Tandis que la bataille faisait rage entre la flotte confédérée et la base de satomisation orbitale terroriste, l'Amiral Khol, installé à bord du Kane, vaisseau étendard de la flotte Obscurcie, était affairé à donner des ordres. Et pas n'importe quels ordres. Il s'agissait en effet des trajectoires à suivre pour les vaisseaux transporteurs de troupes, afin qu'ils puissent débarquer leurs troupes sur les différents sites prévus à la surface de la planète. Le Kane, contrairement à d'autres vaisseaux capitaux, n'avait que très peu souffert des combats, principalement grâce à la grande efficacité de ses systèmes de brouillage et autres contre-mesures, ainsi que grâce à une grille de défense quasi infranchissable, aussi, tout y était fonctionnel, et il s'avérait être le vaisseau idéal pour coordonner les forces en présence. C'est donc à bord du Kane que se trouvait la générale Gihtor, qui avait reçu le commandement des forces d'infanterie.
Lesdites forces d'infanterie, quant à elles, se dirigeaient vers la planète des terroristes, à bord de nombreux vaisseaux d'interception. Ces vaisseaux avaient été, pour l'occasion, modifiés afin d'accueillir tout le matériel nécessaire au débarquement, dont le départ allait bientôt être ordonné.
- Général ?
La générale leva la tête de ses cartes et divers plans holographiques dont elle étudiait les derniers détails en prévision de l'invasion.
- Les forces sont prêtes à débarquer ?
- Presque, Général. Les vaisseaux entreront dans l'atmosphère d'ici quelques minutes.
La générale, visiblement assez tendue, ne répondit pas tout de suite. Puis, voyant que son subordonné ne se retirait pas, elle demanda :
- Il y a autre chose ?
- Non, Général. Enfin... Je pensais que vous alliez faire un discours aux hommes, ou quelque chose du genre.
- C'est prévu, en effet. Je suis un peu en retard. Les services Hypérion ont été d'une grande efficacité dans leur collecte d'information sur les infrastructures, mais il n'y avait absolument rien concernant les troupes au sol. Et comme l'opération initiale n'impliquait pas d'infanterie... Enfin, je suppose que c'est un peu tard pour se poser des questions, maintenant.
Elle attrapa alors le micro relié à sa console, puis, après quelques réglages, elle commença à prononcer son discours.
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À bord des intercepteurs Obscurcis, des hommes et des femmes couraient en tout sens, allant se ranger par bataillon, près des hangars où les attendaient les navettes de débarquement. Tandis que l'infanterie se rangeait par rang et par colonne, l'agitation décroissait dans les couloirs, et bientôt, tout fut calme. Tous étaient silencieux, essayant de deviner le sort qui les attendait, et attendant le moment fatidique où ils seraient envoyés sur la planète, pour se battre. Quelques minutes s'écoulèrent, sans que rien ne se passe. Puis, alors que les vaisseaux commençaient à amorcer des manœuvres pour rejoindre les positions prévues, les hauts-parleurs se mirent à vibrer, transmettant ainsi le discours de la générale :
- Soldats, je sais que certains d'entre vous sont inquiets. Inquiets car l'issue de la bataille est incertaine. Inquiets, car si nous perdons cette bataille, le destin de la Galaxie entière peut en pâtir. Mais il y a une chose dont je suis sûre : si vous êtes là, c'est que vous êtes des soldats valeureux et vaillants, aussi, je sais que vous ne faillerez pas. Quand vous débarquerez sur cette planète, n'oubliez pas que vous vous battez pour la Nation, pour la sécurité des citoyens. Montrons à ces terroristes ce qu'il en coûte de nous défier. Montrez-leur qu'ils ne peuvent pas nous menacer sans conséquences. Gardez simplement à l'esprit que sur la planète ne se trouvent peut-être pas que des ennemis. Nous ne savons pas si les populations locales sont des sympathisants terroristes ou s'ils sont contraints de les servir, ainsi, il vous est formellement interdit d'attaquer les civils. Sauf s'ils tirent les premiers. Je vous souhaite à tous bonne chance. Restez dignes.
Les systèmes de communications se turent alors, laissant les vaisseaux dans un silence tout aussi profond que celui qui avait précédé le discours. N'importe qui aurait senti à quel point les soldats sentaient que cette opération n'allait pas être une partie de plaisir. Un décompte commença, leur rappelant qu'il n'était désormais plus temps de se poser des questions.
- Entrée dans l'atmosphère dans 30 secondes... 20 secondes... 10... 9... 8 ... 7... 6... 5... 4... 3... 2... 1... Entrée dans l'atmosphère.
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Les vaisseaux réduisirent alors leur vitesse, afin d'éviter que leurs coques ne s'enflamment à cause des frottements de l'air. Dans les hangars, situés vers l'extérieur des intercepteurs, des secousses ballottaient les plusieurs centaines de milliers d'hommes alors qu'ils montaient à bord des navettes et des nacelles de débarquement. Puis, au bout de quelques minutes de manœuvres, les intercepteurs se stabilisèrent puis s'immobilisèrent. Quelques missiles tentaient vainement de les abattre, mais ils ne parvenaient même pas à s'approcher des boucliers, étant donné que les tourelles de défense de point les abattaient systématiquement avant. Ce ne serait sans doute pas la même chose pour les vaisseaux de débarquement. Ceux-ci décollèrent donc des hangars, et foncèrent vers le sol de la planète, vers des positions où les hommes qu'ils transportaient avaient pour mission d'établir des têtes de pont qui permettraient de faire débarquer le reste des forces. Douze positions avaient été choisies et elles avaient été dénommées Alpha, Bravo, Charlie, Delta, Écho, Foxtrot, Golf, Hôtel, India, Juliet, Kilo et Lima. Des dizaines de navettes filaient donc droit sur ces positions, avec la ferme intention de débarquer leurs troupes.
La position Alpha, placée près d'une des bases présumées des terroristes, n'abritait qu'une poignée d'anarchistes qui furent vite décimés par les canons à obus à fragmentation des navettes. Après avoir fait place nette, celles-ci se posèrent. Le Capitaine de brigade Khoror débarqua rapidement, suivi par ses troupes.
- Allez, on se bouge ! Il faut que tout soit installé en cinq minutes.
Les ordres ainsi hurlés auraient sans doute été couverts par le vacarme assourdissant des moteurs des navettes si les soldats n'avaient pas été équipés d'oreillettes de communication. Les deux bataillons débarqués installèrent, avec une rapidité surprenante, diverses tourelles et des fortifications à déploiement rapide FX-2, petits bijoux militaires. Forgées dans les mêmes alliages que les vaisseaux spatiaux, ces fortifications permettaient à quelques escouades du génie militaire Obscurcies de construire une véritable forteresse résistant à la plupart des armes utilisées au sol, et ce, en quelques minutes seulement. En quelques instants, plusieurs pans de murs s'élevèrent, et divers abris furent construits, au cas où la position seraient pilonnée par l'artillerie. Au bout de cinq minutes, une véritable place forte avait été construite, dont la taille permettrait aisément d'accueillir plusieurs dizaines de bataillons.
Le Capitaine Khoror activa de nouveau son oreillette, et, grâce à un relais de communication placé dans une navette, il informa la flotte en orbite de l'avancement des opérations :
- Ici le Capitaine Khoror, 1ere division. Avons réussi à installer la tête de pont comme prévu. Sommes en place pour la suite des opérations. Terminé.
Après quelques secondes, le ciel s'emplit d'objets métalliques ayant une forme vaguement ovale. On pouvait apercevoir sur le bas plusieurs propulseurs qui ne tardèrent pas à s'allumer, ralentissant les capsules. Celles-ci se posèrent donc sans encombre et s'ouvrirent brutalement, permettant aux fantassins de prendre leurs positions avec leurs bataillons respectifs.
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Pendant qu'à la position Alpha les soldats se préparaient à investir les installations ennemis, à bord du Kane, la Générale Githor observait l'avancement des choses. Sur l'écran holographique apparaissaient douze points, dont 9 en vert, deux en jaune et un en rouge. Les points verts correspondaient aux positions aux mains des forces Obscurcies, tandis que celles en jaune indiquaient que des combats étaient en cours. Le point rouge, quant à lui, indiquait que la tentative de prise de la position Écho avait été un échec. La moitié des navettes de débarquement avaient été abattues avant de toucher le sol, et, aux dernières nouvelles, les fantassins Obscurcis s'y étaient fait décimer. Un rapport apparut sur l'écran, indiquant que les combats avaient cessés sur la position Golf, et que l'infanterie Obscurcie avait gagné le contrôle du terrain, ce qui se traduisit par le changement de couleur d'un des points.
- Et bien... On dirait que ça ne se passe pas trop mal, pour le moment...
- Général ! Les divisions huit, neuf et dix attendent de nouveaux ordres.
- Envoyez la division huit sur la position Charlie. Nos troupes semblent avoir du mal à prendre le contrôle de la zone.
- À vos ordres, Général !
- Pour ce qui est des divisions neuf et dix, laissez les en vol stationnaire. Nous ne savons pas où nous pourrions en avoir besoin.
- À vos ordres !
Un second subordonné s'approcha :
- Général, les divisions une à trois sont prêtes au combat. La position Alpha est entièrement sous contrôle et...
Il s'interrompit soudainement, portant la main vers son oreillette.
- Un problème ?
- Le capitaine Khoror, Madame. Il nous informe que plusieurs tripodes sont en route vers leurs positions. Ils demandent l'autorisation de retarder l'assaut sur les positions ennemies.
- Évidemment. Nous n'allons pas les faire combattre ces horreurs à découvert.
- Bien, Madame. Ils demandent un appui orbital.
- Négatif. Des villes ont été repérées non loin de là, je ne veux pas risquer un génocide. Envoyez-leur les divisions Neuf et Dix en renfort.
- À vos ordres, Madame.
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Le capitaine Khoror venait de recevoir un nouveau rapport de ses éclaireurs. En plus d'avoir une groupe de tripodes se dirigeant sur leur position, on avait également repéré de nombreux chars d'artillerie. Et cette artillerie au plasma ne mettrait probablement pas bien longtemps à réduire leur camp à l'état de poussière. Si tant est qu'une bouillie d'atomes sans électron puisse encore être considérée comme de la poussière. De nouvelles capsules se posèrent au milieu du fort, alors que les divisions neuf et dix rejoignaient le combat.
- Groupes 12 à 21, mettez vous en positions sur les fortifications, et dégommez-moi ces tripodes. À vous.
- Bien reçu. On arme les Taupe-VI. Terminé.
Pour ceux n'ayant pas reçu de cours de maniement des armes Obscurcies, les lanceurs de missiles Taupes utilisent des missiles du même nom qui ont une fâcheuse tendance à perforer la coque des véhicules avec une efficacité redoutable, avant de déverser un déluge de mélange napalm-méthane-hydrogène à l'intérieur de ces derniers, dont l’ignition suffit bien souvent à cuire instantanément tout équipage présent ainsi qu'à faire fondre les composants électroniques. Ces missiles verrouillèrent donc rapidement de nombreuses cibles et plusieurs dizaines d'entre eux partirent des remparts pour se diriger vers les tripodes en approche. Quelques flashes lumineux indiquaient qu'ils avaient frappé, et moult tripodes s'effondrèrent alors, leurs systèmes de répartition de la masse n'étant plus en mesure d'assurer l'équilibre des véhicules.
Des cris de joie montèrent des fortifications Obscurcies alors que les soldats s'affairaient à recharger leurs armes. Cette allégresse s'estompa rapidement lorsque plusieurs projectiles de plasma explosèrent au milieu du camp fortifié tuant plusieurs centaines d'hommes sur le coup.
- Me*** ! À tous les groupes qui ne défendent pas les remparts, mettez-vous à couvert.
Une navette qui décollait dans l'espoir d'aller tirer quelques missiles Air-Sol sur les forces ennemies explosa en plein vol, projetant une pluie de métal fondu sur les hommes situés en contrebas.
Malgré l'agitation autour de lui, le Capitaine Khoror entendit tout de même son oreillette par laquelle le chef des éclaireurs lui faisait un rapport sur les forces ennemies :
- Ils ont des chars. Environ un millier. Ils se mettent en position pour tirer. On compte une centaine de tripodes et... Oh non...
- Quoi, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Ils nous ont vu ! Courez, les gars, vite ! Cour...
La suite de la transmission ne fut plus qu'un grésillement.
- Quel foutoir ! Commandement, ici Capitaine Khoror, Première Division. Sommes sous le feu d'artillerie au plasma. Demandons soutien orbital. Demandons permission de nous disperser à l'extérieur des fortifications.
La réponse n'arriva pas immédiatement, et d'autres projectiles de plasma s'écrasèrent au milieu du fort. Cette fois-ci, les pertes furent bien moins lourdes, étant donné que tous s'étaient mis à couvert. Mais les abris ne pourraient tenir éternellement.
- Ici centre de commandement. Appui orbital en approche. Vous avez l'autorisation de vous disperser, mais méfiez-vous des tripodes. Terminé.
- À tous les groupes en dehors de ceux sur les remparts. Dispersez-vous à l'extérieur du camp. Je répète, sortez du camp, et dispersez-vous.
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Tandis que les forces présentes sur la position Alpha tentaient tant bien que mal de sortir du fort, la générale Githor était mise face à de nombreux problèmes. Déjà deux indicateurs supplémentaires avaient viré au rouge, les positions Delta et Kilo avaient été perdues. Et tous les autres indicateurs étaient au jaune.
- Général, nous avons perdu le contact avec la position Charlie. Les derniers rapport font état d'un massacre de nos troupes par les tripodes.
- Nos hommes sont en train de se faire décimer... Nous n'avons plus vraiment le choix. Bombardez l'ennemi. Nos flottes, en orbite, envoyez tout ce qu'on a !
- Impossible. Nos vaisseaux sont déjà à court d'ogives. Et les armements lasers sont inefficaces à cette altitude.
- Madame ! Silence radio des troupes situées sur la position Bravo.
- ...
- Madame ?
- Envoyez l'ordre de la retraite.
- À vos ordres, Général.
La générale était abasourdie. Jamais il n'avait été question d'affronter des forces aussi conséquentes. Ces chars plasmas... Sans eux, le plan se serait déroulé impeccablement. Les troupes se faisaient massacrer par les tripodes de combats. Impossible de riposter. Impossible de se cacher. Ils ne pouvaient que succomber face à ces monstres d'acier qui ne montraient aucune pitié.
- Général, la Division Quinze s'est rendue.
- L'ennemi a-t-il accepté leur reddition ?
- Négatif. Ils semblent qu'ils aient été exécutes. Tous.
La générale ne put répondre. Elle était sous le choc. Elle avait envoyé des centaines de milliers, des millions, même, d'hommes à la mort. Dès le départ, ils n'avaient eu aucune chance.
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Autour de la position Alpha, le Capitaine Khoror repoussait avec peine l'ennemi, à l'aide de ses hommes. On comptait plusieurs dizaines de tripodes détruits, et les ogives tirées depuis l'orbite avaient quelque peu calmé les ardeurs des artilleries plasma. Cependant, c'est avec des forces diminuées de près de la moitié, et sans abri réel que les soldats Obscurcis durent faire face à l'infanterie ennemie. Plusieurs tripodes continuaient d'annihiler les forces Obscurcies, quand une volée de missiles les fit tomber à terre. Les rescapés de ce carnage n'eurent que le temps de se mettre à couvert derrière leurs carcasses afin d'éviter d'être balayés par l'infanterie ennemie.
- Tenez bon ! Le commandement a ordonné la retraite. On devrait pouvoir se tirer de là d'un moment à l'autre !
Malgré les pertes énormes et la perspective quasi nulle de s'en tirer, les soldats combattaient avec une ardeur telle qu'ils parvenaient à repousser l'ennemi. Les pertes du camp ennemi commençaient à égaler celles des soldats Obscurcis quand l'arrivée de nouveaux tripodes acheva le moral des fantassins. Plusieurs dizaines d'entre eux furent pris de panique et s'enfuirent, mais pas longtemps. En effet, en terrain découvert, ils étaient des cibles faciles pour les tourelles lasers des annihilateurs, aussi, ils furent vite consumés dans de grands éclats de lumière. Voyant que tout était perdu, le Capitaine Khoror donna un ordre, qu'il savait être son dernier :
- Chargez !
Plusieurs soldats se mirent alors à hurler et foncèrent tête baissée dans les rangs ennemis, décimant de nombreux soldats. L'objectif était d'arriver à se placer sous les tripodes, afin de se mettre hors de portée de leurs canons. Les quelques centaines de fantassins de la Nation eurent ainsi raison de nombreuses machines, mais la chose se gâta lorsque de nouveaux véhicules arrivèrent. Il s'agissait de nouveaux annihilateurs, venus renforcer ceux qui restaient. Situés trop loin pour qu'ils ne puissent être atteint rapidement à pied, ils firent feu sur ce qu'il restait de l'infanterie. En quelques dizaines de secondes, plus rien ne bougeait dans les rangs obscurcis. Tout n'était plus que cendres et chair carbonisée. On voyait ça et là des corps à demi détruits par le plasma parsemant les ruines du fort qui n'avait pas tenu plus de deux heures.
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- Général, nous venons de perdre le contact avec la position Alpha.
- Idem pour la position Juliet.
- Et... Et la retraite ?
- Il semble que la position Golf soit presque évacuée, Madame.
- De même que la position Foxtrot.
- Général... Nous avons perdu le contact avec les vaisseaux de débarquement de la position Lima. Il semble qu'ils se soient fait détruire avant d'avoir pu évacuer la position.
- Évacuation de la position Hôtel terminée.
- Idem pour India.
- Je... Combien d'hommes s'en sont sorti ?
- Très peu. D'après les premiers rapports, moins d'un dixième.
- C'est... C'est horrible.
- Ce n'est pas de votre faute, Madame. Nos renseignements étaient incomplets.
- Je... Je vais me retirer.
Elle quitta alors le poste de commandement, tandis que les vaisseaux des rescapés rejoignaient de nouveau la flotte. Cette dernière fit alors demi-tour et suivit la flotte Confédérée alors qu'elle rentrait à l'avant poste.
Quand les Melrehns explosent des portes Cetyns, ils n'ont peut-être pas de médaille, mais au moins, ils ont un RP !