Rencontre au Sommet

Présentation de personnages, d'alliances, dialogues et intrigues se passent ici.
Dim Mar 22, 2015 12:38 am

  • Iuvenia, colonie serenaéenne, premier fruit de la colonisation de Serenae et merveille géologique et architecturale. Un seul super-continent, issu du complexe travail de la tectonique des plaques lithosphériques, et sculpté par les phénomènes météorologiques chaotiques. De grands gouffres créés lors d'une divergence séparant des pans immenses de terre ayant leur propre micro-atmosphère et remplis de nuages à la façon d'une mer. Un paysage montagneux et tropical, dû à sa position dans le système, le tout irrigué par deux énormes fleuves d'une largeur équivalente à cinquante kilomètres avec un débit de deux cent hectolitres par seconde. Cette planète, hostile à première vue, permit à Serena de démontrer ses capacités d'adaptations à divers environnements. Surpassant les fosses grâce à de gigantesques ponts construits sur plusieurs étages, bravant les fureurs imprévisibles de l'écoulement fluviatile avec des tunnels sous-marins en verre ultra-résistant. Des villes monumentales furent édifiées aussi bien dans le milieu montagneux, que dans les terres isolées, que sur le fleuves en s'inspirant quelques peu du modèle des gigafloats de Tessia. L'architecture sur ce monde, se distingue de celle de la planète mère de par l'importante présence végétale sur et dans les édifices, érigés selon des formes plutôt pyramidales droites et inversées afin de maximiser la place. Cependant, elle abrite également de vastes monuments aux formes surprenantes ayant de structures fractales tridimensionnelles abritant de belles et luxuriantes forêts tropicales. Les domaines privés des personnalités influentes, occupent de petits espaces, car ils sont souvent situés au sommet des plateaux culminants. Les découvertes techniques ont permis la construction de ponts résistants, aux allures de serpents aquatiques. Iuvenia par ailleurs accueille de prestigieuses écoles d'art et reste un centre majeur de recherche dans les sciences de l'art. Certaines d'entre elles ont même conçu diverses Académies des Sciences aussi bien sur Iuvenia qu'ailleurs, comme le célèbre Allector Mirus (Attracteur étrange) ou l'Académie de Serena. Mais elles ont également pensé d'autres édifices somptueux. En plus d'être un centre culturel important pour la Res Publica c'est aussi le monde de naissance de Sthenius actuel Princeps Maximus.

    C'était donc l'endroit idéal pour accueillir dignement une rencontre diplomatique au sommet. Pour des raisons pratiques, et de sûreté, entre autres afin d'éviter les situations gênantes, la planète serait occultée et les yeux célestes de la RPSS activés. La prévention était de mise, les incertitudes dues aux erreurs aussi bien humaines qu'informatiques étaient de l'ordre du dix puissance moins deux mille sept cent trente quatre. Mieux valait prévenir que guérir, surtout pour l'occasion.


    Spatioport de Serena

    Deux rangées de gardes étaient placées à la sortie du vaisseau.

    -Stirpatores ! Commença le commandant afin que ceux-ci se placent de manière conventionnelle, il continua en serenaéen. Pour notre Princeps Maximus ! Pour notre Princeps !

    Ces derniers s'avancèrent, une femme, la directrice de l'institut d'études supérieures en Arts pluri-factionnels, les attendait :

    -Bienvenue Princeps Maximus ! Bienvenue Princeps ! Je vous salue.
    -Merci, nous vous saluons également. Tout est prêt ?
    -Bien sûr, Princeps Maximus, tout est fin prêt, la finesse sera à l'ordre du jour, en accord avec les thèmes et les cultures.
    -Parfait. Le reste des représentants de la Res Publica ne devrait pas tarder à arriver avant que tout ne commence. Veillez à m'informez dès lors qu'ils auront appontés.
    -Oui, Princeps Maximus.

    Celui-ci se retourna vers son acolyte.

    -Mon cher Nicollelus, admirez ce paysage, cette beauté. Il ne manque plus que nos invités pour que le tableau soit parfait.
    -Je suis d'accord avec vous Sthenius, cette toile sera largement réussie. Néanmoins avez-vous trouvé le moyen de gommer ces petites taches de graphite que sont les journalistes ?
    -La presse est bien trop occupée par les nouvelles découvertes dans le cadran de Dareyn. Et puis si cela ne suffisait pas, j'ai invité le Sénat à remettre au goût du jour le débat sur l'affaire des courtisanes des rédacteurs en chef, cela devrait les occuper un long moment. Vous voyez notre peinture n'a pas de défaut. Nous pouvons mettre en œuvre son aspect définitif.

    Le Princeps, Dux Maximus de son état, s'adressa alors au commandant des Stirpatores.

    -Allez vous mettre en place. Et n'oubliez pas votre mission ici bas, nous comptons sur vous. Le Dux Magnus Calvinus arrivera bientôt, n'oubliez pas que mes ordres sont supérieurs aux siens. Il lui remit une barrette holographique. Grâce à ceci, vous êtes en mesure d'outrepasser ses ordres si vous les jugez dangereux, mais vous devrez vous adressez à moi ou à notre Princeps Maximus pour savoir ce que vous devrez faire. Si jamais il venait à abuser de son autorité, veuillez nous faire un rapport immédiat et nous le ferons traduire devant le Tribunal Suprême après avoir eu une preuve de sa culpabilité. Mais il n'y a aucune raison que cela arrive. Avez-vous compris ?
    -Oui Dux Maximus Nicollelus !
    -Allez-y !

    Ce dernier s'en alla rapidement avec la troupe de Stirpatores. Ceux-ci seraient chargés de la sécurité lors de la rencontre. La femme revint annonçant tandis qu'elle marchait :

    -Princeps Maximus le reste de la délégation serenaéenne vient d'arriver !
    -Je vous remercie Andria. Allons à leur rencontre, nous devons finir de mélanger les pigments avant de nous mettre à peindre.

    Cette délégation était composée de nombreuses personnalités venues des quatre coins de la Res Publica, parmi elles, des diplomates généraux, des sénateurs. On pouvait noter la présence de Braetus qui avait émis le souhait de participer à cette rencontre, il tenait particulièrement à s'entretenir avec les invités.

    -Mesdames, Messieurs, nous avons peu de temps, nos yeux célestes ont repéré la sortie d'hyperespace de nos hôtes dans le système, il ne tarderont pas à arriver. Vous connaissez les enjeux de cette rencontre, j'en suis certain. Parlons de l'organisation, Andria, Braetus vous accueillerez avec nos diplomates généraux nos hôtes au Spatioport. Puis vous les guiderez au Senatus, afin de nous retrouver et commencer. Avez-vous bien compris ?
    -Oui Princeps Maximus.
    -J'ai également convié leur Ambassadeur sur Serena comme le veut le protocole. S'il accepte de venir il arrivera sous peu et je vous demande de l'inviter à accueillir la délégation de son Etat.
    -Nous y penserons Princeps Maximus.
    -Bien dans ce cas allez rejoindre votre poste, que la peinture commence.


    Surface de Iuvenia

    Le Senatus (Bâtiment du Sénat) a une forme pyramidale avec de grandes terrasses abritant une végétation variée. Sa hauteur et son emplacement permettent de surplomber la plus grande place de la planète celle de la capitale coloniale de Iuvenia : Chaldaea. Sthenius, Nicollelus et les autres représentants de la délégation étaient sur la terrasse en toge pourpre ornée d'une bande d'or. Le Princeps Maximus, lui, portait une toge en fils de lapis-lazuli et en fils de marbre rouge quant à Nicollelus il portait une toge en fils d'améthyste et de zircon. Face à eux, la place recouverte par l’œuvre temporaire d'un artiste, pleine de couleurs chaudes et aux formes abstraites. De chaque côté se trouvaient des Stirpatores en tenue d'apparat avec des armes conventionnelles fonctionnelles. Des minis canons à photons (comme ceux utilisés lors de l'inauguration de l'Académie) étaient disposés un peu partout dans la ville, ils écriraient avec une italique diplomatique des phrases lorsque les délégations sortiraient du Senatus pour se rendre à la Regia Major (Le Grand Palais). Les orchestres philharmoniques issus des écoles de musicologie de la planète interpréteraient diverses parades, et déjà entendait-on des musiques gais. Les spectateurs ayant réservé leur place entonneraient tel un chœur l'Hymne de Serena et celui de leurs invités. Des comédiens viendraient se joindre au cortège en improvisant des scénettes en s'inspirant des cultures des deux nations. Sthenius contemplait ce spectacle, en se disant que ses hôtes n'étaient pas au bout de leurs surprises. Fier de lui, tel un metteur en scène ravi par le travail des artistes, il déclara :

    -Tout est parfait !

    Spatioport de Iuvenia

    Les spectateurs étaient répartis en deux rangées de chaque côté de la voie. D'autres Stirpatores en tenue d'apparat se tenaient prêts. Les diplomates généraux, Andria et Braetus patientaient sagement. Une voix dans le haut-parleur annonça alors :

    -Mesdames, Messieurs, nos yeux célestes ont bien repéré la présence d'un vaisseau émettant une signature d'origine batuléenne. Nous entamons les procédures d'identification.

    La voix s'arrêta, le suspense était à son comble, personne se savait s'il s'agissait du Directoire ou de l'Ambassadeur. Face au silence des responsables de la communication, le Princeps depuis la surface ordonna via un communicateur :

    -Stirpatores ! En place !

    La procédure serait la même dans les deux cas. Il ne restait plus qu'à attendre. On entendait déjà le chœur chantait de manière harmonieuse : « Ô Batulii ».
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Sam Avr 25, 2015 11:15 pm

  • Plusieurs fois millénaire, le Palais Conciliaire datait de l'époque de la République et de Batulii-première-du-nom, et avait par quelque hasard survécu aux mille ans d'interlude entre cette dernière et l'établissement de la Confédération, où il avait été rénové et choisi pour abriter le Directoire. Avec quelques autres bâtiments gouvernementaux, il se dressait au milieu d'un vaste parc, l'un des rares espaces verts de l'œcumènopole occupant quatre des cinq continents de Batulii.

    Derrière ses façades néoclassiques se cachaient diverses salles à divers degrés de fonctionnalités. C'est dans l'une d'entre elles, au soixante-septième étage de la spire centrale, qu'avait lieu la cent-soixante-dix-huit-mille-cent-quinzième session plénière du Directoire. Les quelques dossiers du jour – validations de plans de développement, allocations de baux emphytéotiques sur l'exploitation minière, officialisation des baptêmes des destroyers Kehgyl, Altymhor et Lyrania – avaient été rapidement expédiés, lorsqu'un attaché diplomatique pénétra dans la salle, portant un plateau argenté sur lequel était déposé une enveloppe parcheminée, tel que requis par le pluriséculaire protocole lorsqu'un message devait être remis lors des sessions plénières. Le Directeur Clairsin, le plus proche de l'entré, attrapa la lettre, la décacheta, et la parcouru rapidement. Il fronça les sourcils, avant de disposer du messager d'un geste de la main et de tendre la missive à son homologue des Affaires Extérieures, la Directrice Sonckaj. Celle-ci le lut avec plus d'attention, puis le reposa sur la table vernie, un sourire aux lèvres.

    « Le Princeps Maximus Sthenius, de la Res Publica Senatoria Serenae, nous invite officiellement sur Iuvenia », déclara-t-elle enjouée.
    « Sthenius ? », intervint le Directeur Soukhe – Directeur attaché à l'Économie, au Commerce et aux Finances. « Leur... Princeps Maximus n'est plus Routhos ?
    - Allons, il faudrait sortir la tête de vos tables de comptes de temps en temps ! », rétorqua Sonckaj. « Cela fait déjà quelques années que feu-Son-Excellence Routhos a été assassiné.
    - Diantre », répondit simplement Soukhe. Il marqua un léger hiatus. « Néanmoins, je ne puis suivre avec autant d'attention que vous les turpitudes de l'entièreté des Quatre Cadrans, et à plus forte raison celles des autres Factions.
    - Certes, certes », balaya l'intéressée. Clairsin, jusque là resté silencieux, redirigea la conversation.
    « La RPSS nous invite donc... Pour quel motif ? Et, tant qu'à faire, que recouvre ce "nous" ?
    - Une simple invitation de visite officielle, vous connaissez la rengaine : représentation diplomatique, intermédiation culturelle, signatures de contrats, couverture médiatique – quoique ce dernier point me paraisse peu probable, étant donné la posture habituelle de la Res Publica envers les journalistes. Quant à ce "nous"... L'Ambassadeur Tihevad, représentant la Confédération sur Serena, a bien entendu été convié ; de même que l'ensemble du Directoire – ou de ceux que nous jugerons dignes de nous représenter.
    - Je vois. Cette... visite est prévue pour s'étendre sur...?
    - Deux semaines TSU.
    - Deux semaines ! », réagit, interloqué, Clairsin.
    - Et bien, oui », tempéra Sonckaj, surprise par la réaction de son collègue. « Il y a plus de dix mille années-lumières entre Iuvenia et ici, alors y rester à peine quelques jours représenterait une bien faible présence comparativement au déplacement.
    - C'est minimum deux semaines de vol en Oméga », annonça le Directeur-Amiral Dienes – de la Défense. « Alors avec le Vaslynsten... Heureusement », poursuivit-il après un bref instant où son regard perdu dans le vide trahissait une recherche sur son afficheur rétinien, « notre département se trouve en possession d'un Code Porte pour la région Lonramr. En comptant le transit jusqu'à la porte d'Arietis II, cela réduit le voyage à à peine trois jours TSU.
    - Donc vingt-six jours d'absence. A-t-on une date ?
    - Non, nous devons juste les prévenir en avance », répondit Sonckaj après avoir vérifié sur l'invitation.
    « Je propose le mois d'Hurdel de cet an. C'est usuellement la période calme de l'année.
    - Hum, Hurdel. Pile vingt-six jours.
    - Batuléens », l'interrompit Sonckaj.
    « Bon, vingt-cinq jours TSU et demis. Grosse différence », grommela Clairsin.
    « Néanmoins, je pense que c'est effectivement une bonne idée », reprit la Directrice. « Il est toutefois clair que le Directoire au complet ne peut s'absenter durant tout un mois.
    - Et il est en votre devoir, de par votre qualité de Directrice des Affaires Extérieures, de nous représenter », somma Dienes.
    « En effet, mais pas seulement. Étant donné la nature des échanges, il est juste que le Directorat à l'Éducation, Recherche et la Culture soit présent. N'est-ce pas, Monsieur Clairsin ?
    - Ah, et bien, oui, assurément », concorda l'intéressé, quelque peu surpris. Il était rare que son département soit des déplacement officiels.
    « Parfait », ajouta Soukhe. « Vous vous chargerez de les prévenir, je suppose ? », demanda-t-il à Sonckaj.
    « Dès que possible, oui.
    - Ceci conclu donc notre... cent-soixante-dix-huit-mille-cent-quinzième session plénière. Mesdames, messieurs », conclu-t-il en saluant ses collègues.

    ***


    Le Vaslynsten était une antiquité – mais une antiquité majestueuse. Presqu'aussi vieux que la Confédération elle-même, le bâtiment d'apparat n'avait pas pris une ride grâce à un soin constant apporté à sa livrée d'un blanc resplendissant, ponctuée sur les flancs par le blason carmin habituel. Il avait été de tous les déplacements diplomatiques officiels, depuis le Premier Contact jusqu'au baptême de la Princesse Melian, en passant par le mariage de Jazz Initia et du Père Prieur Falas, sans oublier la réception de l'Émeraude Céleste. Son hypernavigateur était certes quelques peu poussif selon les critères de l'époque, mais le vaisseau filait tout de même dans la couche Epsilon de l'hyperespace. Désormais en plein cœur du territoire factionnel Thélios, seules quelques heures le séparaient du système-mère de la Res Publica. Une navette avait discrètement amené l'Ambassadeur Tihevad depuis Serena, rejoignant le Vaslynsten en hyperespace, afin que l'entière délégation batuléenne arrive sur Iuvenia au même moment. Pour l'instant, les trois représentants patientaient dans un des salons de la nef, face à une baie vitrée virtuelle présentant une vue de l'extérieur. La Directrice Sonckaj avait le regard perdu dans le néant noir et absolu qu'était l'hyperespace, tandis que Tihevad expliquait à voix basse les spécificités de la culture serenaenne telles qu'il avait pu les observer au Directeur Clairsin.

    Enfin, une sonnerie cristalline rompit la monotonie, suivie de la voix du navigateur.
    « Nous arrivons à proximité de Iuvenia. Retour en espace conventionnel dans cinq minutes ».

    Cinq minutes étaient plus que suffisantes pour que le maigre équipage et les quelques passagers se préparent à l'émergence, en se sanglant à leur siège. Sur les bâtiments récents, la transition n'était pas physiquement sensible, mais les tampons d'inertie du Vaslynsten n'étaient pas les plus performants. Sonckaj s'enfonça dans son fauteuil, bouclant sa ceinture. Bien vite, la sensation de freinage brusque se fit sentir, tandis que de l'autre côté de la baie vitrée le noir absolu se transformait en une vaste gerbe au bleu cherenkov, rapidement remplacée par l'obscurité ponctuée d'étoiles de l'espace conventionnel. La Directrice fixait pourtant une zone dépourvue de ces étincelles, sachant que le système batuléen se trouvait là, trop peu lumineux pour être visible. A contrario, plusieurs des points étaient plus lumineux que leurs voisins : Iannynin, le luminaire central du système, bien entendu ; mais également Iuvenia, désormais toute proche. Plus discrets, au zénith et au nadir du Vaslynsten, se trouvaient les croiseurs-escorteurs Manticore Solarius et Maraudeur, chargés de veiller à ce que rien de fâcheux n'arrive à l'élite batuléenne.

    « Début des procédures d'arrimage dans quinze minutes », annonça le pilote, brisant le silence suivant souvent les translations. Les passagers se détachèrent, et Sonckaj aussi bien que Clairsin et Tihevad retournèrent vers leurs quartiers afin de se préparer et de se changer.

    Il ne leur fallu point un quart d'heure, et ils eurent tôt fait de se retrouver à nouveau dans le hall d'agrément à regarder en silence le spatioport Iuvenien s'approcher. La Directrice avait revêtu une tunique dont le bleu nuit faisait ressortir d'élégantes broderies géométriques d'alizarine – leur rouge étant, subtile référence, exactement le même que celui utilisé dans le dessin classique du blason confédéral – tandis que son homologue à la Culture avait jeté son dévolu sur un complet – queue-de-pie incluse – au smalt légèrement plus clair que celui de sa collègue. L'Ambassadeur Tihevad avait quant à lui, surprenamment, choisi un thobe à la mode égirienne, dont les motifs ondulés indigos et orpiments rappelaient les armes d'Abregado-Rae, son monde d'origine. Derrière eux, prêts à les défendre, se tenaient quatre fusiliers de marine dans leur uniforme de cérémonie noir comme l'espace. N'étant affectés à aucun bâtiment, la boucle de leur ceinture était simplement timbrée du sceau de la Flotte.

    Le spatioport grandissait sous leur yeux. De nombreux vaisseaux fourmillaient à ses alentours, la proportion de bâtiments militaires étant peut-être plus élevée qu'usuellement. Sur la structure en elle-même, une série de projecteurs éclairaient les marquages proclamant la Res Publica en larges lettres argentées, convainquant les spectateurs de leur arrivée à bon port. Bientôt l'entièreté de la construction spatiale ne fut plus visible, étant remplacée par les lumières d'approche clignotantes entourant les radiers. Le Vaslynsten pénétra dans le hangar, laissant ses croiseurs d'escorte veiller à l'extérieur. La nef diplomatique n'était pas des plus petites, mais avait toutefois été conçue pour ne pas avoir à envoyer de navette de descente ou de transbordement, et rentrait ainsi – bien que de peu – dans les installations lui ayant été attribuées. Coupant sa propulsion, elle flotta quelques minutes sur ses répulseurs, se plaçant avec soin sur le cadre de stationnement peint au sol, avant de déployer ses patins et de se poser en douceur.

    Le sas s'ouvrit dans un chuintement, laissant apercevoir la délégation batuléenne. Le chœur républicain choisi ce moment pour entonner l'hymne confédéral, accueillant superbement les dignitaires. Parvenue en bas des quelques marches, la Directrice Sonckaj se dirigea vers les diplomates généraux serenaens.

    « Permettez moi, au nom de la Confédération Stellaire Batuléenne, de vous remercier grandement pour votre invitation, et de vous féliciter pour la qualité de votre accueil », déclara-t-elle dans un serenaen hésitant, s'inclinant. Elle poursuivit, malicieusement : « Si cela ne vous dérange pas, nous préférerions poursuivre en Standard ».
    Dernière édition par Vyslanté le Mar Juil 28, 2015 12:39 am, édité 1 fois.
    « Si y'a moins de pages sur le RP que de vaisseaux sur le RC c'est pleutre. »

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Lun Mai 25, 2015 6:09 pm

  • Sur le quai, tous observaient non sans fierté, l'arrivée du vaisseau émissaire batuléen. Le sas s'ouvrit et laissa deviner la présence de la délégation. Chacun nota avec surprise que l'Ambassadeur Tihevad était parmi eux. Ils s'approchèrent.

    -Permettez moi, au nom de la Confédération Stellaire Batuléenne, de vous remercier grandement pour votre invitation, et de vous féliciter pour la qualité de votre accueil, déclara-t-elle dans un serenaen hésitant, s'inclinant. Elle poursuivit, malicieusement : Si cela ne vous dérange pas, nous préférerions poursuivre en Standard.

    Le diplomate général Saxtus prit alors la parole :

    -Bienvenue sur notre colonie Iuvenia madame et messieurs les légats de la Confédération. Nous sommes enchantés de voir que même au-delà du cadran de Varden notre langue est apprise...

    Tout en parlant, les autres firent une révérence respectueuse ce que Saxtus fit également. Il s'apprêtait à continuer mais un mot, un seul dans le discours de la Directrice attisait sa considération. Tous se bloquèrent. Une parole d'une puissance incommensurable, surtout lorsqu'on savait ce qu'elle impliquait. Mais quel était donc cet assemblage de lettres qui avait surpris l'ensemble des représentants républicains ? « standard ». L'accueil préparé par Andria était des plus originaux, il fallait voir grand. Comment à cet instant ne pas offusquer ces émissaires sans offenser les Iuvenis ? Tenter quelque chose, une phrase. Durant cet instant, qui ne dura qu'un centième de seconde, personne ne laissa rien paraître, sauf la directrice de l'institut d'études supérieures des arts pluri-factionnels qui pliait frénétiquement ses doigts. Un robot, exécutant une commande erronée.
    Braetus avait bien une idée mais le protocole exigeait de lui qu'il ne dît rien. Il n'avait plus de fonction. Saxtus intervint :


    -Il est évident que nous nous engagerons à respecter vos exigences madame, bien que cela puisse paraître assez difficile à l'heure actuelle. Mais permettez-moi, en mon humble qualité de diplomate général de vous inviter à prendre place dans une des navettes de descente. Je vous laisse aux soins du sénateur Braetus.

    Ce dernier s'avança, et après avoir refait une révérence gracieuse pour son âge avancé, demanda, joignant le geste à la parole :

    -Madame, Messieurs de la Confédération Stellaire Batuléenne, je vous prie aimablement de me suivre jusqu'au quai d'embarquement. Ces messieurs et dame de la Res Publica nous rejoindront à la surface.

    Le groupe s'en alla. Andria, qui ne pouvait plus retenir ce choc soudain l'ayant mécanisée s'exclama :

    -Comment allons-nous faire? Notre préparation était parfaite et notre Princeps Maximus a veillé à ce niveau d'excellence. Tout est fin prêt, il nous est impossible de tout arrêter maintenant sans éviter le fiasco !
    -Calmez-vous, Andria. ordonna le diplomate général Garosbaldus qui n'avait rien dit jusque là. Nous avons les moyens de tout stopper, il nous suffit d'un mot et tout disparaîtra.
    -On reconnaît bien là le goût pour la discipline d'un ex-militaire. Mais savez-vous combien de temps a été nécessaire pour préparer cet événement ? Avec quel enthousiasme il était attendu ?
    -Je l'ignore, madame la Directrice, je ne suis ici que pour veiller à ce que nos hôtes ne soient pas victimes d'incidents diplomatiques. De par ce simple fait, j'estime que si ces gens souhaitent être accueillis traditionnellement, il faut le faire.

    Le diplomate général Saxtus, que tant d'affolement agaçait, et qui réfléchissait, interrompit ce qui semblait devenir une dispute.

    -Andria, et vous Garosbaldus, je vous prie de refouler votre anxiété. Maintenant, la machine est en marche et la délégation arrivera dans peu de temps. Accomplissons notre mission, tout d'abord, et pensons ensuite. Tâchons de ne point importuner notre honorable Princeps Maximus avec de telles absurdités. Est-ce bien clair ?

    Il marqua une courte pause.

    -Stirpatrix !

    Aussitôt, une femme en tenue d'apparat apparut.

    -Prévenez notre Princeps et notre Princeps Maximus de l'arrivée imminente des émissaires. Ce message doit arriver dans deux minutes.
    -Bien, Saxtus !

    Elle disparut aussi vite qu'elle était arrivée.

    -J'ai une idée ! s'écria alors Garosbaldus. Ecoutez-moi. Nos hôtes souhaitent continuer en Standard, n'est-ce pas ? Jouons donc sur les mots, cela peut s'avérer dangereux mais il y a un faible espoir que cela satisfasse tout le monde. Premièrement, par définition, « standard » s'oppose à « original », et est synonyme de « conventionnel ». Or une arrivée normale ne peut être célébrer que grâce à des fanfaronnades, non ? Deuxièmement, je rappelle que lors des célébrations du Millénaire de l'Amirauté Solarienne selon les rapports, les délégations ont été accueillis conventionnellement, nous jouerons sur cet aspect pour justifier le premier. Enfin, les Iuvenis n'utilisent que rarement ce mot, nous pourrions nous appuyer sur ce dernier point. Personne ne pourra nous le reprocher, et si cela venait à arriver, je prendrai l'ensemble des responsabilités. Qu'en pensez-vous ?
    -Cela me semble une bonne idée, déclara fièrement Andria.

    Saxtus, trop occupé à fouiller dans les méandres obscurs de sa mémoire avait réussi à comprendre ce que voulait faire son confrère. Un détail semblait lui échapper.

    -Vous oubliez cher ami que cette dame, sous sa tunique bleue nuit aux touches rouge confédéral, cache un fin jeu de diplomate. Je vous annonce que nous sommes tombés au plus bas étage du ridicule. En effet Madame la Directrice des Affaires Extérieures était toute prête à la raillerie en nous faisant part de telles exigences. Nous nous sommes fait avoir et avons été pour eux un bien piètre spectacle. Aussi, afin de redorer le blason des diplomates généraux, j'ai une idée des plus intéressantes. Mais avant de vous la dévoiler, je souhaiterais que nous nous rendions au Senatus. Nous y arriverons bien avant eux. Garosbaldus, nous avons à parler à notre Princeps Maximus !

    ****


    Dans la navette de descente, Braetus ne s'ennuyait pas. Il était touché d'avoir eu l'honneur de conduire lui-même les membres de la délégation batuléenne. Il semblait ouvert à la discussion, d'ailleurs, il parlait lorsqu'on lui posait des questions ou lorsque c'était utile. Jamais, il n'aurait débuté une conversation de par le simple fait qu'il n'avait plus de fonction diplomatique officielle. A l'extérieur, par la baie vitrée, le paysage de la planète s'offrait aux passagers. On aurait dit une image de carte postale. Enfin, cela aurait pu paraître fortuite, mais la trajectoire de la navette avait été calculée pour pouvoir assister au spectacle. L'ex-ambassadeur l'ignorait, et même si le doute planait, il s'émerveillait. Les bâtiments pyramidaux normaux ou inverses abritant des forêts de bois luxuriants. Des routes d'un bleu digital et tactiles, d'autres en matière synthétique et peintes pour des expositions temporaires. C'étaient de véritables laboratoires d'art. Le petit aéronef, continua, de descendre lentement pour deux raisons : la première : permettre aux hôtes d'admirer le panorama, la seconde : faire en sorte que les diplomates généraux arrivent avant la délégation. Bientôt, des structures fractales se distinguèrent du reste de l'architecture, parmi elles, le Senatus de Iuvenia, lieu de débat du Sénat colonial. Un bruit sourd retentit soudainement et un instant après, des lettres en italique diplomatique formèrent le message : « Bienvenue, aux illustres légats de la Confédération Stellaire Batuléenne » suivi d'une bénédiction peu inconnue des Batuléens : « Qu'epsilon vous soit strictement positif ! ». Braetus esquissa un sourire. Les canons à photons « intelligents » avaient été activés. Le nombre de messages augmenta et des images même apparurent tel que le logo de la CSB assez fameux dans les deux cadrans.

    ****


    Sthenius coupa la communication holographique. Il s'approcha de Nicollelus et lui dit :

    -La Diplomatie de Serena n'est plus ce qu'elle était. Ils arrivent, bientôt ils seront là. Que pensez-vous de cet accueil ?
    -Je vous répète pour la vingtième fois, que cet accueil est réussi mais qu'il me semble assez...
    -Excessif, je sais. Il n'y a bien que cela que Serena ait respecté depuis sa création.
    -Savez-vous où sont Andria, Garosbaldus et Saxtus ?
    -Ils sont en ce moment même en train d'arrimer la navette au Senatus. Et ils arrivent avec une idée des plus farfelues.

    Il ne fallut guère longtemps pour que ces derniers n'entrassent dans la salle où se trouvaient les deux premiers de l'Etat. Ils se placèrent derrière le Princeps Maximus qui observait attentivement les moindres détails de l'arrivée de la délégation.


    ****


    La procédure d'atterrissage commença, elle fut rapide et douce, un seul bruit étrange avait retenti, on aurait dit celui d'une pierre jetée dans l'eau. Le Sénateur de la République, invita poliment les émissaires à s'approcher du diaphragme à iris de sortie. Au moment où celui-ci s'ouvrit, l'orchestre se mit à jouer, sur la place pleine de couleurs, un tapis rouge avait été déroulé et son extrémité arriva à la navette à ce moment précis. Deux très longues rangées de Stirpatores étaient placées de chaque côté du tapis. Le chœur commença à chanter.

    -Après vous Madame la Directrice, Messieurs. pria poliment Braetus.

    Le Senatus, à l'allure d'une fractale « chou romanesco » s'imposait au bout de la place où l'étoile de Iannynin disparaissait enveloppant la région d'un voile doré. La marche fut rapide, et au milieu de celle-ci, le silence se fit. Les comédiens simulaient la mort, l'orchestre et le chœur s'étaient arrêtés après avoir improvisé une fin, brutalement, dans le même instant. Ce silence inquiétant n'avait été provoqué par aucun son, aucune voix, rien, il s'était fait. Au trois-quart du tapis rouge, tout recommença, tout aussi soudainement. Le Sénateur ne fut pas surpris, il savait ce qu'il se passait à cet instant, il s'affairait plutôt à rassurer les représentants officiels. On monta jusqu'à la « pointe » du bâtiment où se trouvait le Princeps Maximus, qui attendait. La porte faite de pierre et de verre s'ouvrit. Sthenius, suivi de Nicollelus, des diplomates généraux et d'Andria alla à la rencontre de membres du Directorat et de l'Ambassadeur Tihevad. Lui et le Princeps s'agenouillèrent respectueusement, inclinèrent la tête, se relevèrent. Le Haut-Diplomate de la Res Publica commença :

    -Au nom de mon peuple, je souhaite la bienvenue aux éminents membres de la Confédération Stellaire Batuléenne. Permettez-moi de me présenter : je suis le Princeps Maximus Sthenius. Nous sommes très honorés que vous soyez ici parmi en ce moment même. J'espère du fond du cœur que cet accueil n'a pas été trop désagréable pour vous. Il continua d'un ton espiègle. Et je m'excuse du trouble qu'a pu vous causer notre exercice de discipline lors de votre arrivée. J'ose également espérer que le Sénateur Braetus ne vous a pas trop harassés de par son goût du discours. Puis plus sérieusement. Ce voyage a sûrement dû vous épuiser, et je m'en voudrais de vous entretenir ainsi sans penser aux bienfaits réparateurs du repos.

    Il désigna un groupe de Stirpatores et de diplomates généraux fraîchement nommés.

    -Ces personnes vous accompagnerons jusqu'à vos appartements, afin de vous y délester de vos bagages. Ils seront à votre disposition toute entière. Il est bien entendu évident que les lieux de résidences qui vous sont attribués sont prêtés par Serena à la Confédération conformément aux règles de la diplomatie. Après quoi je vous convie à un banquet à l'extérieur de la Cité principale de la planète afin d'y rencontrer très usuellement les membres des Institut d'études artistiques de la planète. Je ne vous retiens guère plus longtemps et vous invite à suivre vos « guides ».
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