Annexe 03 : retrouvailles :L’ancien capitaine Scrat sorti de la demeure de Don Katrevo à la vitesse de l’éclair, et, à peine arrivé chez lui, il commença à consulter les informations que lui avait données le parrain. Il ne serait pas facile de parvenir jusqu’au dirigeant des « sang et ombre ». Leur quartier général était une vraie place forte.
Les images satellites montraient que la résidence était entourée d’un grand mur parsemé de miradors, huit en tout, quatre aux coins des murs, et quatre aux centre. D’après les informations données par Katrevo, chaque poste d’observation entrait en communication avec ses deux voisins toutes les demi-heures. Il faudrait donc éliminer les huit gardes en même temps sans éveiller les soupçons à l’intérieur du QG.
Ensuite, il y avait un réseau de détecteurs en tout genre disséminés à l’extérieur. Thermiques, cinétiques, magnétiques… tout ce qui pouvait de près ou de loin détecter un moustique s’approchant de trop près.
Enfin, la forteresse était sous bonne garde. On y comptait en permanence une quarantaine d’hommes bien armés, et entièrement dévoués à la cause de leur maître.
« Ca va être coton de rentrer là dedans… » se dit-il tout en lisant le reste des informations, concernant le chef de famille en particulier. Celui-ci était entouré de sa garde personnelle, une dizaine de gorilles surentrainés qui n’allait pas les laisser passer facilement.
« Bien, je pense que j’ai tout ce qu’il me faut. »Scrat commença alors à rechercher ses anciens « collègues ». Le premier était Viktor Trend. Il n’y avait aucun moyen de le contacter à distance donc Scrat décida d’aller le trouver par lui-même. Il trouva dans les fichiers de l’armée qu’il avait conservé l’adresse de l’ancien sniper, et s’y rendit le jour même. Trend habitait dans une banlieue à l’écart du centre-ville, au dernier étage d’une tour résidentielle.
L’ascenseur tomba en panne pendant la montée, et Scrat du faire le quart du chemin à pied, grimpant les trente étages restant au pas de course. Il arriva devant la porte de l’appartement, et lut à coté de la plaque où était marqué le nom du résident un petit écriteau sur lequel était marqué en rouge «
ne pas déranger ». Il sonna et la porte s’entrouvrit, retenue par deux chaines de sécurité. Dans la pénombre, il appercu une femme qui lui dit :
« Vous ne savez pas lire? C’est pour quoi ?-Je suis un vieil ami de Viktor. Son ancien sergent en fait. »La jeune femme le regardait d’un air méfiant. Elle semblait hésiter, puis finit par répondre :
« Viktor ne veut voir personne. » et elle ferma la porte. Scrat eu juste le temps de placer son pied dans l’ouverture.
« Dites lui que le sergent Scrat à besoin de lui. C’est vital. S’il vous plait. »Elle cligna des yeux, réfléchit un instant, puis lui dit qu’elle allait lui en parler, avant de fermer la porte vigoureusement. Il plaqua son oreille contre la porte, et entendit que la jeune femme avait une conversation avec quelqu’un.
« … veut te voir… il insiste… prétend que tu le connais … Sergent Scrat…-QUOI ? Mais pourquoi tu l’as pas dit plus tôt ? Va lui ouvrir tout de suite ! » lança une voix que Scrat ne reconnu pas.
Les serrures cliquetèrent et la porte s’ouvrit en grand, devant une jeune femme en robe verte et aux cheveux d’un noir de jais. Elle le fit entrer dans l’appartement, et il la suivit jusqu’à une petite pièce sombre ou il put seulement distinguer une silhouette sur un fauteuil. Les rideaux étaient tirés, et aucune lumière n’était allumée dans la pièce.
« Mon vieil ami ! Quel plaisir de te revoir !-Je ne peux pas en dire autant » répondit Scrat. Sa méfiance n’avait fait qu’augmenter à mesure que l’autre personnage parlait. Sa voix n’était pas humaine, on aurait dit des intonations synthétiques.
« Ah, oui, je comprends, tu n’es pas au courant.-Au courant de quoi ? »La silhouette se leva du fauteuil, et se dirigea vers la fenêtre. Scrat recula d’instinct en voyant son mystérieux interlocuteur s’approcher. Celui-ci, d’un geste ample, tira les rideaux, laissant Scrat face à une vision stupéfiante. Sa méfiance était justifiée, car il se trouvait maintenant devant un être totalement synthétique, un robot humanoïde à la cuirasse blanche resplendissante, sur laquelle la lueur du soleil se reflétait en milles éclats lumineux. La stupeur fut rapidement remplacée par un reflexe de protection, et Scrat tira son blaster, le pointant sur la tête du robot.
« T’es qui toi ? Tu n’es pas Viktor ! »Le robot se tourna vers Scrat, et celui-ci put voir que son visage avait été façonné sur un modèle humain. Le plus surprenant était que Scrat y reconnaissait les traits de son vieil ami Viktor.
« C’est quoi ce délire…-Je comprends ton étonnement. Peu de monde m’a vu tel que je suis à présent. Mais je vais tout t’expliquer. Assied-toi. Tu veux boire quelque chose ? »Scrat ne baissait pas sa garde. La jeune femme, qui restait en retrait, alla chercher un verre d’eau pour le visiteur.
« Excuse moi, je n’ai rien d’autre. Tu comprendras que je n’en ai guère l’utilité, et ma femme e bois rien d’autre elle non plus.-Qu’est-ce qui me prouve que tu es bien Viktor ?-Il y a huit ans, tu m’as sorti d’un joli merdier sur Zilina. Une embuscade des pillards vortchas. Je m’en suis sorti avec une cote cassée, et toi tu t’es pris une balle dans la fesse gauche. Admets que ce genre de détails, je suis le seul à pouvoir les connaitre. -Putain, Vik, c’est bien toi ! Mais il t’est arrivé quoi bordel ? »Viktor s’adossa à son siège et commença son récit.
« Il y a deux ans, j’ai été affecté sur le croiseur amiral Starlight en tant que canonnier, et tireur d’élite pour les missions au sol. C’est pendant l’une de ces missions que j’ai été pris entre deux feux. D’un coté il y avait notre artillerie qui pilonnait les camps ennemis, et de l’autre, il y avait un canon à plasma de type « renégat » qui cramait toute la zone. Le rapport officiel dit qu’un ennemi a réussi à infiltrer notre réseau et a modifié les paramètres de tir. »Scrat le regarda avec un air interrogateur.
« Officiel ? Et officieusement ?-J’avais un ami artilleur. D’après lui, personne n’a pénétré notre réseau. C’est le haut-commandement qui a envoyé des coordonnées erronées. Quoi qu’il en soit, nos canons ont commencé à pilonner nos positions, et j’ai été éjecté d’une tranchée. Sur le coup j’ai pas réalisé ce qu’il m’arrivait, mais je suis resté conscient, juste assez pour voir la vague de plasma qui m’a survolé. Et la j’ai chargé, putain. Brulure intégrale au cinquième degré sur tout le haut du corps, et l’explosion dans la tranchée m’avait déchiqueté les jambes. Mais j’étais vivant. Un vrai miracle. »Viktor se leva et alla se placer devant la fenêtre pour admirer le point de vue que lui offrait le soleil couchant sur la méta-cité. Les lueurs rougeâtres du couchant venaient se briser contre son armure, comme une myriade d’étincelles s’éparpillant dans le noir. Il continua à raconter son épopée à Scrat.
« J’ai été placé dans une unité médicale d’urgence avant d’être rapatrié sur une base spatiale. Les médecins n’ont pas put reconstituer mon corps, mais mes états de service ont suffit à convaincre les hautes sphères de payer un max pour me sauver la peau. Enfin, façon de parler ! » dit-il en riant, ce qui équivalait à un grésillement bizarre sortant de la tête du cyber-Viktor.
« J’ai donc été intégré au programme « Rebirth ». Mon cerveau et ma moelle épinière on été intégré à une structure synthétique améliorée, et me voila ! »Scrat écoutait attentivement l’extraordinaire histoire de son ami. Il se resservi un verre d’eau tout en observant le nouveau corps de Viktor. Les progrès que le secteur bionique avait fait été époustouflants. Il n’avait encore jamais vu de prothèse totale si sophistiquée, et celle-ci datait déjà de plus d’un an. La totalité de la cuirasse était en tungstène, et les armatures en titane renforcé. Seules des balles antichars pouvaient venir à bout d’un tel blindage. Aucun point faible n’était visible, hormis au niveau de la nuque, où l’épaisseur de tungstène était moindre pour permettre une plus grande mobilité du cou.
« Mais si l’armée à raqué pour toi, pourquoi tu ne sers plus ? » demanda Scrat, intrigué.
-J’en avait marre de me trainer les boulons sur des champs de batailles pour le compte de salopards qui m’avait bousillés par négligence. J’ai simulé quelques erreurs de calculs, bidouillé des rapports, et ils m’ont remercié, avec une pension de soldat normal. J’ai juste droit à une révision annuelle par des scientifiques de l’armée. Je suis un peu leur bijou à vrai dire, le prémices d’une nouvelle ère pour les anciens combattants. »Scrat regarda la femme de Viktor, qui était resté en retrait. Puis, se retournant vers son ami, lui demanda
« Dis moi, tu as des interfaces autonomes ? Des programmes qui peuvent contrôler une partie de ton corps ?-J’imagine que tu fais référence à l’incident qui a eu lieu avec le scientifique qui a ressuscité sa femme, Ophélia, dans un ordinateur. Ne t’inquiète pas, je suis entièrement autonome, et je ne possède aucune interface de connexion à distance, seulement des périphériques direct. »Il se retourna vers son ami et le fixa longuement, ce qui mit Scrat mal à l’aise. Il n’osait pas poser la question concernant les relations avec sa femme, mais Viktor y vint de lui-même.
« Tu te demande comment nous vivons n’est-ce pas ? Moi et ma femme.-Et bien, pour être honnête, je suis surpris qu’elle reste avec toi, sans vouloir te vexer biens sur.-Ne t’inquiète pas, je comprends que tu t’interroge à ce sujet. La réponse est simple : nous nous aimons. »La femme de Viktor s’était rapproché et le serra dans ses bras. Il l’enlaça à son tour tendrement.
« L’amour dépasse les barrières de la chair. » ajouta –t-elle.
Viktor vint s’assoir au coté de Scrat, et changea de sujet.
« Mais j’imagine que tu n’es pas ici pour parler des relations humains-bioniques, n’est-ce pas ? »Scrat lui narra alors le récit des derniers mois, comment il avait désobéit à ses supérieurs, son renvoi de l’armée, puis le meurtre de sa famille, la dépression qui s’en est suivit, et enfin sa rencontre avec Katrevo et la proposition qu’il lui avait faite. Son ami l’écouta attentivement sans l’interrompre.
« J’ai une dette envers toi, et même si ce n’était pas le cas, je serais venu t’aider quand même. Ils vont savoir ce qu’il en coute de toucher à mes amis. Je vais enfin pouvoir me rendre utile, et surtout tester ces implants que j’ai achetés au marché noir.-Des implants ?-Je te réserve la surprise. Tu n’as pas à me fournir d’arme non plus, j’ai ce qu’il faut. »D’un geste de la main, il fit disparaitre le mur au fon de la pièce, découvrant un arsenal qui suffirait pour tenir un siège d’au moins trois semaines. Au milieu se trouvait un fusil à lunette de deux mètres de long, sur lequel on pouvait lire « Veuve ». Scrat resta subjugué devant l'arme que lui présentait Viktor.
« Elle est magnifique n’est-ce pas ? C’était un modèle « rapsodie » anti véhicules que j‘ai modifié. Je l’ai stabilisé, j’ai ajouté un silencieux et je l’ai adapté pour des munitions électromagnétiques, incendiaires et à fragmentation.-C’est une pure merveille » répondit Scrat en caressant la crosse du fusil.
« Capacité en munitions ?-Sept balles dans un chargeur, et je compte l’améliorer encore pour passe à dix. La portée effective de ce bijou s’étend à six kilomètres. Il développe une vitesse de sortie du canon de l’ordre de mille huit-cents mètres par seconde. Autant dire que rien ne résiste à un tir de cette arme.-Je crois que je vais en commander un pour noël. » lachat Scrat. Viktor referma le mur, et invita Scrat à s’assoir à nouveau.
« J’aurai besoin de deux jours pour me préparer. En voie moi les informations sur le terrain, la topographie des lieux et les horaires de rotation des gardes. J’imagine que tu a prévu un briefing, et que je ne suis pas le seul que tu as contacté.-Tu es le premier, mais j’ai effectivement d’autres personnes à voir. Je te tiendrai au courant. Merci de ton accueil, et à très bientôt.-Au revoir mon ami. » La porte de l’appartement se referma et Scrat redescendit les escaliers jusqu’au bas de l’immeuble. La nuit était tombée, mais les rues grouillaient d’activité. Il commença à pleuvoir alors qu’il rentrait chez lui. Il remonta sa capuche sur sa tête, et rejoint son appartement. Il désactiva les alarmes, et entra dans son deux pièces. Puis il saisi un papier, et marqua un premier nom dessus : Viktor Trend.