Des plumes et de la lumière

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Mar Oct 30, 2018 6:55 pm

  • Des plumes et de la lumière


    Parfois, pour mettre fin à la tyrannie, il est nécessaire que le peuple entier se soulève contre l’ennemi. Car, même à l'ère spatiale, rien ne peut stopper la déferlante du peuple opprimé qui veut retrouver sa liberté. Nous allons donc vous raconter comment le tyran PioarMario est tombé, comment ce jour a aussi donné lieu à l’avènement d’un tout nouveau dirigeant, qui entrera dans la légende d’Amatens. Comment a été préparée la révolution des Plumes d’Acier, qui mêla la lumière aux plumes.

    Au commencement était un groupe rebelle mais néanmoins désireux de justice qui préparait depuis des années un plan pour mettre fin à cette tyrannie, dans les sombres recoins de la capitale d’A-20, la planète mère de l’empire tankiste, sous la coupe de l’empereur. Ils formaient un groupe restreint, mais très secret, prenant toutes les précautions nécessaires afin que leur plan ne soit jamais percé à jour par l’empereur. Ils ne tentent pas de faire une guérilla, car ils savent qu’elle n’aura pas assez d’impact et serait facilement étouffée de toute façon. Non, ce qu’ils préparent est un unique combat contre l’armée de l’empereur et qui permettrait en un jour, de se délivrer totalement de son emprise.

    Cependant ils étaient conscient d’une chose : les A-20, les blindés favoris du tyran, qui n’ont pas ou peu de moyens d’être détruits. De plus, il y avait beaucoup de chasseurs en patrouille autour du palais impérial, ainsi que quelques poignées de transports de troupes bourrés de tireurs d’élite, qui n’hésiteraient pas à tuer quiconque ferait le moindre mouvement contre l’empereur. Voilà tout ce que devraient affronter les rebelles. Cependant, à ce moment-là, ils n’imaginaient pas recevoir une aide qui leur serait décisive. Une aide qui venait des recoins isolés de la planète, qui venait des montagnes : une jeune femme et un aigle royal.

    En effet, si vous avez suivi le récit que je vous ait fait de leur rencontre, vous sauriez qu’ils avaient fini par décider de se diriger vers la capitale afin d’apporter une aide à la chute de PioarMario. Et, en effet, au bout de 5 mois de voyage, évitant du mieux qu’ils pouvaient les villes, ils sont arrivés en vue de la capitale. Elle s’étendait jusqu’à l’horizon, recouvrant une surface tellement grande qu’on ne voyait point comment ils imaginaient trouver un quelconque groupe de rébellion auquel ils pourraient apporter une aide définitive. Après avoir observé quelques minutes la capitale, ils se concertèrent rapidement, et ils décidèrent que, pour plus de discrétion, Nikki allait voyager dans le sac à dos de Raphaëlle, autrement, il attirerait tellement l’attention que n’importe qui ayant des projets de mort envers l’empereur risquerait fort d’être découvert en les abordant.

    Ils passèrent la matinée à faire le reste du trajet jusqu’à la capitale, et une fois qu’ils l’eurent atteinte, Raphaëlle fut frappée par l’opulence qui se dégageait de la capitale, alors que sa ville natale n’était que sous-développée. Aussi, elle fut frappée par le nombre de pelotons de blindés qui patrouillaient la ville, en proportion bien plus grande que dans le village où elle vivait. Elle fit de son mieux pour ne pas attirer l’attention et chercha un endroit où se loger, bien qu’il n’était que le milieu de la journée. Pour ce qui était des vivres, elle n’avait pas besoin de s’en préoccuper car elle avait des provisions pour plusieurs jours.

    Elle finit par trouver une chambre pour passer les nuits dans la capitale, et s’y installa immédiatement, non pas pour y dormir, mais surtout pour permettre à Niki de sortir de son sac et de se dégourdir un peu les pattes. Elle lui donna de quoi manger aussi, vu que l’aigle n’avait aucunement la possibilité de chasser à l’intérieur de la capitale. Raphaëlle en profita pour lui fait part de ce qu’elle avait constaté jusqu’ici :


    « La capitale est tellement grande… Pour trouver un groupe de rebelles visant à renverser PioarMario, ça va être comme trouver une plume dans une vallée.»
    « Sauf que trouver une plume dans une vallée n’a rien de difficile pour moi, qui suis capable de voler et qui ai un regard bien plus perçant que le tiens. Mais je vois ce que tu veux dire.»
    – C’est vrai, j’avais oublié, je cherchais juste une expression adaptée à la situation… Sachant que je ne peux te laisser hors du sac hormis lorsqu’on est dans cette chambre, car autrement on attirerait trop l’attention, et même ce tyran pourrait finir par s’intéresser à nous, ce que je ne voudrais dans aucun cas. Tout ce que je peux faire pour le moment, c’est faire le tour de la capitale, et imaginer comment mettre un plan en place pour tenter de renverser l’empereur, pour faire tout nous-même dans le cas où nous ne trouverions jamais ce groupe.
    « Je suis d’accord avec toi, pour le moment, nous devons faire comme si ce groupe n’existait pas et que nous soyons les seuls capables de renverser ce briseur d’oeufs.»
    – Très bien, détends-toi un peu les pattes et les ailes, car nous allons ressortir pour la durée de l’après-midi.»

    Ils passèrent un moment dans la chambre avant que Raphaëlle ne remette Nikki dans son sac et qu’ils ne reprennent leur observation de la capitale. Cette activité occupa leurs prochains jours, qu’ils utilisèrent pour mettre au point un plan d’assassinat de PioarMario. Leurs journées pendant cette période se déroulaient telles quelles : d’abord ils partaient explorer un coin de la ville qu’ils n’avaient jamais vu le matin, ensuite, après s’être restaurés à leur chambre, ils passaient l’après-midi à observer plus en détail les endroits qui leur paraissaient prometteurs pour une embuscade. Puis ensuite ils allaient se coucher tous les deux à leur chambre.

    Ils firent de leur mieux pour rester discrets, mais en réalité, un groupe de personne remarqua leurs agissements, ou tout du moins, les agissements de Raphaëlle. Ce groupe savait très facilement reconnaître les personnes qui avaient des griefs envers le tyran et qui étaient en train d’agir contre lui. Il s’était concerté avant de décider qu’ils allaient inviter la jeune femme seule, mais qu’ils étaient prêt à l’exécuter si elle montrait le moindre signe qu’elle était un espion du tyran. Ils finirent par envoyer deux des leurs pour l’amener à leur planque.

    C’est pour cette raison que deux hommes abordèrent la jeune femme dans la rue :
    « Êtes-vous Raphaëlle Mace ?
    – Oui, c’est moi, que voulez-vous ?
    – On nous a demandé de venir vous chercher, vous avez attiré l’attention de quelqu’un… d’important on va dire.
    – J’ai la possibilité de refuser ?
    – Non, et en plus, on doit vous bander les yeux pour que vous ne puissiez pas savoir où on vous emmène, du moins, pas tant qu’on vous en aura donné l’autorisation.
    – Si j’ai pas le choix alors… Très bien.»

    Elle savait qu’il ne fallait pas discuter avec ces hommes, sinon elle risquait d’en pâtir. Cependant, elle savait qu’au moins elle avait l’avantage sur eux grâce à Nikki si jamais la rencontre devait tourner mal. Ils la conduirent donc à un véhicule, où il lui bandèrent les yeux. Elle passa le trajet ainsi, dans le noir, mais elle n’avait pas peur du noir, elle craignait que les hommes qui sont venus la chercher soient des agents du tyran.

    Au bout d’une vingtaine de minutes, ils la firent descendre de la voiture, toujours les yeux bandés, puis ils la firent marcher dans ce qui lui semblait être une maison, au nombre de tournants qu’ils lui ont fait prendre. Ils la guidèrent encore 5 minutes comme cela avant de la faire finalement s’asseoir et lui enlever le bandeau qu’ils lui avaient mis sur les yeux. Ils lui demandèrent aussitôt de mettre son sac à dos éloigné d’elle, bien que cela ne lui plaisait guère, elle dût obtempérer. Elle s’arrangea pour le mettre à l’autre bout de la salle, où elle n’aurait pas besoin de tourner la tête pour pouvoir le voir. Ceci fait, elle alla s’asseoir là où on lui avait enlevé le bandeau des yeux. Elle put finalement prendre son temps pour observer la salle.

    Une douzaine de personnes étaient rassemblées dans la salle, dont 4 semblaient des gardes, étant équipés de mitraillettes laser qu’ils tenaient dans leur mains, prêts à s’en servir. Ceux qui étaient assis étaient sûrement le groupe qui dirigeaient la rébellion. C’est ainsi que l’un d’entre eux engagea la conversation :

    « Nous sommes désolés de vous avoir réquisitionnée de manière aussi… Cavalière, mais étant donné la nature de notre groupe, nous ne pouvons pas nous permettre que son existence soit connue de notre ennemi. J’espère que vous nous pardonnerez.
    – Si ça en vaut la peine, tout sera pardonné. Tout d’abord, il serait impoli de ne pas savoir qui vous êtes alors que vous semblez savoir qui je suis.»

    Une autre personne, une femme cette fois-ci lui répondit

    « Nous sommes une groupe de rebelles ayant pour but de renverser l’empereur et de restaurer une politique de développement, étant donné la folie dans laquelle est tombé le dirigeant actuel. Nous sommes plus nombreux que vous ne le pensez. Et le moment venu, tous seront prêts à se battre. Nous savons reconnaître ceux qui ont des griefs contre l’empereur et qui sont prêts à tenter des actions contre lui. C’est un bon signe de voir cela, mais ce n’est pas la manière dont nous devons envisager les choses. Nous devons faire en sorte que ce qui le renverse soit une révolution, de la part du peuple, de sorte que tout le monde comprenne à quel point il nous empoisonnait la vie.
    – Je vois… Que savez-vous sur moi ?
    – Peu de choses à vrai dire. Mais que tu as quand même suffisamment de griefs contre l’empereur pour vouloir mettre au point un plan visant à l’assassiner. Bien que je ne doute pas de ta motivation à vouloir réussir, tu dois être consciente que en l’état, ton plan a peu de chances de réussir.
    – J’ai plus de capacités de réussir que d’autres en réalité. J’ai un petit secret, que je ne vous dévoilerai que si vous me prouvez que vous êtes dignes de ma confiance.
    – Pour cela il faudra d’abord nous prouver que toi tu es digne de notre confiance. Nous voulons d’abord savoir d’où tu viens, quel est l’événement qui t’a poussée à vouloir comploter contre le tyran, et ce que tu pourrais nous apporter.
    – Très bien. D’où je viens : d’un village isolé dans une chaîne montagneuse. Je suis venue à pied, sans aucun moyen de transport afin d’être sûre de ne pas attirer l’attention, car j’ai des moyens d’attirer l’attention en effet. Pourquoi je veux comploter contre PioarMario ? Parce que j’ai vraiment constaté la baisse en moral de la population depuis le début de sa folie, et ce qui m’a vraiment motivé à faire le déplacement, c’est qu’il est allé jusqu’à installer un peloton de blindés dans mon village, ce qui montre combien sa paranoïa a encore monté d’un cran, et que je savais qu’il fallait que j’agisse avant qu’il ne soit trop tard. Aussi, une rencontre a changé totalement ma façon de voir la vie. Mais je ne vous en dis pas plus, car cela fait partie de mon secret.
    – Je vois… Ne nous-diras-tu aucune information de plus quant à ce que tu pourrais nous apporter ?
    – Pas tant que vous ne m’aurez pas montré en quoi je puis vous faire confiance.
    – Tu sais que si nous te livrons nos secrets et que ce que tu nous donne en garantie par la suite est insuffisant, nous devrons te tuer ?
    – J’en suis consciente, mais pas moins prête néanmoins.»

    L’assemblée se concerta rapidement avant que le premier homme qui avait parlé reprit la parole :

    « Ce que nous comptons faire, c’est que nous comptons mobiliser la capitale entière dans quelques années afin de déclencher une révolution générale contre la milice de PioarMario. Nous avons réussi à réunir un groupe considérable de partisans en secret jusqu’ici, d’autant plus que ce nombre grossira au fil des années. Cependant… Nous nous heurtons à deux problèmes jusqu’ici : premièrement il s’agit des chasseurs en patrouille. Nous avons peu d’armes sol-air, et nous savons pas ainsi comment éliminer les tireurs d’élites qui sont à bord des transports. Deuxièmement : les A-20. Ces pestes sont suffisamment blindées, et nous avons si peu d’armement suffisamment perforants pour parvenir à en vaincre quelques uns. Cependant nous avons des tonnes de pains de X4, mais étant donné qu’ils ont de très bonnes mitrailleuses contre l’infanterie, nous avons pas trouvé de moyen de nous approcher suffisamment pour les poser sur eux afin de les faire détoner. Voilà notre plan et ce que nous comptons faire. Maintenant, Raphaëlle Mace dis-nous ce que tu pourrais apporter.»

    Elle sembla réfléchir quelques instant, jetant des coups d’oeil furtifs vers son sac, avant de répondre :

    « Le premier problème, je pense pouvoir vous aider à le régler facilement. Mon secret pourrait apporter cela. Le deuxième par contre… Je crois avoir une idée, mais il me faudra réfléchir. Vous m’avez livré vos secrets, me prouvant votre confiance, mais je vais poser une dernière question avant de donner ma décision : penses-tu que je devrais rejoindre le groupe de résistance ?»

    La tablée entière crut que cette question bien familière fut dirigée à l’homme qui venait de lui parler, étant donné qu’il était face à elle, et qu’il venait de lui livrer ses secrets, mais en fait il n’en était rien. Le sac dans lequel Nikki suivait toute la réunion se trouvait presque jusque derrière l’homme, et c’était bien à l’aigle que Raphaëlle dirigeait sa question. Elle avait pris garde à formuler la question pour garder le doute dans leur esprit un instant encore, le temps que Nikki donne sa réponse par l’affirmative en donnant 2 coups de becs dans le sac, 3 coups auraient signifié un refus selon un code qu’ils s’étaient donné. Alors, avant que la tablée ait eut le temps de faire une remarque sur la familiarité de la question, Raphaëlle poursuivit, l'emploi de la première personne du pluriel les surprenant :

    « Alors, nous acceptons de rejoindre votre groupe et nous ferons du mieux que nous pouvons pour apporter une aide décisive à votre projet. Voici donc le secret dont je vous parlais. Il est plus proche que vous ne l’aviez pensé.»

    Là-dessus elle siffla, et dans la surprise générale, Nikki s’envola du sac, survola la tablée et se posa sur l’épaule de Raphaëlle. L’aigle se frotta la tête sur sa joue puis Raphaëlle reprit ses explications :

    « C’est bien la rencontre dont je vous ai parlée qui a changé ma manière de voir la vie. Et c’est donc celle-ci qui m’a définitivement motivée à tenter une action contre le tyran. Car je sais que si rien n’est fait, il va même finir par s’en prendre au règne animal, et ça, je ne le souhaite absolument pas… Bien, je vous ai révélé mes motivations et mon secret, il reste à vous de décider si vous m’acceptez dans le groupe ou pas.»

    Ils se concertèrent tous ensemble rapidement encore une fois avant que l’homme réponde :

    « Avant de vous accepter rapidement, nous voudrions savoir en quoi cet aigle pourrait nous aider à régler nos deux problèmes.
    – Cet aigle est spécial, vous ne le saviez sans-doute pas, mais il est aussi intelligent qu’un humain, en outre, il est aussi capable de nous comprendre. Mais cela lui donne aussi une position particulière parmi les rapaces, parce cette intelligence est caractéristique d’une catégorie particulière des rapaces, que l’on va appeler les “Aidelairs”. S’il va aux réunions que ceux-ci organisent à peu près chaque année, sous la condition qu’on leur fasse réaliser l’urgence de la situation, on pourra rassembler des centaines, voire des milliers de rapaces pour organiser l’assaut le jour J.
    « Pour le problème des chasseurs, il sera facilement réglé, puisqu’ils seront capables de s’infiltrer dans les cabines et de tuer les pilotes, ainsi que pour les transports de troupes. Pour le problème des A-20, ils seront capable de placer les charges de X4 sans trop de dommages, puisque le seul point faible des A-20 sont qu’ils n’ont pas de mitrailleuse permettant de tirer dans les airs. Voilà en quoi cet aigle pourrait régler vos problèmes.»


    Nikki soutena ses propos d’un hochement de tête, tandis que les membres du groupes rebelles se regardaient en hochant tous la tête, alors l’homme dit :

    « Nous vous acceptons dans notre groupe, en espérant que l’aide que vous nous apportez est aussi grande que ce que vous le prétendez. Cependant, afin qu’on ne prenne pas de risques, les premiers jours, on vous amènera ici les yeux bandés, jusqu’à ce qu’on décide qu’on peut vous vouer une totale confiance, alors vous pourrez siéger à cette tablée, et l’emplacement de notre quartier général vous sera révélé. Vous pouvez disposer.
    – Très bien, nous vous remercions de votre confiance.»

    Elle caressa machinalement la tête de Nikki avant de se lever, d’incliner poliment la tête, et de sortir de la salle, après que ses yeux aient été bandés de nouveau.

    On la ramena à l’endroit où ils l’ont trouvée et elle rentra donc à l’hôtel où elle logeait. C’est ainsi que commença pour elle une longue période faite de voyages, de rencontres clandestines, de plans de prise de pouvoir… Elle accompagna notamment Nikki aux réunions d’Aidelairs pour l’aider à convaincre ses siens à participer à la grande bataille. Hésitants aux débuts, les rapaces se sont laissés peu à peu convaincre à mesure que PioarMario lançait ses plans de réaménagement du territoire, qui consistaient à terraformer la planète au détriment de la population sauvage. A partir de là, ils parvinrent à convaincre une grande partie de la population rapace à participer à la révolution.

    Les préparatifs prirent en effet 5 ans à finir, avant le jour J, celui où la révolution allait être lancée. Les préparatifs se sont déroulés dans un tel secret que le seul aspect inhabituel ce jour-là était une invasion massive de rapaces dans la capitale la veille…

    Ce jour-là, Raphaëlle se sentait stressée, elle avait eu du mal à dormir, et le fait qu’elle soit la clé de voûte de la rébellion et donc que le succès de l’entreprise ne dépende que d’elle l’effrayait beaucoup. De plus, dans ces moments-là, c’est normalement Nikki qui lui apportait du réconfort mais étant donné qu’il devait coordonner l’assaut des rapaces, ce soir-là, elle ne pouvait être présente avec la jeune femme. Prenant sur elle, elle serra le poing, et se leva de l’endroit où elle était assise en déclarant au groupe dont elle avait le commandement : « C’est l’heure.»

    Tout le groupe, chacun tentant par des moyens divers d’évacuer le stress qui pesait sur eux, finit par se lever à l’appel de leur commandante. Elle passa en revue leur équipement une dernière fois, puis finit par leur déclarer :

    « Messieurs, mesdames… Vous êtes ici parce que vous avez souffert, souffrez ou que vous savez que vous souffrirez si rien ne change. Aujourd’hui, quoi qu’il arrive, sera un jour qui marquera l’histoire. Aujourd’hui marquera le début d’une nouvelle ère ou le jour qui scellera un destin de souffrance. Aujourd’hui nous allons nous battre pour la liberté ou tous périr pour nous être opposés à la tyrannie. Vous ne devez pas faiblir si vous croyez à votre but, mais si certains veulent abandonner face à l’ampleur de la tâche, qu’ils se manifestent maintenant ou se taisent à jamais.»

    Après avoir laissé quelques secondes pour être certaine que personne ne se manisfesterait, elle reprit son monologue :
    « Vous connaissez tous votre rôle, mais souvent pas plus, car nous avons dû prendre quelques précautions pour assurer la réussite de notre entreprise, mais ne désespérez pas, tout vous sera révélé dans le feu de l’action. Accomplissez votre rôle et vous pourrez être fiers d’avoir apporté votre pierre à l’édifice. Vous devez être certains de votre confiance, car si jamais vous échouez, ce sera un pas en arrière dans notre mission, qui a déjà, je ne vous le cache pas, d’assez mince chances de réussite. Mais nous savons aussi que nous ne pouvons retarder plus, car on n’aura probablement pas d’autre occasion, donc c’est maintenant... Ou jamais.»

    Elle prit une pause de quelques secondes pour souffler, avant de conclure :

    « PioarMario DOIT être défait, c’est un terrible ennemi, et si on ne fait rien contre lui, il deviendra tellement puissant que plus rien ne pourra l’arrêter. Alors laissez de côté vos doutes et plongez-vous à coeur perdu dans la bataille… Maintenant, allons-y, nous devons nous mettre en position avant le signal.»

    Avec ces derniers mots, ils dissimulèrent tous leurs armes dans leurs vêtements et sortirent en rang de la salle où ils étaient planqués.

    Une fois dans la rue, ils se dispersèrent pour ne pas attirer l’attention en se déplaçant tous ensemble. C’est seulement au lieu de rendez-vous qu’ils purent se retrouver tous pour finalement mettre en application le plan qu’ils avaient perfectionné au cours de ces dernières années. Ils n’avaient plus qu’à attendre le signal, qui viendrait du ciel.

    Ils n’eurent qu’à attendre une dizaine de minutes, à ce moment-là, une nuée de rapaces envahit le ciel et détourna l’attention de toutes les autres personnes, soldats y compris. C’était un bref instant de distraction qui était crucial, c’est pour cette raison qu’à ce moment-là, ils sortirent tous leurs armes et tirèrent sur les soldats aux alentours. Ils parvinrent à éliminer la plupart des soldats de la place avant que ces derniers ne se rendent compte de ce qui se passait et commencèrent à répliquer. La foule commença à paniquer et évacua la place aussi rapidement que possible. C’est alors que le groupe de Raphaëlle commença à ériger une barricade pour pouvoir tenir jusqu’à l’arrivée des A-20, ce qui prendrait une dizaine de minutes.

    * * *

    L’air était lourd, ce qui était idéal pour cette journée, cela allait pouvoir apporter plus de portance pour les aigles, qui seraient ceux qui transporteraient et placeraient les charges. Nikki donna un dernier coup d’oeil aux environs, avant de se détourner et de commencer la dernière réunion des Aidelairs avant la bataille :

    « Nous y voilà… Dans quelques minutes, nous allons prendre notre envol et participer à la plus grande bataille que n'aura connu le grand bleu. Ceci va être la dernière réunion que nous allons effectuer sans en communiquer l’issue aux humains, car quelle qu’en soit l’issue, nous allons sceller notre wyrd – notre destin – avec celui la rébellion, mais il faut savoir que si nous restons oisifs, nous risquons d’être menacés aussi de la tyrannie de PioarMario. Beaucoup d'entre vous vont probablement sacrifier ce qui leur est le plus cher, et au cours de cette bataille, leur souffle intérieur. Votre décision est sûrement déjà faite si vous êtes ici, mais si vous voulez vous rétracter, c'est maintenant ou le jour où l'invisible cessera de nous porter.»

    Nikki attendit quelques instants afin de voir si quelqu'un allait se manifester, quand il fut clair que personne ne le ferait, elle poursuivit son monologue :

    « Le feu jaune s'est embrasé rapidement aujourd'hui, mais je sais, comme vous le savez, qu'il ne va pas s'éteindre avant que le grand bleu ne soit rouge sang et que le repose-ailes ne tremble face à la folie destructrice des hautes-têtes. Nous, les Aidelairs, pouvons pressentir les événements proches s'ils sont d'une envergure considérable. Je vais vous demander de laisser de côté vos appréhensions pour aujourd'hui et ne pas accorder une confiance aveugle à votre instinct. Nous devons prendre le temps d'évaluer la situation et ne laisser nos plumes nous guider que dans les moments les plus critiques… Bien, je pense qu'on a fait le tour, et vu que l'heure approche, nous allons mettre fin à cette dernière réunion. Que la main de l'invisible vous protège.»

    Après ces derniers mots, ils se séparèrent et se tinrent prêts au décollage. Nikki, quant à elle, se percha sur le bord du toit du gratte-ciel où ils ont organisé leur réunion et ferma les yeux. Elle se concentra, ne sentit d'abord que le souffle du vent qui caressait ses plumes, puis au bout de quelques minutes, étendit sa perception et était désormais capable de voir les couloirs aériens des alentours. Elle mémorisa surtout les majeurs, ceux qui circuleront toujours dans la même direction, puis quelques mineurs, qui étaient certes moins fiables mais peuvent toujours se révéler utile en temps voulu.

    Elle passa quelques minutes à en mémoriser le plus possible avant de sortir de son état d’hyperconscience et examina rapidement une dernière fois tous les rapaces installés sur le toit, examina la foule au sol, où, pour un œil d'humain, chaque humain est à peine plus gros qu'une fourmi, mais son œil perçant était capable de distinguer nettement chaque personne. Elle repéra brièvement quelques rebelles, prit une longue inspiration, glapit faiblement pour attirer l'attention des rapaces des alentours, qui se préparèrent immédiatement à décoller, et déploya ses gigantesques ailes,

    Un bond et deux battements d'ailes plus tard et elle était en train de planer, suivie d'une large escorte de rapaces. Une légère rotation de la tête lui permit de confirmer que tous les rapaces étaient en train de décoller, elle poussa alors un glapissement triomphal, qui fut repris par tous les rapaces autour d'elle, ce qui ne manqua pas d’attirer l'attention de tous les humains à portée d'oreille.

    Une fois la distraction effectuée, et alors que la bataille commençait au sol, elle orienta son escadrille, de loin la plus imposante, vers la base aérienne afin d'éliminer le plus de chasseurs possibles, avant qu'ils ne décollent.

    La bataille ne fait que commencer, et elle va demander un lourd prix de plumes…

    * * *

    BOUM

    Une déflagration se fit entendre après que Raphaëlle ait réussi avec succès à lancer une charge de X4 sur un A-20 ennemi, le mettant hors service. Elle savoura cette réussite un bref instant avant de continuer à tirer sur les soldats ennemis. En relevant la tête un bref instant, elle put noter que certains soldats commençaient à courir vers les rues adjacentes, sûrement pour tenter de les prendre à revers. Elle prévint alors son groupe de ce danger :


    « J'ai vu des soldats se diriger vers les rues adjacentes, il faut que 4 d'entre vous se replient et leur tendent une embuscade au coin de la rue.» 4 d'entre eux se proposèrent immédiatement. « Très bien, faites vite, si ce contournement réussit, nous risquons sûrement de lourdes pertes et devrons alors nous replier. Or, nous ne pouvons nous permettre de perdre cette position. Maintenant, go !»

    Les 4 rebelles filèrent alors vers leur nouvelle position aussi vite que possible, tandis que Raphaëlle se reconcentrait sur les soldats ennemis qui tentaient dans la mesure du possible de trouver un couvert sur la place, que ce soit un mur ou une simple lampe, n'importe quoi faisait l'affaire. Les soldats, contrairement au groupe de la fauconnière, n'avaient pas eu le temps d'ériger un couvert digne de ce nom, et devaient donc se fier aux couverts de fortune qui sont présents un peu partout sur la place.

    Cette phase dura bien une bonne demi-heure, jusqu'à ce qu'une déflagration se fasse entendre au loin, dans la direction de la base aérienne affiliée à la capitale. Certains rebelles levèrent leurs fusils vers le ciel de joie, tandis que les soldats détournèrent leur regard vers la direction de l'explosion, la peur et l'incompréhension se lisant sur leurs visages. Raphaëlle congratula alors Nikki par radio et lui demanda de l'aide par la même occasion :

    « Bien joué, cela va leur asséner un coup au moral, car ils savent désormais qu'ils n'ont pas la suprématie aérienne, les laissant vulnérables aux attaques venant d’en haut. Cependant, je crains qu'ils ne relocalisent leurs A-20 vers le palais impérial afin de tenter de le défendre coûte que coûte, il serait donc avantageux que ton escadrille vienne défendre ma position.»

    Un glapissement fut sa réponse, signifiant que Nikki avait reçu son conseil et arrivait. La jeune femme coupa alors la radio et transmit l'information à son groupe. Ceci fait, elle jeta un coup d'œil aux mouvement des soldats et fut surprise de voir qu'un certain nombre d'entre eux se repliait non pas vers le palais, mais vers les gratte-ciels. Elle en avertit son groupe :

    « Ils préparent une embuscade, soyez prudent. C'est étrange… Nous allons avancer vers le palais, mais avec prudence…»

    Les membres de son groupe acquiescèrent avant qu'ils ne se préparent à sauter par-dessus la barricade et à pousser jusqu'au palais. Mais, juste au moment où Raphaëlle allait donner le signal de départ, un peloton de 3 A-20 fit irruption dans la place et se dirigea vers le groupe. Raphaëlle pesta et contacta immédiatement Nikki :

    « Un groupe de A-20 vient de débarquer sur la place, nous ne sommes pas de taille à l’affronter, et si nous perdons cette position, tout sera perdu, nous avons besoin de toi immédiatement ! J'ai besoin de toi immédiatement ! »

    Elle n'eut pas de réponse de Nikki, mais elle était certaine qu'elle avait reçu son message. Elle n'aurait plus qu'à tenir jusqu'à ce que Nikki largue les pains de X4 sur les blindés. Cependant, ses espoirs furent de courte durée.

    Une vingtaine de secondes après qu'elle ait contacté Nikki, des coups lourds, avec néanmoins une cadence rapide résonnèrent dans l'école, suivi par d'innombrables cris de rapaces déchirants qui faisait froid au dos. Car ces tirs étaient ceux de canons anti-aérien propulsant des shrapnels en altitude. La fauconnière put apercevoir des dizaines de rapaces tomber du ciel, inertes. Elle ne put retenir les larmes qui lui montèrent aux yeux.

    Une plume qui tomba à ses côtés attira son attention, car elle n'avait pas flotté, mais chuté telle une pierre. Elle la ramassa, et après un examen rapide, comprit pourquoi : des éclats de métal s’étaient incrustés dans la plume, qui était de plus ensanglantée. Un soldat à côté d'elle dit que c'était une plume d'acier, et cela décrivait tellement bien la plume que ce fut le nom donné à cette bataille par la suite.

    Les seuls mots qui vinrent à l'esprit de Raphaëlle furent :


    « Nikki… »

    * * *

    La base aérienne détruite, l'escadrille de Nikki n'avait plus qu'à retourner à la capitale pour apporter un soutien aérien aux rebelles. C'est justement à ce moment-là que Raphaëlle la contacta pour lui demander de l'aide. Après avoir accepté, elle relaya à l'escadrille :


    « Le groupe qui se charge de sécuriser le périmètre autour du palais a besoin de notre aide, c'est le groupe le plus important, si sa mission échoue, tout ce qui aura été sacrifié aujourd'hui l'aura été en vain. Nous allons donc aller vers le centre-ville, éliminer tout A-20 qu'il y aura, et protéger la position lorsqu'ils prendront d'assaut le palais. Vous avez compris ? Tout le groupe acquiesça. Volons vite alors, le temps presse. »

    Ils se dirigèrent alors vers le groupe de Raphaëlle en volant en formation. Pendant ce temps, Nikki observa les mouvements des soldats ennemis, et constata rapidement un détail intriguant.

    Une grande partie d'entre eux fuient les combats et semblent se diriger vers le bunkers. Se rendraient-ils ? Non, ils peuvent encore gagner s'ils continuent à se battre… Mais, c'est quoi ces canons ? Non ! Ils ne vont quand même pas…

    À ce moment-là, tout s'enchaîna. Son instinct le pressa d'atterrir tandis que Raphaëlle la contacta, désespérée, pour une aide immédiate. Nikki n'eut pas le temps de réfléchir, son instinct agit tout seul : elle ordonna à 3 autres aigles de lui donner leurs pains de X4, puis pendant qu'ils se dirigaient vers elle, sentant que le danger se rapprochait, elle n'eut pas le temps d'expliquer :
    « Plongez ! Restez aussi proche du sol que possible !!! »

    Aussitôt qu'elle attrapa les pains de X4, deux dans ses serres et un dans son bec, elle piqua en direction de Raphaëlle, tandis que les autres aigles suivirent l'exemple de l'escadrille et plongèrent vers le sol. Il était temps, quelques secondes après, elle entendit les tirs de DCA qui crépitaient derrière elle. Cependant, elle se rendit vite compte qu'elle risquait de ne pas arriver à temps. Même en piquant autant que possible, elle avait besoin d’aide. De l'aide de l'invisible. Il n'y avait que ce moyen.

    Car lorsqu'elle eut examiné les courants aériens, elle avait repéré un puissant couloir qui circulait entre les gratte-ciels, cependant il était trop imprévisible et puissant pour être sans danger, mais Nikki n'avait plus le choix si elle voulait arriver à temps. Elle redirigea son piqué pour s'engouffrer en plein centre du couloir, qui était du type que les rapaces appelaient une “déchiqueteuse”.

    Aussitôt qu'elle entra dans l'aire d'effet du courant, l'accélération faillit lui faire perdre le contrôle de son vol. Elle ne broncha pas cependant et laissa son instinct prendre le contrôle de son vol. Elle ne pensait plus, elle réagissait. Le courant zigzaguait entre les tours et menaçait de la projeter sur un mur à chaque virage. Elle ne prêta aucune attention au carnage qui se déroulait autour d'elle et mobilisait tous ses sens pour détecter même les plus infimes variations du courant. Elle retomba ainsi dans l’état d’hypersensibilité qu'elle avait utilisé plus tôt.

    Finalement, elle finit par apercevoir le groupe de Raphaëlle, qui était sur le point d'être submergé par les A-20. En repliant totalement ses ailes, elle parvint à se libérer du courant meurtrier et à entrer dans un piqué contrôlé en direction du premier A-20. Elle savait que plus personne ne se préoccupait du ciel après les tirs de DCA, et qu'elle n'aurait qu'un essai pour placer les pains de X4 sans qu’on ne lui tire dessus.

    Sa vitesse était vertigineuse, en une question de secondes, elle était déjà arrivée au premier blindé. Elle s'en approcha le plus près possible avant de placer la charge qu'elle tenait dans son bec. Ceci fait, elle fit de même sur le deuxième Tank, puis sur le dernier. La dernière charge posée, elle s'éloigna le plus rapidement possible pour à la fois se mettre à l'abri des soldats ennemis et de l'explosion des charges. Trois explosions successives lui prouvèrent que sa mission était accomplie. Elle se dirigea finalement vers une ascension thermique pour rejoindre son escadrille. Une brève réponse lui parvient de la part de Raphaëlle, un unique mot qui valait de l'or à ce moment-là :

    « Merci »

    * * *

    Le sauvetage de Nikki a redonné toute sa confiance à Raphaëlle, qui, après un rapide coup d'œil, vit que les forces gardant le palais étaient bien maigre en comparaison des rebelles. Elle contacta les autres groupes pour les inciter à la rejoindre afin de lancer l'assaut final. Puis elle fit un dernier discours pour remotiver les troupes :


    « C’est notre chance ! Tentons d'entrer dans le palais avant que leurs renforts arrivent, car si nous parvenons à capturer ou tuer le tyran, sûrement l'armée va stopper le combat. N'oubliez pas tous les sacrifices qui ont été nécessaires aujourd'hui afin que nous obtenions cette unique chance de retrouver notre liberté de mouvement… Donnez tout ce que vous avez ! Pour les rebelles ! Pour la liberté ! Pour les rapaces ! Pour les Aidelairs ! »

    « Pour les Aidelairs ! » Reprirent en chœur les rebelles, avant de se lancer tous ensemble vers le palais. Les quelques soldats qui gardaient l'entrée tentèrent de tirer sur les rebelles, mais ces derniers les éliminèrent avant qu’ils ne puissent viser. Galvanisés par l’exploit de Nikki, les rebelles combattirent tel un aigle royal défendant son territoire face à un intrus. Ils parvinrent à l'entrée principale en un rien de temps. Raphaëlle leur donna alors de nouvelles instructions :

    « Que la moitié d'entre vous gardent cette porte, l’autre moitié va me suivre pour sécuriser l'ascenseur privé de PioarMario. Vérifiez vos cibles avant de tirer ! Nos alliés arrivent pour nous aider lors de l'assaut final. On y est presque, encore un peu de temps… »

    Tandis que les rebelles restèrent dans le hall, Raphaëlle et l'autre moitié de son groupe se dirigèrent vers l'ascenseur direct du tyran, s'attendant à rencontrer de larges groupes de soldats. Il n'en fut rien. À la surprise de la jeune femme, le palais semblait déserté des soldats ennemis. Elle considéra la possibilité d'un piège, mais passa outre, ils n'auraient sûrement pas d'autre si belle occasion…

    Le rebelle spécialisé en piratage s’attela immédiatement à pirater l’unique voie vers le sommet. Il sortit un ordinateur quantique portable et le relia à une prise d'accès. Le piratage ne prit pas beaucoup de temps, ce qui surprit encore Raphaëlle qui s’attendait à ce que la porte soit dotée des systèmes antipiratage les plus perfectionnés. Elle réfléchit un instant, puis décida d’attendre les autres dirigeants rebelles.

    Ils ne tardèrent pas à venir, comme ils se sont mis en route dès l'appel de Raphaëlle, ils avaient juste à prendre la voie qu'ont sécurisée les soldats de la fauconnière. Ils débattirent un court instant avant de décider d’y aller tout de même, les chances d'une armée stationnée en embuscade au sommet étant bien maigres. L’ascenseur étant conçu pour 10 personnes maximum, c'est le nombre qu'ils envoyèrent vers le sommet, Raphaëlle étant incluse.

    Le trajet dans l'ascenseur fut court, ne devant s'arrêter qu'au sommet, il était très rapide. Une fois au sommet, chacun pris le temps de recharger son arme avant de sortir de l’espace rectangulaire. La porte derrière laquelle PioarMario se trouvait était juste devant eux. Ils n'avaient qu'à la pousser, tirer un coup fatal, et tout serait terminé… C’était la phase à la fois la plus simple et la plus compliquée de toute la rebéllion. Ils se regardèrent entre eux, puis hochant tous de la tête, ils poussèrent la porte.

    Le tyran était assis dans un fauteuil, derrière une vitre blindée, il ne semblait pas du tout surpris de la venue des rebelles, ni même mécontent, il semblait même… amusé. Les rebelles pointent leurs blasters sur le tyran, et l'un d'eux s’éclama :

    « Ton règne s'arrête ici tyran ! Rends-toi et le peuple décidera de ton sort, sinon… Tu vas mourir ici même ! »

    PioarMario ne fut pas le moins du monde effrayé par cette possibilité, il s'en moqua même en s’esclaffant. Il parcourut son regard sur l'assemblée avant de répondre :

    « Vous croyez pouvoir vous en prendre à moi ? Pauvres fous, cette vitre blindée est dès plus perfectionnées, vous n’y arriverez jamais à bout avec vos blasters minables. Je vais pouvoir vous regarder mourir par la main de mes gardes sans avoir à sortir une arme ! Votre rébellion minable se termine ici ! »

    Après cette annonce de mort, il appuya sur un bouton et des bruits de pas se firent entendre à l'autre bout du couloir. Après un rapide concertation, ils décidèrent de faire sortir quelques personnes pour défendre la porte tandis que les autres chercheraient un moyen de détruire la vitre blindée. Tandis que Raphaëlle examina la salle, elle cherchait des points faibles aux vitres du tyran. Elle songea même un instant à utiliser du X4, avant de se raviser, il n'y avait nulle par pour se protéger de l'explosion dans la salle.

    Elle ne trouva aucun moyen de passer outre cette vitre blindée, tandis qu'elle entendait les rebelles se faire décimer par les soldats. Face à la perspective de la mort, une pensée lui vint, si puissante qu'on pouvait presque l'entendre crier :
    « NIKKI ! »

    * * *

    Nikki sentit l'appel désespéré de Raphaëlle avec une telle force qu'elle agit par instinct. Elle prit l'ascension thermique la plus proche et même battit des ailes pour s'élever plus rapidement, alors que c'était une grosse source de fatigue pour elle. Une fois qu'elle fut au-dessus des gratte-ciels, elle repéra où était Raphaëlle et piqua vers sa direction. Elle remarqua immédiatement PioarMario et compris le danger de sa partenaire, décidant de briser les vitres extérieures pour tenter de tirer ou blesser l’empereur.

    Son piqué atteignit une vitesse délirante, une vitesse que peu d'aigles royaux ont atteinte. C'est lors de ce pic de vitesse qu'elle transperça la vitre extérieure, qui n'était pas blindée, lacéra l'épaule de l’empereur, et utilisa l'espace de la salle pour ralentir et se poser sur le sol, face à Raphaëlle. Peu de temps après, les vitres blindées se rétractèrent, comme la vitre extérieure avait été brisée et que c'était le protocole d'urgence dans ce cas-là. Après sa surprise initiale, le tyran perdit toute retenue et afficha un visage de haine et sortit un blaster de son tiroir et le pointa vers Nikki…

    PIOU

    * * *

    Raphaëlle avait tiré d'instinct, sans réfléchir. En voyant l'aigle en danger, elle avait effectué la seule réaction pour la sauver : elle avait tué l'empereur. En effet, le tir l'avait atteint au foie, et combiné à sa blessure à l'épaule, il perdait trop de sang pour pouvoir être sauvé. L'empereur en était bien conscient, mais il ne désirait pour autant laisser son empire aux mains des rebelles, c'est pour cela que ses derniers mois furent y ordre à l'intelligence artificielle du palais :
    « Joris, active le protocole exterminatus, mot de passe : M3 Lee. »

    Et il sombra dans le néant avec un rictus au visage.

    La tournure des évènements était tellement inattendue que tout le monde resta bouche-bée pendant plusieurs secondes. Ce fut Raphaëlle qui mit fin à l'état de torpeur généralisé. Elle définit les mesures urgentes à effectuer :


    « Il me faudra un peu de temps pour assimiler ce qui va de se réaliser, mais pour l'heure, nous devons avertir la population que le tyran n'est plus, afin que les combats cessent. Cette guerre fratricide doit prendre fin… Ensuite, la dernière action de PioarMario m'inquiète, surtout par le nom : protocole exterminatus. Nous devons savoir de quoi il en retourne, et ce dans l'heure qui possible. »

    Tout le monde comprit ses ordres, et tandis que les chefs de la rébellion communiquèrent par des messages joyeux la bonne nouvelle, ceux qui avaient des compétences en piratage épluchèrent les fichiers de l'empereur déchu pour savoir quel en est le but. Ils étaient sur le point de sortir lorsqu'ils se rappellèrentv d'un détail : les soldats à l'extérieur de la porte n'étaient pas au courant de la mort du tyran. Raphaëlle leur cria donc à travers la porte :

    « C’est terminé ! L'empereur est mort ! Vous n'avez plus aucune raison de vous battre maintenant, et nous préférerions éviter les effusions de sang inutiles.

    – Vous jurez qu’il est mort ? Que ce n'est pas un piège pour vous approprier la salle ?

    – On le jure, envoyez deux de vos hommes désarmés et ils pourront vérifier le corps. »

    Ils semblèrent délibérer pendant plusieurs secondes avant de toquer à la porte. Les rebelles pointèrent leurs blasters sur les deux soldats, dont l'un d'eux était un général, le temps qu'ils s'assurent qu'ils étaient désarmés, puis ils baissèrent leurs armes et les laissèrent voir le corps, sur lequel Nikki se tenait, triomphante. Le général examina le corps longuement, puis hocha de la tête et déclara par la radio :
    « C’est la vérité, il est vraiment mort, donnez l'ordre de cesser les combats. Je vais effectuer les protocoles nécessaire au changement de dirigeant. »

    Après cette annonce, les rebelles s’exclamèrent de joie et firent une véritable clameur, à laquelle seule Raphaëlle ne participa pas, trop préoccupée par le dernier ordre du tyran, sa seule réaction fut de faire signe à Nikki de venir se poser sur son épaule, ce qu'elle fit immédiatement. Ils se regardèrent longuement avant que Nikki demande :

    « Et maintenant ? »
    – Maintenant on reconstruit. »

    Le général les observa un instant avant de se diriger vers elles, il s'inclina avant de poser une question à Raphaëlle :

    « Excusez-moi, c'est bien vous qui avez donné le coup fatal à PioarMario ?
    – Oui c'est moi, pourquoi ?
    – Parce que selon les lois en vigueur, c'est celui ou celle qui achève le dirigeant actuel lors d'une crise qui devient le nouveau dirigeant de l'Empire. Donc normalement vous devriez prendre sa place, et je répondrais à toutes les question que vous désirez.
    – Je vois… Il y a quelque chose qui m'intrigue en effet, lorsque le tyran est mort, il a activé un dernier protocole, appelé “exterminatus”. Vous savez quelque chose à ce sujet ? »

    Alors que le général avait maintenu une expression neutre jusqu'ici, il ne put réprimer une expression de surprise voire de crainte à l'annonce de Raphaëlle. Il s'empressa d'expliquer.

    « Non… Ce n'est pas possible… Le protocole exterminatus est un projet sur lequel j'ai travaillé, il consiste à disposer d'un moyen d’autodétruire une planète en cas de crise majeure. J'étais contre ce projet bien sûr, en dépit de son intérêt face à un virus destructeur que nous ne pourrions contrer. Le fait qu'il l'ait activé juste pour ne pas que ses ennemis accèdent au pouvoir qu'il possédait est… aberrant. Il nous faut faire vite, la destruction prend effet 8 heures après l'activation.
    – Il n’y a aucun moyen de stopper cette abomination ?
    – Non, le protocole de sécurité est de niveau maximal, et il faut connaître l'autre mot de passe pour le stopper.
    – Je vois… Alors tout ceci n'aura servi à rien…
    – Non, il y a un espoir. Nous ne parviendrons pas à sauver l'ensemble de la population, ou les autres planètes, mais il y a un vaisseau de colonisation stationné en orbite, en l'utilisant, nous pourrons probablement reprendre du début et sauver les technologies. Certes le sacrifice va être lourd, mais nous ne pouvons l'éviter.
    – Il n'y a pas de temps à perdre alors. »

    Raphaëlle prévint alors les rebelles des révélations que venait de lui faire le général, la surprise fut grande, mais tous savaient ce qui devait être fait. Ils rassemblèrent les habitants qui étaient sortis de la rue, ne voulant pas faire d’annonce globale afin de ne pas créer de mouvement de panique inutile. Ils embarquèrent autant de monde qu'ils pouvaient dans le vaisseau de colonisation, et installèrent les modules basique à la vie dans un transporteur grande capacité. Cela pris à peu près 4 heures, et Raphaëlle faillit refuser d'embarquer dans le vaisseau de colonisation.

    Elle finit cependant par se laisser convaincre par la nécessité d'un dirigeant ayant de l'autorité mais imposa une condition néanmoins : il fallait embarquer les rapaces aussi. Personne ne fit objection à cette condition, ils savaient qu'ils avaient le devoir de leur permettre leur survie après le rôle qu'ils ont joué dans la bataille.

    6 heures après la mort de l'empereur, les vaisseaux décollèrent, car il leur faudrait du temps pour s'éloigner suffisamment de la planète afin de ne pas être affectés par les débris qui allaient être créés sur à l'explosion de la planète. Pendant tout le décollage, Raphaëlle resta à proximité d'une vitre avec vue sur la planète mère de l'Empire Tankiste, qui allait maintenant disparaître. Nikki était perchée sur son épaule pendant tout ce temps. Tous deux gravaient dans leur mémoire cette unique et ultime vue de l'espace sur la planète, qui les a vus grandir, permis leur rencontre et une des plus belles amitiés qui peut exister à l'ère spatiale. Et cette planète était sur le point de disparaître, victime de la folie d'un homme.

    Pendant un long moment, rien ne se passa. Puis une fissure béante traversa la surface de la planète, qui en fit le tour, suivie par d'autres fissures, enfin, lorsqu'on put penser qu'elle allait rester en un seul morceau, une déflagration causée par une gigantesque bombe illumina la planète, et l'instant d'après, tout ce qui en resta fut des débris qui s'étendaient rapidement dans toute les directions. C'est à ce moment-là que le vaisseau de colonisation passa en mode hyperespace, afin de ne pas être affecté par les débris. Pendant ce temps, Raphaëlle ne pouvait plus se retenir et pleurait.
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Mar Oct 30, 2018 7:05 pm

  • * * *

    Il faut 5 ans de voyage pour trouver une planète habitable qui répondait aux critères exigés par Raphaëlle pour la nouvelle planète mère de l'Empire : montagneuse, de type continentale et assez éloignée d'une naine rouge. Tandis que le vaisseau de colonisation amorçait sa descente finale, Raphaëlle se tenait prête à descendre : elle avait insisté pour qu'elle fasse partie, avec Nikki, du premier groupe à mettre pied sur la planète.

    La porte s'ouvrit et Raphaëlle inspira à fond l'air de la planète, qui était pur. Elle regarda Nikki, et ensemble, ils placèrent le premier pied sur cette planète. Raphaëlle déclara donc :


    « Je fonde Élémenta, qui sera la planète mère de l'Empire Aidelair. Qu'un avenir glorieux suive notre chemin. »

    Et elle fut suivie par un tonnerre d'applaudissements.
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