L'aéronef se posa en douceur sur le tarmac de la base provisoire. Une ouverture apparut, et, descendant du marchepied, une dizaine d'hommes descendirent de l'appareil. La plupart portaient l'uniforme noir des Forces Spéciales Omicron, et étaient lourdement armés, mais deux hommes détonnaient au milieu de ce groupe : âgés, vêtus de costumes impeccablement coupés, les deux hommes dégageaient une certaine aura d'autorité peu commune. Le petit groupe attendit quelques instants, le temps que trois véhicules terrestres arborant les armes de commandement militaire local arrivent.
Les véhicules s'engouffrèrent dans les boyaux, passant à travers les check-points sans même ralentir, pour finalement arriver à une vaste caverne artificielle, où des dizaines d'individus travaillaient. Face à l'entrée, une immense paroi de métal lisse légèrement incurvée bloquait le passage. Les deux hommes vêtus de costumes débarquèrent, et furent rapidement rejoints par deux autres individus, qui semblaient être les contremaîtres chargés des travaux ici.
"Messieurs les Directeurs, je suis le docteur Saku Haikkonen, en charge des travaux de fouille sur le site. Voici mon assistant, M. Eetu Saari. Nous vous souhaitons la bienvenue en ces lieux. Comme vous le savez sans doute, les procédés de datation indiquent une origine antérieure à l'antique République, antérieure même au régime qui l'a précédée. Nos mesures ne sont pas fiables à 100%, mais il semblerait que ceci date de deux millénaires, au moins. Or, aucune de nos archives ne remonte aussi loin : tout a été détruit lors de la révolution menant à la formation de la République, et lors des années de Terreur la précédant. Mais ceci... Ceci ne correspond à rien de connu. Les matériaux utilisés témoignent d'une grande maîtrise technologique. Mais venez voir de vos propres yeux ce que nous avons trouvé !"
Montrant le chemin aux Directeurs, Saku Haikkonen se dirigea à grands pas vers la paroi métallique, et arriva à une ouverture.
"Messieurs, nous avons découvert que cette paroi métallique abritait en fait une immense cavité s'étendant sur plusieurs centaines de mètres en hauteur. Des coursives à différends niveaux, sauf au plus bas, laissent penser qu'il s'agissait peut-être d'un silo. Cependant, nous n'avons pu accéder à de nouveaux niveaux pour l'instant : plusieurs équipes se chargent d'installer des passerelles, mais nous devons procéder lentement pour ne pas abimer les lieux. Nous avons cependant trouvé quelques inscriptions sur certains murs : la majorité est indéchiffrable, mais un mot revient à de nombreuses reprises, dans un alphabet relativement proche du nôtre : il s'agit du mot "Yrana", quoi que cela puisse signifier. Nous avons bien sûr une équipe de cryptologues et de linguistes chargée de déchiffrer toutes ces inscriptions."
La visite se poursuivit plusieurs heures durant, puis les deux Directeurs repartirent, laissant seul les scientifiques et ouvriers. Saku observa les véhicules tout-terrains quitter le site de fouille, puis, haussant les épaules, retourna à son travail...
Le bar était bondé. Une holo-TV crachotante diffusait le dernier match de laser-ball de la ligue iraéenne. Au comptoir, un homme étrange, d'origine indéfinissable, sirotait un petit verre de Venom de basse qualité, attendant patiemment que l'individu qu'on lui avait indiqué se présente. Ce dernier ne tarda guère, et commanda un verre du même breuvage au barman. L'étranger lui jeta un rapide coup d’œil : il s'agissait d'un Bêta, d'un grade sans doute peu élevée. L'étranger fit passer discrètement une carte de crédit à l'Iraéen. Regardant toujours devant lui, il prit soudainement la parole, murmurant presque, comme s'il se parlait à lui-même.
"6125B7. Alors ?
- Je n'ai pas pu pénétrer à l'intérieur." répondit le Bêta d'un même ton. "Mais j'ai vu les autorisations de passage. Ils font passer du matos de pointe, et les gens qui sont autorisés à passer sont pour la plupart des scientifiques ou historiens. Enfin, ceux qui sont autorisés à entrer. Ils n'en ressortent pas. C'est tout c'que j'sais. Au revoir."
L'Iraéen vida son verre de Venom cul-sec, puis parti, laissant le soin à l'étranger de payer la note...
