En cette fin de l’an l'an 18.572, le temps était à la recomposition des équilibres des puissances en Aelden. Des bouleversements inachevés en cours, il était au moins une chose certaine : après près de trois millénaires TSU de domination ducale, Varden était l’épicentre du séisme politique en cous.
Thucydide, célèbre historien Amaranth, théorisa que l’inquiétude née chez une ancienne puissance déclinante, du fait de l’émergence d’une nouvelle, suscite chez la première la volonté de s’y opposer par la force. Le résultat s’en trouve bien souvent vain, et la puissance déclinante, à défaut de pragmatisme, se précipite ainsi la plupart du temps au devant de sa propre chute. Si Thucydide eût été contemporain de notre époque, il ne donc fait nul doute qu’il eût été fort affairé à commenter notre ère.
En cette seconde moitié du 18ème millénaire TSU en effet, le Pacte d’Arléris, sentant certainement sa vigueur vitale s’étioler, orienta son énergie vers le cadran d’Aelron. Saisissant d’emblée les opportunités tactiques offertes par un tel espace laissé vacant en Varden, le Pacte pour le Déploiement Fédéral avait étendu son influence en Varden, et proclamé l’avènement d’un nouvel âge d’or pour ce cadran.
Sûrs de leur puissance, laquelle n’avait pourtant pas été mise à sérieuse épreuve depuis des millénaires, les dirigeants du Pacte d’Arléris, affichèrent en réaction leur suffisance à l’égard des projets Thélios. Ainsi le Pacte pour le Déploiement Fédéral fuyait les combats. Ainsi était-il lâche et inoffensif, car bien naturellement il ne pouvait que trembler devant l’immense pouvoir du Pacte d’Arléris.
Il ne vint pourtant pas une seule seconde à l’esprit de ces nouveaux Léanths qu’ils s’opposaient ce faisant à des puissances en réalité anciennes, maîtrisant les arcanes d’Aelden, et dont certaines les défirent déjà par le passé aisément. Bien qu’accusant toujours un important retard de développement, ces nations méprisées commencèrent donc à envisager sérieusement la possibilité de rappeler aux Arlériens à qui ils avaient à faire. Ainsi ces Léanths se précipitèrent-ils sans le savoir au devant de leur propre déclin avec une énergie tout à fait remarquable.
Trente-quatre armoiries nationales flottaient dans la salle de commandement opérationnel des armadas du Pacte Fédéral. Trente-quatre nations unies, déterminées à la perspective d’éliminer toute antenne du Pacte d’Arléris en Varden, à tourner ainsi la page du règne de l’ancienne puissance locale, et si d’aventure le message n’était pas compris, à porter le conflit jusqu’aux confins d’Aelron.
Un silence quasi religieux flottait dans l’air de la forteresse. En dépit de leurs valeurs profondément humanistes, les nations Fédérales s’engageaient dans un plan de bataille impliquant le plus grand et le plus rapide génocide enregistré en Aelden depuis des millénaires ; un massacre qui devait permettre d’en éviter bien d’autres dans le futur. Un nombre considérable de bâtiments de guerre se massaient ainsi sur les multiples points de convergence fixés en vue de l’opération, regroupés en escadrons aux rôles divers et parés à de nombreuses éventualités suivant le niveau de réaction Léanth. L’assaut se devait d’être féroce, implacable, pour restaurer l’équilibre des possibilités tactiques du Pacte d’Arléris en Varden, c’est à dire les réduire à néant.
Les ingénieurs du Pacte s’activaient à corrompre les réseaux de transports de l’adversaire, à déployer des ondes de suppressions de phase pour figer les flottes ennemies, à perturber ses chaînes d’approvisionnement. L’empereur Orikan et le roi Szarekh supervisaient les dernières opérations subversives tandis que les amiraux Ohaniens et ceux de la Démocratie Progressiste de Soleï achevaient de coordonner les plans offensifs. Sur Lynèdre, on activait frénétiquement l’œil du sceau rond, et on terminait de charger les munitions dans les navires de guerre en charge des interceptions. En Aelron, les frégates légères de Nanojo, Despir et de Teapot glissaient silencieusement dans l’espace, s’approchant furtivement des stations commerciales ennemies.
- « Tout est bientôt en place, on ne va pas tarder à pouvoir commencer » glissa l’empereur Orikan.
- « Les dernières disruptions de porte sont en cours, les suppressions sont lancées » approuva le roi Szarekh.
- « La coordination est excellente, je suis impress... » commença le Machina Thaerys.
- « YOLOOOOO !! »
…
- « Qu’est-ce que c’était que ça ? » demanda Anrakyr.
Sur les écrans, s’affichèrent bientôt les images improbables des généraux du Nain Ternet en train de se déhancher en tenue velcro, leurs couvre-chefs improbables, que la pudeur commande de ne point décrire, dodelinant sur leurs fronts. Au son de « Et ça fait BIM BAM BOOM », leur flotte avait surgit de la porte spatiale de la colonie du Raoul Duke, et fracassé les structures et défenses orbitales de la planète.
- « Bon. C’est parti. » lâcha l’Amiral en chef du Soleï.
Le signal général d’attaque fut lancé et des quatre coins du territoire Thélios, les armadas fédérale s’élancèrent tandis que les frégates infiltrées en Aelron entamaient leur travail de sape et de diversion en s’attaquant aux pontons commerciaux du Pacte d’Arléris.
Le Cénacle Thélosien vaporisa le premier les défenses d’une première place forte extalienne, à deux reprises pour faire bonne mesure.
La Démocratie Progressiste du Soleï écrasa une seconde place forte praxienne au même moment, taillant allègrement en pièce les défenseurs locaux.
Mais la principale bataille de l’opération se déroula à proximité du territoire Zetran. C’est au cœur de la région numérotée 67 que la Reine Noire Organia tenait une position stratégique qui, depuis plus de 1000 ans TSU, faisait planer sa sinistre menace sur les territoires du Dominion et de la Fédération. Ce millénaire de domination pris brutalement fin, lorsque surgirent de l’hyperespace les flottes coalisées des trois principaux seigneurs Nécrons. La puissante couronne orbitale léanthe déchaîna sa violence mais fut bientôt enveloppée d’innombrables vaisseaux légers qui saturèrent ses grilles de tir et rongèrent ses défenses comme un essaim d’insectes voraces. Tandis que la couronne s’effondrait et que les barrières du bouclier cédaient, les habitantes du Secteur des Reines Noires subirent un déluge de feu. En dépit de leurs valeurs humanistes, il devenait de plus en plus évident que les nations du Pacte pour le Déploiement Fédéral n’entendaient pas faire de quartiers . Peu de temps après en effet, les habitantes virent le ciel se déchirer d’une lumière triomphante qui dissipa l’éclat du soleil lui-même. Le très affectueusement nommé « Bobby » par les Ohaniens, épaulé par la flotte du seigneur Xenu, tira à plusieurs reprises sur la planète. Les habitantes furent aveuglées à neuf reprises par cette arme d’apocalypse, avant qu’enfin le voile gris leur ouvre ses portes pour un repos éternel.
Quelques semaines TSU à pein plus tard, dans un ballet infernal et parfaitement synchronisé, l’autre principale place forte d’Arléris en Varden voyait s’abattre sur elle l’armada du Grand Ordre Thélosien, Lorsque sa rampe de lancement fut oblitérée elle aussi , il devint parfaitement clair que les capacités opérationnelles des Léanths étaient désormais insuffisantes pour menacer la Fédération à court terme.
La légende prétendit que les Machinas attendirent longtemps un potentiel mouvement opéré par station de saut Léanth pour balayer ce précieux outil à l’arrivée, ainsi que toute flotte l’encadrant, mais que le Pacte d’Arléris n’entreprit aucune contre attaque.
Le rythme des destructions s’accéléra encore, tandis que les Thélios affichaient une puissance militaire insoupçonnée par les Arlériens. La forteresse d’Aëlys fut à son tour pilonnée par la flotte ohanienne et hotenru , puis ce fut celles du Duché d’Icaria, à la fois en région 67 et 87 toujours dans ce même mouvement coordonné de frappes multiples et massives.
Toujours ailleurs, mais dans le même trait de temps, les amiraux du Soleï frappèrent bien loin de leur base et surprirent la garnison praxienne en charge de la défense de la Cité du Vide, et s’emparèrent bientôt de l’inestimable relique dont ils avaient été les premiers découvreurs.
Un vent de panique s’empara des esprits Léanths lorsqu’ils comprirent ce que les Thélios avaient osé faire, et pour la première fois le doute s'empara de certains dirigeants Arlériens quant à leur statut de puissance dominante en Aelden. Usant de technologies secrètes directement héritées des Lanthaniens, les Thélios venaient ni plus ni moins de programmer le plus grand carnage jamais perpétré depuis plus de 2 000 ans TSU. Sous quelques semaines TSU à peine, les dizaines de milliards de colons Arlériens seraient renvoyés dans les limbes. Les rares positions Léanthes, non coloniales, libres de leurs mouvement, amorcèrent un repli vers Aelron pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l’être. Mais même dans cette configuration, les Thélios déployèrent leurs vaisseaux pour traquer et détruire tout ce qui pouvait l’être. Convoyeurs de fonds , modules, rien ne devait en réchapper, et la traque devait aller jusqu’au « starshoot » depuis les AIA mal évacués des victimes.
Les avants postes Léanths tombèrent, les uns à la suite des autres jusque dans l’ancien fief occupé par l’ennemi et jusqu’aux confins reculés de Varden.
Les colonies Léanths connurent toutes la justice du « Bobby », et l’on décompta une trentaine d’astres rayés des cartes au point d’épuiser les composants du saint »Bobby.
Mais « Bobby » n’était pas seul et dans son ombre, l’Estydral faisait son office également, avec une efficacité remarquable.
En cette fin d’année 15.872 TSU, le Pacte d’Arléris fut ainsi confirmé dans son identité de coalition d’États purement Aelronites.
Il fut rédigé dans les notes des services consulaires Machinas la mention suivante à propos de cette campagne :
« La raison principale de la défaite des Arlériens réside en vérité en une notion unique: l’hubris.
Trop certains de leur puissance, les peuples Arlériens se sont endormis sur leurs lauriers en Varden, où ils étendirent leur règne avec tant de férocité qu’ils ne laissèrent prospérer aucune puissance susceptible de leur opposer une réelle menace. Leurs crimes passés à l’égard des Thélios LIBRES et FESSE sont ainsi édifiants, et c’est là la principale mécanique qui poussa la relève Thélios que nous incarnons à ne faire montre d’aucune indulgence envers leur droit à l’existence en Varden.
Il est ainsi louable que la Confrérie Lanthanienne de l’Atlante se soit montrée infiniment plus pragmatique en Aelron, et que son règne supportât la perspective de partager la domination du « Vieux Cadran » avec d’autres puissances politiques. Nous, humanistes Thélios, avons désormais pris pour mission de rétablir la prospérité et la civilisation en Varden après trois millénaire d’une domination ducale violente, dussions nous pour ce faire employer des méthodes radicales pour châtier les anciens oppresseurs et libérer le Cadran de leurs dernières velléités d’emprise.
Les Arlériens donc, furent vaincus par leurs propres carences. Incapables d’envisager que les Fédéraux puissent tirer profit de l’espace politique laissé libre en Varden ; incapables de régner en maîtres éclairés sur ce cadran qu’ils proclamèrent mort avant de se tourner vers Aelron ; incapables encore de réaliser que leur avance technologique et militaire, bien qu’indéniable, n’était plus à ce point abyssale face à la nôtre qu’elle leur assurait une victoire facile face à nos marines de guerre.
Les Arlériens demeurent ainsi une grande puissance d’Aelden mais se trouvent être les grands perdants, à l’heure où sont écries ces lignes, des recompositions géopolitiques à l’œuvre, dont ils ont pourtant été les instigateurs. Déstabilisés par une implantation en Aelron hâtive et chaotique, handicapés par des positions en Varden à l’utilité stratégique douteuse, et durement frappés par les armes du Pacte pour le Déploiement Fédéral, les Arlériens auront à se ressaisir et à faire preuve de rigueur pour prétendre retrouver dans la durée leur place de grande puissance crédible au sein d’Aelden. Leurs leviers sont réels et puissants pour ce faire, aussi ne doivent-ils pas être sous-estimés.
Le Pacte pour le Déploiement Fédéral est lui le grand vainqueur provisoire des événements récents. Son développement industriel et technologique reste certes bien inférieur à ceux des « vieilles » puissances, mais son niveau d’activité, l’entente excellente entre ses membres, et ses capacités tactiques en font un acteur à prendre au sérieux. Son repositionnement politique au centre de Varden se veut heureux pour l’ensemble des factions d’Aelden et notre priorité va désormais à la reconstruction de ce cadran, bien pauvre et diminué face à son voisin Aelronite.
Longue Vie au Pacte pour le Déploiement Fédéral, longue vie à la Fédération Thélios, et que prospère Varden. »
La communauté internationale fut frappée par cette campagne massive et violente. Bien que les nations Fédérales n'aient pas souhaité à ce jour s’exprimer sur cette affaire, nombreux étaient ceux à s'interroger sur la réaction, voire l'avenir, du Pacte d'Arléris. Des sources fuitant hors holocaméras parmi les services diplomatiques Thélios, il était attendu de connaître la réaction diplomatique des Léanths avant de procéder à tout commentaire public où d'entamer des négociations pour leur présenter les termes d'un éventuel armistice conditionné à l'abandon définitif de Varden, et leur permettre un avenir meilleur en Aelron.