... Colonie Maella - 1.457.12.0 ...
... 1er Jileahn(5) de l'an 15,612 TSU ...
Il faisait nuit, si tant est que l’on puisse encore dire qu’il y ait des nuits sur Maella.
Car celle-ci baignait dans cette douce lueur bleutée, d’une clarté si étonnante que ce monde commençait à être surnommé « l’Aube perpétuelle ».
Le voyageur admirait les somptueux paysages rocailleux qui s’étendaient à perte de vue, tandis que sa navette privée se rapprochait de sa destination.
Regardant au loin, il finit enfin par distinguer ce pourquoi il avait quitté la planète Baltar.
Ces formes irréelles commençaient à lui être bien familières tant il était venu de nombreuses fois en deux ans. Ce « monument » avait été érigé en un lieu éloigné de toute civilisation, à l’abri des regards indiscrets, et était le symbole de l’aboutissement du projet L-C, le plus grand projet jamais réalisé par l’alliance.
La navette se mit à décélérer.
Il se tint debout, sur la plateforme de sortie, avant même l’arrêt complet du vaisseau.
La porte commença à s’entre-ouvrir, laissant se déployer la plateforme jusqu’au sol.
Après quelques pas résonnant sur l’alliage, il finit par poser délicatement le pied sur la terre ferme.
Il leva lentement les yeux et s’émerveilla, une fois encore, devant les formes et couleurs de l’immense structure qui se dressait devant lui.
Les plus grands architectes de l’empire avaient proposé les idées les plus avant-gardistes, les plus invraisemblables, mais surtout, les plus ambitieuses, dans l’espoir d’obtenir ce projet.
Car l’heureux élu se ferait assurément un nom dans l’histoire.
L’édifice avait été construit dans un composant de métaux inédit, permettant d’en modeler la forme par de simples lasers à photon. Cela permit d’y façonner de nombreuses décorations sculpturales aux formes arrondies. Certaines étaient si allongées qu’il semblait presque que cette matière était vivante et poussait à l’image d’une plante. Les capacités phosphorescentes dont elle disposait ajoutaient d’autant plus au charme de ce chef-d’œuvre, reflétant cette fameuse lueur bleue dont « l’Aube perpétuelle » était dotée.
Il finit par sortir de ses songes.
L’imposante porte qui se dressait devant lui s’ouvrait, lentement, dans un silence improbable.
Une fois de plus, elle était venue l’accueillir en personne.
Ils s’échangèrent un large sourire plein de respect puis elle l’invita à la suivre.
Il pénétra dans le hall d’entrée, suivi de deux de ses plus dévoués protecteurs.
Elle prit la direction du couloir nord, donnant accès à la majorité des laboratoires du site.
Vitré tout du long, il pouvait ainsi s’enthousiasmer devant les expériences, souvent stupéfiantes, menées par ses chercheurs.
L’apaisante lumière teintée de bleue, sujet d’étude de la majorité des recherches du centre, filtrait de part et d’autres du corridor, si bien que celui-ci avait finit par être baptisé «la galerie d’azur ».
« Nous y sommes Chancelier » dit-elle, alors qu’elle se positionna devant deux portes coulissantes, au dessus desquelles étaient inscrites « Les jardins suspendus ».
Ils montèrent dans l’ascenseur.
Lorsque les portes se rouvrirent, il ne pu s’empêcher d’afficher un sourire aussi enchanté qu’à sa première venue.
Il fit quelques pas sur le balcon qui se présentait devant lui.
La lumière de l’Astre illuminait la vue qui s’offrait à lui, la rendant presque mystique :
Des dizaines de plateformes faites du même alliage que l’édifice planaient une centaine de mètre au dessus du sol. Chaque coin de ces plateformes était décoré de superbes sculptures aux longues formes arrondies, tortueuses. Au centre de certaines, des scientifiques vaquaient à leurs expérimentations sur l’Astre. De somptueux ponts de verre reliaient chacun des « jardins » entre eux.
C’était cet endroit qu’il avait choisit, cet endroit qui représenterait au mieux la réussite de leur entreprise, qui rendrait hommage à la gloire de l’alliance.
Car aujourd’hui, quelle colonie peut se vanter d’offrir un tel potentiel de recherche sur la matière, le temps et l’énergie ? Depuis l’accomplissement du projet L-C, probablement aucune.
Il se retourna vers la responsable du Centre Maella-XI, et, d’un mouvement de tête, se fit comprendre.
« Mael. Nous avons besoin d’un drone d’enregistrement visuel. Jardins suspendus. Plateforme 7 » dit-elle à l’intelligence artificielle du Centre.
Ils s’échangèrent un sourire de satisfaction, car le moment était enfin venu.
Le chancelier se retourna vers les jardins, leva les yeux vers l’Astre et dit « Il est grand temps de le présenter aux autres mondes »
« Il est grand temps de leur présenter le Star Galactica Celestus »