Melwig ouvrit doucement les yeux et bailla longuement en s'étirant avant de se lever pour remettre de l'ordre dans ses cheveux blonds, et de profiter de la tranquillité qui lui était offerte pendant deux semaines. Le mari de sa fille, Golardir, avait pris la tête de la famille pendant deux semaines afin que la dame du Nord puisse s'occuper un peu de son ami de toujours, Tauriel Féataure.
Cette dernière allait mal. Ses forces étaient en train de la quitter progressivement alors que le débat sur l'exil des Sindar devenait de plus en plus pressant. Elle qui avait organisé le premier n'avait nullement envie d'en voir un deuxième. De plus, elle était maintenant à la tête de la province du Harlond depuis trois cents ans, et la lassitude la gagnait au fur et à mesure que les années passaient. Elle s'en rendait parfaitement compte, commençant à méditer sur les moyens de quitter le pouvoir pour le laisser à quelqu'un plus à même de gouverner dans un état où régnait la jeunesse éternelle, où le seul moyen de quitter le trône était de mourir.
Cette tradition apparue lors de l'âge sombre sur Amaranth était justifiée à l'époque au vu des courte vie en vigueurs en ce temps, mais aujourd’hui elle pesait bien lourd sur les épaules de la dernière impératrice.
Évidemment, Melwig s'en était bien rendu compte, mais c'était bien la seule. Tauriel n'avait fait montre d'aucune dépression plus forte que celles qui la touchaient d'habitude et personne n'avait rien remarqué. A l’exception de ça plus proche amis d'enfance.
Celle ci lui avait alors imposé de prendre des congés, et lui avait organisé des vacances de deux semaines à Menelnerîn, un port Earwing à l'Est du continent, un peu au Nord des contreforts des Ered Negrelims qui s'avançaient brusquement vers le Sud dans cette région froide et balayée par les vents.
La ville, bien que de belle taille, était plutôt tranquille pour un port, et située dans une baie large et relativement profonde, elle était protégée des vents en provenance du Fornost non loin, et le climat y était agréable.
L'impératrice accepta et laissa la direction de son domaine à Olotha, en charge de l'appeler s’il y avait le moindre problème. Elle fit donc ses valises et partie rejoindre Melwig à Valendën, et les deux partirent ensuite à bord du vaisseau de Melwig qui était la seule des deux à connaître la région.
Une fois là-bas, Tauriel s'était un peu détendue, mais pas forcement beaucoup. Une ombre continuait à planer au-dessus de sa tête alors que la décision de quitter l'Empire avait été prise quelque moi plutôt.
Une fois sa coiffure a peu près en place, Melwig décida d'aller réveiller Tauriel avant de prendre le petit déjeuner, cela ne lui ferait pas de mal.
Encore à moitié endormie, elle parcourut les couloirs de l'étage du palais de la ville et frappa doucement à la lourde porte en bois derrière laquelle elle supposait que Tauriel dormait à point fermé. Si au moins cela pouvait énerver son amie au point de lui crier dessus pour le réveil, elle l'aurait un peu réanimée. Mais rien ne vient, même pas les bougonnements d'une Galendhrîm réveillée pendant un rêve délicieux. Melwig retoqua une deuxième fois, mais comme rien ne venait, après avoir frappé la porte à nouveau, elle rentra dans la chambre de Tauriel bien décidée à la secouer dans son lit.
Dans la chambre, les volets étaient ouverts, et Tauriel était calmement étendue sur son lit, les yeux fermés tournés vers le plafond agrémenté de poutres vernies. L'impératrice ne remarqua pas l'entrée de Melwig et ne bougea pas d'un poil.
Cette dernière resta quelques instants à l'entrée de la chambre, attendant de voir si Tauriel allait se réveiller, bien étonnée de ne pas avoir de réponse au vu du bruit qu'elle avait fait en entrant. Puis elle décida de s'approcher et s'avança sans plus faire de bruit inutile jusqu'à être à dix centimètres du lit de Tauriel. Quelque chose ne tournait pas rond.
La Luithrîm la secoua mais il ne se passa rien, si ce n'est la petite capsule métallique qui tomba tout d'un coup de la main gauche de Tauriel et roula un peu sur la couverture orange.
Melwig ne savait plus que penser, aussi prit elle la capsule et l'ouvrit, au cas où. Celle ci ne contenait qu'une lettre écrite de la main de Tauriel elle même.
Melwig jeta un coup d’œil à son impératrice avant de la lire, se demanda avec angoisse quelle folie cette dernière avait pu commettre.
Chère Melwig, commença t-elle à lire.
Il y a plus de trois cents ans, et cela avec ton inestimable concours, je menais les Sindars vers un avenir meilleurs sur Harlonduneï, après le choix de l'exil d'Amaranth.
Pendant trois cents ans, le sort de milliards d'individus ont reposé sur mes trop frêles épaules, qui se seraient abattues depuis longtemps si tu n'avais pas été là pour les soutenir.
Durant les cent premières années, les Sindars furent à travers moi l'un des piliers d'aelron qui permi non seulement son unification mais également la mise en place d'un espoir commun à travers la lutte contre l’oppression zétranne d'alors, qui allait plus tard venir sur nos terres et les dénaturer.
Après la mort d'Hurin, la province du Harlond déclina sur le plan diplomatique, mais malgré l'affliction que cela me causa, elle continua de croître lentement, et finit par rejoindre l'Ordre de la Citadelle, bien que je le fasse sans grande conviction.
Le poids de ma charge commençait à s'exercer lourdement sur mes épaules, et qui mieux que toi peux comprendre que finalement, je n'étais pas faite pour ce destin ?
Mais tu sais déjà tout cela.
Après la trahison du Comptoir d'Espen et l'attaque mené contre Harlonduneï, j'ai cru un instant que jamais les Sindars ne se relèveraient et qu’ils mourraient petit à petit. Ce ne fut pas le cas, mais l'attachement à Amaranth, lui, avait disparu. Et moi avec.
La place d'impératrice n'est plus la mienne, tout comme la destiné de notre peuple est désormais de s’exiler. Et tu connais le seul moyen pour moi de trouver la paix. J'espère que tu comprendras.
Prends soin des Sindars après mon départ.
Ton amie d'enfance.
Tauriel.
Melwig n'en revenait pas, et pourtant elle aurait du le prévoir. Elle posa doucement sa main sur la partie gauche de la poitrine de Tauriel, mais celle ci ne battait plus. Elle était vraiment morte, et son visage arborait un sourire paisible alors que ses yeux s'étaient fermés à tout jamais.
La nordiste lâcha la capsule qui roula sur le parquet, puis elle tomba à genoux, et une fois la tête enfoui dans la couverture, elle pleura pour la première fois depuis longtemps. Complètement hébétée et abattue par le chagrin, elle resta là pendant des heures, et ne fut retrouvée que plus tard par les serviteurs qui ne la voyant pas descendre s'étaient mise à sa recherche.
Les autorités de Menelnerïn prirent la garde du corps de Tauriel Féataure en mains et alors que Melwig était amené dans une partie de la ville relativement isolée, la nouvelle fut transmise vers tous les mondes Sindars, y compris Amaranth et 15 milliards d'harlondais apprirent avec stupéfaction que leur Impératrice avait disparut, et la branche harlondaise de la maison Féataure avec.