Le sang du renouveau

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Lun Oct 12, 2015 2:21 pm

  • En haut de la tour du palais, dans ses appartements privés, debout face à l’immense baie vitrée, le grand khan regardait le peuple, en bas, se soulever contre son autorité.

    Ravagé par les dommages du temps et par la maladie qui le ronge inexorablement, le vieux souverain savait pertinemment qu’il n’était plus capable physiquement d’exercé son pouvoir sur l’ensemble des clans. Aussi ne fut-il pas surpris par le déferlement populaire qui essayait de le renverser.

    Le vieil homme se dirigea vers sa galerie personnelle où de nombreux tableaux retraçaient les bons et les moins bons moments de son histoire personnelle. Au fur et à mesure des pas et des tableaux défilants, il se rappela : Son enfance heureuse, son entrée à l’académie militaire, son premier baiser, son mariage avec la fille du capitaine principal, son coup d’état, son ascension au trône de malachite, la naissance de ces enfants, la perte de son bras gauche, la mort de l’un de ses fils,… Une vie longue et pourtant si courte …

    Les portes de l’enceinte principale cédèrent. Les combats se faisaient, désormais, à l’intérieur du palais. L’ombre de la mort planait désormais au-dessus de sa tête. Elle viendra bientôt réclamer son dû le plus précieux. Mais avant de tirer sa révérence, il devait se préparer. Hors de question que le grand khan fasse preuve de lâcheté où de faiblesse face à celui qui viendra le déposséder de son titre.


    « - Le dernier acte de bravoure qu’un homme accomplit avant de marcher sur le chemin de la source éternelle, dit-il clairement »

    Le mur en face s’ouvrit et laissa découvrir une petite pièce secrète. A l’intérieur reposait une armure rouge et or de grande qualité, une cape blanche simple et la grande épée légendaire de Kidasai, forgée il y a des centaines d’années pour le premier grand khan de l’histoire.
    Non sans mal, le vénérable souverain enfila l’armure intégrale. Sur un miroir à pied, il vit son reflet. Il constata avec surprise que l’ensemble lui allait toujours aussi bien, malgré son âge avancé. Il était enfin prêt pour son ultime combat.
    Les portes de son appartement cédèrent. Un jeune homme en armure noir et argent, aux traits harmonieux, à la taille impressionnante et au regard abyssal vint à la rencontre du grand khan.

    « - Heureuse rencontre, cher père, dit-il d’un ton neutre. »

    « - Heureuse rencontre, mon fils, lui répondit le vieux dirigeant sur un ton plus faible qu’à l’accoutumé. »

    « - Est-il raisonnable, pour vous, de vous tenir face à moi dans votre état ? »

    « - La raison importe peu, désormais. Certes, je suis diminué. Mais je peux toujours me battre et briser tes espoirs mon cher petit. »

    Les deux hommes commencèrent à se tourner autour, tel des prédateurs prêts à en découdre pour la domination de la meute.
    Ce fut au plus jeune de commencer les hostilités, en assaillant sauvagement son adversaire. Le combat des deux guerriers était spectaculaire. Les nombreuses techniques, bottes, parades et ripostes se succédèrent à un rythme fou. Même si le vieux khan avait l’expérience des combats, il savait pertinemment que face à un bretteur aussi talentueux et dynamique que son jeune fils, il n’avait aucune chance de victoire.

    Après plusieurs minutes, le duel allait enfin désigner un vainqueur. Il était acculé et à bout de souffle. Le sang coulait abondement de ses multiples blessures. Il était sur le point de mourir. Mais avant de passer l’arme à gauche, le père eut la force de prononcer quelques mots à l’intention de son fils régicide.

    « - Mon fils, puisses-tu régner et diriger avec honneur notre peuple. Je te confie tout. A toi de ne point décevoir tes ancêtres et ton vieux père qui s’apprête à arpenter les chemins brumeux de la terre de la source éternelle. »

    « - Vous avez bien combattu père, comme il sied au grand khan. Partez avec le cœur léger. Que votre voyage se déroule sans encombre, je veille sur l’empire. »

    Le fils embrassa une dernière fois son père et, d’un geste rapide et fluide, lui asséna le coup fatal. Il prit des mains du mourant l’épée et la brandit. C’était à présent à lui de faire cesser les combats et de faire revenir le calme. Car c’était à lui, Bazaraa, héritier légitime de l’ancien grand Khan, de siéger désormais sur le trône de Malachite et d’exercer son pouvoir sur l’ensemble des clans de l’empire Baloran.
    Jonathan Olkar
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