[HRP : Ce sujet constitue plus ou moins une suite de ce sujet : viewtopic.php?f=64&t=27171 Dans votre intérêt, et surtout, pour comprendre ce qui se passe, vous êtes invités à le lire avant d'entamer la lecture de celui-ci. Bonne lecture !]
Alors que les forces rotaliennes avaient pris le contrôle du bâtiment, capturant au passage leur hôte ainsi que l'ambassadeur de la C.S.B., l'ambassadeur Silhim s'était caché. Caché dans un endroit si improbable que personne n'avait, pour le moment, songé à le fouiller. Un endroit, qui, en temps normal, se serait révélé tout aussi mortel qu'une escouade de soldats ennemis mais qui, maintenant le courant avait été coupé par l'envahisseur, ne présentait plus vraiment de danger. Cette cachette était un congélateur, placé dans la cuisine du palais, maintenant aux mains de l'ennemi.
Coincé à l'intérieur, enfoui sous diverses denrées alimentaires en phase de décongélation, l’Ambassadeur Silhim s’interrogeait sur la façon dont il allait pouvoir se tirer de ce mauvais pas, ou même si cela était possible. À l’extérieur du conteneur de congélation, on pouvait entendre plusieurs voix, ce qui ne présageait pas grand-chose de bon. Osant enfin remuer, il ouvrit le couvercle de ce qui pourrait rapidement devenir son cercueil s’il n’était pas prudent. Ce qu’il vit lui confirma que sa chance, malgré la situation, ne l’avait pas abandonné. Plusieurs soldats rotaliens vidaient sans scrupule – certes, ils avaient gagné, mais bon… - les réserves d’alcool présentes sur place.
« J’ai pas intérêt à louper mon coup. » Se murmura-t-il à lui-même.
Il n’y avait que trois hommes en uniformes rotaliens présents, dont un qui dormait déjà sur la table, et, compte tenu de la façon dont les deux autres riaient, ils avaient déjà bu plus que de raison.
« C’est triste. Si j’avais su qu’un jour, ce genre de choses m’arriverait, j’aurais été plus attentif durant les course de combat au corps-à-corps. »
Alors que les deux soldats se levaient, dans le but d’aller chercher de quoi continuer à boire, l’Ambassadeur se glissa hors de sa cachette. Il attrapa rapidement les armes du soldat endormi et alla se placer derrière la porte, couteau en main, attendant le retour de l’ennemi.
Lorsqu’ils revinrent, narrant bruyamment leurs exploits accomplis lors des combats, l’ambassadeur planta l’arme qu’il tenait en main dans la nuque du soldat placé à l’arrière. Les bouteilles qu’il portait lui échappèrent des mains, et, alors qu’elles se brisaient sur le sol avec fracas, le diplomate Obscurci se rua sur son collègue, qui s’asseyait à la table. Il lui frappa le crâne sur le meuble, une fois, puis une seconde, et une troisième. Constatant qu’il ne remuait plus, il l’attacha, le bâillonna, et le plaça dans le congélateur qui lui avait servi de cachette. Il fit de même avec le soldat endormi, que le bruit n’avait pas réveillé, preuve qu’il avait plusieurs grammes d’alcool par litre de sang, après lui avoir enlevé son armure. Enfin, il plaça le corps du soldat qu’il avait tué par-dessus ses deux collègues, et referma le couvercle. Il passa les dix minutes suivantes à enfiler l’armure rotalienne, un peu trop grande pour lui. Il dut se résoudre à déchirer sa robe d’ambassadeur pour caler les chaussures et les épaulières de sa nouvelle tenue.
Se rendant compte que laisser une mare de sang dans la pièce pourrait finir par lui poser problème, il épongea rapidement l’hémoglobine qui maculait le sol avant de se rendre, un brin tendu, dans le hall du bâtiment. Là, il observa diverses scènes de joie (et entendit également des tas de chansons dénigrant les parties génitales de leur ancien hôte), lui apprenant par la même occasion que des prisonniers avaient été emmenés à bord des vaisseaux rotaliens.
« Je vais être obligé d’aller les rejoindre… Sinon, je ne vais jamais pouvoir me faire rembourser la robe de l’ambassade… »
Et puis, l’Ambassadeur Silat lui devait plusieurs repas, consommés à bord de la station diplomatique centrale…
Les soldats ennemis, heureusement trop occupés à se réjouir de leur récente victoire, ne lui prêtèrent pas la moindre once d’attention alors qu’il montait à bord d’une navette partant rejoindre la flotte en orbite. Les quelques minutes passées dans la navette s’écoulèrent tellement lentement que l’Ambassadeur en vint à se demander si le temps ne s’était pas arrêté. C’était un peu comme se retrouver dans un ascenseur avec quelqu’un que l’on déteste, à la différence près qu’il n’y avait pas qu’une seule autre personne, mais au moins une bonne vingtaine. Toutes armées, qui plus est. Et là, il n’était même pas question d’envisager de sortir par la petite trappe située sur le dessus de la cabine (à supposer qu’il y en ait une sur les navettes) : Le vide spatial est loin de faire partie des endroits les plus accueillants de l’Univers.
Perdu dans ses réflexions et dans son anxiété, il sursauta presque lorsque la navette s’arrima au vaisseau amiral. Se mêlant au groupe de soldats qui descendait, il bifurqua rapidement à une intersection, s’enfonçant dans l’inconnu. Tournant au hasard pendant plusieurs heures, cherchant le moindre signe qui pourrait l’aider, il frisa plusieurs fois la crise de nerfs.
« Même à la SDC les plans sont mieux indiqués ! Et pourtant, il faut compter une heure et demie à chaque fois qu’on a l’intention de trouver des toilettes publiques, et même préparer une carte et un sac à dos avec des vivres et des cordes lorsqu’on veut se rendre dans une autre ambassade ! Et là, rien ! Pas un seul plan ! Bon… Au final, c’est plutôt logique… Mais ils sont agaçants ! Est-ce que nous on évite de mettre des plans dans nos vaisseaux pour que les espions s’y perdent ? Oui, mais ce n’est pas la question… »
Continuant à marmonner et à tourner en rond, il finit par arriver devant un genre d’entrepôt. Entrant dans la salle, il parcourut les diverses rangées de caisses, bien alignées lorsqu’il trouva des caisses contenant de la nourriture. Son estomac se mit instantanément à gargouiller, lui rappelant qu’il n’avait rien mangé depuis une bonne dizaine d’heures. Il grignota une ration destinée au départ aux troupes rotaliennes, puis poursuivit sa fouille des caisses. Il récupéra plusieurs choses qui lui seraient probablement utiles rapidement. Il alla ensuite se placer dans un coin de la pièce, derrière une rangée de caisses, espérant pouvoir dormir un peu avant de poursuivre l’exploration du vaisseau.
Il fut réveillé bien plus tôt que prévu, il avait dormi deux heures, tout au plus, lorsque la porte s’ouvrit, laissant entrer deux hommes vêtus de l’uniforme rotalien.
« Tu vas voir, y a plein de trucs à manger, ici.
- Ouais… Mais qu’est-ce qui va se passer si on se fait attraper par un gradé ?
- T’inquiète pas, ça risque rien. Jamais personne ne passe dans ce genre de coins. »
Alors qu’ils commençaient à parcourir eux aussi les différentes caisses, en quête de celles étiquetées « nourriture », l’Ambassadeur risqua un coup d’œil par-dessus le mur de conteneurs derrière lequel il se trouvait. À première vue, ces soldats n’étaient pas des vétérans. Il ne s’agissait plus vraisemblablement que de membres d’équipage. Tandis qu’ils avaient choisi une caisse qu’ils commençaient à vider, l’Ambassadeur s’approcha d’eux, tentant de faire le moins de bruit possible. Arrivant à leur niveau, il frappa le premier à la nuque, l’assommant sur le coup grâce aux gants renforcés de son armure. Il se retourna prestement et agrippa son collègue, et lui plaqua le canon de son arme sur la tempe. Il demanda :
« La prison de bord. Où est-elle ?
- Je… Je… Pitié !
- Où est la prison de bord ?
- Au niveau… 10. Secteur… Secteur 4.
- À quel niveau sommes-nous ?
- Au… Au niveau 3. Par pitié, ne me faites pas de mal ! »
L’ambassadeur asséna un coup sur la tempe du soldat qui s’effondra. Récupérant des cordes, il attacha et bâillonna les rotaliens avant de les abandonner dans une caisse. Mangeant un morceau, il quitta la salle afin de se diriger vers le niveau 10. Esquivant adroitement les officiers ennemis sur le chemin, qui, de toutes façons, ne sembler pas lui prêter attention, il parvint jusqu’au niveau des geôles. Il convenait maintenant de trouver les bonnes cellules. Prenant à gauche à la première intersection, il s’arrêta brusquement lorsqu’une voix résonna dans son dos :
« Vous ! Qu’est-ce que vous faites là ? »
Se retournant lentement, tout en portant discrètement la main à sa ceinture, il aperçut la garde rapprochée de l’Amiral Ysielle ainsi que cette dernière, à environ cinq ou six mètres.
« Qui êtes-vous ? Et qu’est-ce que vous faites là ? Le secteur est interdit d’accès, sauf pour la garde impériale.
- Je… Je suis désolé, balbutia l’Ambassadeur, On m’a envoyé vous chercher, Amiral.
- Me chercher ? Et pour quelles raisons ne pouvait-on pas me contacter directement ? Si nous avons des systèmes de communications, c’est pour que nous puissions nous en servir, non ?
- Oui, et bien… Justement, nous avons un problème. Un sabotage, semble-t-il.
- Comment ?
- Nos systèmes de communications sont… Hors service. J’ai été envoyé pour vous avertir. Il avança d’un bon mètre.
- Votre nom ? »
Attrapant la grenade à sa ceinture, il la dégoupilla et annonça, avant que les gardes ne réagissent :
« J’ai récupéré cette grenade au plasma dans vos stocks de munitions. Elle n’explose qu’en cas de choc, autrement dit, si je la lâche, ou si je l’agite trop fort, si par exemple, vous essayez de me l’arracher de force. Et autant vous dire que si elle explose, vous, moi et la précieuse fille de votre empereur ne serons plus là pour raconter ce qui s’est passé ici. Et sachez que je n’ai aucune intention de vous donner mon nom. La seule chose que vous devez savoir, c’est que j’exige la libération des prisonniers, et que vous nous donniez un vaisseau. Sinon, je m’arrangerai pour ne pas partir tout seul. »
Il saisit l’arme de poing à sa ceinture et ajouta, en visant le garde le plus proche de lui :
« Et vous feriez bien de vite vous décider. »