Décidément délicieux cet alcool, faudra que je pense a m'en trouver. Le rapport holographique disparut de la table boisée, la discussion débutait. Me servant un second verre, j'entrepris :
Seigneurs et citoyens de Celestus.. J'ai réfléchis, ces derniers temps, sur le fonctionnement de notre système. Il va de sois que plus une institution est éprouvée, plus elle a de chance de s'en renforcer, il est donc clair que d'exposer les failles de tout concept permet de le renforcer.
D'un geste expert, je sortit une blague à tabac de ma veste, en prit une mesure, puis tassée dans une pipe en bois joliement ciselée que j'avais sortit d'une main toute aussi experte d'une sacoche. Après quelques seconde d'effort contenu, un mince filet blanchâtre s'éleva délicatement...
Plaçons les limites de ce débat, il serait bon qu'il reste correct. Nous avons, pour certains, plus ou moins de différents, et j'aimerais qu'ici, ils soient oubliés momentanément, et que si l'un d'entre-vous aimerais exposer un avis tout a fait contraire, je l'invite chaleureusement à le faire, mais sans le ton de prétention ou de dédain politique que nous pourrions avoir dans certaines mesures. Une argumentation courtoise vaut son pesant d'or, croyez-en mes quelques expériences la dessus.
Les fumées devinrent bleuâtres, et commençairent à s'élever au plafond de verre en répandant une odeur amer de gingembre.
Pour la suite de mon discours, je sais souvent m'étaler, et j'ai souhaiter faire ressortir les passages principaux, et le développement de ma pensée, afin que le débat (s'il y a) soit le plus clair possible. J'espère que ça vous sera utile !
Soyons franc, nous connaissons tous les limites de cet institution : le contrôle total et absolu des Seigneurs sur l’Univers. Ils influent en tout et en tous, et justement, nous en faisons partit (soit en représentant directement leurs intérêts, soit pour en être un). Or, dans les larges étendues glacées de l’espace, la suprématie de ce concept seigneuriale féodal est telle que malgré nos civilisations avancés et notre intellect développé, nous obéissons avant toutes autres à une seule « loi », un édit primitif qui a naquit avec notre conscience ; et cette loi inscrit au plus profond de notre chair ne se développe qu’en un seul alinéa :
Bouffer, ou être bouffé.
Je ne vous apprendrais rien de nouveau en englobant le Sénat dans les influences qu’à cette société féodale, mais à vrai dire, ça me parait même logique puisque seul des Seigneurs (ou des représentants affiliés) la constitue…
Et cela me rappel cette anecdote, sur la vielle Terre, dans un petit Etat nommé France où, en juin 1789 (si ce n’est 1853) les députés élus du Tiers Etat, et donc du Peuple, s’étaient proclamés Assemblée Nationale, et mettaient ainsi fin à l’Ancien Régime. L’histoire de cette République déchu n’a en soit que peu d’importance, mais notez ce détail : les députés étaient quasiment que constitué de la Bourgeoisie – il parait donc logique que ce qu’ils promulguaient servait avant tout ladite Bourgeoisie, même s’ils pensaient bien faire. Le principe est le même pour ce Sénat, nous sommes Seigneurs et représentons cette société aux dépens de l’équité.
En fait, l’Assemblée ne travaille ni en accord avec ce principe primitif et millénaire, ni contre (c'est-à-dire en essayant de briser ces coutumes de luttes ancestrale), mais en parallèle : les Seigneurs règlent leurs différents entre eux, et ne font appel à la Justice qu’en cas de sérieux ennuis, et ladite Justice s’évertue des projets de lois pour structurer le tout, MAIS sans jamais entrer en conflit, ou en se positionnant contre ces guerres de territoires/économiques Seigneuriales que nombre d’humanistes qualifierais d’immorales et meurtrières. Mais là aussi, ça me parait logique
Prenons un exemple concret, ou non, deux, d’une part une loi actuellement en vigueur, le « Principe législatif », et d’autre part un projet de loi plusieurs fois murmurés, mais qui ne verras jamais le jour, une loi de « Régularisation du Trafic d’être humain » :
- Pourquoi cette loi sur l’interdiction de l’esclavage et le commerce de vies (incluant génocide minier, démobilisation, ventes d’esclaves, etc…) ne passera-t-elle pas ? N’est-elle pas honorable ? Ne défend-t-elle pas de pieuses vertus, comme devrait en avoir ce Tribunal ? N’assure-t-elle pas « le droit inaliénable de liberté individuel » ? Bien sur que si, mais cette même loi est anti-productif, mauvaise pour l’économie, et nuisible pour les Seigneurs. Or, ce sont eux qui votent.
- Pour le « Principe Législatif, cette définition de l’Assemblée ne nuit pas aux intérêts guerriers des Seigneurs. A vrai dire, ils s’en moquent pour la plupart. Ce n’est pas parce qu’un Tribunal allait être créé que les pillages pourraient cesser. Elle est donc passée.
On ne va pas tarder à me parler de cette loi sur la satomisation, et je compte l’aborder en premier. Il est certain que les premiers à s’être penché sur le problème étaient des hommes louables et loués (quoi qu’on pourrait se le demander pour le Seigneur Radeon), mais il ne faut pas s’aveugler et se leurrer dans cet élancement lyrique pour autant : si les Seigneurs de l’Univers ont en majorité voté avec empressement cette loi, c’est bien que la satomisation était contre-productif ! Pensez vous réellement que c’était aux milliards d’individus tués qu’ils pensaient lorsque la planète était soufflée ? Non, aux milliards de richesses envolés, aux possibilités guerrières qui s’échappaient, et aux blessures irréversibles d’une colonie anéantie. Cette loi est donc passé, parce que beaucoup la jugeait comme un bon « garde fou » économique, et je suis persuadé que tout autre nouvelle arme aussi meurtrière et dévastatrice découverte suivra le même chemin : les plus faibles Seigneurs, craignant les dégâts de ce type d’arme, proposeront une loi pour protéger leurs intérêts, sous le joli papier cadeau de « l’aide humanitaire ».
Alors voilà, il est clair que le Sénat dépend de la société féodale, avec ses barbaries, et non l’inverse. Et si une loi venait à être proposée, une loi qui viendrait à l’encontre de cette société guerrière, de vol et de pillage, alors elle serait refusée. Le Sénat est donc limité, extrêmement limité je dirais même. Et si une loi de ce type venait à passer, alors le temps démontrerais son « inutilité économique », voir son « désavantage » pour les Seigneurs, et elle serait abolie. La loi sur la Propriété rentrerais dans ses critères, si l’on s’y penchait, car justement, en bien ou en mal, elle va être détruite (en bien ou en mal pour qui ? Ou quoi ?).
Et ce conflit entre le Sénat et la féodalité peut se traduire très simplement :
- 5 des 8 lois pour l’organisation politique
- 3 lois uniquement se veulent structurer directement la société féodale.
Mais si l’on regarde les trois seules lois qui pourraient réellement influencer la vie des Seigneurs, nous avons quoi ? Une loi sur la satomisation qui, si elle défend de juste principe, n’est passé qu’à cause de ses intérêts financiers, une loi sur la propriété qui va bientôt disparaître, et les crimes et châtiments, qui définissent principalement le rôle du Tribunal.
Ces chiffres présentent une évidence : la Justice et les Seigneurs sont deux concepts diamétralement opposés, chaque concept a sa propre énergie cinétique, son propre idéal, et ceux-ci ne sont pas compatible.[b] Les chimères fantasmagoriques sont depuis longtemps retombés, nous n’aurons pas une « Justice juste », mais je ne pense pas pour autant que la justice est condamné, qu'elle n'a pas de raison d'être. Nous pourrons travailler dans le sens où si ni l’un ni l’autre ne peut l’emporter sur l’autre, alors il faudra faire des compromis, tenter de faire passer des avantages pour sauver quelques valeurs, et jongler en quasi permanence entre deux concepts aussi opposé que feu et glace.
J'inspirais une longue bouffée, me servit de nouveau un verre de cognac, en continua :
Ceci est la seconde partie de ma pensée, et je sais qu'elle en fera réagir plus d'un, mais j'invite encore à la modération. Aujourd’hui, mais je crois être le seul interloqué par ce fonctionnement, la Justice est tellement prise dans ce système Seigneuriale qu’elle officie comme rôle de « plaque commerciale », un centre de régularisation de « marchandises ». La justice « doit corriger pour améliorer », or, regardons la quasi-totalité des affaires ? Ce ne sont pas des remontrances, ce sont des dédommagements, des chiffres, de l’argent. Tu as fait ça ? Tu donneras tant, et c’est tout. Serait-ce ceci votre idéal de justice ? Une plaque tournante, où des Seigneurs y viennent dans uniquement pour récupérer un peu d’argent, ou éviter d’en perdre ? A quoi servent les juges qui ne jugent pas, s’ils ne font qu'estimer le chiffre potentiel à verser ?
Nous en sommes arrivé a cette expression simple de fonctionnement :
- Dépôt de plainte
- Plaidoirie de l’Accusé
- Si accusation justifié, estimation en pourcentage du dédommagement, a la discrétion du Juge
- Transition des ressources.
J'aimerais que les quelques Seigneurs qui se penchent réellement sur le Sénat, qui en connaissent son fonctionnement, prêtent attention a ceci quelques instants, et expriment leurs avis, toujours d'une manière diplomate.