« Non. À mon avis, la seule option viable rapidement est de faire tourner tous nos chantiers au maximum de leurs capacités. Sans cela nous n'avons aucune chance, surtout avec la guerre contre les Léanths.
- Certes, mais en faisant cela, nous risquons d'entrer dans une grave crise économique, répondit le ministre de l'Économie, Kilar Horak. Nos ressources sont déjà fortement limitées. Et ça se comprend, nous avons déjà investi loudement pour produire massivement des vaisseaux à affecter à la défense de Tenebris. Des ressources qui, pardonnez-moi de formuler ça comme ça, n'ont finalement que peu servi.
- La crise économique semble faire pâle figure, en cas d'attaque Léanth, renchérit la ministre de la Défense, Krahel Fokr. Pensez aux citoyens, ce seront eux qui risquent de faire les frais d'un manque de défense, si jamais nous sommes pris pour cible. D'autant plus que nos maigres ressources peuvent être complétées par un appel à l'aide. Les sommes qui nous semblent si colossales pourraient être largement... Monseigneur ? »
Le Régent venait d'indiquer par un signe de la main qu'il désirait prendre la parole. Il n'était pas dans ses habitudes d'interrompre ses ministres, mais la décision se devait d'être prise rapidement.
« Je rejoins votre avis, Krahel. Il faut que nous soyons prêts, nous sommes en pleine guerre. Si nous n'avons pas de quoi la défendre, notre économie ne nous est d'aucun secours. Mais une chose m'inquiète plus encore. Avec la prise de Tenebris, croyez-vous vraiment qu'il soit sage de compter nous en sortir aisément ? Ce n'est pas mon avis. Je pense que nous devrions nous préparer à un assaut massif sur nos positions. Sans quoi, ce seront potentiellement des milliards de civils qui seront touchés. Et par un sort pire que la mort, qui plus est. L'asservissement cybernétique... Une horreur qui n'aurait jamais du voir le jour. Non. Nous ferons tourner nos chantiers au maximum de nos capacités. Je préfère que les citoyens vivent durement, plutôt qu'ils payent de leurs vies notre mauvaise politique de défense.
- Sauf votre respect, Monseigneur, est-ce que le peuple ne devrait pas décider de cela lui-même ?
- En temps normal, oui. Malheureusement, nous n'avons pas le temps pour un référendum. Chaque heure perdue pourrait être employée à nous préparer plus efficacement. De plus, nous... »
Il s'interrompit subitement lorsque tous les holo-coms de la salle affichèrent un écran holographie rouge, signe d'une nouvelle largement digne d'être qualifiée de "capitale". Alors que tous se regardaient avec surprise, le Régent avança son doigt vers l'écran, espérant apprendre de quoi il s'agissait.
Ambassadeur Pirhak a écrit:Toutes mes excuses. Je sais que vous serez probablement en réunion de crise, lorsque ce message arrivera, mais il fallait absolument que vous soyez au courant. Nous avons reçu des nouvelles de l'envahisseur Cetyn. Et elles ne sont pas bonnes du tout.
Après avoir parcouru le message Cetyn joint, le Régent se rassit, plus tendu que jamais. La plupart des ministres achevaient de leur côté la lecture du message, avec des réactions assez similaires. Lorsqu'enfin, tout le monde eut fini, et que tous s'observaient, tentant de comprendre ce qu'il allait se passer, le Régent prit la parole :
« Mesdames, Messieurs... La situation est réellement critique. Mais je pense que vous serez tous d'accord avec moi sur ce point : jamais nous ne livrerons nos citoyens à l'envahisseur. Jamais. Les ministres hochèrent de la tête. Le Régent poursuivit : Notre décision est donc prise. Tout sera fait pour que nos défenses soient opérationnelles le plus rapidement possible. Avant le délai imposé. Je vais personnellement répondre à cette bande... de monstruosités. La séance est levée.
À peine sa tirade finie, il se leva et quitta la salle du conseil. Les ministres, encore médusés pour la plupart, tentaient de se remettre de la nouvelle. Arrivé à son bureau, il s'installa et rédigea une réponse qui, il l'espérait, se montrerait assez claire :
Nation Obscurcie a écrit:À l'intention de l'envahisseur Cetyn,
Comment avez vous pu croire une seule seconde que l'appât du gain, ainsi que votre promesse, à peine crédible, de paix pourrait nous conduire à sacrifier la vie de plusieurs personnes ? Sachez que vous n'obtiendrez rien de nous, que ce soit par la diplomatie ou par la force. Nous résisterons jusqu'à ce que vous abandonniez votre quête de domination, ou que nous mourrions en essayant. Et nous vous prévenons que nous n'avons pas l'intention d'être les seuls à subir des pertes.
Puisse votre conquête s'arrêter brutalement dans votre sang,
Régent Maraudeur, Régent de la Nation Obscurcie
