[HRP] je me suis permis de prendre quelques raccourcis par rapport à nos actions IG pour faciliter la cohérence. J'espere que ça rendra la lecture plus plaisante. [/HRP]
La lumière artificielle ne projetait pas d’ombres. La salle tactique de la station Midway était plongée dans une clarté qui semblait figer le temps. Givre n’aimait pas cette lumière. Mais il devait reconnaître qu’il voyait mieux. Il se reconcentra sur le sujet de sa visite. Au centre, une vue simplifiée et annotée d’un système stellaire était projeté. L’animation montrait un système fortifié au cœur du territoire impérial. Rapidement, l’amiral Morrow entra dans le vif du sujet. Le système avait laissé place à une planète et Morrow continua son exposé :
Voilà notre cible. Les défenses sont conséquentes et les renforts ennemis plus que probable. Il fit un geste et la planète se colora telle une mosaïque. Il montra où se trouvait les batteries de défenses, les troupes de défenses territoriales et le palais du seigneur. Puis l’orbite de la planète s’emplit de milliers d’objets. Chaque groupement changeait de couleur quand il le montrait. Comme je le disais, les défenses terrestres sont importantes, mais les défenses orbitales ne sont pas en reste. Il y a des batteries de canon à plasma, des usines de drones de surveillance et de combats, des stations légères de défenses. La flotte en orbite est essentiellement composée de vaisseaux civils, mais la présence de cuirassés pourrait poser des soucis, tout comme la présence de batteries mobiles de canons à plasma en grand nombre. Il continua à exposer des informations techniques, des stratégies possibles et des demandes logistiques. Givre ne prêtait pas attention aux informations. La Pensée avait suffisamment de cerveaux pour qu’il puisse se permettre de s’échapper dans ses pensées.
Thedoci marchait dans les couloirs du vaisseau. Sur le trajet jusqu’à la passerelle, il expliqua en détail le plan d’action. Trois flottes fédérales traverseraient l’anomalie d’Eope grâce à la Cité des Dieux. Les fidèles de l’Empereur, sûrs d’eux ne prennent même plus la peine de surveiller leurs frontières et laissent d’innombrables quantités de matériaux sans défenses. Mais attaquer leurs mondes-capitales en plein cœur de leurs territoires est un pari osé. Une fois en Aelron, les flottes devaient se regrouper sur un avant-poste fédéral puis se lancer à l’assaut de la cible dans le mois TSU. Si les Amaranths ne détectaient pas leurs mouvements, ils profiteraient de l’effet de surprise, privant la défense de renforts immédiats.
Sevenson s’installa dans le fauteuil de commandement. Son cuirassé était le fleuron de la flotte. Le bras droit de Thedoci avait souvent prouvé son efficacité au combat. Et Bart était à ses côtés. Il aurait apprécié se battre au côté de Thedoci, mais sa place n’était pas sur le champ de bataille. Il était resté sur Linalia avec Yelena pour diriger l’empire. A travers les écrans de contrôle, Il regardait les mastodontes de métal foncer vers la porte spatiale dont le vortex se stabilisait à peine. Bart lui récapitulait les différents vecteurs d’approches prévus pendant la bataille. Le premier amiral de l’empire était le meilleur tacticien qu’il puisse avoir avec lui, mais son attitude l’énervait toujours autant. Sans prendre la peine de le laisser finir, il lui prit le dossier des mains et l’envoya rejoindre son vaisseau.
Givre s’enfonçait dans les profondeurs de la planète. Les degrés, taillés à même la roche le menait dans le plus sacré des sanctuaires de La Pensée. Malgré l’absence de lumière, il descendait d’un pas assuré, psalmodiant à chaque marche. Sa complainte terminée, il arriva. Le mur végétal s’ouvrit pour le laisser passer. Rapidement, il parcouru la distance qui le séparait de la Dame Nature, assise au cœur du Temple. Leur entrevue était inutile, ils avaient déjà eu cette conversation des milliers de fois, mais il ne se lassait jamais de la contempler, même si son enveloppe corporelle changeait.
Comment dois-je t’appeler maintenant ? Mishra ? Melea ? Il n’était pas peu fier de sa blague et arborait un large sourire. Sans attendre de réponse, il continua : Je souhaiterais que Silence s’occupe de mener l’assaut. Je suis déjà mort un nombre incalculable de fois. La Dame Nature fronça mentalement des sourcils. Il était mort exactement soixante-douze fois, et il le savait. Cet entretien était une perte de temps, mais elle ne pouvait se résoudre à l’empêcher de venir, c’était le premier Seigneur Technocrate, il dirigeait La Pensée depuis qu’elle s’était retirée de la scène inter-galactique. Étrangement, il continuait à lui demander ce qu’il devait faire. Et comme il s’y attendait, elle ne lui donna aucune réponse supplémentaire.
Le vortex inondait l’espace de sa lueur bleutée. Givre avait rejoint les entrailles du cuirassé de commandement. Autour de lui, les cloisons de chair et de métal se déplaçaient pour renforcer cette position, cœur du Premier Mécanisme. Après un rapide briefing, relayé dans le gestalt par les dizaines de réceptacles ayant fusionnés avec les vaisseaux, les Mécanismes -bras armé de La Pensée- traversèrent sans un bruit. Givre n’avait pas besoin de consulter les consoles de commande, les IA lui fournissaient en temps réel toutes les informations nécessaire à la conduite de la flotte. Et même si un nuage de parasite avait brouillé un instant le champ psychique au passage de la porte, le plan se déroulait sans accroc.
L’orbite de Mikumi était calme et dégagée, mais l’avant-poste fédéral n’était plus qu’un amas de métal. Des dizaines de milliers de vaisseaux, de tout tonnage se déplaçaient pour se mettre en position. Trois des principales armadas fédérales étaient rassemblées dans le puit de gravité artificiel généré par la station de défense. La Tiziri, dirigé par Sevenson avait été la première flotte fédérale à arriver sur la position. Les imposants bâtiments qui la composait étaient en position bien avant l’arrivée de La Tourmente, obéissant aux ordres de Morrow et celle des Mécanismes, arrivés les derniers. Plus loin, une immense rampe de lancement, composée de centaines de rampes standards mises en série pointait son dard terrible vers les positions impériale à des milliers d’années-lumière. Il avait fallu un mois pour que le vide se transforme en une tête de pont aussi bien défendue que les stations fédérales en Varden.
Bart était là depuis un mois. Sevenson l’avait encore envoyé faire le travail d’un scribouillard. Il avait dû gérer la logistique inhérente à ce genre d’opération, et il détestait ça. Il était tacticien, pas gouverneur d’un quelconque caillou froid et sans vie. Mais il avait tout de même apprécié de pouvoir analyser les impériaux de plus près. Ils ne prenaient même pas la peine de brouiller les radars fédéraux et déplaçaient d’importantes quantités de ressources sans protection.
Jour après jour, le tacticien avait vu les étranges cargos de La Pensée s’éventrer pour en laisser sortir tout le matériel nécessaire à la fabrication des rampes puis se reformer telle des méduses reprenant leur forme habituelle. D’autres cargos, plus traditionnels cette fois avaient déchargés des quantités impressionnantes de piles à énergie nécessaire à l’alimentation des structures orbitales. En outre, Thedoci lui avait fait parvenir une petite armée de robots de fabrication, accompagnés de leurs habituels modules de construction orbitaux. Puis il avait vu arriver Sevenson et sa flotte. Cette nouvelle ne le mit pas en joie, mais en bon soldat, il s’en accommoda. Il s’en accommoda encore plus quand il apprit qu’il ordonnerait aux trois flottes, se plaçant de facto au-dessus de son rival. Il avait donc analysé les cartes de campagne et les différents renseignements qu’il avait à sa disposition pour trouver le moment propice. Et quand ce fut le cas, la formation, fruit de son génie s’était mise en marche.
Le trajet fut court. Givre en profitait pour revoir les différents vecteurs d’approche. Du fait de leur vitesse légèrement inférieure à celle de l’armada, les vaisseaux automatisés d’attaque avaient été lancés une journée avant leur départ. Ils devaient arriver trois heures avant l’arrivée des flottes fédérales. Il pensa à ces monstres de métal, projetant missiles nucléaires, rayon d’énergie et plasma à haute vélocité sur les défenses orbitales. Aucun d’eux ne survivrait à cette incursion, mais ce n’était pas leur but. Il fut arraché de ses pensées par la sortie de l’hyperespace. Imperceptible pour un humain lambda, elle lui parvint par les millions de capteurs organiques et électroniques des différents mécanismes. Ils étaient encore à plus d’une unité astronomique de la cible quand les premières salves de plasma tirées par la défense les frappèrent. Hurlant mentalement ses ordres, chaque vaisseau se dirigea vers la position qui lui était attribuée. L’espace habituellement vide était déjà jonché de milliards de tonnes de métal partiellement en fusion, de plasma ou de corps sans vie.
Tout se déroulait comme prévu. Les défenses orbitales mobiles, affaiblies par la première incursion n’avaient pas eu le temps de se repositionner et avaient été détruites dans les premières minutes de la bataille. Mais les immenses canons à plasma crachaient à intervalles réguliers leurs projectiles meurtriers. Givre comptait Trois … Deux … Un… Comme convenu, les radars fédéraux se remplirent de minuscules parasites, trop rapides et trop nombreux pour être naturels. Les missiles à charge électromagnétique s’écrasèrent sur la planète, projetant une onde électromagnétique d’une puissance inouïe qui désactivait tout sur son passage. Le timing était parfait. Même s’ils subirent l’onde, bloquant les systèmes électroniques, ils étaient encore trop loin de l’épicentre pour que l’effet ne dure plus de quelques secondes. Progressant encore, l’armada balaya sans effort la défense impuissante.
Le combat n’avait pas duré plus de vingt heures. Les batailles rangées étaient rares mais terriblement rapides. Sans système de communication en état de marche, les Amaranths n’avaient pas pu relayer l’information de la défaite. Mais les renforts étaient sûrement déjà en route. Le système capital du Comptoir était plongé dans le chaos. Déjà, les transporteurs fédéraux se chargeaient des biens présents dans les immenses entrepôts en orbite de la planète. Pendant ce temps, Morrow se chargeait de pilonner la surface en prévision d’une invasion en bonne et due forme. Le plasma avait vitrifié une bonne partie du continent, détruisant les différentes couches de métal qui formait la méta-cité et vaporisant tous ceux qui se trouvaient piégés à l'intérieur. Quelques jours avaient suffi à réduire à néant les infrastructures d’un des mondes forteresses du Comptoir. Puis l’ordre d’invasion avait été donné. Les barges d’invasions se détachèrent des vaisseaux porteurs pour fondre sur la planète.
Le général de division Ambraezia beuglait ses ordres. Morrow l’envoyait en première ligne, et il ne pouvait être plus heureux qu’à cet instant. Autour de lui, plus de vingt mille hommes et femmes s'équipaient. Ils allaient être envoyés dans des modules d’entrée rapide dans l'atmosphère. Ces modules avaient beau être des cercueils de métal -en effet, un module sur cinq n’arrivaient pas au sol entier, Ambraezia ne pouvait se passer de l'adrénaline que lui procurait l'élévation de la chaleur, les turbulences et le danger inhérent à ce genre de transport. Pour rien au monde il n’aurait échangé sa place avec l’un des planqués des barges de débarquement.
Assis dans le module, il boucla le harnais qui devait éviter à ses os de se briser pendant la descente. Les neufs soldats présents avec lui firent la même chose et le module se remplit d’une mousse anti-choc. Puis la secousse caractéristique de la catapulte électromagnétique qui propulsait le module à un dixième de la vitesse de la lumière lui indiqua que l’heure du bain de sang était venu. Désactivant la sortie audio de son casque de combat, il hurla de joie tout au long de la descente. A peine le module avait pénétré dans l'atmosphère que sa première coque en céramique se vaporisait sous la chaleur créée par les frottements avec l'atmosphère. Immédiatement, quatre puissantes rétrofusées s'activèrent et freinèrent le module pour éviter qu’il ne s'écrase avec une vitesse trop importante.
L’impact fut violent. Le module ne résista pas et se brisa en morceaux. Le général avait survécu de peu, mais six des neuf soldats qui l’accompagnaient n’avaient pas eu cette chance. En se redressant, il posa le gantelet de son armure de combat sur une matière molle. Un coup d’œil rapide lui apprit qu’il s’agissait là des restes d’une des victimes du crash. Ils n’avaient plus rien d’humain, chaque corps n'était plus qu’un monticule de chair entouré par les débris d’une armure. Son fusil de combat avait disparu en même temps que la moitié du module, mais ce n'était qu’un détail. Réactivant sa sortie audio, il lança à l’attention de la division:
Division Echo, au rapport! Quelques instants après, un rapport défila sur son affichage tête haute. Sur les vingt mille, plus de six mille avaient péris. Les impériaux étaient tenaces. Ils avaient encore des défenses antiaériennes en état de marche. Au dessus de lui, un déluge de balles attendait les barges. Mais les ordres étaient clairs: descendre sur la planète, pacifier et trouver des informations. Il n’avait pas reçu d’ordre concernant les civils, aussi, il supposa qu’il pourrait les tuer si nécessaire. Division Echo, les plans n’ont pas changés. On trouve les poches de résistances et on les nettoie, pas de contre-ordre en opération. Vous avez carte blanche. Puis il passa sur le canal escouade. Escouade Alpha, direction l’objectif AX-12, on a dix minutes de marche. Déployez les drones de défense et de reconnaissance.
Le palais impérial n'était plus vraiment un palais. Pas un seul mur n’avait résisté au pilonnage. Mais les bunkers souterrains ne craignaient pas les bombardements orbitaux. Des soldats impériaux avaient tentés de stopper leur progression, mais malheureusement pour eux, ils ne faisaient pas le poids. Activant l’arme intégrée à son armure, Ambraezia en faucha un sans qu’il puisse tirer la moindre balle. Son corps déchiqueté alla décorer les décombres, quelques mètres derrière sa dernière position. Puis d’un bond, amélioré par son jetpack, il se rapprocha d’un jeune Amaranth, sûrement un conscrit et broya son casque -et sa tête par la même occasion- entre ses gantelets. Il se redressait quand un décharge d'énergie frappa son dos. L’armure, composée de plaques de céramiques et de plastacier absorba le plus gros de l’impact. Mais il aurait sûrement besoin de soin. Un des drones de défense repéra le tireur et tira un projectile pas plus gros qu’une tête d’épingle à la vitesse de la lumière. Le malheureux disparu, emporté par l'énergie cinétique. L’armure du général lui injecta un mélange de drogue de combat et la douleur s'évanouit. Son affichage tête-haute lui indiqua qu’il ne restait pas de forces ennemies entre lui et son objectif, ainsi il se remit en route.
Le puit était profond. Son radar portatif l’estimait à plus de six kilomètres sous la surface. Il avait dû accueillir un monte-charge par le passé, mais les bombardements avaient ébranlé les fondations et condamné l’accès vers les entrailles. Du moins pour un humain normalement constitué. Profitant de ses modifications génétiques et de sa puissante armure de combat, Ambraezia commença la descente, ou plutôt la chute libre. Les indicateurs lumineux passèrent du vert au rouge à mesure qu’il prenait de la vitesse et un son strident l’avertit qu’il allait toucher le sol avec une vitesse trop importante. Activant son jetpack, il ralentit sa descente et s’enfonça jusqu’aux genoux dans les restes du monte-charge. Le reste de son escouade, moins tête brûlée préféra utiliser des filins de rappel.
Le réceptacle marchait parmi les ruines. Chacun de ses pas soulevait des volutes de poussière et projetait des débris sur les hommes qui lui servaient d’escorte. Mais aucun d’eux ne lui fit la remarque, ni à haute voix, ni à travers le champ psychique. Même si son nom avait été perdu il y a bien longtemps, ses exploits faisaient de lui une légende de La Pensée. Abattue à quelques kilomètres de son point d’arrivée, sa barge s’était écrasée. Mais le réceptacle du vaisseau n’était pas mort en vol et il avait donné sa vie pour permettre à ses passagers de survivre à l’atterrissage. La Pensée chantera ses louanges pour l’éternité.
Ne pouvant rejoindre son objectif, la légende vivante avait choisi d’appuyer une escouade alliée. Les soldats s’étaient retrouvés piégés dans un corridor par un tir nourri. Leur artilleur n’avait malheureusement pas survécu et ils ne pouvaient se dégager seuls de cette situation épineuse. Sans hésiter, le réceptacle avait plongé dans les entrailles du palais.
Le général ne voyait pas comment s’en sortir. Les ennemis, invisibles sur son radar avaient attendu le dernier moment pour tirer. Les projectiles cinétiques avaient fauchés l’artilleur, transperçant son armure comme si elle n’avait jamais existé. Ils avaient dû se mettre à couvert, leurs armes ne pouvant pas percer le blindage du nid ennemi. Le temps s’écoulait et ils ne pourraient rester ici indéfiniment sous peine de se voir abandonnés sur le champ de bataille. Ambraezia avait demandé des renforts, mais chaque escouade avait son objectif propre et la probabilité que quelqu’un vienne diminuait autant que leur chance de survie. Il fulminait. Il aurait préféré mourir au combat plutôt que de se retrouver piégé tel un rongeur dans une cage. Il s’était résolu à charger quand un fracas énorme l’arrêta. Un nouveau point était apparu sur son radar. L’IFF était formel, les renforts qu’il avait demandés étaient miraculeusement apparus. Et les renforts prenaient la forme d’un des monstres de La Pensée.
Le réceptacle apparu au coin du couloir. Ambraezia frissonna. Même pour lui, la victoire ne justifiait pas de telles horreurs. La rumeur dit que ces armures de chair et de métal avaient était humaine. C’était la première fois qu’il en voyait une de ses propres yeux, et il regrettait que ce jour soit arrivé. Le métal avait fusionné avec les tissus organiques et ça et là, un muscle était relié à un câble électrique. Les scientifiques qui avaient créé cette abomination avaient leur place en enfer. Mais il n’avait pas le temps de la regarder plus en détail. L’arme ennemie, qui avait arrêté de cracher ses projectiles reprit sa besogne. Faisant fi des impacts, l’armure tira une salve de plasma de son bras gauche. La plaque de blindage du nid de mitrailleuse résista quelques secondes avant de fondre. Puis le monstre envoya un combustible liquide qui s’enflamma au contact de l’air. Des cris de douleur indiquaient que des impériaux s’étaient trouvés sur le chemin de l’une ou l’autre des armes. Une odeur de chair brûlée, à peine atténuée par les filtres de son casque le confirma. Sans attendre plus, Ambraezia chargea, hurlant à ses troupes de le suivre. La position qui quelques minutes avant semblait imprenable n’était plus qu’un trou béant. Des corps carbonisés jonchaient le sol. Sans pitié, les soldats achevèrent les blessés.
Le garçon était apeuré. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Son père l’avait tiré du lit en pleine nuit et l’avait conduit sous terre. Au loin, il entendait des explosions et des cris. L’odeur était insupportable. Il avait traversé plusieurs points de contrôle, toujours tiré par la main. Puis ils avaient fini dans une pièce sombre, basse de plafond et remplie de consoles. Des dizaines de personnes s’y trouvaient déjà, certains affairés autour des consoles, la plupart tétanisés, le regard dans le vide. Cherchant le regard de son père, il le vit remplit de chagrin. Lui qui était d’habitude enjoué avait le visage grave des grandes personnes qu’il n’appréciait pas. Ils étaient restés là longtemps, sans sortir de la pièce exigüe. Il ne pouvait pas dire si c’était des heures ou des années. La porte blindée, qui ne s’était pas ouverte depuis son arrivée laissa passer trois soldats, il les reconnu à leur uniforme. Le plus petit s’entretint quelques instants avec son père. Puis beaucoup d’hommes ramassèrent des armes sur un râtelier et sortirent. Quand le père voulu prendre une arme, le soldat l’arrêta et lui parla. Le garçon ne comprenait rien et se mit à pleurer. Son père le prit dans ses bras pour le consoler. Le soldat était déjà parti et la porte fut à nouveau scellée.
Le garçon avait retrouvé son calme. Il somnolait et dans la brume, il entendait un bruit répétitif. La cadence le berçait et il sombrait de plus en plus dans le sommeil. Soudain, le déluge. Un fracas suivi de cris retentirent derrière la porte. Puis quelques instants après, un chalumeau entama la découpe de la porte. Malgré l’épaisseur, la flamme faisait fondre le métal et la porte ne résista pas longtemps. Les quelques adultes encore présents prirent les armes restantes sur râtelier avec l’énergie du désespoir. Les enfants, rassemblés au fond de la salle pleuraient.
La porte se détacha de son socle et tomba au sol. L’espace d’un instant, le calme revint. Puis la pièce se remplit de fumée et le bruit d’un coup de feu résonna. Quand la fumée se dissipa, Ambraezia et ses hommes avaient investi les lieux. Les quelques résistants encore présents ne bougeaient plus. Le casque du général s’ouvrit, laissant apparaitre son visage couvert de cicatrices. Rapidement, il repéra sa cible. Le dignitaire avait en sa possession les codes d’accès aux renseignements impériaux. D’un pas, il s’approcha de lui, le désarmant d’un revers de la main. L’homme, qu’il dominait d’une bonne tête n’opposa pas la moindre résistance.
Je suppose que vous savez pourquoi je suis ici. L’homme acquiesça d’un signe de la tête. Mais il refusait de coopérer. Il n’eut pas le temps de bouger, il reçut la gifle de plein fouet, tombant au sol et crachant une dent. Dans le fond de la pièce, un garçon poussa un cri. Un des soldats attrapa le petit par le col, le soulevant d’un bon mètre au-dessus du sol. Puis il posa son arme sur la tempe du garçon. Je serais vraiment désolé d’avoir à tuer un enfant. Mais ma mission est d’une importance capitale. Allez-vous coopérer ? Résigné, l’homme s’installa à la console et se connecta. Ambraezia dans son dos lui indiquait quelles informations il devait copier. En quelques secondes, l’holodisque contenant toutes les affectations militaires et civiles, toutes les positions ainsi que les stratégies actuelles du Comptoir fut généré. Le général l’inséra dans son armure avant de déclarer :
Une bonne chose de faite. Je me dois de vous importuner encore un peu, mais vous devez nous suivre sans résistance. Ceux qui refuseront seront exécutés sans autre forme de procès.
Depuis la passerelle du Thilelli, Bart contrôlait les différentes formations. Les uns après les autres, les rapports de mission générés par les IA de combat apparaissaient. L’opération ne pourrait durer indéfiniment, les impériaux étant déjà en chemin. Les cargos fédéraux étaient déjà chargés et s’apprêtaient à partir. Le dernier rapport des équipes au sol confirmait une réussite mitigée. La plupart des dignitaires avaient fui ou étaient morts, mais une escouade de choc avait réussi à mettre la main sur les informations désirées. Et mieux encore, ils revenaient avec des otages pour s’assurer que ceux-ci ne parlent de ce que l’escouade avait récupéré. Deux heures plus tard, les dernières troupes fédérales avaient embarqué et l’ordre de retraite fut donné. Finalement, tout s’était déroulé comme il l’avait prévu.