Edvin Danjel

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Mar Mai 08, 2018 11:56 am

  • Titre : Edvin Danjel
    Statut : En cours
    Participants :
    - Alliance de Boson
    - Confédération Stellaire Batuléenne (occasionnellement)
    Date : du 39 Volahn (9) de l’an 17.658 à l’an 17.661 TSU


    39 Volahn (9) de l’an 17.658 TSU
    Bar « Le Miron Assoiffé », centre boursier de Lahm, territoire Thelios.


    Ce petit bar était une escale obligée entre deux livraisons ou avant de repartir vers les étoiles. Pilotes, capitaines, marchands et trafiquants de toutes origines étaient assis autour des tables et des comptoirs, discutant, sirotant des boissons au taux d’alcool probablement supérieur aux seuils autorisés, fumant des cigares. Leurs visages affichaient une lassitude frappante, une langueur forgée par des centaines d’allers et retours vers les différentes colonies Thelios de la région. Un ennui qui venait affliger d’un ton morne les conversations qui s’élançaient par-dessus le fond musical.

    - Alors, ta livraison de photopiles sur Ykos ? commença un pilote.
    - Du jamais vu, lui répondit le marchand assis à la même table. Les spatioports ont souffert de la guerre avec les Ducaux. J’ai attendu treize heures avant que la régulation du trafic m’autorise à me poser.
    - Ton client n’a rien dit ?
    - Non. Il m’a même versé un petit pourboire, pour la rapidité du service.
    - Et bien… lâcha le pilote en finissant son verre en une gorgée.
    - Quand je te disais que ce vaisseau, c’était le plus rapide de tout le cadran, je te mentais pas !

    Il était adossé au comptoir. À la différence des autres clients du bar, lui n’était qu’un banal civil. Un individu ordinaire, qui de l’espace ne connaissait que ce qu’il avait parcouru pour obtenir son diplôme en histoire des Civilisations et des Factions à l’Université Stellaire de Nouvelle Boson. Un périple qui l’avait amené à se réfugier en territoire adréan durant les fortes tensions entre les Thelios et les Ducs. Il avait alors pris pour habitude d’écouter, les discussions anodines s’avérant être des sources très précieuses d’informations.

    - Mais, reprit le marchand, il y avait un truc bizarre. J’ai jamais vu autant de vaisseaux militaires en orbite d’une planète. On croirait qu’ils se préparent à une nouvelle guerre.
    - Possible. T’as vu les saloperies qu’ont fait les Ducaux. Maintenant que la guerre est finie, la Fed veut peut-être en profiter pour mieux se défendre.
    - Je crois pas que ce soit ça.
    - Hmmm ? demanda le pilote en haussant un sourcil.
    - Il y a deux mois, commença le commerçant à voix basse, je suis parti chez les Zetrans pour une grosse livraison. J’y ai rencontré un timonier adréan. On a bu, on a discuté et il m’a parlé des Lokhanos.
    - Des quoi ?
    - Les Lokhanos. Ou Lorkhans, je sais plus trop.
    - Et ce serait quoi ces trucs ?
    - Une espèce intelligente qui serait entrée en guerre avec les différentes factions il y a trois mille ans.
    - Jamais entendu parler.
    - La guerre aurait duré un siècle. Et les Lorkhans auraient perdu, et seraient tous morts.
    - S’ils sont morts, quel est le rapport avec le réarmement de la Fed ?
    - Bah, tu comprends pas ?
    - Non.
    - Je sais pas comment, mais il est possible qu’ils soupçonnent un retour des Lorkhans.
    - Mouais. T’as trop bu surtout. Prends ça, lui dit le pilote en lui tendant un comprimé.

    Les Lorkhans, ou Lokhanos. Une espèce intelligente, qui serait entrée en conflit avec les différentes factions il y aurait plus de trois mille ans… Il sortit un carnet et un crayon de sa veste et gribouilla quelques notes. Il paya l’addition et finit son verre en une gorgée – ce qu’il regretta instantanément. Puis, il quitta le bar.

    Arrivé dans l’un des hangars après s’être enquit des transporteurs à destination de Nouvelle Boson, il monta à bord de l’un d’entre eux une fois qu’il eût payé sa place. Il s’installa alors dans la salle de vie de l’équipage, comme à son habitude. D’abord seul, il fut rejoint par le capitaine du vaisseau alors que le cargo venait de décoller.

    - Vous êtes un ressortissant de l’Alliance de Boson ? demanda ce dernier.
    - C’est exact.
    - Puis-je connaître votre nom ?
    - Edvin. Edvin Danjel. Je suis né sur Kasahr trois ans avant que la Loi de Réhabilitation ne soit votée.
    - Quant à moi, je m’appelle Bilance. Kasahr est l’ancien nom donné à la planète-mère de votre nation, non ?
    - Oui. C’est une longue histoire dans laquelle je ne suis pas spécialisé. J’ai achevé mes études d’histoire des Civilisations et des Factions il y a quelques années.
    - J’ai arrêté mes études bien avant l’enseignement supérieur. Je préfère avoir le cerveau libre pour enregistrer tous les lieux magnifiques auxquels ce coucou peut m’amener.

    Bilance s’adossa plus confortablement dans sa chaise, tandis qu’Edvin sortait son carnet.

    - Dites-moi, avez-vous entendu parler des Lorkhans ? Des Lokhanos ? s’enquit-il.
    - Non. On entend parler de beaucoup de choses, mais je n’ai jamais eu vent de ça.
    - Dommage…
    - En revanche, reprit le capitaine, il y a des légendes qui circulent sur les Melrehns. Ils auraient récupéré des documents très précis sur plusieurs évènements qui ont eu un impact sur Aelron et Varden. Ils doivent probablement avoir des traces quelque part de cette nation.
    - Merci beaucoup.

    Edvin sortit son crayon pour noter ce que venait de lui suggérer Bilance, puis une fois cela fait, rangea son carnet.

    - Vous n’utilisez pas les ordinateurs ? demanda Bilance, légèrement surpris.
    - Il y a des avantages à conserver sur un support physique ce que l’on sait, répondit l’historien, amusé. Combien de temps durera le trajet ?
    - Huit heures. Un petit peu plus si la propulsion hyperspatiale fait des siennes.
    - D’accord.

    Le capitaine se leva.

    - Faites comme chez vous, proposa-t-il. Enfin… N’allez pas mettre votre nez dans les zones sensibles. Vous m’avez l’air de bonne foi, je vous fais confiance.
    - Merci.
    - Vous voulez boire quelque chose ?
    - De l’eau. Juste de l’eau.
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Mar Mai 08, 2018 5:54 pm

  • 1er Erehahn (10) de l’an 17.658 TSU
    Université Stellaire de Nouvelle Boson.


    Vue de haut, l’Université Stellaire de la planète-mère de l’Alliance de Boson représentait dans toute son architecture et sur la totalité de sa surface un prodige et une ambition propres aux Thelios. Érigée sous le Nouveau Directoire en l’an 17.632 TSU, elle permit dès son inauguration la formation de nombre de chercheurs, de scientifiques et d’experts dans des domaines variés tels que la physique, l’histoire, l’économie ou les mathématiques. Dix kilomètres de long sur quinze de large, occupés par des parcs, des bibliothèques, des amphithéâtres, des bureaux et des laboratoires, situés au cœur même de la capitale de Nouvelle Boson. La navette aérienne était donc le moyen de transport privilégié pour se déplacer rapidement sur toute la superficie du complexe.

    Celle qu’avait emprunté Edvin Danjel venait de se poser à l’instant à proximité de l’aile « Histoire ». Il en descendit et se dirigea vers l’entrée d’un des bâtiments. L’air étant assez frais en cette heure matinale, il était vêtu d’un long manteau noir cassis et d’un pantalon assorti ainsi que d’un chapeau gris, qu’il retira lorsque les portes s’ouvrirent devant lui.

    Il rentra dans ce bâtiment où il avait passé d’innombrables journées, avant de bifurquer sur la droite. Point de portes pour accéder aux différentes salles de l’édifice, tout était le plus ouvert possible : des baies vitrées géantes laissaient l’agréable lumière matinale illuminer des étagères de documents hautes de plusieurs mètres. Bien que l’entièreté des archives présentes fût numérisée et pouvait être consultée à n’importe quel moment par les inscrits de l’Université Stellaire, il était possible de venir les feuilleter en ce lieu.

    Edvin s’approcha d’une borne de recherche. Il s’y connecta et lança quelques requêtes. « Lorkahns ». Aucun résultat. « Lokhanos ». Aucun résultat. Il essaya plusieurs variations à de nombreuses reprises : « Lokhan », « Lorkahnos », « Lokans ». Aucun résultat. Dépité, il abandonna ses recherches et se résolut à contacter le professeur Kentebrant, diplômé en théorie des régimes guerriers, avec lequel il entretenait de cordiales relations.

    Il le rejoignit dans son bureau alors que ce dernier finissait de remplir un formulaire. Au bruit des pas d’Edvin, il leva la tête et afficha un sourire radieux.

    - Bonjour, professeur Kentebrant, le salua l’historien.

    Le temps avait causé quelques ravages. Des rides d’expression marquaient le visage basané du professeur. Avec ses soixante-dix-huit ans, Kentebrant faisait partie des doyens de l’Université. Il avait connu la dissolution du Régime des Sept Colonies, lorsque lesdites colonies de l’Alliance de Boson originelle avaient décidé d’un commun accord de devenir indépendantes. Sa voix, en revanche, n’avait absolument pas perdu de sa chaleur.

    - Bonjour, Edvin. Je t’ai déjà dit d’éviter le « professeur » avec moi. Comment se déroulent tes recherches ?
    - Mes excuses. Et mal.
    - Ah ?
    - Il n’existe aucune archive au sujet de ce que je désire étudier.
    - Quoi donc ?
    - Les Lorkhans. Ou les Lokhanos. J’en ai entendu parler dans un bar, sur le centre boursier de Lahm, alors que j’attendais un transporteur pour retourner sur Nouvelle Boson.
    - Dans un bar ?

    Le professeur Kentebrant peinait à contenir un sourire amusé.

    - Oui, répondit Edvin.
    - Tu sais que la…
    - La méthode scientifique ne repose pas sur ce que l’on peut entendre à un coin d’un bar, oui. En revanche, elle repose sur des hypothèses.
    - Quel le sujet de ton étude, déjà ?
    - Les Lokhanos, ou les Lorkhans. Le commerçant qui en a parlé était assez éméché pour avoir la mémoire… distraite.
    - Ah…
    - Vous savez quelque chose ?
    - Moi, non. Mais les Melrehns, probablement. Comme tu le sais déjà, c’est un peuple assez mystique, et il se raconte qu’ils possèdent des archives sur tout ce qui se serait produit dans leur cadran.

    Edvin réfléchit quelques instants en faisant les cents pas.

    - Edvin, assieds-toi. Tu fais mal à mes vieux os à tourner en rond ainsi.

    L’historien s’exécuta.

    - Vous n’êtes pas la première personne à me dire que les Melrehns pourraient en savoir plus, reprit ce dernier.
    - Si tu le dis. Mais je doute que les Melrehns acceptent de transférer des documents ici.
    - Et bien, soupira Edvin, autant aller les chercher directement.
    - Pardon ? demanda Kentebrant, surpris.
    - Je veux en savoir plus. Et s’il faut passer en Aelron, ça ne me dérange pas. Je suis bien resté coincé plusieurs années en RCA à cause de la guerre avec les Ducaux, et je suis toujours là.
    - La jeunesse !

    Edvin se mit debout, et après quelques secondes d’hésitation, demanda :

    - Avez-vous déjà collaboré avec des chercheurs Melhrens que je pourrais contacter ?
    - Malheureusement non.

    Il resta pensif. Il remarqua soudainement un document sur le bureau du professeur. Le pointant du doigt, il demanda :

    - Qu’est-ce ?
    - Ça ? Oh… Un rapport ducal qui date de presque deux siècles. Ils ont utilisé une Lumière Céleste comme une sorte d’arme de guerre, de ce dont j’ai compris.
    - Une Lumière Céleste ? s’enquit Edvin, curieux.
    - C’est assez compliqué à expliquer, soupira le professeur. Il s’agit d’une sorte de trou noir instable, créé artificiellement. Seuls une demi-douzaine aurait été ouverts par différentes factions depuis la fin de l’Âge sombre, mais nous n’avons pas de chiffres exacts.
    - Comment vous l’êtes-vous procuré ?
    - Aucune idée. Le rapport traînait dans nos archives depuis la fondation de l’Université. On ne connaît ni sa provenance, ni sa date de rédaction exacte. Tout juste sait-on qu’il est le fruit du travail de scientifiques du duché de l’Ordre de Selenyon.
    - D’accord, merci beaucoup. Bonne journée, Kentebrant.
    - Au revoir, Edvin. Bon courage pour tes recherches.
    - Merci.

    L’eau était limpide et l’on n’entendait que le bruit des feuilles bruissant au vent. Le plus grand parc de l’Université Stellaire offrait un environnement calme et serein aux visiteurs qui y déambulaient paisiblement. Le soleil était désormais bien haut sur l’horizon, et, pensif, Edvin observait attentivement ce ciel bleu exempt du moindre nuage.

    Il fallait rejoindre le cadran d’Aelron.

    Mais comment ?
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