Depuis que la guerre avait été déclarée, on avait commencé à fortifier certaines positions tout en doutant de l’efficacité de la manœuvre, mais globalement, la vie suivait son cours. Les harlondais continuaient à faire ce qu’ils faisaient d’habitude sans se soucier vraiment de l’actualité internationale. Après tout, quasiment la totalité des positions de la province étaient dépourvues d’importance stratégique et de richesses intéressantes.
C’est ainsi qu’un couple de jeunes amoureux buvait tranquillement une liqueur sucrée en profitant d’un après-midi calme sur Gallente. Le soleil était encore haut, l’air calme, une douce brise se contentant de caresser leurs visages. La jeune femme regarda un temps le ciel dégagé où l’on pouvait voir la proche colonie de Nurhuina, et un peu plus loin Alaquondë, bien plus petite. C’était à n’en pas douter un magnifique panorama, qu’ils ne quittaient des yeux que pour se lancer de fugaces sourires, comme aiment à le faire les personnes romantiques.
Jusqu'ici, rien n'avait pu laisser présager le drame qui se préparait. Les autorités harlondaises repérèrent malheureusement un chouia trop tard la flotte hostile qui se dirigeait vers Gallente. Des renforts furent appelés en urgence, mais à cause de problèmes de coordination et d’expérience, ils ne semblaient pas devoir arriver à temps.
Sur la colonie, la population fut mise au courant qu’il fallait fuir, principalement dans les forêts et dans les montagnes.
Le jeune couple fut d’abord surpris de voir que la douce rumeur de la ville qui les berçait s’était un premier temps tue pour laisser ensuite place à un vent de panique. On les mit rapidement au courant de la situation, et ils sortirent en catastrophe de la terrasse où ils flânaient pour essayer de trouver un abri. Seulement ils étaient jeunes, et ne savaient pas où aller. Ils errèrent donc dans la ville au milieu de plusieurs milliers de personnes qui tentaient de s’abriter de manière plus ou moins ordonnée.
Pendant ce temps-là, la flotte melrehne ne perdait pas de temps, talonnée juste derrière par des transports harlondais sensés dépêcher du matériel de défense sur la colonie menacée. Elle arriva rapidement en orbite de la planète. Cette dernière ne possédait rien, aucune défense, aussi le débarquement s’effectua sans plus tarder.
Vu de la surface, les déchirures causées par l’entrée des barges de débarquement étaient terrifiantes. Devant le bruit infernal, le jeune couple redoubla d’allure dans sa course pour trouver un abri quelconque, car ils ne pourraient maintenant plus sortir de la ville. Certaines personnes prenaient en vain les quelques armes présentes sur ce monde, qu’elles n’avaient jamais maniées.
Les barges touchèrent le sol, l’armée melrehne se déversa et balaya la maigre résistance que des civils tentaient de lui opposer. Deux minutes plus tard, la course du jeune couple fut brutalement arrêtée. La jeune femme reçut une balle dans la tête, le jeune homme fut coupé en deux par une salve de mitrailleuse.
Heureusement pour les gallentais survivants, la flotte melrehne ne resta pas, laissant tout de même une force d’occupation qui ne serait contrée que plus tard.
Quatre mondes démilitarisés venaient d’être mis à sac, et des millions de civils venaient de périr dans ce qui serait la plus grande attaque terroriste de l’histoire de la province.
Après ce bain de sang suivi avec impuissance depuis Harlonduneï, on organisa la riposte. Le système fut assez rapidement reconquis, notamment parce que l’armée melrehne n’était guère disposée à mourir pour des terres qui n’en valaient pas la peine. Olotha envoya ainsi des contingents d’infanterie qui reprirent les quatre mondes, alors que de grands changements en matière de politique devaient voir le jour.
Dans la salle de réunion militaire du palais d’Arân-Thyrn, Tauriel Féataure était hébétée. À ses côtés, Melwig Earwing fulminait, tandis qu’Olotha s’était éloigné pour l’occasion.
Écoute Tauriel, tu dois proclamer l’État d’urgence ! Si jamais il n’y avait pas eu cette désorganisation ici, peut être que Gallente aurait pu être épargnée ! Hurla-t-elle.
Tauriel ne répondit pas, enfin pas tout de suite. Elle restait là à penser, le regard vide et l’esprit manifestement ailleurs. Voyant cela, Melwig s’approcha d’elle et la secoua.
As-tu entendu ce que je viens de dire ? Demanda-t-elle, énervée.
Oui, répondit l’autre de manière lointaine. Proclame l’état d’urgence.
Bien. Avez-vous entendu Amiral Olotha ? Désormais les décisions seront prises par nous trois exclusivement, et ce jusqu’à la fin de la guerre.
Appelle ta fille et dis-lui de faire un communiqué officiel, elle saura s’y prendre, dit Tauriel, qui commençait seulement à se remmetre du choc. Je ne pense pas qu’aucune maison ni même la population ne sera contre et ne protestera face à ces mesures. Amiral, que peut-on faire ?
Avec votre autorisation, je vais déjà commencer par faire détruire les portes aux mains de l’ennemi en région 4. Cela ne devrait pas utiliser trop de matériel et apporterait un gain non négligeable du point de vue de la sécurité.
Faites donc. Répondit Tauriel. Maintenant si vous le voulez bien, je vais me retirer pour un temps. Prévenez-moi s’il y a du mouvement.
Que doit-on faire pour la communication de l’Empereur Zede III ? Questionna Melwig qui la voyait partir.
Il y en a une ?
Oui.
Elle comporte des éléments intéressants ?
Je n’en sais rien, je vais demander à Lady Darluïne. Mais bon, si Eledwhen ne m’a rien dit, c’est qu’à priori il n’y a rien à dire.
Alors Tauriel se retira, Alatariel fit sa communication et chacun pensa ses blessures. La province du Harlond plongea rapidement dans un état de choc, et les destructions subies par les quatre colonies touchées ne furent réparées qu’avec lenteur. Une partie de la population de cette zone commença à fuir seulement 2h après la reprise du système. Ce dernier avait perdu de sa tranquillité, mais les choses ne devaient pas en rester là.
Huit heures après la fin du premier carnage, du mouvement se fit à nouveau apercevoir. La flotte melrehne revenait. Cette fois ci c’était l’avant-poste harlondais contrôlant la région qu’ils visaient. Alors que Melwig faisait chercher Tauriel, Olotha essayait de trouver en vain une solution. La situation était insoluble. La flotte melrehne allait balayer les effectifs harlondais sans aucun espoir de faire subir la moindre perte à l’ennemi.
Devant le désarroi total de son Amiral, Tauriel ordonna d’esquiver l’attaque en faisant évacuer la position. Erreur qui coûta cher. La position tomba aux mains des melrehns sans aucun combat, et les lents modules Harlondais étaient toujours menacés, car à portée d’une interception ennemie.
À l’intérieur de la flotte, la commandante Linaewen tentait désespérément de se sortir de ce bourbier. Les pilotes redoublaient les manœuvres d’esquive alors que cette dernière ne savait plus où donner de la tête.
Amiral, vous voyez ce qui se passe ?!
Oui, on vient d’activer notre œil céleste, mais j’avoue ne pas bien comprendre ce qui arrive. Une flotte d’intercepteurs vient de débarquer de nulle part.
Quoi ?! S’exclamèrent en même temps les trois femmes.
Oui, elle s’avance vers l’AVP, et je ne comprends pas pourquoi !
Ah ce moment-là, Tauriel fit ce qu’elle n’avait jamais fait depuis le début de la guerre, elle prit les choses en mains, et décida de réagir. Exactement ce que Melwig espérait d’elle.
Continuez à tenter de les esquiver, nous allons essayer de vous envoyer du renfort. Dit-elle, en essayant de rassurer la commandante en proie à la panique. Chose peu aisée au vu de son propre état.
Mais comment ? L’avant-poste n’est relié à rien, il n’a pas de porte, pas de rampe ! Répondit Linaewen, désespérée.
Et bien on va en monter une ! La rampe se trouvera sur Alaquondë, et l’amiral Olotha va envoyer des renforts. Je sais que l’on ne peut espérer vaincre la flotte en entier, mais on peut toujours tenter de l’avoir par petits bouts !
Très bien impératrice. Répondit-elle, tout en respirant un grand coup. Puis elle se tourna vers ses hommes. Vous avez entendu, on continue à les esquiver, du renfort arrive !
Dans la salle du conseil, la situation se détendit quelque peu.
Melwig, trouve-moi quelqu’un qui va monter la rampe sur Alaquondë, cette personne sera sous ton autorité. Amiral, commencez à faire bouger les effectifs que vous semblez utiles dans cette situation.
Ce ne sera pas très compliqué malheureusement. Répondit-il avec une moue de dépit. Nous n’avons qu’un seul Alnirion actuellement.
Et bien envoyez-le, cela sera toujours mieux que rien ! Je reste en contact avec la commandante de la flotte pour savoir ce qui se passe.
Entendu, acquiescèrent les deux autres.
Sur les spatioports en orbite de la planète, la logistique s’activa pour dépêcher les modules de construction et les photopiles nécessaires à la mise en place de la rampe, alors que le croiseur de bataille suivait non loin. Ils arrivèrent rapidement dans le système dévasté, et de voir la présence de cette unité lourde, même seule, réchauffa le cœur de plus d’un. Rapidement, les modules se mirent en place et la rampe fut montée, pour le moins à la va vite. Mais une heure après, elle fonctionnait. Pendant ce temps-là, la flotte en partance de l’AVP avait réussi à esquiver les melrehns tant bien que mal, mais les équipages étaient à bout de nerfs.
Linaewen fut très heureuse de revoir le visage de l’impératrice. Celle-ci fut directe.
Commandante, la rampe est montée, maintenant les renforts arrivent. Vous allez rester où vous êtes et distraire le gros des forces melrehnes, et lorsque l’amiral Olotha vous le dira, vous allez essayer de vous baser sur l’avant-poste pour le reprendre. Vous me comprenez ?
Parfaitement. Répondit-elle avant de transmettre les instructions à ses équipages.
Sur Alaquondë, l’Alnirion s’engagea dans la rampe les canons bien chargés, et s’apprêta à lancer l’attaque. À l’intérieur, l’équipage était relativement anxieux.
Seulement il y eut un problème : les melrehns envoyèrent des troupes sur l'avant-poste, qui repartirent peu de temps après. Face à cela, le croiseur stoppa les machines et attendit de nouvelles instructions. D’après les observations que lui renvoyait l’œil céleste, il valait mieux repousser l’assaut de 20 minutes.
C’est ainsi que l’Alnirion rebroussa chemin et se remit en position de départ. Linaewen ne comprenait pas ce qui se passait, et à vrai dire Olotha non plus.
Personne n’arrivait à saisir les mouvements de la flotte Melrehne. L’Alnirion s’engagea à nouveau dans la rampe, et cette fois ci, il ne repartirait pas en arrière.
La flotte de Linaewen tenait toujours le gros de la force ennemie à distance de l’AVP.
Au bout de 20 minutes, l’Alnirion s’élança et… n’impacta rien du tout.
L’AVP venait d’être déserté. Face à cette situation, Olotha ordonna à Linaewen de récupérer la position. Celle-ci s’exécuta et s’apprêta à faire marche sur la structure.
Comment l’AVP fut occupé par les melrehns avant que Linaewen ne parvienne à y arriver ? Cela resta un mystère pour les harlondais. Toujours est-il que l’AVP était maintenant de nouveau occupé par une flotte venue d’on ne sait où. Pire, la principale flotte melrehne venait de verrouiller la flotte de Linaewen qui n'avait désormais plus moyen d'éviter l'affrontement.
Impératrice, que fait-on ?! Implora Olotha, qui ne savait plus quoi tenter. Melwig n’était guère plus avancée. Quant à Tauriel Féataure, elle semblait de nouveau ailleurs.
Tauriel ?! Demanda Melwig.
Celle-ci la regarda longuement, puis elle tourna les yeux sur son amiral.
Qu’ils retournent sur Harlonduneï. Dit-elle avec une excitation sourde. Que tout le monde retourne sur Harlonduneï ! Toutes les flottes vous m’entendez, toutes ! Et si jamais ils ne peuvent pas fuir, qu’ils prennent les capsules de sauvetages et qu’ils sabordent leur flotte !
Melwig, commence à planifier l’évacuation des colonies Gallentes, Tol Doriath et Nurhuina. Maintenant ! S’emporta-t-elle devant l’apparente inactivité de l’Earwing.
Devant cette situation, Melwig s’exécuta. À bord de la flotte, Linaewen ordonna l’évacuation générale, tandis que les générateurs étaient mis en surcharge. Une multitude de petits vaisseaux blancs élégants sortirent de la flotte et foncèrent se réfugier sur Harlonduneï, rejoignant le flux des réfugiés, Gallentais pour la plupart. 20 minutes plus tard, la surcharge des générateurs entraîna l’explosion des vaisseaux. La flotte melrehne n’ayant plus de raison de traîner ici, elle rebroussa chemin pour rentrer chez elle après avoir mis l'avant-poste hors d'usage.