Voila qui va dans notre sens on dirait... Fit Vladov, président de la république dacillene depuis maintenant presque un an, en train d'écouter le rapport qu'il avait reçus sur la situation de la colonie. Il regarda Sinafay avec un regard qu'elle comprit tout de suite.
Je te jure que, d'après ce que j'ai vus et mes informations, la guerre civile est inévitable. Il vaut mieux qu'elle éclate au moment où l'on est prêt. Imagines un peu si elle éclate plus tard? La population aura augmenté, il y aura plus à détruire... Ce serait bien plus catastrophique.
Enfin, disons le pour nous, on joue plutôt bien! S'efforcer de développer une industrie qui ne peut pas l'être, afin d'attirer l'attention de la population sur celle ci alors que la solution à leur crise est évidente! Dit-il, amusé, bien qu'il ne le soit nullement par la situation. Enfin, il avait quand même pas mal bataillé pour arriver au poste de président. Ce n'était pas pour ne rien faire une fois en face du problème.
Les photopiles, oui. Avec une étoile comme celle qu'ils ont, ils pourraient nous passer devant en termes de production... Et disposer d'une ressource permettant la construction de cannons plasmas, et donc la possibilité de soutenir un siège. Il faut éviter ça à tout prix. Répondit-elle.
Je sais, et je m'y efforce. Mais il nous faut aussi des renseignements, et un réseau d'infiltration compétent.
Et alors? Moranom, qu'en fais-tu? La maire de la ville, Geni Tiroth, est prête à faire fonctionner ses services si on le lui demande. Une communication et le meilleur service de renseignement de tout Dacilla se met en action! S'exclama Sinafay. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois qu'elle mettait le nom de la ville melrehn au goût du jour.
Oui, je sais que tu as raison. Seulement je ne peux faire ce genre de chose que lors de situations exceptionnelles. Hors exceptionnelle, la situation ne l'est pas encore. La seule chose que tu vas faire c'est de réviser nos systèmes de défenses et laisser traîner tes oreilles.
Mouais. Enfin, n'oublies pas que la situation risque de se compliquer rapidement.
Et bien nous prendrons les mesures le moment venus. Il y a des choses qui ne peuvent être faites qu'en certaines circonstances. Conclua t-il.
Sinafay attendis un peu, histoire de voir si il avait autre chose à lui dire, mais Vladov s'était reconcentré sur ses dossiers. Elle partit vaquer à ses propres affaires...
Quelque années lumières plus au sud, se trouvait la fameuse Spiraly. Jadis monde chaud et de peu d'intérêt, à part pour ses océans, il avait été colonisé en 15724 par une expédition venue de Dacilla, originellement pour avoir un œil supplémentaire dans la région. Par la suite, certains audacieux vinrent s'y installer, et deux années plus tard, ces derniers demandaient à Dacilla de les reconnaitre comme nouvelle colonie. Celle ci finit par céder, et elle devint la deuxième colonie de la république naissante.
Seulement, ce monde orbitait autour d'une géante bleue. Rares sont les dacillens qui supportèrent le rayonnement de l'étoile, et en règle générale, ils repartaient pour le monde mère quelques mois plus tard, ne facilitant de ce fait pas le développement de la nouvelle colonie. Un autre événement aggrava cette situation: les bribes de l'expédition originelle, qui faisaient fonctionner tout de même une partie notable du matériel de la planète, quittèrent eux aussi Spiraly pour rejoindre Magnezi cette fois ci, pour signifier l'absurdité que leur paraissait ce monde. Si bien que Magnezi, ne souffrant d'aucun départ cru rapidement, alors que Spiraly avait besoin de beaucoup d'aide de la planète mère pour ne pas stagner.
Dans les décennies suivantes, cet état des choses ne fit que s'accentuer, et de là vint la situation actuelle. En effet, la population dacillene et magnézienne fut relativement agacée de toujours devoir se porter au secours de Spiraly, colonie qu'ils considéraient comme une erreur. Quand aux spiraliens, qu'ils nourrissent un ressentiment croissant envers les deux mondes était inévitable, pour peu qu'ils comprennent vaguement la situation économique de la république. Or ils n'étaient pas stupides, et la comprenaient très bien. Cela aurait peut être put s'en tenir là, mais à force de ressentiment, les spiraliens finirent par détester ces êtres qu'ils jugeaient froids et qui semblaient les mépriser. Quand aux dacillens, ils s'en rendirent bien compte, et leurs sentiments à l’égard des Spiraliens qu'ils jugeaient déjà stupide ne s'améliorèrent pas.
Evidemment, et cela en grande partie grâce aux aides dacillènes, Spiraly finit tout de même par atteindre un certain niveau de puissance, mais surtout militaire, car elle arguait au près du monde mère qu'une force d'intervention vers le sud serait bien placée et utile. Dacilla ne put refuser, sous peine de paraître vouloir enfoncer Spiraly, ce qui aurait eu des conséquences désastreuses en matière de politique interne.
Malgré tous ces efforts, Spiraly était comme une épine enfoncée dans un organe sensible. Ce que apparemment certains savaient apprécier plus que la normale des habitants de ce monde, comme par exemple Janis Piat, gouverneur de la planète, Joran Valinov, amiral de la flotte spiraliene et Esterïa Aluneï. Cette dernière ne venait non pas de Spiraly, mais de Berylo, qu'elle était sensée représenter. Le fait que Berylo se soit associée aux efforts de Spiraly était assez curieux, et agaçait souverainement les pros dacillens. Il est vrais que cette planète située juste à côté du monde mère était un peu éclipsée par ce dernier, mais de là à s'associer à Spiraly! Peut être que les relations privilégiées qu'entretint Magnezi avec Dacilla y fut pour quelque chose, mais cette question demeure pour l'instant irrésolue.
Vous savez lorsque la duchesse VilyaIchamanior et l'autre pirate vont débarquer? Demanda Esterïa Aluneï avec une pointe de mépris dans la voix. Après tout, les deux retardataires appartenaient à des organisations moins développées que la république.
Ils devraient arriver sous peu. Répondit Janis Piat. Soyez patients, ils doivent passer les contrôles pour pouvoir continuer leur chemin.
A ce moment là, l'on toqua à la porte. Les trois se regardèrent, surpris, puis Esteria alla ouvrir la porte. Qui laissa place premièrement à un homme qui devait bien dépasser d'une tête tous les spiraliens présents, puis à une jeune duchesse de haute naissance un peu plus petite que l’homme qui venait d’entrer, qui dominait maintenant de toute sa masse basanée l'entièreté de la salle.
Monsieur Carucha et duchesse VilyaIchamanior. Fit Valinov en s'inclinant.
Bienvenus sur Spiraly. Continua Piat en s'inclinant à son tour. Esteria ne bougea pas, toute absorbée à examiner les nouveaux venus.
Bienvenus, certes. Répondit Vilya Ichamanior, un peu agacée. Vous feriez mieux alors de le dire à votre douane planétaire. Nous avons perdus beaucoup de temps, particulièrement avec les contrôles anti épidémies!
Nous sommes désolés croyez le bien, mais si nous voulons ne pas attirer l'attention de Dacilla nous devons être prudents, et nous soumettre à la loi comme n'importe quel citoyen.
Ne vous inquiétez pas, l'intégration de nos deux colonies à votre duché vous dédommagera bien.
Et bien, puisque vous en parlez, avez-vous fait les procédures que je vous avais demandé ? demanda t’elle, moins agacée qu’auparavant.
Vous voulez dire les formalités une fois la guerre gagnée et quelques données statistiques sur nos deux mondes ? Elles sont là. Dit-il en tendant à Vilya Ichamanior une unité de stockage grosse comme la moitié d’une main.
Esterïa Aluneï et Carucha observaient depuis le début la scène avec attention, n’ayant pour le moment pas dit un mot. La berylienne sortit alors de son silence et demanda avec politesse.
Pouvez-vous nous donner les effectifs que vous comptez engager dans la campagne s’il vous plait ?
Mais bien sûr. Amiral Valinov, pouvez vous prendre note ?
Une fois que l’amiral se fut exécuté, elle reprit.
Le corps expéditionnaire que je mets à votre disposition sera constitué de 15 croiseurs amiraux, 150 croiseurs Cyberias, 1300 intercepteurs Onthalia, 10000 cannonières, 400 bombardiers plasma, 150000 chasseurs et 130 porte nefs de classe 2. Elle finit son énumération avec une certaine fierté, que Piat jugea bon de flatter.
Impressionnant, et fort utile. Dit-il avec respect, avant de s’adresser pour la première fois à Carucha, qui se tenait pour l’instant en retrait.
Et bien monsieur Carucha, vous cacheriez vous ? J’espère du moins que vous avez fait un bon voyage !
Convenable, dirons-nous. Mais trêve de digression, je vais vous simplifier la tache et vous annoncer les effectifs que je vais engager, en espérant que le butin en vaudra la peine ! J’engagerai donc dans la bataille 200 intercepteurs, 10000 canonnières, 400 bombardiers plasma et 70000 chasseurs.
Eh ben, vous êtes rudement bien équipés pour des pirates ! S’exclama Esterïa, surprise.
Et oui ! Il me semble que vos convois en ont déjà fait la cuisante expérience. Plaisanta-t-il.
En réalité, ce n’était pas nos cargos, mais les cargos dacillens que vous attaquiez, continua Valinov. Nous étions prédestiné à devenir alliés !
Esterïa esquissa une moue en entendant Valinov parler d’une notion aussi peu… estimée en République Dacillene.
Par la suite, ils réglèrent encore quelques détails, mais tout cela n’avait plus beaucoup d’intérêt.
Les cinq prévirent une date afin de définir une stratégie commune, puis Vilya Ichamanior et monsieur Carucha prirent congé et allèrent dans leur résidence temporaire sur la colonie.
Bizarre tout de même de se battre pour conquérir notre indépendance, et la perdre aussitôt au profit d’un duché. Dit Esterïa en marge de la réunion.
Ne vous inquiétez pas. Répondit Valinov. Qui vous dit que ce duché aura encore la possibilité de faire valoir ses droits à la fin de la guerre ?
Nous avons tout prévus. Rajouta Piat.