tir des défenses lunaires. Pendant ce temps, le bombardier d’Ombre fut à son tour frappé par l’onde IEM. Mais l’éclairage se contenta de vaciller, et seuls quelques senseurs extérieurs directement exposés grillèrent, le vaisseau étant doté de multiples couches de protection contre les décharges électromagnétiques. Enfin, à son tour, l’Implacable pu se soustraire aux tirs ennemis. Après avoir essuyé un feu infernal, il apparaissait une tranquillité toute relative. Derrière eux, les premiers vaisseaux batuléens achevaient leur mortelle traversée, et se soustrayaient aux tirs ennemis. Après avoir traversé un enfer de feu, tout devint –relativement- calme autour du bombardier.
« -Fanatique, préparez-vous à sauter. On quittera cette zone avec les Batuléens.
-Fanatique, bien reçu. »
Les deux vaisseaux manticoriens pivotèrent, et accélèrent pour s’éloigner de l’orbite lunaire tandis que derrière eux, les défenses lunaires délivraient leurs projectiles sur les derniers vaisseaux encore à portée. L’Implacable, et son escorte, à l’avant-garde avait été dans les premiers sous le feu
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Vyslanté le Jeu Nov 07, 2013 8:49 am, édité 1 fois.
« Si y'a moins de pages sur le RP que de vaisseaux sur le RC c'est pleutre. »
Confédération Stellaire Batuléenne