Briseur de coffre

Une déclaration de guerre ? Une bataille épique à raconter ? Venez ici !
Lun Nov 09, 2015 12:40 am

  • Espen avait mal à la tête. L’enfant avait forcé Butor à l’amener avec elle la nuit précédente. Ainsi, elle avait fait le tour des tripots de la capitale. Bien entendu, tous savaient qui elle était. Et malgré son déguisement sommaire, son visage était reconnaissable entre mille. Butor avait tenté de résister- il était le seul à avoir un tant soit peu d’autorité sur l’impératrice, et seulement parce qu’elle l’apprécier plus que le reste de la masse grouillante qu’elle qualifiait d’inferieure- mais il avait fini par céder. Et la presque femme avait bu sa première bière, rapidement écœurée par l’amertume puis elle s’était tournée vers des alcools plus forts, perdant rapidement tout contrôle. Elle ne se souvenait pas de la fin de la soirée. Elle s’était réveillée dans son lit, un pyjama sur le corps avec la gorge sèche et un bourdonnement effroyable dans les oreilles.
    Elle se leva lentement, la nuque raidie. Elle frissonna quand ses pieds entrèrent en contact avec le marbre froid et un nouvel éclair de douleur vrilla son cerveau, brouillant sa vision et lui arrachant un petit cri de douleur. Maintenant, elle comprenait mieux la mine fatigué de son premier général quand elle le convoquait de bon matin. En douceur, elle quitta sa chambre, qui fut celle de la préférée de son père, traversa l’ancienne aile du plaisir et pénétra dans les cuisines. Le bruit y régnant lui était insupportable, aussi elle sortit et se dirigea directement vers son bureau. Un serviteur finirait bien par lui apporter son déjeuner.
    L’idiote qui lui servait de secrétaire eut l’intelligence de ne pas faire de remarque comme à son habitude. Elle ouvrit la bouche, mais voyant la tête d’Espen, elle la referma sans que ne s’en échappe le moindre son énervant. Avec le temps, même son cerveau ralentit avait fini par comprendre qu’il y avait des jours où elle devait se taire. Quand sa maitresse fut passée et que les portes du bureau furent fermées, elle activa l’interphone et demanda aux cuisines de monter immédiatement le déjeuner ainsi que deux aspirines.
    Butor n’eut pas autant de chance qu’Espen. La femme commença ses jérémiades dès qu’il eut franchi la porte. Et elle ne s’arrêta que quand il la gratifia de son habituel : «Ta gueule ! ». Quand il rentra dans le bureau, il comprit ce contre quoi la secrétaire voulait le mettre en garde. L’enfant-impératrice n’avait pas l’air bien. Il se remémora la soirée de la veille et la revit, gisant ivre morte sur la banquette crasseuse d’un bar à putes quelconque. Il se dit qu’il n’aurait pas dû se lever aller. Et il commençait déjà à le regretter. Elle le toisa quelques instants avant de lui crier dessus.
    Pars d’ici ! Débrouille-toi sans moi aujourd’hui. Je ne peux pas être dérangée ! Laisse-moi ! Sa propre voix semblait la faire souffrir. Et il vit dans son regard quelque chose qu’il ne pensait jamais voir : une sorte de supplication mêlée à la peur de la douleur. Mais il ne s’attarda pas trop dessus, il tenait à garder la tête sur ses épaules. Aussi, il fit volte-face et se dirigea vers la sortie.
    Il attrapait la poignée quand une alarme retentit. La sirène stridente fit grincer les dents du général, alors il n’osait imaginer ce qui devait se passer dans la tête de l’impératrice. Il espérait que celui qui avait causé ce bruit avait une bonne raison. Par-dessus le vacarme, il entendait la fillette hurler de douleur. Puis l’alarme se tut et le visage d’un homme apparu sur l’holo-écran, un militaire a n’en pas douter. Sans prendre le temps de vérifier qu’un quelqu’un l’écoutait, il débita son rapport. Butor ne saisit que les mots « corporatistes » et « intrusion de niveau 4 » tellement l’homme parlait vite. Avant que celui-ci ait le temps de finir, le général abattit son poing sur la console, faisant disparaitre l’image et le son. Puis il sortit au moment où un servant entrait avec une tasse de thé, des sandwiches et ce qui devait être deux aspirines dans un verre d’eau. Pauvre de lui.

    Les rapports s’empilaient sur son bureau. Courir d’un bordel à l’autre et faire la bringue tous les soirs ne l’aidait pas à abattre plus de travail dans la journée. Mais bon sang, il n’avait jamais été un gratte-papier. Beuglant dans l’interphone, il fit venir des officiers subalternes. Ceux-ci trièrent les rapports, les analysant et les résumant. Pendant ce temps, il fit une sieste bien méritée. Puis il fut réveillé par une nouvelle alarme. Il eut une pensée pour le garde qui allait passer un sale quart d’heure, son dernier quart d’heure. Quand l’alarme s’arrêta à nouveau, le lieutenant lui fit un résumé des rapports. Il y avait deux idées importantes qu’il retint : les corporatistes se montraient de plus en plus insistants sur les positions du Comptoir aux portes de leurs territoires et la demande énergétique du Comptoir avait explosé, appauvrissant les stocks de tritium de l’empire. Ils risquaient donc de se retrouver avec des ennemis ouvertement hostiles et avec des flottes et des défenses en panne sèche. Son esprit de militaire prit le dessus un instant et lui dicta de rationner les stocks civils. Mais son esprit d’entrepreneur lui dit que les civils rapportaient de l’argent, argent quasiment intégralement réinvesti dans l’armement. Il fallait donc trouver de nouvelles sources d’approvisionnement. Et vite.


    La station baignait dans la clarté relative des lampes de secours. L’alarme avait résonnée dès l’apparition du Ravageur zetran. Aucun doute possible sur sa provenance, seul le Comptoir d’Espen osait frapper aussi loin dans les terres Adréannes. Les défenses s’étaient activées. Mais à quoi bon lutter.
    Ichor Bek avait lu le rapport de la précédente incursion zetranne sur cette station. Sur les cent vingt-sept membres du personnel, un seul avait survécu. Il avait raconté comment les zetrans avaient pris la station par surprise en sortant de l’ombre de la lune proche. Puis comment ils avaient balayé les défenses avec un seul tir de canon, réduisant une station de contrôle de zone dernière génération en une ruine à peine aussi étanche qu’une passoire. Ils avaient ensuite abordé la station, achevant les survivants après leur avoir arraché les informations qu’ils cherchaient. Ils n’avaient commis qu’une erreur, ils n’avaient pas pensé à vérifier le technicien qui se trouvait à l’extérieur de la station. Celui-ci avait miraculeusement survécu au tir et s’était caché dans un recoin extérieur de la station. Son affichage tête-haute lui montra les horreurs commises par les troupes de choc du Comptoir pendant qu’il se demandait s’il allait survivre.
    La station avait été réparée, les brèches colmatées et les défenses améliorées. Le canon principal ouvrit le feu à deux reprises, envoyant un rayon large d’un bon mètre pendant une dizaine de seconde sur la proue du croiseur d’attaque. Celui-ci ne sembla même pas s’en inquiété et cracha une salve de missiles. Les explosions ébranlèrent la structure. Mais elle tint bon. La moitié de l’armement de la station avait rendu l’âme, mais il leur restait encore une alternative. Suite à la recrudescence des attaques, les autorités avaient équipé les stations d’un surchargeur énergétique au niveau de la centrale nucléaire principale. Celui-ci devait servir à transformer une station perdue en bombe à retardement pour piéger les équipages zetrans.

    Mais le jeune caporal Bek n’était pas un patriote convaincu. Il s’était engagé pour la solde, et pas par amour de sa patrie ou par honneur. Il avait d’ailleurs toujours apprécié son salaire. Il travaillait neuf mois et pouvait dépenser son argent pendant les trois mois de permission annuelle. Argent qu’il dépensait essentiellement au casino, sous forme d’alcool, de paris foireux et de prostitués. Aussi, la perspective d’exploser et d’emporter avec lui les zetrans ne semblait pas être une bonne idée. D’un autre côté, si les zetrans parvenaient à entrer, et ils le feraient, il allait mourir de toutes façons. Cependant, il préférait tenter sa chance avec les zetrans. Même s’il n’avait qu’une chance sur un million, c’était toujours mieux qu’aucune chance de survie.

    Le Ravageur cracha un projectile de plasma de la taille d’un camion. Celui-ci percuta de plein fouet la station, la privant de ses dernières armes. Le lieutenant Telhry avait déjà sorti le disque de sécurité permettant d’enclencher le compte-à-rebours. Mais Bek n’allait pas le laisser faire. Il se leva d’un bond de sa chaise, saisissant son pistolet accroché à la cuisse et tira à trois reprises. Les deux premières balles touchèrent la console de commande, projetant une gerbe d’étincelles. La troisième balle frappa le lieutenant au niveau de la nuque. Puis comprenant ce qu’il avait fait, Bek pointa son arme sur Sarm, l’opérateur radio et tira à nouveau, puis vers Felia, le sous-lieutenant. Quand il fut seul survivant dans la salle de contrôle, il ferma les portes blindées, coupant toute possibilité de retraites aux soldats qui tenaient les lignes de défense.
    Belor attendait l’heure du combat avec impatience. Les artilleurs pilonnaient la station. Mais c’est lui et ses hommes qui feraient le sale boulot, comme toujours. Contrairement à bon nombre de ses subordonnés, le major Tardi Belor n’était pas un sadique. Tuer ne l’enchantait pas. Il faisait ce qui devait être fait. Et si cela consister à massacrer une centaine de personne sans aucune pitié, il le faisait. Ce qu’il aimait, c’était l’adrénaline du combat. Rentrer dans le projectile d’abordage, traverser les milliers de kilomètres qui séparaient le vaisseau et sa cible, percer la coque. La mort guettait chacune de ses actions, attendant de la prendre dans ses doigts congelés à la moindre erreur. Mais comme il le disait toujours : « Pas aujourd’hui !»
    Le signal sonore devait le prévenir du départ. Mais même un mort pouvait sentir le départ d’un projectile d’abordage. La violente poussée qui vrillait le cerveau. Puis le gout de la mousse antichoc dans sa bouche à l’impact, quand celle-ci emplissait tout l’habitacle. Une série de foreuses et d’injecteur à acide commencèrent à forer la coque là où l’électro-grappin l’avait accroché. Déjà, son communicateur crachait des bruits de combats. Le fracas des armes cinétique, les hurlements de douleur, d’agonie mais surtout, les cris de supplication, beaucoup de cris.
    La dernière couche de blindage céda. Il venait de percer un plafond. Sans attendre, il sauta. Dans sa descente, il vit deux fuyards. Il n’eut pas le temps de voir s’ils avaient des armes, et honnêtement, il n’en avait que faire. Il fit une roula, se releva et le lanceur cinétique attaché au bras de son armure cracha une cinquantaine de projectile dans leur direction. Ils furent fauchés en pleine course. Belor partit immédiatement au pas de course en direction de la salle de contrôle. Il ne ralentit pas en passant auprès des deux corps agonisants. Il ne ralentit pas non plus quand il leur envoya une salve pour les achever. La major n’avait pas d’armes en dehors du lanceur cinétique au niveau de son poignet gauche, du lanceur de grenade dans son bras droit –ne jamais utiliser de grenades à l’intérieur d’une coursive de station- et de la lame rétractable camouflée dans son bras droit. Il était l’homme le moins armé de son escadron. Mais il n’avait pas besoin de plus d’armes. Et il devait transporter cette satanée foreuse à plasma, la seule capable de venir à bout des portes blindées.

    Il avait abattu six personnes sur le trajet. Deux seulement étaient armées. Les ordres étaient de prendre la station sans laisser de survivants. La porte était encore plus imposante que celle qu’il avait l’habitude de découper. Autour du sas, huit de ses hommes attendaient. Il en restait donc quatorze autres qui devaient se battre ailleurs. Avec la force de l’habitude, il attrapa la foreuse et l’alluma d’un seul geste. Il commençait à peine à l’entamer quand un haut-parleur cracha des mots à moitié brouillés.
    … retardement … explosion … porte blindée Belor n’y preta pas attention et continua sa besogne. Puis la voix devint plus claire. La station est piégée. Une bombe à retardement. J’ai enclenché le compte-à-rebours. Vous avez dix minutes avant l’explosion. Je l’enclencherais manuellement si vous tentez de forcer la porte blindée. Le major lacha la foreuse et regarda le haut-parleur. Au-dessus, une caméra devait retransmettre à l’intérieur de la salle de contrôle. Mais Belor ne croyait pas que les corporatistes puissent piéger leurs propres stations. Ils aiment trop l’argent pour ça. Il pointait son lanceur en direction de la caméra quand la voix reprit. J’ai tué le lieutenant. Je suis seul à l’intérieur. Je peux vous être utile en vie. Laissez-moi une chance et vous ne le regretterez pas. Le major réfléchit un instant. Puis il envoya un message sur le communicateur. La réponse fut rapide et sans équivoque : le générateur est piégé. La station peut sauter à tout moment. Belor était pressé par le temps, aussi il promit à l’homme de lui laisser la vie sauve et d’écouter son offre. Et pour montrer sa bonne volonté, il enleva son armure et fit reculer ses hommes. De toute façon, il pourrait toujours le tuer à main nue.
    Butor n’était vraiment pas un bureaucrate. Il était au comptoir d’un tripot à jouer aux dés contre un mendiant à moitié aveugle. L’argent qu’ils pariaient ne l’intéressait pas, il avait accès à des sommes qu’il ne pourrait jamais dépenser, même s’il le voulait. Le soleil était encore haut et la chaleur était presque insupportable. Mais l’alcool lui fit rapidement oublier l’inconfort. Soudain, son communicateur personnel sonna. Il sonnait tellement rarement qu’il mit plusieurs longues secondes à s’en rendre compte. Se levant, il abandonna une poignée de crédit sur le jeu, faisant par la même un heureux et répondit.
    Matricule soixante-quatre soixante-quatre trente-sept. Je suis en possession d’un paquet pour le haut commandement.
    Belor, c’est toi ? Vieille canaille. Parle, je t’ecoute.
    J’ai sous la main un troufion corporatiste. Il veut changer de camp. Je sais qu’en général, on doit tuer tout le monde, mais celui-là a l’air plus futé que les autres. Tu veux que je te le passe ?
    Butor grogna mais finit par accepter, Belor avait été son instructeur et son supérieur pendant des années, avant qu’Espen ne prenne le pouvoir.

    L’armada de bombardiers se dirigeait vers une planète-capitale corporatiste. Celle-ci avait la réputation d’être le coffre-fort d’un banquier ayant abusé de pas mal de drogue et se prenant pour un véritable manchot. A moins que ce ne fut un pingouin. Enfin, un volatile vivant dans le froid. Depuis deux mois TSU, les Ravageurs et les Maraudeurs zetrans harcelaient Snowfall. Le haut commandement avait perdu une bonne centaine d’appareils qui s’étaient approchées trop près des batteries de défenses. Mais les sixième et onzième flottes d’attaque rapide avaient été stoppées dans leur mission pour protéger les bombardiers et intercepter les alliés du banquier. Ceux-ci avaient tenté à plusieurs reprises d’arrêter l’armada en marche.Mais l’escorte était efficace, réduisant à néant les ennemis avant qu’ils n’aient pu être à portée de tirs des bombardiers.
    L’armada pénétra dans la zone de défense de la planète. Depuis l’orbite, des centaines de batteries de canons crachèrent des projectiles divers et variés. De la surface même de la planète, des armes faisaient pleuvoir un déluge de feu, d’acier et de plasma sur les assaillants. Mais les puissants bombardiers étaient conçus pour combattre ce genre d’armement défensif. Les immenses batteries à plasma orbitaux, armement le plus puissant de la guilde des protecteurs étaient jusqu’à présent silencieuses. Les zetrans avançaient implacablement. Quand ils eurent franchis la première ligne de défense, des bais d’amarrage corporatistes crachèrent des milliers de chasseurs. Les zetrans, comme pour leur répondre changèrent de formation pour laisser s’avancer trois porteurs qui crachèrent à leur tour leur nuage mécanique. Chaque groupe allait à la rencontre de l’autre, pour un ultime assaut. Mais alors que les chasseurs adréans et zetrans étaient à portée de tir, trois mille chasseurs adréans changèrent subitement leur subféquence IFF et commencèrent à tirer dans le dos de leur anciens alliés. Pris entre deux feux, le contingent de défense corporatiste finit par céder et disparu sous le plasma et les missiles.
    Rapidement, les Moissonneurs lourds abordèrent les stations de stockage et d’échange en orbite tandis que les bombardiers pilonnaient la planète pour empêcher d’éventuels renforts. Les combats furent rapides. Les coffres corporatistes étant habituellement protégés par la force spatiale, il n’y avait que peu de gardes dans les immenses entrepôts. Et les troupes de choc n’eurent pas de difficulté à mater toute rébellion et à vider les coffres forts éventrés.

    Espen était assise dans un fauteuil molletonné. Jamais elle n’avait eu de fauteuil aussi confortable. Devant elle, le soldat qui l’avait dérangé était mal en point. Il avait une multitude d’écorchures sur le corps. Il avait aussi des hématomes au niveau de la poitrine et du visage. Il était à genou en train de se frapper lui-même le visage. Quand Butor entra dans la pièce, une lueur d’espoir illumina son visage. Le général ne lui jeta pas un regard. Il avait pris l’habitude d’éviter de se mêler de ce genre d’histoire. Il se pencha vers l’impératrice, qui semblait complètement avoir oublié sa première gueule de bois. Elle n’avait pas touché à un verre d’alcool depuis six mois. Il lui chuchota quelques mots puis se redressa, regardant vers la porte. Au même moment, l’ex-caporal Bek entra, flanqué de deux gardes à l’allure imposante et au visage menaçant. La presque femme regarda le soldat qui s’était arrêté, puis le traitre. Son visage changea du tout au tout, la faisant paraitre vingt ans plus âgée. Elle se leva avec grâce du fauteuil, faisant apparaitre un couteau dans sa main gauche. Elle s’approcha du soldat.
    Tue ce traitre ! Il ne mérite pas de vivre. Puis elle disparut sous le regard plein de remerciement du soldat. Elle était déjà dehors quand Ichor Bek balbutia quelques mots. Il ne cria même pas quand la lame s’enfonça dans sa gorge et s’effondra dans un gargouillis d’étouffement.
    Viens donc danser,
    La valse des couteaux,
    La valse des canons!
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