- Herr König ?
- Ja, General ?
- Nos troupes progressent rapidement vers l’ouest, les Panzertruppen, couplés aux bombardements de cette nuit ont très largement dispersés les forces des positions B2 à B5. L’infanterie n’affronte en ce moment qu’une faible résistance.
- Combien de temps avant de prendre la capitale ?
- Fünf oder sechs Uhr, Herr König.
- Das ist sehr gut, danke General.
Ledit gradé salua rapidement son roi et reprit sa tache précipitamment. Alors que les troupes prussiennes envahissaient les dernières parcelles encore hostiles au règne germanique, Wilhelm I. s’apprêtait à faire son discours aux Länder. Pour la plupart sceptique, peu s’était ralliée à la Prusse, et moins encore croyaient en l’Unité Germanique, « die germanische Einheit ». Depuis des siècles, les Länder guerroyaient, se divisaient et perdaient de leur potentiel. Par la même, les Junker, caste aristocratique très conservatiste, refusaient de s’aligner sur le régime autoritaire prussien qui leur proposait le seul système viable. Aujourd’hui ligué contre un envahisseur commun, la Frankreich, qui occupait près d’un tiers du globe, cette animosité partagé de tout les germaniques, Wilhelm espérait qu’elle serait le ciment du second empire, « Das Zweites germanisches Reich ». En effet, lorsque la guerre avait éclatée, chaque gouvernement s’était tourné vers la Prusse.
Le proverbe le faisait rire, et pour cause : la Prusse détenait pour réputation d’avoir la meilleur armée de ce continent. Les peuples germaniques n’avaient qu’elle comme solution diplomatique, et le roi le savait autant qu’eux. Lui et son Chancelier, Joseph Krupp, exploitait depuis le début de cette guerre cette supériorité politique pour instaurer des pactes bilatéraux. Près de quatre-vingt cinq pour cent des Länder s’étaient déjà entendus sur une unité douanière, le Zollverein, afin d’optimiser l’industrie et l’économie en temps de crise, et les minorités restantes, souvent au bord de la famine, ne tarderaient à les rejoindre. Le plus difficile était de convaincre du bien fondé de l’empire les bourgeoisies libérales et aristocratiques. Ce à quoi devait parvenir Krupps à la conférence extraordinaire de Berlin.
Chaque Land avait envoyé un ou plusieurs représentants, pour la plupart économistes. Krupp, durant les six heures qui précédèrent l’annonce de la victoire prussienne, leur présenta la nouvelle vision du monde : disposant désormais de l’intégralité des terres, l’unité germanique leur permettrait de s’étendre mieux, et plus vite. Enfin unifié, d’immenses projets nationaux verraient le jour, aussi bien pour la recherche et le profit de l’ensemble des sujets de l’empire, que pour l’épanouissement de chaque Länder. Krupp leur détailla un système fédéral ou chaque royaume, duché ou principauté garderait une certaine autonomie, avec une répartition égale des nouvelles terres que la Prusse, les ayant conquis, leur concédait. Seulement, l’Unité devait être absolue, et l’Empire serait calqué sur le modèle prussien.
Lorsque le canal vidéo présenta enfin Wilhelm, qui annonça au monde germanique la victoire écrasante de ses troupes, sous les applaudissements de nombreux Länder, Krupp savait que la quasi-totalité s’aligneraient, et que les mouvements restants seraient négociés ou écrasés au cas-par-cas aisément : que Wilhelm I. serait couronné très prochainement Kaiser der germanischen Einheit, et qu’avec lui naîtrait le second Reich.
CHRONOLOGIE RECENTE :
- 10.049 : Unification des Länder sur Wilhelm I. jusqu'alors Roi de Prusse et désormais "Kaiser der germanischen Einheit", c'est à dire Empereur de l'Unité Germanique dont les Etats Fédéraux sont alignés sur la Prusse. L'Union Germanique est proclamée, la planète anciennement nommée "Schlamm" est rebaptisée.
- 10.049-50 : Les Junker s'alignent progressivement, de même que leur Land, sur une même politique économique fédérale - les entreprises sont soit nationalisées, soit au service de l'empire fédéral. Enfin accordé, l'industrie et l'agriculture se répartissent progressivement sur le globe pour optimiser les matières premières, et les secteurs décollent.
- 10.051 : L'assise du Second Empire est complète, les dernières oppositions sont soit négociées, soit écrasées par l'armée prussienne. Le cours de l'industrie explose et la part de la production investie dans l'armement diminue de 15%. Dans cette optique, le chancelier Krupp (Reichskanzler) oriente le budget vers le développement civil et les progrès technologiques. Cependant, si les recherches dans de nouvelles énergies, traitements de l'informations et génie civil sont importantes, la recherche militaire n'en reste pas moins conséquente. Après avoir conquis le globe, la Prusse envoi en fin d'année un prototype militaire baptisée "Feuer II" en hommage à son homologue expérimental. C'est la première navette armée à réussir sa mise en orbite.
- 10.052 : L'exploitation s'intensifie encore sans pourtant totalement subvenir aux besoins de l'industrie. Le projet spatial engloutit son budget dans la création du prototype "Bohren" dont le premier rôle sera de soutenir une équipe de forage pour l'exploitation d'une ceinture d'astéroïdes proches. La Bavière établit un axe de transport permanent, apportant équipage et matériel au site et récoltant le fruit de l'exploitation. Parallèlement, les technologies bien que primaires en matières de propulsion, se développent et deviennent capable de lancer depuis la surface des bâtiments de tonnages de plus en plus élevés. L'exploration des planètes voisines révèlent de nouveaux mondes vierges et riches en matières premières à exploiter. Le Chancelier autorise la création d'une division "Colonisation" au sein du gouvernement.
- 10.053 : La découverte d'une sonde spatiale inactive en orbite de la seule planète adaptée et proposée à la division "Colonisation" ébranle l'Empire : non seulement la vie n'est pas que germanique, mais elle est également consciente. Effaré, le Kaiser fait voter une hausse de 32% du budget militaire. Le projet de colonisation est suspendu, et la communauté scientifique cherche à établir de nouveaux réseaux de communications à partir de la sonde récupérée. Ces recherches débouchent à la fin de l’année à la découverte de la communauté galactique, et l’établissement des premiers contacts diplomatiques.