Elfar Hardin
Elfar contemplait avec nostalgie les divers missions d'explorations qui fuyaient à travers les cieux de Terminus. Depuis qu'il était gouverneur, pas un jour ne passait sans qu'il ne songe aux temps des premières explorations pour l'Empire. Certes à l'époque les vaisseaux étaient plus rudimentaires, et bien moins confortables que les modèles actuels. Mais l'inconfort faisait part intégrante de ces jours passés, où l'univers était à redécouvrir, et où l'on se sentait réellement libre et utile à la gloire des Hommes.
Il ne s’était jamais vraiment reconnu dans la chouette sage aux ailes repliées. Le blason actuel reflétait mieux ce changement d'ère et l'esprit du gouverneur : un épervier aux ailes ouvertes sur fond noir, prêt à découvrir entièrement l'espace infini.
De cet infini, grâce à ses compagnons, il avait put tirer deux mondes : Terminus, capitale de son nouvel empire, choisie pour sa proximité avec Amaranth, et NaaahNiohl l'ancienne. Berceau légendaire de sa famille et de son peuple.
Depuis le retour de l'électricité, de nombreux ingénieurs avaient travaillé à l'élaboration de vaisseaux spatiaux. Les premiers vaisseaux étaient bien entendu dévolus à l'exploration des mondes à porté.
Les explorations étaient à cette époque dangereuses et peu attractives. Cela tenait principalement à la qualité des vaisseaux utilisés, au manque de formation des hommes et à l'inexpérience que l'on avait dans ce domaine. Malgré tout, nombreux étaient ceux qui s'engageaient ; que ce soit par appât du gain, patriotisme, esprit d'aventure, ou pour des motifs aussi triviaux que la volonté de fuir son domicile conjugal ou suite à un contrat signé sous l'emprise de l'alcool.
Les premières vagues d'explorations, qui s'étendaient à l'exploration de la constellation, étaient constituées d'équipages non-mixte. On craignaient que la promiscuité n'amène à nuire aux bonnes relations entre individus.
La troisième vague vit l'apparition d'équipages mixtes. D'une part à cause des nombreux individus qui parvenaient malgré tout à embarquer dans le mauvais équipage, et d'autre part afin de contenter une partie de la population. Officiellement on jugeait que chacun disposait d'assez de moralité pour permettre cette évolution. Naturellement, les premiers doutes des autorités étaient fondés : la promiscuité et la longueur des voyages faisaient que de nombreuses déviances eurent lieux. Ce genre d'affaire ne s'ébruitèrent guère.
Les habitants de la province de la chouette rejoignirent les explorations à partir de la seconde vagues. Ils furent retardés par une situation politique interne difficile.
Elfar fût parmi les premiers volontaires de ces excursions en dehors du système d'Amaranth. Il embarqua durant l'automne, lorsque toutes les procédures pour ces explorations furent accomplis.
Il voyagea avec une douzaine de personnes : un biologiste Ahrutr Jairo, un couple d'ingénieur Eva Illath et Sarm Illath, deux géologues Séor Réas et Sonatta Diopherat, une climatologue Eloe Jukin, un médecin Pléassioc Pallono, trois soldats chargés de la sécurité de l'expédition et une archéologue philologue pour analyser les ruines pouvant se trouver sur ces planètes perdues.
Leurs vaisseaux était sobrement appelé « vaisseau d'exploration numéro six ». Mais sa petite taille, le fuselage étroit de l'appareil, et l'endurance dont celui ci pouvait faire montre avait amené ses occupants à le surnommer « L'épervier d'Oréa ». Oréa étant le nom désignant la région où les Hardin avait élu domicile sur Amaranth, et où ils avaient découvert une espèce de rapaces particulièrement résistante et facilement apprivoisable.
Le matin du départ était morne. Le ciel était empli d'épais nuages grisâtres qui dérivaient lentement au gré d'un vent froid venant de l'océan. Les rues étaient vides et tristes malgré les nombreuses tâches de couleurs que formaient les drapeaux, ballons et fleurs sensées apporter un caractère gai au premier départ d'une flotte d'exploration Oréane à destination d'une exoplanète. Seul le spatioport où devait embarquer les différentes équipes reflétait un semblant de festivité. Une foule nombreuse était présente, contenu en dehors des bâtiments par une force armée non moins nombreuse. Les seuls personnes admises dans l'enceinte des bâtiments pour la cérémonie d'avant le départ étaient les familles des membres d'expéditions, des membres du gouvernements, quelques personnes parmi les plus influentes, et, bien entendu, les membres de la famille Hardin. Tous étaient vêtues de vêtements de fêtes ; à l'exception des explorateurs en uniformes ; et l'on ne voyait que des robes bleues ou noires pour les femmes, blanches pour celles qui vivait ce moment comme un déchirement, des costumes d'apparat indiquant la fonction, des vêtements blancs aux liserés verts pour les scientifiques en charge du projet, des uniformes noir avec capes ornés de rouges pour les militaires hauts gradés ou des vestes bleu nuit pour les érudits qui se chargeraient de suivre les explorations.
Après le discours d'adieu, les différentes équipes prirent places dans des navettes devant les mener au spatioport, où ils rallieraient leurs vaisseaux. Beaucoup ressentir de l'angoisse à quitter pour la première fois leur planète, se disant qu'ils n'y reviendrait peut être jamais.
Finalement tous les vaisseaux partirent pour plusieurs mois d'explorations, l'aller ayant été prévu pour deux mois et l'expédition devant rester sur place un mois pour étudier la planète.
Après avoir perdu de vue Amaranth Ahrutr Jairo brisa le silence :
« Bon mesdames et messieurs c'est officiel : nous sommes tous seuls au milieu de nul part. On fête ça ? Qui sort la boisson ?
-Oh c'est bon ferme la... Lui répondit Eloe Junkin
-Tu vas pas commencer à pourrir l'ambiance alors qu'on vient de partir ? Je te rappelle qu'on va rester au moins cinq mois ensemble. Si on s'engueule dès le premier jour autant faire demi tour.
-Bon et sinon où allons nous ? Demanda Sarm Illath, qui voulait couper court à ces gamineries.
On ne dirait pas comme ça mais l'espace est immense.
-C'est à Elfar qu'il faut demander. C'est lui qui dirige notre expédition, alors il doit savoir. Moi en tout cas on ne m'as pas mise au courant.» Lui répondit la climatologue qui foudroyait du regard le biologiste.
-D'accord, d'accord je vais le voir... Quelqu'un sait où il est ?
-Vu la taille de notre vaisseau tu devrais pas avoir de mal à le trouver. Mais cherche du côté de l'infirmerie, il a l'air de bien s'entendre avec le toubib.
-Merci. Quelqu'un vient avec moi ? Sonatta ? Oh, et puis non laissez tomber... »Ajouta t-il devant la passivité de ses compagnons.
Chemin faisant il songea qu'il aurait dût faire comme sa femme et s'installer dans sa cabine pour se reposer, ou qu'il aurait dût aller à la salle d'exercice avec les autres. Au moins l'ambiance ne devait pas être aussi tendue. Après dix minutes il atteignit enfin l'infirmerie. Il y découvrit en effet Elfar en pleine discussion avec le médecin de bord ainsi qu'avec Sima Chlenn l'archéologue.
« ….Sûr de nous car nous n'en avons qu'une seule. Ah ! Entrez Sarm, entrez. » L'invita Elfar. « Asseyez vous sur les lits car il n'y a qu'une chaise.
-Je ne voudrais pas déranger, je voulais vous demander quelque chose mais ça peut attendre si vous êtes occupés.
-Du tout du tout. Qu'y a t-il ?
-Je me demandais quelle était notre destination. Car si chaque vaisseaux avait l'autorisation d'explorer où bon lui semble, il me semblait que nous devions communiquer les systèmes que nous souhaitions explorer.
-Oui et c'est bien normal. Seulement voilà, nous sommes cas particulier. En effet vous n'êtes pas sans savoir que je suis le neveu du dirigeant de la Maison Hardin. A ce titre j'ai certaines obligations, certains privilèges et certaines missions. Nous risquons d'être amenés à voyager plus loin que prévu. Mais ne vous en faites pas rien de bien dangereux.
- Plus loin ? Que voulez vous dire ?
- Oh peut être juste à la limite de notre région voire un peu au delà. Rien de plus. En tout cas notre destination nous est connue, et nous savons où nous allons.
- C'est à dire ?
Elfar se leva d'un des lits et expliqua :
« Ma famille possède dans ses archives quelques reliquats de cartes stellaires passées. Elles sont bien sommaires car trop ancienne : les étoiles se sont déplacées certaines sont mortes, d'autres nés. Et puis avec le temps nous en avons... égarés, vu leur peu d'utilité sans électricité. Mais nous avons les coordonnées d'un ancienne colonie, qui serait fort utile pour nous. Nous devons juste y aller voir si celle ci est en l'état et revenir. »
Il s'assit sur la table en face du médecin, croisa les bras et regarda l'ingénieur.
« Bien entendu ça ne sera pas une réelle découverte, mais le plus important est qu'il faut que cela passe pour telle. Cela pourrait ouvrir des vocations, donner un sentiment positif et prouverait la grandeur de notre nation. Actuellement peu de dirigeants ont trouvé des traces de nos ancêtres sur les planètes. Et la plus grande découverte, l'Amenari, est l'apanage de l'Empereur. »
Il conclut enfin, décroisant ses bras pour saisir un petit flacon, avec lequel il joua :
« Je compte sur votre discrétion bien entendu. Je vous en parle car j'estime qu'il ne serait pas bon d'instaurer un climat de méfiance à bord. Néanmoins si les autres n'ont pas la curiosité de notre destination je ne vois pas l'intérêt de leur en parler.
- Je ferais selon votre volonté, donc.
- Parfait »
Les Illaths étaient dans leurs cabine, occupés à passer le temps quand une voix retentit dans les hauts parleurs des coursives :
« Ici Elfar Hardin. Je demande Eva ou Sarm Illiath. Que l'un d'eux vienne à au poste de commandement. Que Sima Chlenn vienne aussi. Les autres continuez vos occupations.
Oh, et rassure toi Eloe, tu ne devrais plus avoir besoin de supporter Ahrutr très longtemps. »
Les époux se considèrent un instant, intrigués et un petit peu agacés, et Eva demanda :
« Que nous veut il ?
- Je n'en ai aucune idée... Le vaisseau ne semble pas souffrir d'avarie. Peut être a t-il fait planter son ordinateur... Bon j'y vais. »
Sarm sortit de sa cabine, empruntât la coursive et se dirigea vers l'échelle permettant d'accéder au pont supérieur. Il alla vers l'avant de l'appareil, là où était situé le poste de commandement. L'archéologue avait été plus prompt que lui.
« Qu'y a t-il monsieur ?
- Ah je suis content que ce soit toi qui soit venu. Je n'ai rien contre ta femme bien sûr. J'aurais besoin de toi pour un petit travail spécial.
- Que voulez vous dire ?
- Toujours pas disposé à me tutoyer hein ? Bon j'ai besoin que tu sortes dans l'espace avec l'archéologue et deux militaires. Vous allez prendre une caisse avec vous. Puis vous rentrerez dans la structure à laquelle nous sommes arrimés. Prenez une combinaison car je ne suis pas sûr que vous puissiez survivre là dedans. Le reste vous sera communiqué en route. Ah et faites attention : la caisse est extrêmement fragile et précieuse. C'est peut être même l'un de nos biens les plus précieux à l'heure actuelle.
- Je ne comprends pas …
- Pas besoin fait ce que je te dis.
- Bien monsei... Elfar.
- Y'a du progrès. Bon dépêchez vous quand même. »
Sima et Sarm sortir de la cabine. Tout en allant vers le sas, à l'autre bout du vaisseau quand même, l'ingénieur s'interrogea sur le but de sa mission. Pourquoi le faire sortir au milieu de nul part alors que leur but était de redécouvrir un ancien monde ? Et puis que contenait la caisse ? Se tournant vers la jeune brune, et devant l'air dégagé de celle-ci, il lui demanda :
« N'es tu pas un peu intriguée par ce qu'on doit faire ? Je veux dire pourquoi s'arrête t-on ici si on n'explore pas une planète ?
Pour toute réponse il n'eut droit qu'à un « soit patient » de sa part. Le silence s'installa donc entre eux jusqu'à ce qu'ils rejoignirent les militaires et la boîte.
Ils enfilèrent leurs tenues pressurisées et protectrices ouvrirent le sas et pénétrèrent dans la station. Celle-ci était extrêmement vaste, sombre, mais relativement bien conservée : les conditions d'altération d'un tel environnement étant nulle. L'archéologue prit la tête des opérations.
« La première étape va être de remettre le courant. Je ne sais absolument pas où on peut faire ça. Je vais demander à Elfar.
Elle alluma alors sa radio et demanda
« Elfar, ici Sima me reçois tu ?
Après un court délai ils eurent la réponse.
« Ici Elfar, oui je vois reçois. Qu'y a t-il ?
-Nous sommes dans la structures. Où est située la salle des générateurs s'il te plaît ?
-Eh bien si elle est construit sur le même modèle que celle d'Amaranth je dirais deux étages en dessous de vous. Peut être pourrez vous passer par les puits d'ascenseurs pour descendre ?
-Compris. Il y en a à proximité.
-Attendez une minute, coupa Sarm. Dans quoi sommes nous ? Que voulait-il dire par « la même qu'Amaranth » ?
-Chaque chose en son temps. Pour simplifier on est dans une structure Lanthanienne.
-Merci de l'info mais je m'en serais douté.
-Bon alors descendons.
Les portes étaient verrouillées. Néanmoins les armes des soldats n'eurent aucun mal à les desceller. Se trouver en gravité nulle avait du bon. Ils purent descendre dans les puits assez facilement. Une fois en bas ils se mirent en quête de la salle des générateurs, éclairés par le faisceau de leurs lampes.
Tandis qu'il progressait dans les couloirs obscurs, ils découvraient des objets dont ils n'auraient jamais imaginé l'utilité. Enfin ils trouvèrent la salle.
« C'est là que tu interviens. Tu vas devoir remettre le courant.
-Comment ?! Mais ces machines me sont totalement inconnues. Et puis je ne sais pas déchiffrer les termes techniques Lanthanien moi !
-Là c'est mon boulot. Je te donne une approximation et tu te débrouilles avec.
-C'est sûr que si j'ai des infos approximatives, je vais tout de suite comprendre.
-Je sens une pointe d'amertume dans ta voix. Allez si on si met tout de suite ça devrait être réglé.
-Si tu le dis...
Se trouver en gravité nulle apportait des inconvénients. Comment se concentrer lorsqu'on ne parvenait pas à rester sur place ? D'autant plus qu'il fallait déchiffrer les diverses inscriptions, deviner le fonctionnement de chaque appareil et comprendre tout ça à la lueur de leurs lampes. Néanmoins, avec beaucoup de patience et grâce à quelques documents emportés par Elfar, dont personne ne savait d'où il les tiraient, ils purent à peu près comprendre le fonctionnement.
« Bon maintenant j'ai plus qu'à appuyer sur le bouton. Dans le meilleur des cas ça fonctionne, dans le pire ça saute.
- Ça n'arrive jamais que dans les histoires ce genre de choses. Appuie. »
Après une courte et silencieuse prière adressée à qui voudrait bien l'écouter, il appuya.
Et rien ne se passa.
« C'est quoi ce foutoir ?!
-Que se passe t-il ? Demanda alors Elfar à travers la radio.
-Rien justement
-Je comprend pas j'ai pourtant fait ce qui me semblait le plus adap... »
L'ingénieur laissa sa phrase en suspens en entendant le ronronnement caractéristique d'une machine. Et soudain la lumière fut. Ce moment aurait été magique si l'un d'entre eux n'avait pas crié « T'ain mes yeux ! » à cause de la vive lumière qui apparut. De plus ils découvrir rapidement et brusquement que la lumière n'était pas le seul système restauré : leur chute leurs appris que la gravité artificielle était elle aussi revenu.
« Excusez moi mais au risque de me répéter, que se passe t-il ?
Il a réussit à remettre le jus. » Répondit Sima Chenn.
« C'est parfait alors ! » S'exclama Elfar. « Bon maintenant que vous avez réussi je vous dirais bien de vous reposer, mais si vous n'y voyez pas d'inconvénient je préférerait que vous continuez la mission.
« Ce n'est pas fini ?! » Demanda Illiath
« Eh bien non j'en ai peur. Rappelle toi j'ai dit « première étape vous remettez le courant ». Mais ça devrait normalement être plus facile maintenant. Il y a une structure apposée à celle-ci. Vous devriez pouvoir la rejoindre depuis l'intérieur. Je vous donnerais la direction à prendre en chemin. Et au moins voyez le bon côté des choses : vous pouvez prendre les ascenseurs et retirer vos combinaisons : il semblerait que tous les sas soient fermés et que l'air climatisé ait été remis. »
« Mouais... J'aimerais t'y voir... Au moins tu as put rester dans le vaisseau... » grommela l'ingénieur.
« Tu vois que tu fais des progrès : tu acceptes enfin de me tutoyer. Mais je te prierais de ne pas me manquer de respect : je suis ton supérieur dans cette mission. »
Malgré ses protestation Sarm devait bien se rendre à l'évidence : il était aussi excité qu'un gamin recevant un cadeau. L'exploration de cette endroit était à la hauteur des espérances qu'il avait lorsqu'il s'engagea pour cette mission.
Le groupe profita donc des ascenseurs, qui se déplaçait selon une trajectoire incurvé semblât relever Sarm. Ils atteignirent le niveau souhaité, et traversèrent un long couloir, bien plus sinistre en pleine lumière que dans la pénombre : des corps gisaient par endroit. Mort pour certains de froid. Pour d'autre d’asphyxie. Les cadavres avaient gonflé mais étaient intact : des siècles de préservation sous vide les ayants protégés des décomposeurs. Ignorant ces visions macabres il songea que le complexe était gigantesque. Et lui rappelait vaguement une structure Lanthanienne découverte par les Amaranths, ou du moins ce qu'il en avait appris. Laquelle il ne saurait dire.
Ce fut la jeune femme qui le sortit de sa rêverie :
« Nous y voici. Il ne reste plus qu'à entrer. » Elle ouvrit, ou plutôt força la porte et le groupe pénétra dans la pièce. D'une taille plutôt importante elle aurait pu sans problème contenir le vaisseau d'exploration. Dans un des coins se trouvait une sorte d'ordinateur. Au centre une machine dont la fonction était inconnue qui partait du sol et rejoignait le plafond. Puis dans un autre coin il y avait une sorte de petite table, avec plusieurs boutons sur le côté.
Mût par la curiosité Sarm s'approcha, et appuya sur un des boutons au hasard. Un système stellaire tridimensionnel apparût au dessus de la table. Celui-ci comportait plusieurs points figurants les planètes et leurs lunes, un immense anneau qui devait être la structure, et au centre...
« Un trou noir ! On est dans un système comportant un trou noir ?
-Surprise ! J'imagine... » Répondit le Hardin
« Normalement nous devons éviter de nous approcher de ces monstres ! Dois je vous rappeler l'incident de l'équip...
-Je sais, je sais. Mais rassurez vous : nous sommes bien trop loin pour risquer le même sort que ces imbéciles. Et puis je vous ai dit que nous avions droit à un traitement spécial. J'imagine que maintenant vous savez où nous sommes ? »
Après un bref moment de réflexion l'ingénieur compris enfin.
« Dans une porte spatiale... Mais pourquoi venir ici alors que l'Empire en utilise une dans son système ?
-Il y a deux raisons qui se suffisent chacune à elles même. La première : ce que contient votre boîte est une photopile. Elles sont extrêmement rares, difficiles à produire, et nous ne pouvons en investir qu'une dans notre projet. Nous allons emprunter la porte spatiale pour se rendre « un petit peu plus loin que nos frontières ». Mais une porte spatiale ne reste ouverte que trop peu de temps. Ainsi une fois de l'autre coté nous serions coincé sur la planète, ou devrions rentrer par nos propres moyens. Vu nos provisions ce serait bien trop long. Une solution fut donc trouvé : d'après la plupart des scientifiques de l'Empire un trou noir pourrait, en théorie, prolonger l'ouverture de la porte de plusieurs semaines.
-En théorie ?
Elfar poursuivit faisant mine de ne pas remarquer son interruption.
« Voici la seconde raison : les intrigues politiques. Ce monde appartenait à nos ancêtres. Il est donc juste que nous soyons les premiers à l'explorer, en tirer le maximum d'information, voir le recoloniser. Si nous avions voulu utiliser la porte d'Amaranth, nous aurions dût préciser les motifs, fournir des précisions sur le but de notre voyage, et très certainement, accueillir un délégué officiel extérieur qui aurait revendiqué toute découverte au nom de l'Empereur ou d'une autre grande famille. Bref on nous aurais volé.
-Vous voulez duper notre Empereur ?
-Non. Mais rendons aux Hardins ce qui appartient aux Hardins et à l'Empereur ce qui lui échoit. Nous sommes loyaux à l'Empire, mais avant d'être loyal à des étrangers nous sommes loyaux à nous mêmes. J'espère que vous comprenez ma position Illiath. Maintenant, au nom du gouverneur Véalar Hardin, de notre peuple et de la morale, je vous demande de bien vouloir ouvrir la porte. Les coordonnées vous serons fournies par Sima. »
L'ingénieur prit les coordonnées, mais ne bougea pas. Il réfléchit pendant de longues minutes, à ce que son devoir lui dictait. Tous attendaient sur lui, et les quelques personnes dans la pièce avaient les yeux braqués sur lui.
Finalement il se décida. Il approcha du clavier, et tapa les coordonnées. Le code s'affichait à l'écran. Chacun le relut, car si une erreur s'était glissée, la photopile serait gaspillée et leur voyage aurait été vain.
Il valida le code. Et la porte s'ouvrit. C'était un immense anneau bleuté qui rayonnait d'une lumière propre. Il ne voyait pas au delà de la porte.
« Magnifique... Réellement magnifique » commenta le Hardin «Bien si vous voulez vous donner la peine de rejoindre le vaisseau. Et laissez la caisse ici : nous n'en aurons plus besoin et récupérerons la photopile au retour. »
Sans la caisse pour les gêner le retour fut plus aisé que l'aller. Et puis ils commençaient à se repérer dans cette station. Ils rentrèrent dans le sas, qu'Elfar ouvrit à leur intention, puis rejoignirent les autres au mess, où Elfar voulut les informer de la situation. En omettant certains passages nota Sarm.
Il remarqua que quasiment tous étaient enthousiastes à l'idée de traverser la porte et d'explorer l'inconnu pour le compte de l'Empire. Certains avaient une certaine appréhension dût à l'utilisation de ce moyen. Mais tous acceptèrent d'engager le vaisseau dans le vortex bleu.
D'abord il ne sentit rien. Puis vint une sorte de nausée, et pour finir l'espace. Avec un vortex bleu derrière eux.
« Ça n'a pas fonctionné ? » Demandèrent certains incrédules, qui ne s'étaient même pas donner la peine de regarder au dehors.
« Bien sûr que si ! » Répondit Ahrutr. « Si avant de poser des questions stupides vous vous donniez la peine de jeter un coup d’œil dans l'espace, vous verriez qu'on est autour d'une planète, autour d'une autre planète, en orbite autour d'un...heu...
- Pulsar » L'informa Eloe. « C'est sûr qu'en biologie tu dois pas en étudier des masses. Surtout sur Amaranth. Bon sang que c'est lumineux par contre ! Rien à voir avec le soleil d'Amaranth.
- En bio on nous apprend à ne pas regarder les trucs trop lumineux directement. Ca pourrait t'aveugler, et ce serait fort dommage, non ? »
- Et donc où sommes nous ? » Demanda Sonatta qui en avait plus qu'assez des chamailleries des deux autres.
« Dans une région de l'espace qui nous est encore inconnue. » Répondit Elfar « Je propose d'aller sur cette lune là bas. Elle a l'air d'avoir une atmosphère donc elle serait potentiellement habitable. Et si il y a une porte si près c'est qu'il y a forcément un truc intéressant. »
-Et pourquoi pas des habitants tant que tu y es...
-Si Eloe est contre alors je suis pour ! » S'exclama le biologiste.
Séor glissa discrètement à Sarm « Si on peut les abandonner tout les deux sur cette planète, je suis à fond pour l'explorer.
-Te fait pas trop d'illusion : on en a quand même un peu besoin » Lui répondit l'ingénieur avec un sourire.
En s'approchant de la planète, ils virent que certaines zones semblaient se démarquer du reste. Ils mirent le cap sur la plus importante d'entre elles. Elle était constituée de ruines de bâtiments, d'épaves de vaisseaux gigantesques, et de ce qui devait servir de défenses maintenant hors services, pointées vers le ciel. Cela ne ressemblait pas à Amaranth où les immeubles étaient gigantesques et quasiment tous intacts, où nulle épave ne jonchait le sol et qui ne semblait pas avoir été touchée par des combats. La ville semblait construite autour d'une zone en grande partie vierge de construction. Leur vaisseau s'y posa. Suivant la procédure... En fait non.
Ils sortirent tous du vaisseau, ayant tiré à la courte paille qui devait y rester. C'était tombé sur Eloe, qui s'estimait « Très heureuse de pouvoir rester seule sans l'autre imbécile ».
La première chose qu'ils remarquèrent était l'état de délabrement des structures, bien plus endommagées vu du sol que depuis les airs. Mut par un instinct indicible ils se dirigèrent plus en avant dans ce qui devait être par le passé un parc, et qui était aujourd'hui une jungle. Les principaux végétaux étaient des sortes de fougères, plutôt grandes, qui rappelait celle que les Hardins possédaient dans leurs domaines. Ils arrivèrent alors face à une vaste clairière formé d'un sol artificiel où peu d'herbes poussaient. Au centre de celle-ci se trouvait un bâtiment impressionnant, une sorte de palais, moins endommagé que le reste des constructions. L'équipe décida de rentrer à l'intérieur de celui-ci.
Ils découvrirent un vaste hall, capable d'accueillir largement leur vaisseau. Une mosaïque détruite en plusieurs points. Néanmoins, pour ceux qui l'ont vu toute leurs vies le symbole était très visible. Une chouette bleu, ailes repliées. Ils continuèrent l'exploration, d'un silence religieux. Ils visitèrent dans un premier temps l'intégralité du premier étage, qui abritait de nombreuses salles, vides, des reliquats de meubles, quelques artefacts artistiques, et des râteliers vides. Une pièce plus grande était verrouillée. Ils forcèrent la serrure avec les armes des soldats. Le groupe pénétra alors dans une bibliothèque, d'après les nombreux rayonnages, et les ouvrages numériques éparpillés ça et là. Il leur aurait fallut de nombreux mois pour lire l'intégralité de la collection. Plus encore pour les traduire. Ils ne ramassèrent aucun échantillon ce premier jour. Ne dérangèrent pas le palais-musée. Ils rentrèrent au vaisseau, sans apercevoir une seule forme de vie.
Le lendemain ce fut l'un des soldats qui resta de faction. Mauvais choix se dirent certains car ils avaient réunis le biologiste et la climatologue. Mais étonnamment tout se passa bien. Aucun ne songea à se chamailler. D'ailleurs peu osaient parler, et lorsqu'ils le faisaient, ils veillaient à ne pas élever la voix. Bien sûr rien ne les empêchaient. Mais l'atmosphère en elle même était oppressante, et ce silence semblait engloutir tous les bruits.
Ils s'aventurèrent dans les étages supérieurs. Ceux-ci semblaient contenir uniquement des chambres ou des salles qui devaient servir à des réceptions au vu de leurs dimensions. Une chambre différait des autres : elle était à la fois plus vaste, plus riche, et donnait sur une pièce servant certainement de bureau. Ils en conclurent que c'était la pièce du dirigeant, ou plutôt de la dirigeante, au vue de ce qui s'y trouvait.
Ils arrivèrent finalement dans la dernière pièce de l'étage. Ouverte fort heureusement. Car rien n'aurait pût la forcer. Une longue table se trouvait au centre de celle-ci, elle était dépourvue de fenêtre et plusieurs sièges étaient autour. Certains renversés, d'autres seulement dérangés. Le plus impressionnant était celui en bout de table. Bien qu'il se composât d'un dossier, d'accoudoirs et d'une assise classique, la forme l'était moins. On ne saurait dire comment, mais l'artiste qui l'avait dessiné suggérait la forme d'une chouette. Oh bien sûr c'était très imagé. Mais pourtant, l'illusion y était. Une grande tenture avait dût être suspendue par le passé, car des morceaux gisaient, et ce qui avait servi à la suspendre était toujours accroché. Les boiseries de la pièce étaient clair et contrastaient avec la table sombre. Mais par endroit, elles semblaient partiellement endommagées. Cela n'avait rien à voir avec l'usure naturelle. On eut dit des impacts.
Sortant du palais, ils remarquèrent une autre structure dans le parc. D'un commun accord ils s'en approchèrent. Un caveau. Voilà ce que ce bâtiment leurs rappelaient. Sur ce caveau était gravé les armoiries de la famille en dessous d'autres. Détruites par le temps. Cette fois ci ils laissèrent passer seul Elfar. Après tout cela ne concernait que lui.
Des générations de Hardin reposaient ici. D'eux ne subsistaient que des plaques. Si l'usage était resté inchangé depuis qu'ils avaient échoués sur Terminus, alors derrière ces plaques se trouvaient uniquement leurs crânes. Pourtant un détail était incongru. Au centre du caveau se trouvait un gisant, représentant une femme. Ce gisant semblait avoir été rajouté en hâte. Sur l'épitaphe il pût lire :
« ci-gît Sophia la Sage. Celle qui, par son sacrifice conduira notre peuple à la salvation, ou à la perdition. Que le nom de son meurtrier, le traître Or.d. ne soit jamais …. »
Le bas de l'inscription tout comme le nom du traître était illisible.
Plus profondément dans le caveau Elfar découvrit que I.A.Hardin le Précurseur n'était pas une légende.
Le reste de la ville fut exploré pendant le mois qui suivit. Chacun s'attelait à découvrir le maximum de choses dans sa spécialité. Lorsque le mois fut finalement écoulé, ils quittèrent tous la terre de leurs ancêtres, à direction d'Amaranth.
Symbolique élémentaire
Les oiseaux : les oiseaux de proies ont toujours représenté la maison Hardin, la chouette de Sophia, l'épervier d'Elfar, qui sera gardé par la branche renégate, et le faucon de Fallar. Si les dirigeants se sont représentés avec ces figures ce n'est pas par hasard. De tout temps ceux ci ont véhiculé des images fortes.
Un détail amusant au point de vue de l'histoire, est la position de ces oiseaux : le premier de tous la chouette était ailes repliées, le second s'envolait tandis que le dernier est en vol. Si la coïncidence amuse elle est purement fortuite.
La chouette montrait une attitude de tempérance, de calme et de protection. L'épervier lui symbolisait la deuxième époque des Hardin, la découvert spatiale et l'exploration, la rencontre de nouveaux peuples et l'inconnu, tandis que le faucon représente la phase où l'empire doit assoir son pouvoir sur une galaxie troublée, il ne peut plus simplement se permettre de protéger son peuple il doit aussi agir. On ignore toujours comment les Hardin se représentait avant Sophia, bien que certains plaisantins parle d'un œuf jaune sur fond blanc.
Notre équipe s'excuse de l'important délai qui sépara notre précédent article de celui-ci. Les autres sujets devraient normalement être plus réguliers, à moins de cas de force majeure. Bien que certains points de notre culture soient évidents pour nous, nous ne savons pas si il en est de même pour vous. Ainsi, nous vous invitons à ne pas hésiter à contacter nos services sur Terminus si vous souhaitez qu'un point soit explicité. Nous répondrons à vos questions dans le domaine du possible. Cela se fera conjointement à la parution d'autres communiqués.
Bruat Ehtrachut Orateur chargé de la communication extra-terminienne.
Je ne manque jamais à mes principes. Et ceux ci vont toujours dans le sens de mes intérêts.