[Présentation] Confédération des Républiques Albéennes

Présentation de personnages, d'alliances, dialogues et intrigues se passent ici.

  • À quelques minutes-lumière de la station diplomatique, un petit vaisseau civil, à l'apparence proche d'un Sidus Gloriae mais guère plus grand qu'une corvette, sortit d'hyperespace. La coque du navire était parsemée de petits impacts de météores et autres débris spatiaux ; à l'évidence, bien qu'ayant fière allure, l'appareil n'était plus tout jeune. Mais sur son flanc babord, il arborait un pavillon parfaitement neuf et, qui plus est, jamais vu sur les docks de la SDC : la moitié supérieure de l'emblème représentait les rayons d'un soleil jaune sur fond vert ; tandis que dans la moitié inférieure, trois étoiles rouges se détachaient sur un fond noir. Un engrenage rouge lui aussi, coupé d'un quart, trônait au centre du pavillon. De même, le nom du navire avait été fraîchement repeint en grandes lettres majuscules sur la proue : « DIPLOMATIC I ».

    Le Diplomatic I vint s'arrimer à l'un des quais de la station. Quatre individus en descendirent, deux hommes et deux femmes, et se dirigèrent vers l'assemblée des diplomates, guidés à travers les couloirs du bâtiment par un drone d'accueil. Une fois arrivée dans l'hémicycle, la petite délégation fut l'objet des regards scrutateurs de tous les siégeant. L'homme qui menait le groupe avait la peau mate, presque basanée ; son costume civil noir au grand col officier mêlait la sobriété à l'élégance, mais semblait le gêner aux entournures. Par ailleurs, la barbe de trois jours de l'individu tranchait avec le soin de sa tenue. À sa droite se tenait une militaire à l'uniforme bleu nuit et aux gallons d'argent ; quatre étoiles ornaient ses épaules, pourtant elle semblait un peu jeune pour être officier général. À la gauche de l'homme, une dame âgée, petite mais au port droit et à l'air digne, plissait quelque peu les yeux en parcourant l'assemblée du regard. Sa robe cintrée en soie émeraude brodée d'or était ornée de plusieurs rubis ; une ceinture de satin pourpre mettait en valeur une taille encore fine ; la coiffure, tenue par une broche en argent accordée à la chevelure presque blanche, n'était pas moins élaborée que le vêtement. Enfin, un deuxième homme, l'air effacé, se tenait légèrement en retrait du groupe.

    La délégation prit place à la tribune et l'homme de tête s'avança d'un pas ferme vers le micro du pupitre.


    « Chers diplomates, représentants et représentantes des peuples d'Aelden, laissez-moi avant toute chose vous remerciez pour votre présence aujourd'hui, en cette assemblée, pour assister au retour de notre peuple dans le concert des nations. » Il avait lancé cette phrase sans grand enthousiasme. Ce genre de formules mondaines n'était pas à son habitude ; le dernier terme qu'il avait employé, « imposé » par l'insistance de son chargé de communication, le répugnait tout particulièrement. Il reprit.

    « Mon nom est Naxos Terrell et je m'adresse aujourd'hui devant vous en qualité de Premier conseiller de la Confédération des Républiques Albéennes. Les peuples et les planètes qui forment aujourd'hui la Confédération étaient, il y a encore 20 ans de cela... » Il voulut se reprendre, se rendant compte que son audience comptait en années TSU, et non en années titaniennes comme lui. Mais ne voulant pas perdre de temps avec une conversion bien complexe, il se contenta de préciser : « … il y a vingt années titaniennes, ces peuples étaient encore sujets de l'Empire Titanien. » Au terme « sujets », la dame âgée à sa gauche émit un léger soupir. Dans l'assemblée, quelques vieux diplomates adréans commencèrent à s'interpeller les uns les autres, pour partager ensemble un souvenir qui leur était soudainement revenu. «Mais l'Empire, continua Terrell, était déjà aux trois-quarts effondré  : une guerre civile, lancée par plusieurs nobliaux avides de pouvoir personnel, avait détruit l'unité impériale et ravagé les peuples titaniens depuis plusieurs décennies. Avec sagesse et lucidité, notre monarque, l'Impératrice Maryana Ière de son nom de règne – aujourd'hui, citoyenne Maud Elysis Irae ici présente (il désigna de sa main ouverte la dame parée d'émeraude) fit alors le choix d'abdiquer pour laisser la place à un gouvernement issu d'un parlement élu.» Les quelques vieux diplomates RCA qui se souvenaient de l'Empire en avaient la confirmation : c'était bien Sa Majesté Maryana Ière qui se tenait au côté du Premier conseiller. « Hélas, le pouvoir confié par le peuple fut bien vite détourné : le gouvernement Stanov, pourri par la corruption et à la solde des intérêts privés, prit pour habitude de mettre toute opposition sous surveillance, de réprimer toute contestation dans le sang ! Malgré tout, les citoyens et les citoyennes surent s'organiser, s'autonomiser face à un pouvoir despotique, organiser la lutte et ensemble, solidaires, renverser un ordre qui ne servait que les intérêts d'une minorité de possédants. » Il avait repris plus d'enthousiasme en retrouvant ses harangues habituelles. Ses communicants avaient bien tenté d'édulcorer son discours, en vain. L'assemblée semblait pour le moins perplexe, de nombreux diplomates se demandant s'ils devaient eux-mêmes se reconnaître dans ce mot de « possédants » - et encore, Naxos ne se lâchait pas autant qu'il l'aurait voulu. Il poursuivit.

    «De cette Révolution sont nées de nombreuses petites républiques autonomes, sur les trois planètes au centre de ce qui était autrefois l'Empire : Alba Nova, Skarel et Aurora. Mais les barricades à peine démontées, la contre-révolution faisait déjà sentir ses miasmes – et quelle odeur! Des remugles d'une vieille aristocratie rance, accrochée à ces privilèges plusieurs fois centenaires ; une ligue réactionnaire, l'Alliance du Renouveau National, s'est formée sur les ruines d'anciennes colonies de l'Empire avec pour ambition de s'approprier par la force tous les territoires anciennement titaniens, soit disant pour « reconquérir l'idéal impérial ». Foutaises, qui ne visent qu'à dissimuler l'intérêt personnel de quelques anciens nobles et généraux trop ambitieux sous des parures nationalistes ! Cette menace contre la Révolution a poussé les républiques de nos trois planètes à s'unir pour constituer des forces armées d'autodéfense et parler d'une seule voix sur la scène interstellaire. C'est ainsi qu'elles signèrent le traité d'Albéapolis, pour former la Confédération. Depuis, plusieurs anciennes colonies de l'Empire ont elles aussi signé le traité.»

    Il reprit son souffle et jeta un regard en coin à Irae. Tout le monde dans la salle ressentait un certain malaise à voir une dame qui avait été aussi puissante réduite à faire, en apparence, la plante verte à côté d'un parfait inconnu – du moins, hors de la Confédération. Tout était réfléchi. Naxos avait mis du temps à accepter la présence de l'ex-impératrice dans la délégation. L'argument avancé par Irae était le surcroît de légitimité que lui donnerait la présence d'une ancienne monarque – ce à quoi le révolutionnaire Terrell rétorquait qu'un Premier conseiller nommé par des instances représentatives du peuple n'avait pas besoin d'un tel « surcroît de légitimité ». Il avait finalement accepté sa présence à une seule condition : elle ne dirait rien. Elle n'introduirait pas Terrell auprès des diplomates, elle ne donnerait même pas son « approbation » au nouveau pouvoir en place de vive voix, non. Elle serait là, simplement là, prouvant à toutes et tous que la Révolution n'avait pas besoin de l'appui de l'ancien pouvoir ; que celui-ci, d'accord ou non, n'avait de toute manière d'autre choix que de plier face à la légitimité du peuple.

    «Notre système politique, continua Terrell, applique le fédéralisme : chaque cité, district voir quartier, selon sa démographie, dispose de sa propre république – la plupart des républiques albéennes comptent entre une vingtaine et une quarantaine de millions d'habitants. Chacune a ses propres lois, mais doit respecter une loi fondamentale décidée et adoptée par référendum suite à la Révolution et qui fixe plusieurs principes fondamentaux : fédéralisme, souveraineté des assemblées locales ouvertes à toutes et tous... Et évidemment, égalité de tous les êtres humains, inviolabilité des libertés fondamentales... » Ces deux derniers points firent froncer quelques sourcils, notamment dans les rangs des diplomates Melhrens ou Ducaux, pour qui l'égalité et le respect des libertés n'avaient rien « d'évident ». Autre curiosité pour de nombreux ambassadeurs : cette manie de toujours préciser «toutes et tous», dans une langue où le masculin l'emporte sur le féminin. Décidément, ce Premier conseiller avait d'étrangers manières. « … Pour coordonner leur action, des coordinations fédérales sont régulièrement organisées : y siègent des délégations de chaque république, dont les membres sont pour partie élus, pour partie tirés au sort. C'est lors de la première coordination fédérale que fut créé le Conseil aux Affaires étrangères et à la Défense, ou Conseil de la Confédération, dont je suis aujourd'hui le Premier conseiller. J'ai donc pour charge de représenter les intérêts des peuples confédérés à l'étranger et d'assurer leur défense, avec l'aide précieuse de la chef d'état-major des armées, l'amirale Aessa K. Nemer.» Il posa la main sur l'épaule de l'officier à sa droite.

    « Mais ce système, élaboré par les comités de luttes dans la foulée de la Révolution, n'est que temporaire. Au moment même où je vous parle, à travers toute la Confédération, des assemblées constituantes populaires, ouvertes à tous, sont formées localement pour rédiger des propositions de textes. Ces propositions remonteront ensuite pour être votées d'abord à l'échelle de chaque district, puis de chaque ville, de chaque planète et enfin, de toute la Confédération. » En évoquant le processus constitutif, Terrell dut se retenir de lâcher un soupir en public : le matin-même, il avait encore reçu un rapport confirmant que de nombreuses assemblées constituantes prenaient du retard sur l'agenda prévu. Partout, des assemblées perdaient plusieurs semaines de travail simplement par désaccord sur les formulations des questions soumises au vote...

    « Dans ces temps à la fois pleins d'espoirs et de menaces pour les peuples albéens, la Confédération a jugé nécessaire de rompre l'isolement diplomatique dans lequel nous étions plongés. Notre réintégration à la RCA est effective, et j'ai nommé Piotr Netov ambassadeur permanent à la Station Diplomatique Centrale. » Il désigna l'homme en retrait depuis le début de l'intervention, qui s'avança. «Nous repartons avec la ferme intention de bâtir un avenir commun avec les nations d'Aelden de nouveau, les éléments de langage des communicants se faisaient sentir. M. Netov reste à votre disposition pour toute demande de prise de contact ou d'information. Mesdames et messieurs les diplomates, au revoir. » La délégation quitta la tribune.
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